Violeta est une comédienne en ex-devenir, refoulée des castings auxquelles on veut bien l'inviter, par pitié ou par dépit. Une vie pas folichonne, vendeuse le jour, et les rencontres théâtrales le soir ne sont guère plus engageantes, surtout avec la troupe d'amateurs avec qui elles trainent ses phrases et ses textes. D'ailleurs le roman s'en ressent, je pressens l'ennui et la vie de Violetta m'indiffère un peu. Sauf que… Oui, parce que dans tout roman il y a un sauf, comme dans une putain de vie. C'était avant cet accident banal de la vie. La main blessée, mais ce n'est rien à côté de son âme, déchet. Elle ira voir un médecin quand les Urgences seront moins remplis – de toute façon le casting d'Urgences en version argentine est déjà bouclé – ou quand elle aura le temps ou l'argent.
Je suis en Argentine, là-bas tout en bas, près d'Ushuaia, j'aime bien les rimes en ah, comme la pina colada qui ne se boit pas dans la pampa. Je me sers un diplomatico, dans mon rhum pas de coco, les rimes en oh j'aime aussi comme tes noix de coco. Donc imagine, et regarde cette mer déchainée d'un bleu et d'un noir qui se fracasse contre les côtes et le vent. Ce bleu, ce noir, c'est exactement la couleur de la main de Violeta. Silence, on tourne. Moteur, action. Coupez ! Oui, j'ai dit coupez. La main de Violeta. Une greffe de la main et Violetta entame une nouvelle vie, une seconde carrière.
Une main qu'elle ne semble plus contrôlé, le roman devient fougueux, intriguant. D'où vient cette main ? La main de Dieu aurait dit un certain Diego. de quelle femme morte provient-elle ? Violeta change presque de personnalité au contact de cette main. Ou est-ce la main qui a justement plus de personnalité que Violeta. Une nouvelle aura l'entoure – la main, et par conséquent Violeta qui ne fait que suivre la trajectoire de cette dernière. Elle devient belle, intéressante. Les hommes la regardent, l'invitent, les castings s'enchaînent, elle devient réussite. La main greffée a le pouvoir et elle le sait ! D'ailleurs Violeta la personnalise aisément comme une entité intruse de son corps mais lui semble reconnaissant de ce nouveau climat dans sa vie.
Fernanda Garcia Lao signe ici son troisième roman, aux belles éditions « La Dernière Goutte », un peu étrange des notes burlesques teintées d'humour et de cynisme. Elle s'interroge donc sur le pouvoir d'un greffon, sur sa force ou sa faiblesse sur la personnalité du greffé et s'amène à s'interroger sur son donneur, mort mais dans quelle circonstance. Une quête dans la quête de reconnaissance.
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