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Critiques à l'affiche

Solak

Solak est un roman pour le moins étonnant, dont le style et la narration risquent d'en surprendre plus d'un. Solak c'est aussi une exploration extrême dans les méandres de l'âme humaine, à la mesure du cadre du roman, rude et impitoyable, car le froid conserve tout, y compris les souvenirs les plus enfouis qui ne font que sommeiller.
Pour ce qui est du style, je crois bien que c'est le premier roman que j'ai lu qui soit complètement exempt d'adverbes de négation, un peu pénible au début, cela dit, avec un narrateur unique, on comprend vite que celui-ci écrit comme il parle. Un autre aspect m'a, par contre, beaucoup plu : la grande majorité des phrases sont des métaphores, pas toujours très fines, mais toujours précises et ciselées, très en phase avec ce contexte hostile et délétère.
Je vais faire une petite digression qui s'adresse aux nombreux lecteurs de "La horde du contrevent", tout au long de ma lecture, j'ai eu l'impression de lire et "entendre" Golgoth en mode mélancolique et désabusé, une impression agréable pour tout dire.
Caroline Hinault m'a impressionné, pour un premier roman, c'est vraiment bon avec un suspense parfaitement maîtrisé et une tension qui monte crescendo. Le scénario imaginé par l'auteur est un modèle d'efficacité, l'utilisation des ingrédients climatiques extrêmes est parfaitement employée pour nous offrir un huis-clos étouffant et anxiogène qui va nous tenir en haleine jusqu'au bout, le tout sans en faire trop, ce que j'ai apprécié.
Le point fort du roman selon moi, tient avant tout dans le traitement des quatre personnages et dans l'équilibre instable nécessaire à la survie, il n'est même pas question ici d'harmonie, quand viendra la grande nuit, la solidarité devra être totale...
Ce roman, est aussi à sa façon une réflexion sur le genre humain et la difficulté à cohabiter quand les règles écrites ou tacites n'ont plus cours.
Sur ce bout de territoire Arctique, quatre hommes, "Grizzly" le scientifique pacifique, Roq et Piotr, les deux militaires au passé incertain, et la nouvelle recrue, "le gosse", un taiseux et pour cause, il est muet, s'apprêtent à affronter la grande nuit. Piotr, le narrateur a un mauvais pressentiment...
Pour conclure, j'ai passé un très bon moment de lecture, avec un intérêt et une curiosité en éveil tout du long, je mettrais juste un bémol avec le tout dernier chapitre et son épilogue, je l'ai trouvé un peu invraisemblable et pas en harmonie avec l'ensemble de l'histoire, j'ai ressenti une "pointe" de frustration, cela dit, j'ai vraiment aimé.
Il me reste à remercier les nombreux babeliamis qui ont lu ce roman et notamment Onee et sa liste "Un bon roman sous la neige" qui m'ont porté vers cette lecture.
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Le Steve McQueen

Un petit bonbon acidulé ce roman !

Ce petit livre au look sympa et de belle qualité papier attire l'oeil et les mains comme un aimant. Encore une couverture qui ne m'a pas laissée insensible ! Et l'image colle avec l'histoire. Quant au titre : aussi. Mais n'allez surtout pas croire que vous trouverez le beau Steve dans les pages de ce livre. Il s'agit d'autre chose...

Deux auteurs pour ce roman. Deux cerveaux pétillants qui se sont amusés à fabriquer une histoire courte et récréative, aussi détonnante que... détonante. Ça file à toute vitesse, ça pétarade, ça mitraille sec. Les cadavres tombent comme des petits pains.

J'ai passé un très bon moment avec ce roman, j'ai découvert un tas de noms d'armes blanches et d'armes à feu (ça peut servir :-))), j'ai souri et même ri aux jeux de mots ou bons mots dont le récit est truffé, j'ai aimé les personnages y compris les plus... « Le Brochet suait de violence, un con supérieur ». J'ai même trouvé dans cette galerie colorée une Ma Dalton revisitée :) Une histoire à ne pas prendre au sérieux donc, mais qui offre tout de même 2 ou 3 petits moments suspendus, des paragraphes plus profonds qui se posent là subitement comme en surbrillance du texte ou comme des bulles de pensée. Bon j'admets, petites les bulles, mais bulles quand même !

Petite information complémentaire aux futurs lecteurs : il m'a fallu 2 chapitres pour entrer dans l'histoire et m'habituer au style saccadé. Après quelques lignes du 3e chapitre, arrivée à un stade où la déception prenait vraiment le pas sur ma lecture, j'ai décidé de reprendre depuis le début. Et là, miracle, lumière blanche au bout du tunnel... Ayant absorbé quand même les événements et les noms lors de ma 1ère lecture, j'ai de suite mis les pieds dans le plat. Un plat délicieusement épicé, dont j'aimerais un peu de rab...

« Je l'échangerais sans même y réfléchir, dit Jed (en parlant de l'otage), mais Vogel ne nous laissera jamais vivre. Il va falloir que j'utilise une nuisance extrême. »

Merci Jérôme (974JerLab34) pour cette découverte, merci également Agnès (aa67) pour ton billet qui m'a fait mettre des patins avant d'attaquer cette histoire, ce qui m'a permis de la savourer pleinement. Car moins on en attend, plus on est ouvert à la surprise !
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La Double Vie de Dina Miller

J'abandonne... et pourtant c'est un livre remarquable et toujours bien écrit par Zoé Brisby mais ces faits nazis sont pour moi insoutenables.
Je ne peux lire en toute sérénité dans mon salon ces résurgences d'un passé pas si lointain et qui ressemble à ce qui se passe aujourd'hui dans le monde.
Alors oui j'abandonne. Mais si vous en avez le courage allez-y !
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Terrasses ou Notre long baiser si longtemps..

Cette nuit, mon Agatha Raisin étant terminé, je cherchais une autre lecture, et puis les copains (Casimir, Gwen et Hélène) avaient attiré mon attention sur ce livre de Laurent Gaudé.

C'est un auteur que j'ai croisé lors d'une séance de dédicaces de son livre Chien 51, mais je ne l'avais encore jamais lu.

Quand j'ai vu le thème de Terrasses, je me suis jetée dessus, j'en ai lu l'incipit et puis tant que j'y étais, j'ai tout lu dans la foulée.

On est le vendredi 13 novembre 2015, il fait beau et doux à Paris, et les "personnages" s'apprêtent à passer une dernière journée de travail avec à l'esprit la soirée qu'ils ont prévu de passer avec amis, amants, famille.

L'auteur nous invite à suivre plusieurs personnes, faisant des allers-retours des uns aux autres, du moment de leur réveil jusqu'au soir.

