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Citations de Henri Pichette (136)


DENTS DE LOUP


NERFS

     Soudain je prends mon rire par les deux bouts
et je l'appelle : Soupirail ! Fenêtre ! — comme si les
lèvres voyaient clair.

     En fait je suis là, dans le sac du poème.
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DENTS DE LOUP


NERFS

     La vie étant l'aube et l'aube l'aubaine de l'ago-
nie, je sauverai ma mort, non ma vie.
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DENTS DE LOUP


NERFS

     La locomotive sifflante donne l'alerte. La sor-
tie du tunnel explose. Le ballast fait un boucan de
crânes qu'on écrase sur des kilomètres à perte de
vue.
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DENTS DE LOUP


NERFS

     On a gratté à la vitre givrée : c'est une dame
blanche en ambassade. — Qu'elle entre, et mange
à même le feu !

p.26
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DENTS DE LOUP
               VIOL
     Ji tu ravagior, m'aisance des solvos. Bell'à
mûrir au col des frionçailles, ji t'inolverre é prins
à nof jonous la clara du sor blou.
     Ah saprane foliure ! ah bardèches épics !
     Neglit'appel, mort'en croisée.
     O diluve o terrage o merrance é mouluviale !
     Grondifar à la sofle, ji t'esclavagine, galgara-
della bône. Offu é strapadru, dix clous me clique-
donquent.
                                         1949

p.36
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DENTS DE LOUP


L’ÉTÉ
extrait 1

     Le soleil tape sur les enclumes de granit.
     L’herbe métallique vibre, au flanc de l’immense
vague pétrifiée.
     Je cours, un feu de joie plein la poitrine.
     La gloire d’une vallée m’arrête d’émerveille-
ment.
      (Encore un horizon que je devrai à la délica-
tesse d’un tournant de sentier !)
      Un million de pampes crépitent.
      Pinsons, bruants, mésanges se jouant, volettent
à qui mieux mieux ; et les pies à dos bleu se jacassent
des choses d’un arbre à l’autre.
[...]

p.38
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Ode à la neige


regardez, par delà
cette grille givrée
d’innocentes hermines
dorment tout de leur long
sur les bras des croix

*

alors qu’à l’intérieur l’enfant
le front appuyé à la vitre
pour jouer
fait de la buée,
dehors chaque flocon
éclate une petite larme
qui roule
en bas
du carreau
où le mastic est vieux comme la maison

*
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Ode à la neige


blanche autant qu’absolue
dans un silence d’œil
qui rêve l’éternité blanche

*

neige neigée
tellement soleillée
que d’un blanc aveuglant
et brûlante !

*

moelle de diamant

*

neiges du Harfang aux iris jaunes d’or
et ventre blanc pur de la Panthère des neiges

*

de quel oiseau fléché fuyant à travers ciel
ce pointillé de sang sur la neige vierge ?

*
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Ode à la neige


météore
qui touche ma manche
de ratine, y posant des cristaux à six branches
sous mes yeux d’étincelles

*

pluie
de
plumes
de
mouettes
muettes

*

recouvrant la plaine déshéritée
emmantelant la forêt squelettique

*

épaisse, assoupissante et ensevelissante

*

blanche telle
une belle absence de parole

*
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Ode à la neige


par un jour de grisaille aux vapeurs violâtres
ou quelquefois même (j’ai vu)
par un ciel terre de Sienne
elle
papillonne blanc,
plus blanc que les piérides blanches
qui volettent en avril
comme fiévreusement,
à moins que ce ne soit frileusement
autour
de roses
couleur d’âtre
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DENTS DE LOUP


NERFS

Ce peuplier est un brochet. Mais j'ai oublié
mon hameçon à la maison. Je suis un mauvais
bûcheron.
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DENTS DE LOUP


GÉOMÉTRIE

  Je sais que deux et deux font quatre et qu'au
nombre de quatre sont les coins du carré.
  De mon lit carré je pars pour la vérité qui est
ronde, parce qu'elle est toujours enceinte.
                                  1948

p.32
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DENTS DE LAIT


POÉSIE


  La nuit,
on entend un chien-loup hurler d'ombre à la mort.
  Le jour,
on voit sur les seuils croître une fougère d'or.

