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Marguerite Pozzoli (Traducteur)
EAN : 9782742736881
414 pages
Actes Sud (03/03/2002)
3.18/5   14 notes
Résumé :

Bienvenue dans un monde où la mondialisation a imposé ses lois! A la tête de l'Empire, le président John Morton Max s'ennuie, entouré de gardes du corps et sévèrement cornaqué par quatre généraux qui règnent sur une planète déchirée par une multitude de conflits armés savamment entretenus.

Seule une petite île peuplée d'esprits malicieux a su résister à l'Empire. Bouillonnant de fantaisie et de colère, ils défendent ce qui ne se compte p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
La Feuille Volante n° 1307

SpiritiStefano Benni – Acte Sud.
Traduit de l'italien par Marguerite Pozzoli.

Qu'est ce que c'est que ce président « qui compte pour du beurre », joue au golf, est sous la domination de généraux belliqueux comme le sont en principe les militaires et court après une secrétaire ? En tout cas bienvenue en « Absurdie »

Cela à beau être une fable, par ailleurs un peu délirante, comme les aime Benni, elle n'est pas sans nous rappeler des pays et des personnages bien réels et même un peu inquiétants. Ces derniers sont nombreux et parfois carrément secondaires, le lecteur s'y perd un peu et il doit constamment se référer à la liste annexée au texte en premières pages. Sans être versé dans la politique intérieure italienne, il est convenu de voir Berlusconi sous les traits de Berlanga, Rutalini qui incarne Rutelli, l'emblématique maire de Rome et homme politique italien, Leur nom, comme on le voit, est d'ailleurs peu modifié par rapport à la réalité. Quant à John Morton Max, le président de l'Empire, il n'est pas sans rappeler des dirigeants américains.
Ce texte, ironique et franchement déjanté où se mêlent des digressions parfois complètement folles, est une critique acerbe du monde politique italien caractérisé au yeux de l'auteur par le peu de différence qui existe entre les opposants et leur interminables discussions qui ne débouchent sur rien. C'est aussi une allégorie du monde dominé par la mondialisation et l'argent, par la volonté d'un pays d'asservir les autres par le recours à la guerre et à la violence, une diatribe contre les politiciens corrompus capables de renoncer à leurs idéaux pour une promotion ou une consolidation de leur carrière politique par la pratique de la trahison. C'est en tout cas la chose du monde la mieux partagée dans tous les pays. Ici la nature est sacrifiée au profit et à l'économie sans égard pour la survie de la planète, ce qui est bien l'attitude actuelle du dirigeant d'outre-atlantique et son peu d'égard pour l'écologie. Il n'oublie pas non plus le star système qui organise des spectacles mettant en scène « Riaz», un groupe de « reich-rock » à la musique et aux pratiques violentes ou égratigne Michael Téphlon, un « chanteur en saumure » qui, pour ne pas vieillir vit « constamment sous vide comprimé dans un gros bocal en verre transparent», L'allusion ne peut-être plus claire ! Il distribue d'ailleurs les critiques tous azimuts, dénonçant au hasard les gourons qui fleurissent dans nos sociétés et qui se targuent de deviner l'avenir ou de servir de guide à des hommes et des femmes de plus en plus désemparés. En fait tout le monde en prend un peu pour son grade. Derrière ce décor un peu irréel, c'est aussi une critique de l'espèce humaine dans tout ce qu'elle a de superficiel, d'inconstant, de mesquin mais aussi animée par cette volonté de détruire son prochain à son seul profit égoïste.
Il faut bien rassurer « les gens » (comme dit un de nos hommes politiques français, parfois un peu inattendu et surprenant) et l'auteur le fait sous la forme de l'existence d'une petite île peuplée d'esprits inventifs dont le but est de résister à cet Empire en défendant tout ce qui ne s'achète pas, ne se négocie pas, et faire échec, grâce à leurs sortilèges, à ses manoeuvres pour rallier les jeunes à sa cause. Ainsi décident-ils de s'opposer à un grand spectacle de musique destiné à soutenir l'effort de guerre et qui doit avoir lieu dans leur île.
L'auteur reste cependant fidèle à lui-même, à ses engagements politiques et culturels. Il adopte un style complètement exubérant et même excessif et anarchique, tisse le décor d'une autre planète, un peu à la manière de Boris Vian, entraînant derrière lui un lecteur circonspect et parfois un peu perdu. Cela donne des développements bizarres où on peut aisément trouver quelques longueurs. C'est une histoire difficile à raconter tant elle est échevelée et riche en détails aussi éphémères que loufoques et carrément déroutante parfois. Il n'abandonne cependant pas son habituelle poésie et sa volonté de rire de tout, ce qui est une autre manière, non moins efficace, de critiquer les choses de ce monde et d'en tisser un autre où chacun est libre d'entrer ou pas, un autre univers où je ne suis cependant pas très sûr d'avoir accédé malgré mon appétence pour tout ce qui est un peu hermétique.
J'ai lu d'autres romans de Stefano Benni qui m'avaient bien plu, notamment « le bar sous la mer » ( La Feuille Volante n°888), mais là j'ai été un peu déçu.