Un vendredi soir à Paris, les terrasses sont bondées.
Au Bataclan, Eagles of Death Metal, un groupe californien, donnait un concert.

Je ne vais pas vous raconter ce qui s'ensuit, l'auteur le fait bien mieux que moi, et de façon très détaillée.

C'est simple, à la lecture des lignes, c'est comme si on y était.
Personnellement, j'ai failli y être. J'ai hésité et puis y ai renoncé parce que même si je suis tombée dans le metal quand j'étais ado, ce n'est pas le "death" que je préfère.
Tous mes potes ne s'en sont pas sortis, et ceux qui l'ont fait en portent encore les stigmates.
Les concerts ont repris au Bataclan, mais nous sommes nombreux à ne plus pouvoir en franchir les portes.

En lisant ce livre, nous sommes dans la tête de toutes ces personnes qui prenaient un verre en terrasse en ce début de soirée.
Rien qu'à tourner les pages, ils sont presque devenus des amis tellement on s'en sent proche.

Les tueurs ont choisi leurs cibles, sur ces terrasses. "Toi tu meurs, toi, pas !".
Pas comme au Bataclan où ils ont "tiré dans le tas".

Je n'ai rien d'autre à dire. Voilà comment j'ai découvert Laurent Gaudé.
Depuis le temps que je voyais passer ses livres sans arriver à me décider, le hasard l'a fait pour moi.

Pas le même Hasard avec un H majuscule qu'évoque l'auteur.

"Le Hasard continue à jouer avec nous. Il invente des retardements cruels, de faux espoirs, des trajectoires de tirs improbables, des chances inespérées, des armes qui s'enrayent.
Nous retenons notre souffle. Attendons, prions, supplions, essayons d'espérer".
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L'inconnue du portrait

C'est intéressant ce qu'un tableau peut recéler, comme histoire(s). Surtout si comme celui de Gustav Klimt, Portrait d'une dame de 1916, il est le repeint d'un autre, par le maître lui-même et sans qu'on sache pourquoi, puis qu'il a été volé, et restitué. C'est justement à tous ces trous dans l'histoire de ce tableau que s'est employée l'imagination de la romancière, en construisant un roman multi-facettes dont on aura été averti implicitement par le résumé biographique du tableau, en prologue. Et même si le début pourra paraître chaotique, d'un personnage à l'autre, d'une époque à l'autre, il faudra peu de temps pour assembler les éléments principaux du puzzle, pour que l'on situe assez vite sur les échelles psycho-sociales Isidore, Martha, Lotte ou Pearl, sans oublier Michelle ou Franz. Et pour qu'on les situe aussi et surtout entre eux, avec les liens, secrets ou pas, qui les unissent.
Tiens Isidore justement. Cireur de chaussures alerte sur Manhattan, aux sens connectés vers les fluctuations boursières, son ascension sociale sera fulgurante vers l'univers des magnats, lui dont l'histoire personnelle aura du mal à se départir d'accidents de capotes. Ou bien Pearl, sans doute pas très loin elle aussi d'un syndrome de Stendhal, avec les échos du tableau de Klimt plus d'un siècle après.
Le roman s'invitera ainsi dans les milieux de la rue, de la finance, juridiques ou artistiques, à Vienne, à Manhattan ou en Italie. Camille de Peretti réussit un tour de force en s'emparant de l'histoire de ce tableau, une peinture comme un objet de ralliement pour différentes familles, différents secrets, différentes conditions sociales, différentes époques, différentes géographies. Le tout sans en parler tant que ça avant qu'il n'entre vraiment en scène, en le mettant surtout en filigrane de son processus d'écriture. L'art subtil de tisser une trame romanesque dans l'écheveau des destinées autour de l'histoire traversée d'ombres de cette toile, en parsemant le récit de graines d'une addiction discrète au début – le temps d'assembler les principales pièces du puzzle, puis de plus en plus tenace avant de finir sur le sprint d'une addiction vorace, celle d'un page-turner qui fait s'entrechoquer les neurones et fait chauffer la marmite.
Pour une première avec cette autrice, rien à rajouter, je suis emballé !
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Le Déclin du courage

Alexandre Soljénitsyne est né le 11 décembre 1918. Mobilisé en 1941 dans les rangs de l’Armée rouge, il est arrêté à la veille de la victoire pour avoir prétendument insulté Staline dans une lettre adressée à un ami et purgera huit ans de détention. Suite au succès d’ « Une journée d’Ivan Denissovitch » et du « Pavillon des cancéreux », il obtient le prix Nobel de littérature en 1970. En décembre 1973 paraît « L’Archipel du Goulag », tableau de la terrible répression exercée en Union soviétique sur des millions de citoyens, un tableau qui décillera enfin les yeux de l’intelligentsia occidentale, lui vaudra une déchéance de citoyenneté et une expulsion vers la Suisse puis vers les États-Unis.

« Le déclin du courage » est un opuscule très court qui retranscrit une conférence donnée par l’auteur à Harvard en 1978. À rebours des attentes de son public, qui espérait une charge anti-communiste, légitimant en creux la supériorité de l’Occident, il se lance dans une charge controversée envers la civilisation occidentale. Une civilisation qui l’a recueilli après son expulsion, dont il s’attache à décrire les failles et prédit le déclin, que seul un sursaut salutaire pourrait enrayer.

La finesse d’analyse de l’auteur ainsi que le caractère prémonitoire des constats qu’il pose confèrent à cette conférence très dense une dimension quasi-prophétique.

Soljénitsyne y annonce l’émergence d’un monde multipolaire, préfigurant ainsi la thèse du « Choc des civilisations » de Samuel Huntington, et critique la vision bipolaire d’un Occident engoncé en pleine guerre froide avec l’Union soviétique.

Le conférencier regrette la colonisation folle dans laquelle s’est lancé l’Occident, et annonce les conséquences dramatiques de la décolonisation, un phénomène qui nous heurte de plein fouet au XXIe siècle.

Il critique le sentiment de supériorité illusoire de l’Occident sur les autres civilisations, et se désole du déclin du courage des dirigeants et des intellectuels occidentaux. Il dénonce le bien-être émollient qui a envahi un Occident matérialiste, un bien-être sisyphéen tant les occidentaux en veulent toujours plus et ne sont en réalité jamais satisfaits.

L’auteur s’inquiète des dérives du juridisme qui a remplacé la morale d’autrefois. Il rappelle l’exemple des compagnies pétrolières achetant à tour de bras des brevets de moyens de production alternatifs afin de maintenir leur oligopole. Un comportement juridiquement sans faille et pourtant répréhensible sur le fond. Soljénitsyne a perçu dès 1978 le développement exponentiel de la judiciarisation de la vie sociale, une judiciarisation qui force le commun des mortels à faire systématiquement appel à un expert tant l’édifice se révèle complexe. Il s’inquiète à juste titre de la prééminence du droit sur la morale (et même parfois sur le bon sens) qui en découle.

