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Citations de Maggie Nelson (93)


Toute activité qui suppose dans sa nature même l'imprévisible, l'interpénétration, une mise à nu physique ou émotionnelle, représentera toujours un genre de risque; avoir pour but d'oblitérer ce risque peut malgré soi (ou intentionnellement) développer « un sentiment omniprésent de vulnérabilité [qui] génère un perpétuel état de crise - la construction d'un premier mur, puis d'un autre » comme l'explique Jennifer Doyle.

Sachant que notre vulnérabilité n'a nulle part où aller, nous ferions bien d'entretenir avec elle un lien qui n'impose pas d'ériger des murs ou de vivre dans un perpétuel état de crise.
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Même quand on a de bonnes raisons de s'insurger, il est utile de prendre garde aux différentes façons dont la plainte peut se transformer en automatisme, en une manière de court-circuiter ses réactions négatives tout en prenant l'habitude d'étayer sa propre vertu ou son ascendant sur les autres en se distançant de désirs qu'on perçoit comme sordides, pitoyables ou défectueux.

II faudrait être capable de se plaindre sans en faire un systematisme, surtout quand un tel système compromet la possibilité de pardonner ses propres erreurs, ou d'approfondir la connaissance de soi.
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[Effets inattendus et négatifs de « me too »]

Ces histoires contribuent à la très vaste archive de la littérature du sexe où la promiscuité sexuelle, la transgression, le désir ou la volonté des femmes doivent être gommés pour faire en sorte que l'offenseur paraisse aussi dégueulasse que possible.

Comme les plaignantes savent pertinemment que leurs récits seront décortiqués jusqu'à la dernière virgule, cette élision se justifie. Le résultat a donné un recueil de témoignages de résistance qui malgré lui perpétue une culture du silence - confirme, en outre, un dégoût profond et punitif - quant à la complexité du désir féminin.

[…]

Vu la culpabilité qui s'abat encore sur les victimes dans les cours de justice et l'opinion publique, sans compter l'opprobre auquel les femmes sont confrontées, qu'elles reconnaissent la complexité de leurs désirs ou les désa-vouent, je comprends qu'elles soient peu enclines à explorer ouvertement ces questions, en particulier dans des débats publics.

Mais étant donné que la doxa même du discours du viol consiste à dire que l'"on ne peut pas être un sujet à la fois sexuel et innocent", pour reprendre les mots de Jennifer Doyle, quelque part il faut bien violer les termes de cette doxa. Quelque part, il faut bien reconnaître que nous sommes des sujets sexuels, ce qui veut dire apprendre à incarner et articuler l'expérience sexuelle au-delà de la dyade offenseur offensé.
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Placer une foi excessive en des moments de libération plutôt que de s’astreindre à une pratique de la liberté produit invariablement l’espoir contrarié que quelqu’un, quelque part, aurait pu ou aurait dû assurer notre libération mais ne s’est pas montré à la hauteur.
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Brown affirme que la liberté de s'autogouverner "exige un usage inventif et prudent du pouvoir plutôt qu'une rébellion contre l'autorité ; elle est sobre, épuisante, et orpheline". Je crois qu'elle a raison, même si "sobre, épuisante, et orpheline" est un cri de ralliement trop peu fédérateur, surtout pour celles et ceux qui se sentent déjà épuisés et démunis. Mais je trouve cette approche plus inspirante et réaliste que d'attendre le grand soir de l'émancipation, comme le décrit l'économiste Frédéric Lordon - cette "irruption soudaine et miraculeuse d'un ordre de rapports humains et sociaux tout autre".
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Je me souviens du jour où
mon premier amour a dit, Si la douleur
est si forte, pourquoi ne pas la calmer
avec un objet coupant ? Aujourd'hui j'en rêve - une lame
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Maggie Nelson
❝ Le monde a-t-il l'air plus bleu avec des yeux bleus ? ❞
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74. Qui, de nos jours, regarde la lumière traverser les cloisons de sa "chambre noire" en compagnie d'un assistant fantasmagorique, se frappe les yeux pour reproduire les sensations de couleurs perdues, ou reste éveillé la nuit pour regarder les ombres colorées dérivées sur les murs ? J'ai déjà fait tout cela, alors que je n'étais au service ni de la science ni de la philosophie, ni même de la poésie.