                                     1944

p.19
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DENTS DE LAIT


SEPTEMBRE

ô buées dont les bois s'imbibent à l'aurore
quand le fusil déchire un bouquet de soucis

la mésange est un ange affolé de voler
dans les ruches midi délire comme un dé

l'argile où se mouvait le ruban de l'orvet
c'est nu ! et ça fait peur ! il est temps de rentrer

décidément la vie déborde les coupables
la biche ne sait pas mourir comme le jour
                          Aux armées, 1944.

p.18
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DENTS DE LAIT


ROUGE

sache donc :
le soleil
ne se couche
qu'en deçà

et le cœur ?
muscle-miracle
un remous
de santé
               1944

p.17
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DENTS DE LAIT


ÉVASION

Arrivé face au soleil
il croise les bras sur ses yeux
nu comme la rivière
qui ne finit pas de couler.

Merci, merci ! forêts du regard
qui dissimulez nos faiblesses.
Je me trouve bien le dos perdu dans les marais
à l'abri des gestes anonymes.

Tu n'as pas vieilli, ton cœur est le même.
Ton matricule est une histoire de nuage.
Regarde, le portail du doute est verrouillé
à double tour.
Tu pèses ton poids d'or.

Aucune banque n'a de si beaux jardins.
Ce qui n'a pas de poids,
c'est tout simplement le corps —
de sang, de chair et d'os,
le corps qui n'en peut mais —
une pelletée de cendres.

Sur un réseau d'étoiles facile à suivre.
                              1943

p.12-13
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DEVANT LA GLACE


où croît l'herbe
terre noire
qu'une armure
montre nue

je réponds
au miroir
des mollesses
du cœur

défiguré
je laisse
un espace
dans mes yeux

ma tempe sonne
dans l'air noir
comme une arme
d'enfance
                  1943

p.11
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SILENCES


Quatre maisons universelles
auréolées de brouillard doux
n'ont pas suffi aux hirondelles
pour tempérer leur soif de lune.

Quatre coins sur préau d'école
muant l'arbre des cœurs qui saigne,
au travers du ciel des paroles
avec les veines bleues aux feuilles.

Et ce sifflet à pleines dents
pour avoir consommé le gel,
deux yeux de mica, les joues froides
qui ne sont plus la forge d'air.
                            1933

p.10
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TU VOYAGERAS


    Tu voyageras — le grand réseau du cœur, les
traits d'union intimes, — tu connaîtras un enfer
doux, suspendu à un regard, une parole.

    Garde-barrière, l'enfant débile protège un
monde ; et volontiers l'arbuste donne ses fruits
aimés.

    Sémaphores, pétales de métal, ô les purs
éléments placés avec adresse pour le repos des
passereaux !

    Écho charnel sur les parois de la nuit, étrange
cloche de cristal que le vent pousse jusqu'à l'aube.
                                          1942