Soljénitsyne a également noté l’émergence du quatrième pouvoir (les médias) qui tisse une toile arachnéenne lui conférant une force de frappe inouïe. Une presse n’hésitant pas à se contredire sans jamais faire son mea culpa, soumise aux vents de la pensée dominante, et manquant paradoxalement d’un véritable pluralisme de points de vue, un comble au pays de la liberté.

Le coeur de la conférence aborde l’affaissement spirituel de l’Occident, victime d’un anthropocentrisme issu des Lumières, qui a placé l’Homme au-dessus de tout. Un homme « nouveau » qui a abandonné toute transcendance au profit de son bien-être matériel et d’une recherche aussi effrénée qu’illusoire du bonheur. Un homme qui use trop souvent de sa liberté pour assouvir ses bas instincts (pornographie, films d’horreur). Un homme, qui contrairement aux affirmations de Jean-Jacques Rousseau, n’est pas forcément bon par nature et ne fait pas toujours un usage adéquat de l’immense liberté qui lui est octroyée.

Le conférencier évoque l’affaiblissement géostratégique de l’Occident, dont témoigne l’enlisement vietnamien, et rappelle que la victoire contre Hitler s’est faite avec l’aide de Staline et a conforté l’émergence d’un système totalitaire communiste aussi effrayant que le régime nazi. Il critique également le tropisme pro-communiste de l’intelligentsia occidentale qui a trop longtemps soutenu un régime totalitaire, aussi impitoyable que terrifiant.

***

On comprend que la charge de Soljénitsyne ait pu surprendre son public, qui attendait une critique acerbe du communisme. L’auteur estime que l’ignominie du régime soviétique n’est plus à démontrer et ne lui trouve aucun attrait. Il estime néanmoins, après plusieurs années d’exil aux États-Unis, qu’il est de son devoir de dire sa vérité à son auditoire. Une vérité peu amène, qui peut se résumer en une mise à nu de la crise spirituelle qui traverse l’Occident.

« Est-il vrai que la vie de l’homme et l’activité de la société doivent avant tout se définir en termes d’expansion matérielle. Est-il admissible de développer celle-ci au détriment de l’ensemble de notre vie intérieure ? »

Le conférencier en appelle à cesser de considérer notre idéologie matérialiste mortifère comme l’alpha et l’oméga de la vie humaine, et nous enjoint à retrouver une vie intérieure, qui est, selon lui, l’essence de la vie humaine. Une vie humaine dont le but est de s’élever spirituellement, et non d’acquérir, encore et encore, jusqu’à ce que mort s’ensuive.

La fin de la conférence décrit le sursaut qu’appelle Soljénitsyne de ses voeux.

« Le monde, aujourd’hui, est à la veille sinon de sa propre perte, du moins d’un tournant de l’Histoire qui ne le cède en rien en importance au tournant du Moyen Âge sur la Renaissance : ce tournant exigera de nous une flamme spirituelle, une montée vers une nouvelle hauteur de vues, vers un nouveau mode de vie où ne sera plus livrée à la malédiction, comme au Moyen Âge, notre nature physique, mais où ne sera pas non plus foulée aux pieds, comme dans l’ère moderne, notre nature spirituelle. »

***

Que l’on partage ou non les avis très tranchés de l’auteur de « L’Archipel du Goulag », « Le déclin du courage » impressionne par sa finesse de la compréhension de la « tectonique des plaques » qui se joue en 1978 (déclin de la vie spirituelle, matérialisme et juridisme galopants, pouvoir d’influence immense aux mains des médias, usage dévoyé de la liberté, prix à payer pour la décolonisation, etc.).

« Le déclin du courage » a l’immense mérite de porter un regard sans concessions sur le déclin de l’Occident, obnubilé par l’accumulation de richesses au détriment d’une vie intérieure en voie de disparition. Le caractère prophétique de certaines analyses du conférencier frappe le lecteur du XXIe siècle, qui assiste médusé au choc des civilisations annoncé par Soljénitsyne, et constate que la recherche du profit reste le paradigme central de l’Occident.

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47, allée du Lac

Pour ceux qui s'en souviennent, j'avais relu La maison des oubliés pour pouvoir enchaîner avec la suite, 47 Allée du Lac.

Ce vieux et gigantesque manoir hanté avait un charme et une "présence" presque inoubliables.
En tout cas, j'avais beaucoup aimé.

Je me suis donc jetée avec enthousiasme sur la suite, parce que c'est pas le tout, mais je me demandais où étaient passés tous ces morts... fantômes.
C'est kif-kif.

Après l'incendie qui a réduit le manoir en poussière, tout a éé rasé pour construire un lotissement de maisons modernes et classieuses.

Un couple sympathique visite la plus grande d'entre elles et tombe sous le charme dès le premier regard.

De plus, ça tombe bien, le second étage fait toute la dimension de la maison, des baies vitrées partout... idéal pour un atelier.
Et justement, Jason est artiste peintre. Il commence à se faire une certaine popularité, les clients se bousculent, les galeries lui organisent des expositions.

Au rez-de-chaussée, une cuisine professionnelle a remplacé le garage, ce qui tombe également très bien, puisque la femme de Jason, Emily, est traiteur.

Commande de tout ce qui est électrique à la voix, etc. aménagement de la maison à la pointe de la technologie.

Bon, le bidule tombe en panne dès les 5 premières minutes, mais qu'à cela ne tienne, ça marche même débranché. Sauf que ça marche comme ça veut.
Parce que les entités, qui ont évolué au même rythme que quand ils étaient vivants, font mumuse avec les gadgets.

Je ne sais pas vous, mais moi je suis certaine que j'en ferais autant.
Ils se montrent, parlent, répondent, font du boucan. La durée de leur absence ne les a pas rendus plus aimables qu'auparavant.

Hormis Jason et Emily, dans la maison d'en face, nous avons un couple un peu extravagant, pour ne pas dire cocasse, que je vous laisse découvrir.
Ils m'ont bien amusée, ces deux-là.

Et puis il y a l'homme au cigare, j'ai failli l'oublier !

*******

J'ai été déçue par ce roman. Les phénomènes se multiplient mais Jason cherche une explication rationnelle à tout ce qui se passe, et la trouve.

Il voit des choses qui ne se sont jamais produites, même si sa femme les voit aussi, puis le nie.
Rencontre des gens apparemment en chair et en os...