©Hervé GAUTIER – Décembre 2018.http://hervegautier.e-monsite.com
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J'ai découvert il y a maintenant plusieurs années "La Compagnie des Célestins" de Stefano Benni, et je me demande pourquoi je n'ai pas relu cet auteur depuis, car j'avais adoré ce roman...
C'est dorénavant chose faite.
La trame de "Spiriti" présente avec celle de "La compagnie des Célestins" une similitude frappante : les deux récits culminent lors d'un grand rassemblement, précédé de la relation de sa préparation, et des tribulations vécues par quelques-uns des individus qui doivent s'y rendre, et qui composent un échantillon représentatif de l'univers dans lequel nous immerge l'auteur.
Car c'est apparemment là l'une des grandes forces de Stefano Benni, que d'inventer des mondes qui s'inspirent du nôtre, mais que son sens de la caricature et de l'absurde rendent à la fois originaux et curieusement évocateurs...

Dans "Spiriti", la mondialisation a abouti à la constitution d'un empire unique, à la tête duquel règne John Morton Max -un américain-, quoique régner n'est sans doute pas le terme adapté, le président étant lui-même sous la férule de quatre généraux plus cinglés et mégalos les uns que les autres, et complètement déstabilisé par la proximité permanente d'une jeune stagiaire aussi aguicheuse qu'insaisissable. Des guerres volontairement entretenues à divers endroits du globe permettent de maintenir le commerce d'armes et d'équipements militaires.
Une contre utopie, en somme, où le cynisme, la superficialité et l'uniformisation ont atteint des sommets. Où l'appauvrissement des idées est proportionnel à la puissance de médias omniprésents et dénués de toute éthique.

Seule une petite île isolée abrite quelques résistants... C'est justement l'endroit qu'a choisi le gouvernement pour organiser un Mégashow, dans le but de redorer l'image du président. Les préparatifs, gigantesques, voient s'agiter politiques corrompus, rois de la finance cruels, rock stars capricieuses, et bimbos peroxydées.
Pendant ce temps, sur l'île, des forces occultes se réveillent... Les hommes se sont révélés si malfaisants et destructeurs que des esprits malins et puissants souhaitent leur extermination.

Quel plaisir de lecture ! La langue de Stefano Benni, inventive, poétique et drôle, m'a fait passer un moment mémorable.
"Spiriti" est un roman très riche, à la fois picaresque, fantaisiste et intelligent. Sur le ton de la fable, Stefano Benni se livre à une satyre féroce de notre société, dont il fustige les maux avec humour et lucidité.

A lire, évidemment !
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Ceux-ci sont pires que les moustiques-tigres, dit le cameraman qui était natif de l'Ile et portait un drôle de chapeau amarante. On les les appelle des moustavions. S'ils te piquent, ils affectent les conjonctives, la grammaire et la syntaxe.
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