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Critique de Sultanetta


Dérangeant .. par moments décevant, mais heureusement la fin redonne une texture à ce livre en vrac.

C'est en vrac, une Russie intemporelle mais constante, une vie de couple riche/intense mais voyante et tendue, des voyages surprenants mais planifiés dans tous les détails, une relation de famille entrelacée et imbriquée dans un mal-vivre intermittent, mais répétitif.

A force de dispersions et de reprises, j'en ai oublié le (malheureux) personnage du départ. le personnage "prétexte" ou "tremplin" qui ne survit pas aux 40 premières pages. La suite part en vrille, s'arrêtant dans la description d'une relation intime (sans être bigotte, ça m'a gênée de rentrer dans l'intimité d'un couple.. "pour de vrai") et c'est finalement la personnalité de la mère qui est et reste le fil conducteur du livre.

L'auteur, de ma génération, semble ne pas comprendre que ce n'est pas seulement sa mère qui se mure dans un "paraître" ou "never complain, never explain" mais c'est un trait de cette génération qui a survécu à la WW.II tout en se sentant heureux d'être vivant et étonné d'avoir pu reprendre une vie "pour de vrai".. D'autres ont encore ajouté un sentiment de culpabilité d'avoir traversé la guerre dans un relatif confort, ou sans dommages directs.

Ici la mère est le pont pour apprendre la langue "maternelle", pour connaître le grand-père, le grand oncle et d'autres. C'est la trame du livre.


Les voyages à Kotelnicht par contre donnent une couleur grise mais tout est tellement bien décrit que si on cherche Kotelnicht sur google .. c'est comme dans le livre.  La société de Kotelnicht est immuable, et l'alcool conserve. Même les personnages peu reluisants prennent corps. Par contre.. le directeur du film semble ne pas pouvoir gérer son film. Ça aussi m'a gênée ... c'est comme si le film était bâclé ou mal travaillé. Je ne sais pas si je le regarderai.


Le reste est un peu à passer à pertes et profits...  la jalousie, les coucheries, les descriptions intimistes, les aller-retour brodés de constants "je t'aime ou pas" cycliques alourdissent ce livre qui méritait mieux. le pire reste quand même la lettre publiée dans "Le Monde" avec fanfaronnades sexuelles à l'appui. Passage inutile qui ne doit pas faire son effet en cette période de féminisme chouilla hystérique.


Bref, autant j'ai avalé Limonov et l'Adversaire .. autant ce livre m'a paru lent, lourd et mal sucré. "Pas besoin de sauter par la fenêtre pour mourir, d'autres comme toi, (comme nous) meurent très bien vivants".. m'a quand même réconciliée avec le tout.


Que l'auteur se rassure, le monde ne se divise pas en "eux" et "nous". Nous avons tous des sacs, des lettres, des albums-photo, fermés, dans nos caves. Cela a formé notre personnalité et nous ne somme pas tous allés en analyse pour ça. Si nous ne les ouvrons pas aujourd'hui, ce n'est pas sûr que nos enfants le fassent. Mais cela nous permettra toujours de mieux comprendre et aimer nos parents.. qui ont été jeunes et qui ont dansé, aussi.


Finalement je préfère l'Emmanuel Carrère écrivain/journaliste/enquêteur à celui qui se livre .. sur lui-même. Son talent est là, mais est-ce que je voulais vraiment le connaître? Il aurait pû faire cette analyse en tête-à-tête avec un professionnel. Ce livre n'est pas un roman, et les soucis ne sont pas russes.. Dommage ... :(
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