Je n'ai pas trouvé l'histoire crédible, je n'ai pas frissonné du tout. J'ai beaucoup ri par moments, c'est toujours ça de pris.
J'attendais quand même autre chose, d'autant que j'aime beaucoup Peter James.
Il s'est sans doute autant amusé que moi, en fait.

Sa plume est toujours aussi belle, mais aucune émotion n'en est ressortie pour ce qui me concerne. Les personnages ne m'ont pas touchée du tout.
Plus qu'à passer au suivant.

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Betty

Comme j'aurais aimé mettre plus que 5 étoiles ! Ce livre va rejoindre le firmament de mes lectures préférées et cette petite Betty va supplanter la petite Scout de "ne tirer pas sur l'oiseau moqueur"!
Pour moi, ce roman est un petit BIJOU enchanteur et pourtant tragique, d'une poésie, d'une beauté infinie où se côtoient lumière et noirceur, douceur et violence, enfer et paradis, tristesse, joie, rêve, réalité ... Ne dit-on pas que les chants les plus beaux sont peut être les chants les plus tristes!!!
En tout cas, je pense qu'il faut prendre le temps de déguster ce récit pour se laisser envoûter et pour pouvoir le digérer lentement. Il faut prendre le temps de laisser grandir Betty et se laisser bercer par les tendres bras de ce fabuleux papa Cherokee, figure paternelle exceptionnelle, sublime et tellement émouvant. MESSIEURS, à ma connaissance, jamais un auteur ne vous avait donné un tel rôle de père dans un roman. À lui seul, le livre vaut vraiment le détour.
Alors sans crainte, suivez les traces de cette petite indienne, de son papa et de sa fratrie, ils vous guideront peut être au paradis !
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Proust, roman familial

Aristocratie code

Proust l'a sauvée. Grâce à la fiction il su faire éclater la réalité. Celle de Laure Murat.
Bannie de ce monde aristocratique par sa propre mère pour qui elle représentait l'échec de toute une éducation spirituelle et morale, Laure Murat a une révélation vers l'âge de vingt ans. La lecture de la Recherche lui a permis de mener à bien sa propre quête et pouvoir enfin s'émanciper d'un monde rongé par l'incompréhension.
Un monde hermétique, où règnent l'implicite et le paraître et intransigeant avec ceux qui s'écartent des normes sociales et sexuelles.
Marcel Proust, ce "petit journaliste que l'on plaçait en bout de table" lorsqu'il était invité aux fastes de l'hôtel Murat a beaucoup observé et beaucoup noté. Laure Murat a ainsi pu trouver les clefs de ce monde énigmatique et vide de sens en se positionnant comme une lectrice de sa propre vie.

A la fois récit autobiographique, essai littéraire et historique, ce texte nous ouvre les portes capitonnées du monde de l'aristocratie et nous permet d'envisager la lecture de l'oeuvre d'un écrivain qui impressionne sous un angle nouveau. Mais par dessus tout, il constitue un véritable plaidoyer sur le pouvoir de consolation de la littérature.

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Baumgartner

C'est avec une infinie tristesse que j'ai appris la mort de Paul Auster, ma seule consolation c'est qu'alors qu'il rendait son dernier soupir, il était dans sa bibliothèque au milieu de livres, et moi j'étais avec lui en achevant son dernier livre: Baumgartner.
Son dernier livre ne déroge absolument pas au monde de Paul Auster qu'il a tissé au cours du temps et de tous ses livres
L'évocation d'un univers nostalgique, des lieux intemporels et d'autres qui n'existent plus que dans la mémoire, à la magie de la vie, aux méandres labyrinthiques de nos mémoires, à la force et le pouvoir fabuleux d'aimer et d'être aimé.
Baumgartner, ce vieux monsieur qui tente de survivre à la perte irrémédiable de son amour, de son alter ego: Anna.
C'est avec tellement de délicatesse, de pudeur qu'il nous plonge dans ce deuil ,que nous entendons encore Anna taper sur sa machine à écrire.
Les mots de Paul Auster sont bouleversants, poignants, ils nous touchent car ils nous concernent, nous parlent.
Un après-midi, alors qu'il est très mal installé dans un transat, il nous embarque dans l'histoire des siens, nous parle de son père, de sa mère, de son voyage qui le conduit " à travers les terres baignées de sang d'Europe de l'Est, au centre de la scène d'horreur des massacres du XXe siècle et si l'homme -ombre qui a donné son nom à ma mère n'avait pas quitté cette partie du monde au moment où il le fit, je ne serais jamais né"
Le hasard, la chance, un moment infinitésimal comme le dira plus tard Jankélévitch et tout est joué ou déjoué.
Paul Auster et l'un de mes plus grands amis littéraires avec Proust, Gide et Makine.
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L'Enfant des cimetières

J'ai rencontré Sire Cédric au Hard Rock Café, alors qu'il présentait son livre Hellfest, le festival raconté par les groupes, un ouvrage magnifique au demeurant.
Un auteur gothique, il n'y en a pas des masses, et je me suis empressée de me procurer ses livres.

Alors que je finissais Terrasses, je me suis souvenue que je n'avais pas encore lu Sire Cédric, lui-même ancien chanteur d'un groupe de death metal, Angelizer.

J'ai donc ouvert L'enfant des cimetières,

D'emblée, nous nous retrouvons dans un cimetière en compagnie de Naemah, démon qui, par un procédé que je vous laisse découvrir, met au monde un enfant.

Nous faisons ensuite la connaissance de David, photographe, et d'Aurore, sa meilleure amie journaliste, qui se trouvent devant une maison / scène de crime, où un père a tué ses enfants avant de se donner la mort.

David est en couple avec Kristel, peintre de grand talent. Belle, gentille, extravagante. Elle m'a plu de suite. Les deux jeunes gens s'adorent.

L'enfant des cimetières ne sort pas de n'importe où. Il s'agit d'une légende urbaine qu'on se raconte dans le Sud de la France, et qu'on rapproche souvent de La Dame Blanche de Brocéliande.

Des meurtres inexpliqués, des coupables innocents, des cadavres comme s'il en pleuvait, et bien entendu, des torrents d'hémoglobine et des avalanches d'entrailles.

Sire Cédric ne fait pas dans la dentelle, c'est le moins qu'on puisse dire.
Ombres spectrales, emprise psychologique dans le plus pur sens du terme, démons, tout ça nous est servi sur un plateau.

J'ai bien aimé, l'histoire est assez addictive, mais les menus détails foisonnent et je déplore les longueurs qui ont un peu plombé le bouquin.

Le style est un peu maladroit par moments, mais pour un premier roman, l'indulgence est de mise.

