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Alice Raillard (Traducteur)
EAN : 9782070384266
192 pages
Gallimard (27/11/1991)
3.7/5   53 notes
Résumé :
En plein cœur de la vieille Bahia, une ancienne bâtisse coloniale, apparemment comme les autres, au n°68 de la Montée-du-Pelourinho.
Quatre étages. Un escalier obscur. Le bistrot de Fernandes sur le devant. Dans les cent seize chambres, plus de six cents personnes, sans compter les rats. Isaac, dona Risoleta, la douce Linda, le Noir Henrique, Arthur dont la machine a broyé les deux bras, qui mendie et fait peur aux enfants, l'agitateur Avaro Lima... c'est tou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Jorge Amado nous amène dans un quartier du centre de Salvador de Bahia, ville la plus métissée du Brésil et la ville d'où il est originaire. La vie s'y écoule au rythme de la sueur versée par les miséreux, marginaux et déclassés de la ville . Qu'ils la perdent au travail où ils sont exploités, dans les bras d'individus en manque ou en soucis, ce qui est sûr c'est qu'ils n'en manquent pas au n°68 de cette rue.

Ainsi, dans ce petit livre de 190 pages, le Victor Hugo brésilien dresse un kaléidoscope de portraits d'individus dans le quotidien est rythmé par la violence, l'insalubrité, l'exploitation des Blancs, la lubricité (allant de la prostitution, au voyeurisme, à l'homosexualité ou à la pédophilie) et l'absence d'intimité.
Dans chaque portrait et chaque instant volé pour les yeux du lecteur, il y a quelque chose de très baroque dans ces descriptions. A l'inverse de Victor Hugo, à aucun moment Jorge Amado ne verse dans le pathos ou la victimisation. Au contraire il dépeint ses personnages avec beaucoup d'humour comme s'ils se vengeaient de la vie dans la crasse par la dérision et le rire (et les moqueries aussi).

Cette communauté vivant dans les années 1930, et donc affectée de plein fouet par la crise économique américaine, la conscience de classe et d'oppression et de déterminisme sociaux sont très forts.
On sent la sympathie et même la tendresse qu'éprouve l'écrivain pour ces personnages en marge de la société blanche aisée. Dans ce livre qui est davantage un assemblage de vignettes qu'un roman avec un développement de péripéties, la volonté de Jorge Amado de donner des visages, des noms et des vies à la pauvreté est évidente.

Pour ma part j'ai été très sensible :
* à la profusion de langues et de couleurs des personnages qui viennent aussi bien d'Europe de l'Est ou de l'ouest, de pays arabophone ou qu'ils soient descendants d'esclaves ;
* aux quelques scènes où l'hypocrisie et l'opportunisme de l'Eglise sont mis en lumière de façon très brutale (à l'inverse de comportements violents des personnages) ;
* à la situation des femmes qui subissent différentes violences culturelles surtout tant leur seule valeur se mesure à leur apparence et leur capital "désirable sexuellement".

Si je suis contente d'avoir pu enrichir ma culture littéraire avec cette lecture, pas sûre que je réitère l'expérience.
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Plongée dans la misère absolue doublée d'analphabétisme parmi les thèmes chers au romancier brésilien : la pauvreté des familles aux rejetons innombrables et la prise de conscience de classe des miséreux destinés à se révolter contre les puissants et les oppresseurs.
L'ensemble est un peu répétitif et pas follement gai.
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J'hésite un peu à noter ce roman de Jorge Amado car il y a un gouffre entre le fond et la forme.
Je ne sais pas pourquoi le titre n'est pas traduit alors que les chapitres le sont, notamment celui qui a pour nom « sueur » et non « suor ». Ça n'est pas plus gênant que ça mais c'est un signe car le principal problème de ce beau roman est qu'il est mal traduit ou plutôt que la traduction a vraiment perturbé mon plaisir de lecture. Il y a beaucoup d'expressions qui ne sonnent pas brésilien comme « crénom ! » par exemple. Même si ce n'est pas faux, j'ai été gênée par le vocabulaire qui ne me semble pas être celui des bas-fonds de Bahia.

Ceci-étant, j'ai aimé ce roman du l'éveil de la conscience de classe. « Suor » est un huis-clos qui se déroule dans une maison coloniale au 68, Montée du Pelourinho à Bahia au Brésil. Dans cette bâtisse insalubre vivent des hommes, des femmes et des enfants qui ont pour point commun la pauvreté. Amado dresse les portraits d'ouvrier, chômeur, couturière, tuberculeuse, mendiant, prostituée et « laveuses mulâtresses, portugaises, Arabes, vieilles et jeunes… ». Chacun va essayer de survivre mais c'est la solidarité de classe qui va l'emporter face au propriétaire quand l'administration veut faire payer une amande pour des latrines insalubres. C'est un beau moment d'espoir dans cette fresque du peuple brésilien exploité.


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Vous sous souvenez des travailleuses de l'assomoir, de l'immeuble de pot-bouille et autres décors mis en scène par Zola?
Transposez le principe jusqu'à la première capitale du Brésil: Salvador de Bahia de Tous les Saints. Ajoutez l'infinie compassion et l'immense respect du très jeune Jorge Amado pour ses voisins du quartier du "pilori", sans oublier ses talents d'observateur: vous avez les ingrédients de ce court récit, "Suor", qui nous propose une ribambelle de scenettes dont les héros sont des habitants (de toutes races et couleurs) d'une immense "maison" où les micro chambres se louent bon marché à des locataires unis par la crasse, la faim, l'odeur de la sueur de ceux qui travaillent beaucoup pour presque rien, et qui n'ont plus qu'à mourir lorsqu'arrive cette crise économique du début des années 30.
Mais comme toujours chez Amado, l'énergie qui se dégage de l'écriture est positive, sous tendue par un fond de joie de vivre malgré l'adversité, la misère et les rats ...
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J'ai découvert Jorge Amado en lisant ce livre, j'avais 15 ans. Cette invraisemblable galerie de portraits m'a fascinée et m'a encouragée à lire d'autres oeuvres de cet auteur au style unique qui est devenu l'un de mes préférés...
Plus de 20 ans après j'ai pu réaliser mon rêve et aller visiter Bahia et son Pelourinho, qui n'avaient, depuis cette lecture, plus jamais quitté mon esprit.
Je ne peux que recommander très chaleureusement la lecture de Suor pour découvrir le grand Jorge.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
- Tu sais quelle est la meilleure chose du monde ? […] Tu ne sais pas ce que c’est ? C’est le cheval. S’il n’y avait pas le cheval, le Blanc monterait le Nègre… »
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Femmes sans noms. Marias de nationalités les plus diverses. Mariées les unes, à des hommes qui n’avaient pas non plus de noms ; d’autres, célibataires, grosses ou maigres, malades ou en bonne santé, avec un seul trait d’union : la pauvreté dans laquelle elles vivaient.
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- Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !
Cri qui pourrait les mener en prison, faire qu’on les batte et les déporte, mais qui pourrait briser les prisons, en terminer avec les coups et les déportations.
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Jamais plus Linda ne rêva de mariage. Jamais plus elle n’alla à l’église. Et elle se mit à travailler avec le camelot, muette, grave, se sentant sœur de tous ces gens qui habitaient le 68, ouvriers, Arabes, vagabonds, malades, couturières, prostituées.
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- Un homme pour être un homme doit boire de la cachaça, coucher en tôle et avoir la gonorrhée...
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Video de Jorge Amado (4) Voir plusAjouter une vidéo
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