Citations sur Le Passeur de livres (88)
— Tes yeux ne sont pas comme d’habitude, insista Schascha qui recula pour l’observer attentivement.
— Je n’en ai qu’une paire, et on ne peut pas en changer.
— Tu as pleuré ?
— Non.
— Tu as pleuré à l’intérieur, peut-être ? Pas avec des larmes dans les yeux, mais avec le cœur ?
— Avec des larmes dans le cœur ?
— Oui, c’est ça.
— Mais pourquoi mes yeux auraient-ils l’air différents, alors ?
— Ils ont honte parce que c’est eux qui sont censés pleurer.
Le vieux Gruber avait pour habitude de dire: " Ce qui compte, ce n'est pas ce qu'on lit, c'est le fait de lire."Carl ne pouvait pas totalement souscrire à cette affirmation, car le contenu de certains livres était toxique- heureusement, bien plus souvent, les pages lues servaient de remède à des maux dont vous ignoriez même qu'ils avaient besoin d'être soignés.
( p.19)
Les romans que Carl lisait se reflétaient dans le monde réel de sorte qu’il imaginait son univers peuplé de personnages de fiction, toutes époques et toutes nationalités confondues. Ainsi, dès l’instant où Christian von Hohenesch avait ouvert pour la première fois la porte de sa villa, Carl l’avait cru sorti tout droit du grandiose Orgueil et préjugés de Jane Austen. Carl venait donc de quitter le château de Pemberley, dans le Derbyshire du XVIIIe siècle, et son propriétaire Fitzwilliam Darcy, un gentleman riche et intelligent qui, en dépit de manières impeccables, paraissait souvent un peu dur et arrogant.
Tu sais, il n'y a pas de livre qui plaise à tout le monde. Et s'il y en avait un, il serait mauvais. On ne peut pas être ami avec tout le monde, parce que chacun est différent. Ou alors il faudrait être sans personnalité, sans angles ni aspérités. Et même comme ça, cela ne se pourrait pas, car les gens ont besoin d'angles et d'aspérités. Tu comprends ? Chacun a besoin de livres différents. Parce que ce qu'une personne aime du fond du cœur en laisse une autre autre complètement indifférente.
Ces livres produisaient le même effet qu'une cheminée quand un feu y brûlait ; en s'éloignant de l'âtre, on sentait à quel point il faisait froid autour. À la lecture de ces œuvres remplies de vie, Mr Darcy avait fini par percevoir la solitude qui régnait dans sa villa.Avoir ces romans à portée de sa main le rendait à la fois heureux et triste.
( p.207)
Une idée m'a traversé l'esprit ce soir.Pourquoi ne pas créer un club de lecture? Vous savez, tout le monde lit le même livre et on en parle ensuite.Comme avant, quand les hommes se regroupaient autour du feu pour se raconter des histoires.La chaleur du foyer les a peut-être rapprochés à l'âge de pierre, mais ce sont les histoires qui les ont civilisés.
( p.207)
Carl ne lui avait encore jamais confié ce genre de chose. Peut-être la tristesse d’Andrea était-elle plus palpable ce jour-là, peut-être l’avait-il sentie ? Il l’ignorait. Sa bouche prononçait parfois des phrases sans avoir reçu l’approbation de sa tête.
Remerciements
Mes remerciements vont à tous ceux qui m'ont offert des livres. Ce sont de merveilleux cadeaux. Quand la personne qui vous offre un livre l'aime vraiment, une partie de cet amour se transmet.Un petit tour de magie qui produit un grand effet.
( p.265)
Il avait beau aimer les enfants, il ne les comprenait pas. Sa propre enfance remontait à si loin qu’elle lui faisait l’effet d’un Polaroid délavé. Et à mesure qu’il vieillissait, les enfants restant toujours des enfants, la distance entre eux et lui n’avait cessé de croître. Désormais, il ne savait plus comment la franchir.
Je suis un anachronisme
Et j'aime ça. Je suis lent dans un monde qui va de plus en plus vite.Je veux que les gens lisent, confia-t-il en prenant un ouvrage de la petite pile.Tout ce que j'ai lu est aussitôt envoyé à la bibliothèque de la vieille ville, pour que d'autres puissent en profiter avant que le livre ne jaunisse.
( p.56)