Les personnages sont sympathiques, je me suis attachée à Kristel, David, Aurore et le flic qui mène l'enquête.
Les autres sont très secondaires ou pas aimables du tout.

C'est un thriller horrifique, on ne peut pas s'y tromper.

L'enfant des Cimetières a reçu le Prix Masterton du roman francophone en 2010 et il l'a mérité.

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Les Yeux de Mona

« Avancer dans la vie, c'est faire cet effort ingrat de mettre au jour des blessures qu'on n'avait pas vues venir et qui, par leur discrétion même, traumatisent l'être tout au fond de son abîme. »

Lorsque l'on aime l'art comme moi, il n'est pas compliqué de comprendre les raisons qui m'ont poussée à lire ce roman.
J'ai été attirée par le regard de la jeune fille à la perle qui fixe le lecteur et l'invite à une sorte d'intimité, d'intériorité avec les oeuvres. Par ce choix, j'avais aussi envie de partir à la rencontre des oeuvres d'art tout autant que de Mona.

*
Ce roman raconte l'histoire d'une petite fille de dix ans, Mona, qui a des problèmes de vue et risque de devenir aveugle. Au lieu de l'accompagner chez un pédopsychiatre comme convenu, son grand-père, un vieil homme érudit et passionné de peinture, va décider de la conduire, en secret, tous les mercredis après-midi, dans un grand musée parisien.
En effet, ce grand-père protecteur et sensible trouve essentiel que la mémoire de sa petite-fille s'imprègne de la beauté du monde si jamais ses yeux s'éteignaient. Il va l'emmener d'abord au palais du Louvre, ensuite à Orsay, et enfin au Centre Pompidou.

Pendant un an, au rythme d'une oeuvre par semaine, Mona et son « Dadé » vont découvrir ensemble, un tableau, une sculpture, une fresque, un dessin, une photographie ou une installation, et bien sûr un artiste et son époque.

« Si je deviens aveugle, le paradis des couleurs, j’espère qu’il sera dans ma tête. »

J'ai aimé l'approche et la sensibilité du vieil homme qui laisse le temps à l'enfant d'observer l'oeuvre pour en décrypter le sens caché. Ainsi, Mona apprend à regarder les matières et les couleurs, les jeux d'ombre et de lumière, les formes et les volumes, la composition et les techniques picturales. Ensuite, il lui apprend à analyser, juger, faire des liens entre les oeuvres. de manière concise, didactique et accessible, le grand-père l'initie aux principaux courants artistiques et lui délivre des clés de compréhension. Il la guide avec bienveillance et douceur dans ses pensées et ses réflexions jusqu'à ce qu'une leçon d'art et de vie en émerge, leçon que l'enfant s'approprie.
En voici quelques-unes que je fais mienne :

« Connais-toi toi-même. »
« Ce qui ne tue pas rend plus fort. »
« Oublie le négatif ; garde sans cesse la lumière en toi. »

*
L'auteur nous propose un superbe parcours initiatique de la Renaissance italienne à l'une des dernières grandes figures de l'art moderne, Pierre Soulages. Thomas Schlesser nous amène à examiner les 52 chefs-d'oeuvre pour un résultat particulièrement éclectique. Pour plus de praticité, l'éditeur a eu l'excellente idée de glisser dans le livre une jaquette contenant la reproduction de chacune des oeuvres citées.

C'est un voyage fascinant et incroyablement érudit dans l'histoire de l'art occidental, mais pas uniquement : l'auteur aborde également un vaste éventail de sujets, comme la vie des artistes, L Histoire, la religion, la philosophie, …
Si la plupart des artistes sont connus, j'ai trouvé le choix des oeuvres original et pertinent, Thomas Schlesser ne cherchant pas forcément des oeuvres connues du grand public. Chacune d'entre elles s'inscrit dans une époque, un style, une intention, ce qui permet d'avoir une vue d'ensemble des principaux mouvements artistiques, comme le classicisme, le romantisme, l'impressionnisme, le surréalisme, le cubisme, …
En les ordonnant chronologiquement, elles semblent reliées les unes aux autres par un fil invisible mais très fort comme si les mouvements artistiques s'influençaient et se répondaient.

Au cours de ces 52 semaines, je suis devenue une petite souris, m'approchant au plus près de ces oeuvres majeures, faisant abstraction du bruit ambiant des visiteurs, prenant le temps de m'imprégner des oeuvres et d'aiguiser mon regard, d'écouter les échanges entre l'enfant et le vieil homme.
Et si j'ai tout de même un regret, c'est celui de ne pas avoir pu les découvrir comme Mona, me rendant moi-même dans ces trois magnifiques musées, le roman à la main, pour ne découvrir qu'une seule oeuvre d'art à chacune de mes visites.

« Ces gens autour de nous aimeraient tout avaler d'un coup, et ils se perdent sans savoir comment ménager leurs envies. »

*
« Les yeux de Mona » est une tranche de vie profondément ancrée dans l'art, mais le roman ne parle pas uniquement de cela. La fiction s'invite, permettant de découvrir le quotidien de Mona, rythmée par les visites médicales, l'école, les heures passées dans la brocante de son père, lieu de toutes les découvertes.
Ce qui m'a plu dans cette histoire familiale qui se superpose à l'art et lie l'ensemble, c'est la relation entre la petite-fille et « ce grand-père sémaphore, ce monument, ce silex adoré ». J'ai aimé cette petite fille vive, intelligente, curieuse, mâture et ce grand-père pédagogue, attentionné.

« Des grands-parents aux petits-enfants, des petits-enfants aux grands-parents, se crée parfois un lien miraculeux, qui tient au fait que, par une sorte de courbe existentielle, les aînés reviennent, du haut de leur vieil âge, aux sentiments de leur prime jeunesse et saisissent, mieux que quiconque, le printemps de la vie. »

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Entre essai, roman d'initiation à l'art et fiction, « Les yeux de Mona » est une « invitation au voyage, une lucarne pour le rêve. »
A découvrir pour apprendre, comprendre, aimer, rêver.
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Clara lit Proust

