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Citations de Maggie Nelson (93)


Les témoins et les policiers plient et déplient la serviette à de nombreuses reprises, avec une gravité solennelle, comme s’il s’agissait d’un drapeau. Mais le drapeau de quel pays, je l’ignore. Quelque sombre croissant de terre où la souffrance est fondamentalement vide de sens, où le présent s’effondre sans prévenir dans le passé, où nous ne pouvons échapper au sort que nous craignons le plus, où les lourdes pluies soulèvent les corps de leurs tombes, où le chagrin dure toujours et jamais ne s’atténue.
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Je fus stupéfiée par la façon dont un seul acte de violence avait transformé une série d’objets quotidiens – un imperméable, une paire de collants, un livre de poche, un pull en laine – en pièces à convictions numérotées, talismans qui menaçaient à tout instant de prendre des proportions allégoriques.
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si tu arrives à imaginer le pire qui peut arriver, tu ne seras jamais surpris quand ça arrivera. Ne sachant pas que cette maxime était la définition exacte de l’angoisse telle que donnée par Freud (« Angoisse » décrit un état particulier d’attente ou de préparation au danger, même s’il est inconnu »), je me suis engagée à le mettre en pratique. (p. 191)
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se prélasser dans la position punk du « no future » ne suffira pas non plus, comme si tout ce qu’il restait à faire était de nous installer pour admirer les parasites riches et cupides qui détruisent notre économie, notre climat et notre planète, en se félicitant tout du long qu’il y ait des cancrelats assez chanceux pour récolter les miettes tombées du banquet. Je dis : merde à ceux-là. (p. 124)
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Tout de même, plutôt que de s’estomper avec la montée de la parentalité queer de tout acabit, l’opposition binaire usée qui situe la féminité, la reproduction et la normativité d’un côté et la masculinité, la sexualité et la résistance queer de l’autre a atteint dernièrement une sorte d’apothéose, se donnant souvent le rôle du dernier rempart contre l’homo et l’hétéronormativité à la fois. (p. 123)
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Si, petite fille, tu cherches des avant-goûts du sexe et que les seules options qui se présentent dépeignent le viol d’un enfant ou d’autres abus (donc, tous mes livres préférés de pré-adolescente (…)) alors ta sexualité va se construire autour de ça. Il n’y a pas de groupe témoin, à qui on aurait donné un placebo. Je ne veux même pas parler de « sexualité féminine » tant qu’on ne se dotera pas d’un groupe témoin. Et il n’y en aura jamais. (p. 109)
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Comment expliquer que pour certains, ou pour certains à certains moments, l’irrésolution est acceptable – désirable, même (par exmeple, pour les « hackers du genre ») - alors que pour d’autres, ou pour d’autres à certains moments, ça demeure une source de conflit ou de peine ? Comment peut-on passer par-dessus le fait que la meilleure façon de comprendre comment les gens se sentent à propos de leur genre ou de leur sexualité – ou de tout le reste, en fait – est d’écouter ce qu’ils ont à dire et d’essayer de les traiter en conséquence, sans confondre leur vision de la réalité et la sienne propre ? (p. 88)
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Dans The Baby book du Dr Sears (…) il y est dit que vous êtes au fond un bouillon d’hormones et que, comme les hormones libérées par l’allaitement sont les mêmes que celles libérées par le sexe, vous pouvez être pardonnée de la confusion. Mais pourquoi parler de confusion, si ce sont le mêmes hormones ? Comment peut-on départager un sentiment sexuel d’un autre, présumé plus « réel » ? Ou, plus pertinemment, pourquoi départager ? Ce n’est pas comme une histoire d’amour. C’est une histoire d’amour. Ou, plutôt, c’est romantique, érotique et dévorant, mais sans tentacules. J’ai mon bébé et mon bébé m’a. C’est un éros enjoué, un éros sans téléologie. Même si je me sens excitée pendant que j’allaite ou que je le berce jusqu’au sommeil, je ne ressens pas le besoin de répondre au stimulus (et si je le faisais, ce ne serait pas avec lui). Dans les années à venir, cette histoire a toutes les chances de n’être plus réciproque, si j’en crois la rumeur. Raison de plus pour apprécier la souveraineté du moment. C’est si sombre, ce recoin, sombre et moite… Ses fins cheveux sont humides, sentent le bonbon et la terre, j’y fourre ma bouche et inspire. Je voudrais ne jamais faire l’erreur d’avoir besoin de lui autant ou plus qu’il n’a besoin de moi. Mais je ne peux nier que parfois, quand Iggy et moi dormons ensemble dans la caverne du lit inférieur, son grand-frère s’agitant au-dessus, bercés par la douce musique de la pluie artificielle, l’horloge digitale verte égrenant les heures, c’est le petit corps d’Iggy qui soigne le mien. (p. 74)
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Je n’avais pas de bébé à l’époque, pas plus que je ne planifiais d’en avoir un. D’ailleurs, je n’ai jamais été ce qu’on pourrait appeler du type bébé (pas du type animal non plus, ni du type jardinage, ni même du type plante d’intérieur ; même les sommations à « prendre soin de soi » souvent m’irritent et ou me déconcertent.) (p. 69)
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Winnicott reconnaît que les exigences de la dévotion ordinaire peuvent être affolantes pour certaines mères, qui craignent, en se donnant à la tâche, de « devenir un légume ». (…) Je ne me suis jamais sentie comme ça, mais je suis une vieille maman. J’ai eu presque quatre décennies pour devenir moi avant d’expérimenter mon anéantissement. (…) Comme si les mères s’imaginaient pratiquer leur dévotion ordinaire dans la nature sauvage, puis qu’elles étaient étonnées de lever la tête et d’apercevoir des spectateurs croquant leurs cacahuètes de l’autre côté d’un fossé. (p. 62)
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J’ai été si heureuse d’être locataire à New-York pendant longtemps, parce que louer – du moins louer de cette façon-là, qui impliquait de ne jamais lever le petit doigt pour améliorer mon environnement – te permet de laisser littéralement les choses tomber en morceaux autour de toi. Puis, quand ça devient trop gênant, tu déménages. (p. 23)
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Je comprends pourquoi c’est politiquement exaspérant, mais j’ai aussi toujours pensé que c’était quand même romantique – la romance de laisser une expérience individuelle du désir prendre le pas sur une expérience catégorielle. (p. 18)
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52. Si vous y arrivez, essayez de ne pas parler comme si les couleurs émanaient d'un seul phénomène physique. Gardez à l'esprit les effets que toutes les sortes de surfaces, de volumes, de sources de lumière, de pellicules, d'étendues, de degrés et de solidité, de solubilité, de température et d'élasticité ont sur la couleur. Pensez à la capacité qu'à un objet d'émettre, de refléter, d'absorber, de transmettre ou de diffuser la lumière. Demandez-vous : quelle est la couleur d'une flaque ? Votre canapé bleu est-il toujours bleu quand vous passez devant d'un pas hésitant au beau milieu de la nuit pour aller chercher de l'eau à la cuisine ; est-il toujours bleu si vous ne vous levez pas et que personne n'entre dans la pièce pour le voir ?
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