75. J'ai surtout l'impression de me transformer en servante de la tristesse. Je continue de chercher de la beauté là-dedans.
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44. Cette conversation avec le spécialiste de la ménopause des guppies a lieu le jour où, plus tard dans l'après-midi, une thérapeute me dira : S'il n'avait pas menti, ça n'aurait pas été lui. Elle veut me montrer que j'avais beau croire aimer cet homme très profondément et très exactement pour la personne qu'il était, je ne voyais pas qui il était, qui il est.
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Pourquoi le bleu ? Les gens me posent souvent cette question. Je ne sais jamais comment y répondre. Il ne nous est pas donné de choisir qui l'on aime, ai-je envie de dire. Nous n'avons pas le choix, voilà tout.
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Parfois je l’imagine morte (sa mère) et je sais que son corps, jusque dans ses moindres détails, va m’engloutir. Je ne sais pas comment j’y survivrai.
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179. Quand j’imagine un homme chaste – et plus particulièrement celui qui ne se branle même pas –, je me demande quel rapport il entretient avec sa bite : que fait-il d’autre avec, comment la manipule-t-il, comment la perçoit-il ? En y regardant vite, cette même question adressée à une femme pourrait sembler plus “rangée” (la-chatte-comme-absence, la-chatte-comme-manque : invisible, impensée). Mais j’ai tendance à croire que quiconque parle ou pense de cette manière n’a simplement jamais senti palpiter une chatte en grave carence de sexe – une palpitation qui ne communique rien de moins que les suçotements et les éjaculations du cœur.
 
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134. Considérer le bleu comme la couleur de la mort me calme. Depuis longtemps je me figure l’approche de la mort sous la forme d’une vague qui enfle – un imposant mur bleu. Tu te noieras, me dit le monde, m’a toujours dit le monde. Tu descendras dans un enfer bleu, bleu à force de fantômes affamés, bleu Krishna, bleus, les visages de ceux que tu as aimés. Eux aussi se sont noyés. Respirer sous l’eau : cette pensée provoque-t-elle de la panique ou de l’excitation ? Amoureux du rouge, on se taille les veines ou on se tire une balle. Amoureux du bleu, on remplit ses poches de cailloux bons à sucer et on se dirige vers la rivière. N’importe laquelle fera l’affaire.
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100. Il nous arrive souvent de compter les jours, à croire que cette mesure du temps nous promet quelque chose. Alors que cela revient plutôt à harnacher un cheval invisible. “Il est tout bonnement impossible que dans un an vous vous sentiez comme aujourd’hui”, m’a dit un autre thérapeute l’année dernière à cette même période. Mais j’ai beau avoir appris à me comporter comme si je me sentais autrement, mes sentiments n’ont en réalité pas vraiment changé.
 
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99. Après quelques mois à l’hôpital, mon amie accidentée a reçu la visite d’un autre tétraplégique dans le cadre d’un programme de soutien et d’information. De son lit, elle lui a demandé : Si je reste paralysée, combien de temps me faudra-t-il pour que j’envisage ma blessure comme un pan normal de ma vie ? Au moins cinq ans, a-t-il répondu. Le mois prochain, cela fera trois ans.
 
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90. Cette nuit, j’ai pleuré comme je n’avais pas pleuré depuis longtemps. J’ai pleuré jusqu’à me vieillir. J’ai observé le phénomène dans la glace. J’ai regardé les rides apparaître aux coins de mes yeux, pareilles à des explosions solaires gravées au burin ; cela m’a rappelé ces plans filmiques où des fleurs s’ouvrent en accéléré sur un rebord de fenêtre. Les larmes ont non seulement vieilli mon visage mais elles en ont aussi changé la texture, ont transformé la peau de mes joues en mastic. J’y ai vu un rite de décadence, mais je n’ai pas su comment y mettre fin.
 
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J'avais du mal à garder le secret de la grossesse d'Emily. Elle semblait espérer que le problème finirait par s'évanouir de lui-même. Elle prenait aussi pas mal d'acide, et je craignais que le fœtus ne soit en train de se transformer en une espèce d'alien à paillettes décérébré. (p. 70)
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"La liberté est un processus par lequel on développe une pratique afin de se rendre indisponible pour la servitude" p : 21
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J'étais fatiguée des histoires dans les médias dominants racontées par des gens confortablement cisgenres, qui expriment leur deuil devant la transition es autres.
La meilleure façon de comprendre comment les gens se sentent à propos de leur sexualité, est d'écouter ce qu'ils ont à dire et d'essayer de les traiter en conséquence, sans confo dre leur vision de la réalité et la sienne propre.
Ca peut être difficile de ne pas en savoir beaucoup sur ses parents. Mais, m'as-tu dit, ça peut être formidable aussi.
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La sagesse populaire voudrait que nous déterrions les histoires de famille pour en apprendre davantage sur nous-mêmes, pour atteindre ce but essentiel que constitue la connaissance de soi, pour nous propulser, tel Œdipe, sur une piste conduisant à la révélation d’un crime ou d’une vérité originelle. Puis nous nous arrachons les yeux de honte, nous fuyons en hurlant dans la nature, et les maux cessent de s’abattre sur nos proches.
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