Évidemment que ce titre me tentait et m'intriguait !
Clara lit Proust est un livre réjouissant, qui met du baume au cœur
D'abord parce qu'il chasse les préjugés, les a priori : Comment une petite coiffeuse peut-elle s'éprendre d'un auteur que beaucoup jugent illisible et à la fois très intello?
Et, bien oui, c'est possible, Proust peut toucher n'importe lequel d'entre nous malgré nous.
J'ai découvert Proust à l'âge de dix- sept ans , toute seule sans que personne ne m'en parle. Au début, un peu comme Clara, j'étais très suspicieuse et je ne comprenais pas tout
Puis, rapidement, Proust a aussi changé ma perception, m'a permis de comprendre ce qui est enfoui au fond de nous.
Je trouve que ce petit roman est un très bel hommage, j'ai envie de dire un hymne à la littérature.
Oui, les livres sont un univers ouvert sur le monde et sur l'autre.
Marcel Proust porte dans son écriture, dans son regard intérieur toute une sensibilité qui nous touche immanquablement.
J'a aussi beaucoup i aimé dans ce livre, la simplicité touchante de Clara qui à la croisée d'un malheureux amour voit Proust comme un ami. Un ami qui guérit, un ami qui comprend, un ami qui nous émeut.
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Un pueblo de Oklahoma

Je tiens mes engagements et je vous presente une premiere emule de Sherwood Anderson. Mais ne croyez pas que cela a ete facile. Ce livre, “Oklahoma town”, est introuvable en francais et il est tres possible qu'il n'ait jamais ete traduit. En anglais on ne trouve pas non plus de nouvelles editions et Amazon voudrait m'en vendre une ancienne pour la modique somme de 450 dollars. Heureusement, une petite maison d'édition espagnole l'a traduit en 2017. Je l'ai donc lu, titre “Un pueblo de Oklahoma”.

Honnetement, j'aurais trouve ce livre assez interessant si je l'avais lu en premier. Mais j'ai encore en tete Winesburg-Ohio, et ce livre ne fait que le copier, que le singer dirais-je si je voulais etre mechant, et franchement, s'il lui arrive a la cheville, il ne la depasse pas de beaucoup.

36 courtes nouvelles, se centrant chacune sur un personnage different, pour decrire un bled perdu de l'Amerique profonde. Des nouvelles plus courtes que celles d'Anderson, qui ne finissent pas par une chute inattendue, sauf quelques fois ou nous avons droit a une pointe legerement ironique, ou meme humoristique. Mais les personnages sont beaucoup moins travailles psychologiquement que chez Anderson, ils restent des images sans beaucoup d'epaisseur, et leurs deboires nous touchent beaucoup moins. Il n'y a pas non plus un personnage qui fasse le lien entre tous, a l'instar du jeune journaliste George Willard dont on suivait peu a peu le murissement, et qui erigeait Winesburg-Ohio en roman de formation. Ici aussi, dans la derniere nouvelle, out of the blue, un jeune pretendant a journaliste quitte le bled, alors qu'on n'a entendu parler de lui que dans l'avant-derniere. Manquent aussi ces descriptions fouillees de batiments, de rues et de la nature environnante, ou Anderson excellait.

L’editeur espagnol decrit ce livre comme “une version apre” du Winesburg-Ohio. C'est vrai en partie, peut-etre a cause de la concision des nouvelles, ou parce qu'on ne sent pas de la part de l'auteur cette compassion que j'avais devinee chez Anderson, mais a cote d’episodes tres durs, tres crus, tres apres, nous lisons des narrations plates s'il en fut, sans saveur et sans odeur, qui m'ont fait l'effet d'une décision editoriale, epaissir le livre par du remplissage.

J'arrete de comparer pour essayer d'etre juste. Nous avons la quand meme le croquis d'une societe dont les piliers sont l’ignorance, le fanatisme et le racisme. Y regnent un puritanisme profiteur de l'ignorance pour soumettre avec cruaute tous ceux qui essayent de franchir les lignes etablies, et plus specialement les femmes; un machisme qui s'avere insoutenable meme pour la gent masculine; une cruaute exacerbee, meme envers des enfants en bas age, qui ne laisse a beaucoup d'autre choix que la fuite; fuite s'averant elle-meme souvent cruelle quand des maris abandonnent femmes et enfants; et un racisme assume, qui s'affiche sans aucune gene, meme par des analphabetes face a un avocat noir.

Milburn presente cette quintessence de rednecks bouseux, plus attardes, malgre le temps passe, que les personnages qui deambulaient dans Winesburg, sans fioritures, sans commiseration, avec seulement une pointe d'ironie ou d'humour par-ci par-la. Et c'est peut-etre cela sa grande reussite. Cela donne un livre qui se lit facilement et qu'on vomit avec plaisir.
Je ne vais pas m'attarder dessus longtemps, Knockemstiff, de Donald Ray Pollock, autre emule assumee, m'attend.
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Agatha Raisin enquête, tome 3 : Pas de pot po..

On ne peut que tous admirer ces photographes de scène de crime qui capturent le moment, l'horreur dans toute sa non-splendeur.

Cependant, peu d'éditeurs ou d'auteurs osent mettre l'une de ces photos en couverture d'un roman.
Ça c'était avant ce tome 3 d'Agatha Raisin, car voyez-vous, c'est l'un de ces clichés que nous prenons en plein visage, abruptement, en voyant le roman.

Je sais, c'est violent, à la limite du supportable...

Notre Agatha était partie en vacances deux mois et à son retour au village, elle constate l'installation d'une charmante femme dans un cottage au bout de sa rue.

Comble d'horreur, cette femme déambule en permanence au bras de son cher James.
Frranchement, y a outrage.

Bien entendu, elle est canon, contrairement à Agatha qui s'est un peu laissée aller lors de son voyage estival et le regrette amèrement chaque fois qu'elle croise le "couple".

Dans cette nouvelle aventure d'Agatha Raisin, il va être question d'horticulture.
Concours de fleurs, jardins porte ouverte, etc.

Non mais elle va finir par me donner envie d'aller à la campagne.
L'ambiance que je retrouve dans ces romans me rappelle un autre village que j'ai bien connu.
Mais bref, passons.

Un agréable moment passé avec Agatha et son James... un peu spécial, celui-ci, du reste.

J'ai souri, j'ai ri, un bon petit cosy mystery, ça détend toujours. :)
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La dernière harde

Maurice Genevoix a déjà obtenu le prix Goncourt avec Raboliot, en 1925, lorsqu'il publie, en 1938, La dernière harde, magnifique histoire d'un grand cerf et d'un piqueux portant fort bien son patronyme, La Futaie.

Raboliot, c'était le braconnier, La Futaie, lui agit en toute légalité dans ce duel avec le grand cerf, ce cerf qu'il observe, par lequel il est lui-même observé, jusqu'au moment où la chasse devra le conduire à l'hallali.

Mais, au-delà du cerf et de la chasse, c'est encore la nature que Maurice Genevoix célèbre, particulièrement avec la forêt, l'enveloppant tout entière de son écriture parfaite, poétique, douloureuse et amoureuse, celle des très grands écrivains, ceux que l'on ne peut hélas plus rencontrer aujourd'hui. Genevoix décrit tous les mystères de la forêt avec ses laissées, ses odeurs et ses sons, et on apprécie si on aime la nature si bien sanctifiée par un auteur qui la connaît par coeur.