p.9
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Ohé maçons, brique la messe !
Ohé croyants, rose chancreuse !
Ohé stagiaires, mes amis !
De la limite à la limite
La nuit est un diamant pour rire.
Or navigable, mer muette;
Oiseaux, chaloupes dissipées;
Ô vitrail, mouture stellaire !
Ma bouche, ma cousue, murmure.
Dans le coeur me naît une source
Qui, claire, coule par mes veines
Et va transmettre aux paysages
le "moi", vibrante architecture.
Babil ! sermons ! à vous, mirages,
La part de mes terres charnelles,
Les meules bleues de la fatigue.
Voilà bien là les morts intimes :
Les sommeils volés à l'envi,
La chambre close ouverte aux rêves.
Hors les laitiers, les boueurs fous,
Qui me réveillera ? Je marche,
Une étoile mourante aux lèvres,
Colleur d'affiches immolé
A la vindicte de la foule.
Oh vite un cirque où l'on exulte !
Crient les ribleurs en ribambelle.
Le clown est triste : punition.
La lune court après les ombres
Qui jouissent dans les courants.
Je jette un juron comme un gant.
Sommation ! Lacs, on vous somme
De rendre au ciel paix et clémence;
Fleurs giratoires, l'on vous somme
Célébrants parjures, l'on vous
Somme de rendre à l'horizon
L'ostensoir du soleil levant.
La Terre s'offre, et les Morts germent,
Seuls sur l'île de l'Evangile.
Je bois au sein de Dieu. Ô clown !
Il n'est que la sagesse d'or,
L'azur têtu, la primevère,
L'armure osseuse pour se taire.

Quand le silence eut retombé,
Mes baisers bouclèrent la route :
Circuit serré comme une corde
Autour du cou, circuit bandé
Tel l'arc-en-ciel qui ceint le monde.
Ce fut la prison sous la peau.
De l'épiderme au coeur, mensonge !
Musique, ronge-moi et songe :
Combien de mûres violettes
Trahirent ma langue et mes doigts !
Tant de fourmis sous le talon
Que je ne pus les recenser !
Et que dire du jour de mai
Où, armé d'aiguille et de fil,
Je condamnai à tout jamais
Les jeunes roses du jardin ?
La tache est là, bouleversante,
Que boit le buvard de l'abîme...
Tache d'oiseau touché à mort
Plongeant dans les vagues de blé...
Je me révolterai dès l'aube.
tout est commun, l'arbre ! la feuille !
Le groseillier grappillonneux !
Le boeuf solard, martyr paisible !
La paysanne et sa fanchon !
L'épouvantail ivre de gestes !
La houle noire des mineurs !
Les vitriers chargés d'images !
Père brisé ! veuve ravie !
Que l'on s'ennuie à ce jeu-là.
Pour recours j'ai le souvenir
D'un camarade sachant rire.
A donc vienne la minaudière
De ton enfance sur les dents,
de ton corps sur la défensive -
Le divin artifice ! filles
pointues de notre bonnet d'âne,
Gavroche au poings givrés de sucre,
Mouche confite en la lumière,
Et vous, solfège défendus
Sous le pupitre chuchotés...
Ô tinte la clochette grêle !
Signal de l'éparpillement
- "Larousse sème à tous les vents."
A tu, à toi, à Chat botté
Les espiègles lycéens
sur les pianos de pavés
ils bondissent, le muscle neuf,
déclenchant un chahut que même
le bourgeois salut au passage.
Allez, la classe buissonnière,
Cache-nez ! lustrines ! galoches !
Bonnets phrygiens ! et plaies et bosses !
Les polissons, les pubertaires,
les sans-cultottes banlieusards,
la gent mignonne échevelée,
Cognez ! cassez ! brûlez! hurlez !
Forcez l'amour humain : Bastille !
Des flingots, vous n'en aurez guère !...
Les guêpes meurent tant et plus
Après des extases d'épouses;
Les colombes crient qu'elles tuent ;
Le peuplier perd l'équilibre;
C'est le divorce ! et c'est la guerre !
Le long hiver aux fumées folles...
Quand le printemps reverdira,
Nous serons des alléulias,
-Balets de Faust, rats d'Opéra,
Gaminerie, feux de Bengale,
Théâtre propritiatoire.

Quand le printemps recouvrera
l' étincelle de son génie
(Je veux dire le soleil) et
l'hirondelle au gré de l'azur,
Nous saluerons la femme, celle
qui passe et jamais ne s'efface
Ravi des beaux jours, mon sang me
Répand dans ses vaisseaux choisis.
En vérité, c'est le printemps
Nous parlons langue contre langue.
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