Ce roman peut être mis en parallèle avec La grande meute de Paul Vialar, texte tombé dans l'oubli aujourd'hui, il y a tellement de points communs dans ces deux oeuvres. Vialar n'avait probablement pas le sens poétique de Genevoix mais il partageait avec ses lecteurs la même passion de la vénerie, les mêmes émotions lorsque les chiens s'apprêtent pour la curée.

La dernière harde emporte avec ce magnifique cerf tout l'art d'un immense auteur, l'homme aux trente mille jours qu'il a vécus intensément et transmis à travers toute son oeuvre.
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Sonietchka

Sonietchka n'est pas très jolie, mais ce n'est pas un problème car Sonietchka est passionnée par la lecture.
L'impensable pourtant se produit, lorsque Robert emprunte des livres dans la bibliothèque où elle travaille, et que Sonietchka abandonne la lecture pour l'épouser.

Un mariage, suivi d'une maternité presque miraculeuse, qui épanouit la jeune femme au delà de toute attente. Robert et leur fille Tania sont vraiment ce qu'elle attendait de la vie. de son côté Robert, l'artiste peintre qu'une relégation pour son esprit trop libre avait détourné de son travail le reprend, et s'amuse malgré les aberrations et les tracas du système soviétique. Sans aucun doute Robert et Sonietchka sont heureux. Et même quand Robert la trahit, Sonietchka salue le destin pour avoir donné à son mari vieillissant une belle jeune femme à aimer et à peindre.

C'est avec un humour irrésistible que Ludmila Oulitskaïa, dans une société soviétique inquisitrice et tracassière, brosse le portrait d'êtres terriblement attachants — l'altruiste et généreuse Sonietchka qui voue un amour inconditionnel à sa fille, son mari et la maîtresse de celui-ci. Robert et sa puissance créatrice que rien n'arrête, pas même un système visant à éliminer les gens comme lui. Tania, jeune fille résolument libre, et son opportune et bien séduisante amie à qui on a envie, comme eux, de tout pardonner.
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Col rouge

Une très belle saga familiale sur la Savoie et les Savoyards. Ces fameux cols rouges, qui ont vécu par et pour l’hôtel Drouot. Ils ne comptaient pas leurs heures, leurs émoluments étaient payés chaque jour, divisées en 56 parts au début, puis beaucoup plus tard par 110. Ces commissionnaires avaient un statut bien spécial, ils n’aimaient pas agrandir leur numérus clausus. Tous, originaires de ces belles montagnes, leur charge se transmettait de père en fils.

Issus d’un monde agricole, où les familles avaient du mal à survivre, François et Berthe se marièrent en juin 1861. Dès le lendemain, le jeune marié partait pour Paris où le numéro 26 l’attendait, dans la confrérie très prisée des commissionnaires. Il devait trouver un appartement pour la venue de sa femme.

Après sa dernière "démontagnée", au 108ème jour, après son mariage, Berthe allait enfin rejoindre son cher François. Elle emprunterait une diligence, trois jours de voyage, où il fallait faire attention de ne pas se faire détrousser. Pire, elle se fera trousser par trois compagnons de voyage. Elle n’oubliera et n’omettra aucun détail à son mari, qui la soutiendra toujours de son amour et de sa sollicitude, même lorsqu’elle mettra au monde, ce premier enfant qui n’était pas le sien.

Léon, fut le premier des six générations suivantes. Une famille, dont on suivra l’épopée au cœur de l’hôtel Drouot, les vacances en Savoie, dans un village isolé, les bonheurs, les drames, les peines, les amours. Berthe a été le personnage central de cette lignée magnifique. Cette fabuleuse fresque, nous sera conté par le petit dernier, Paul et son ex petite amie, Marie. Le récit s’ouvre en 2022.

Col rouge de Catherine Charrier, ce sont cent cinquante ans de l’histoire des cols rouges, qui ont régné de 1860 à 2010 sans partage, sur des millions d’objets. Deux à trois mille par jour, étoffes, meubles, fonds de magasins en faillite, saisies, successions, ventes volontaires…un spectacle journalier de 13h à 21h, tout passait par eux. Leur emprise sur le marché de la seconde main à Paris était presque totale.

"Le spectacle des ventes passait pour un des plus pittoresques de Paris et mêlait les lorettes du quartier aux grandes bourgeoises et aux duchesses, dans une débauche de soieries, de taffetas, de chapeaux. Couleurs chatoyantes des dames, noir et blanc des messieurs. François ne se lassait pas de regarder, lorsqu’il le pouvait."

Un monde qui m’est totalement inconnu, ce roman m’a permis de découvrir cette confrérie si particulière, aux pratiques d’un autre âge : la yape. Ils avaient le droit d’emporter tous les objets qui n’étaient pas listé par le commissaire-priseur ou le notaire, lors du déménagement des appartements, tableaux, bibelots, meubles, vaisselle…qu’ils gardaient pour eux ou revendaient. Certains ne savaient pas s’arrêter et le tableau de trop, mit fin à cette famille de cols rouges par un procès retentissant.

Un roman attachant, fascinant, et passionnant.




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Le Sang des innocents

Attirée par toutes les belles critiques concernant cet auteur, je n’ai pas pu résister, ça aurait été vraiment dommage de passer.

Le Sang des innocents de S. A. Cosby, est un policier fort, marquant et terriblement prenant. J’ai eu beaucoup d’empathie pour Titus, le shérif de Charon. Premier noir à être élu sur la terre où il est né. Bien sur les suprémacistes blancs sont contre lui, ceux de sa couleur pensent qu’il est à la solde des oppresseurs, vraiment pas facile pour lui, pourtant il essaie de mener à bien ses fonctions et d’être juste.

Beaucoup de crimes racistes ont eu lieu dans cette petite ville, les souvenirs sont vivaces. Titus, un homme fort et droit, jongle entre les problèmes de drogue, les bagarres entre blancs et noirs. C’est une ville mystique, vingt et une congrégations religieuses se côtoient, pas facile à gérer. Jusqu’au jour où Latrell, un jeune Noir, le fils de son meilleur ami, tire sur le prof préféré du lycée, M. Spearman et se fait à son tour tuer par les collègues blancs de Titus.

Personne ne veut regarder la vérité en face, la police aurait pu éviter encore une bavure, les autres pensent à un fou. Ce calme de façade, explose de nouveau dans ce Sud toujours aussi raciste. L’enquête nous conduira vers une histoire terrible. De la première à la dernière page, on est tenu en haleine, le suspense s’intensifie à chaque page.

Un très bon roman noir qui met en évidence tous les problèmes d’une société féroce, impitoyable, la violence, le racisme, la religion et ses dérives. Pour ceux qui ne l’ont pas lu n’hésitez pas. De mon côté je lirais avec plaisir ses deux autres livres.
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Mon mal vient de plus loin

J'avais été très positivement impressionnée par le recueil de nouvelles, Les braves Gens ne courent pas les rues, et c'est avec une certaine ferveur que je me suis engagée dans la découverte de celui-ci.

À beaucoup d'égards, la technique, la vigueur et le rythme de la narration en sont à peu près les mêmes, et, peut-être même, plus aboutis encore que dans le recueil précédent. Toutefois, mon plaisir de lecture y a été beaucoup, beaucoup, beaucoup moins fort, et ce pour une raison essentielle : le propos religieux y est beaucoup, beaucoup, beaucoup plus présent et, en ce qui me concerne, cela me fatigue ou m'agace, voire les deux à la fois.

Dans Les braves Gens ne courent pas les rues, bien sûr, certaines nouvelles pouvaient s'y interpréter avec une lecture " religieuse " mais, et c'était là tout leur intérêt d'après moi, cette lecture n'était pas obligatoire et semblait laissée à la juste appréciation du lecteur. Ici, point de tout cela : vous n'échapperez pas à la phase interprétative, manière de prêche ou de sermon au service d'une pensée, laquelle pensée ne m'apparaît pas aller si loin que ça.

A priori, c'est très dommage car ça m'a presque à chaque fois gâché le plaisir qu'avait suscité le début des nouvelles. Elle est toujours aussi forte, Flannery O'Connor, pour dépeindre des personnages, les faire vivre, les faire vibrer sous nos yeux, en quelques phrases, leur donner tout le pesant, toute l'épaisseur d'une vie en quelques paragraphes. Mais finalement pour quoi ? Pour nous assommer à la fin d'un sermon — ou d'une parabole, ce qui est tout comme. Et là, ma liberté de lectrice s'insurge : j'aime à rester libre de mes interprétations ; j'aime quand un(e) auteur(e) ne me contraint pas, ouvre ou, du moins, laisse libre accès à plusieurs portes de sortie interprétatives.

Voilà pourquoi j'aime moins ce recueil : religion, religion, religion et encore de la religion, alors qu'elle avait su amener bien d'autres thématiques, les relations inter-ethniques dans les états du sud des États-Unis, les relations de subordination familiale, la maladie, la charité, etc.

Il est à noter toutefois que le recueil est d'une remarquable homogénéité (ce qui n'était pas le cas des braves Gens ne courent pas les rues), les nouvelles sont toutes d'une tenue, d'une qualité, d'une intensité comparables, recelant une charge similaire de sujets abordés.

Le dénominateur commun à tout cela est le mal, d'abord, et surtout le mal tapi dans le bien apparent. Presque toujours il y est question de personnages qui veulent se donner bonne conscience (la mère dans Tout ce qui monte, la propriétaire dans Greenleaf, le grand-père dans Vue sur les bois, la mère encore dans Mon mal vient du plus loin et dans le Confort du foyer, le père dans Les Boiteux entreront les premiers, la brave pécore dans Révélation, Parker dans le Dos de Parker et enfin tant le père que la fille dans le Jour du jugement).

Invariablement, le message de Flannery O'Connor est que tout le mal que vous vous donnerez pour faire le " bien " ou l'apparemment bien ne fera que se retourner contre vous, que vous ne ferez que vous ridiculiser et qu'exprimer, dans le fond, votre incroyable vanité à prétendre faire le bien autour de vous. Il y aura bien entendu votre lot de condescendance ordinaire vis-à-vis de la (ou des) personne(s) aidée(s). Bref, tous vos efforts ne vous conduiront, selon l'auteure, qu'à faire de vous une personne puante d'un point de vue authentiquement moral.

Bon, personnellement, je lui laisse cette interprétation et n'en pense rien de particulier. Toutes les questions relatives à la foi, au bien et au mal en général me laissent totalement indifférente. Ce que j'aime en littérature, c'est de voir évoluer des personnages, c'est qu'au travers d'eux un(e) auteur(e) me révèle l'expérience de la vie qu'il ou elle a lui-même accumulée dans son regard. Or, ici, j'ai peine à croire que Flannery O'Connor puisse n'avoir qu'une vision si univoque, finalement, si étriquée, elle qui a pourtant des qualités d'observation exceptionnelles.

Voilà, le problème est là, selon moi, dès lors qu'un(e) auteur(e) se met en peine de vouloir m'édifier, d'une part cela ne m'édifie pas du tout et d'autre part, cela appauvrit, cela me gâche le plaisir que j'aurais eu à découvrir son oeuvre. Ce fut déjà le cas, par exemple, d'un Samuel Richardson dans Clarissa. Une base, un matériau, une maîtrise stylistique et littéraire sensationnels mais une impression finale sabotée par cette sale manie de vouloir m'obliger à en penser ce que lui veut que j'en pense alors que j'aurais été si heureuse de pouvoir effectuer mes propres choix dans l'interprétation.

Il me reste à dire deux mots du travail du traducteur, l'inégalable, le génial Maurice-Edgar Coindreau, le découvreur, le passeur, l'Hermès messager auprès du public francophone de toute cette littérature du sud des États-Unis, les Faulkner, Steinbeck, Hemingway, Caldwell, McCullers et j'en passe. C'était un très fin lettré, un admirable manieur de mots, qui sut parfois trouver des miracles de formule, comme ici, dans ce titre, si différent de l'original, Everything that rises must converge, qu'on pourrait maladroitement traduire en français par " Tout ce qui monte doit converger ". Non, ici, il est allé cherché un vers de Racine, à l'acte I, scène 3, lorsque Phèdre confie à Oenone : « Mon mal vient de plus loin ». Quel brio, M. Coindreau, exactement comme pour ce « Et » magique que vous avez su ajouter au titre d'un autre ouvrage de l'auteure, ET ce sont les violents qui l'emportent, pour rendre The Violent bear it away. Un « Et » qui donne toute sa force au titre francophone. Chapeau bas.

Pour conclure, ici, selon moi, des qualités d'écriture suffisamment rares pour être signalées, mais ce quelque chose de déplaisant, de fondamentalement religieux et collant comme un truc malodorant sous une chaussure, qui vous incommode et vous met mal à l'aise. Toutefois, le dernier mot, souvenez-vous qu'il vous appartient toujours, car le mieux, c'est encore, je crois, de vous en faire votre propre opinion, par vous-même, si le coeur vous en dit, car ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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