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Citations de Henri Pichette (136)


Henri Pichette
DIMANCHE

Un arbre est là-bas, qui vous fait un geste ;
Le temps d'y courir, il vous donne un fruit.
Un peu de soleil brûle sous la veste,
L'ombre d'un ruisseau m'arrive à doux bruit.

Un million de cieux....foin des passeports !
Je ne veux réver qu'à la force verte,
Aux oiseaux élus dont l'âme a pris corps.
-Sur la liberté ma bouche est ouverte.
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Henri Pichette
La poésie est d’aujourd’hui depuis toujours.
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Henri Pichette
Ode à la neige ( extrait)

la légère
candide
capricieuse
tourbillonnante
ouatée
poudreuse
neige dont j'aime
la lente lente
chute

(" Odes à chacun")
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Henri Pichette
Au soir,
L'endormement des petits oiseaux.
Dans le reposoir du rosier sauvage
L'aiguille libellule immobilise la gaze des ailes.
Un effet de lune bombe la face de l'étang .
Reste d'un feu de jardinier,
Mille braises tremblantes
Rêvent leur fumée .

(" Poèmes offerts")
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Henri Pichette
dents de loup


ATTAQUE

Gifles !
Coups de poing et de couteau !
Magnéto !
Seringues !
Docteurs mortifiants !
Canons, canons, canons, canons, canons !

J'ai un fulguritum au creux de l'estomac
Et mon cerveau fourmille d'apatrides,

C'est l'exode long.
C'est la déportation lente.
C'est l'hécatombe montante.

Il gèle dans mon cœur,
Il cendre au front de ma jeunesse.

Ossuaire… suaire… suaire… suaire…….

Je dormais pour apprendre à mourir.
Je rêvais de la vie.

Bah ! faut-il courir si vite pour atteindre le bout du
                                     monde ?

                                     1948

p.31
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Au soir,
L'endormement des petits oiseaux.
Dans le reposoir du rosier sauvage
L'aiguille libellule immobilise la gaze des ailes.
Un effet de lune bombe la face de l'étang.
Restes d'un feu de jardinier,
Mille braises tremblantes
Rêvent leur fumée.
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DENTS DE LOUP


          LE JOUR ET LA NUIT

     Une sourcelette bruit.
     Un âne couleur de châtaigne brait.
     On a mis sécher du linge de corps et des langes
à même les gramens du pré.
     Une brebis mécheuse broute, flanquée de son
agneau les oreilles roses de soleil.
     Il semble au sein du jour que tu soit en
enfance.
     Il y a des kilos de charité aux branches des
pommiers.


     Quand à ici — Pigalle ! Gay Paris ! — ô Ville-
Lumière ! tes gens qui passent appartiennent à quel-
que race grise, et moi, dont la muse est une va-nu-
pieds, je vois en filigrane dans la lune d'un billet
de banque la face de la mort-qui-rit-de-toutes-ses-
dents.
                                          1949

p.37
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Laisse-moi te dire : j’ai besoin d’être voyagée comme une femme. Depuis des jours et des nuits tu me révèles. Depuis des nuits et des jours je me préparais à la noce parfaite. Je suis libre avec ton corps. Je t’aime au fil de mes ongles, je te dessine. Le cœur te lave. Je t’endimanche. Je te filtre dans mes lèvres. Tu te ramasses entre mes membres. Je m’évase. Je te déchaîne
Le Poète : Je t’imprime
L’Amoureuse : je te savoure
Le Poète : je te rame
L’Amoureuse : je te précède
Le Poète : je te vertige
L’Amoureuse : et tu me recommences
Le Poète : je t’innerve te musique
L’Amoureuse : te gamme te greffe
Le Poète : te mouve
L’Amoureuse : te luge
Le Poète : te hanche te harpe te herse te larme
L’Amoureuse : te mire t’infuse te cytise te valve
Le Poète : te balise te losange te pylône te spirale te corymbe
L’Amoureuse : l’hirondelle te reptile t’anémone te pouliche te cigale te nageoire
Le Poète : te calcaire te pulpe te golfe te disque
L’Amoureuse : te langue le lune te givre
Le Poète : te chaise te table te lucarne te môle
L’Amoureuse : te meule
Le Poète : te havre te cèdre
L’Amoureuse : te rose te rouge te jaune te mauve te laine te lyre te guêpe
Le Poète : te troène
L’Amoureuse : te corolle
Le Poète : te résine
L’Amoureuse : te margelle
Le Poète : te savane
L’Amoureuse : te panthère
Le Poète : te goyave
L’Amoureuse : te salive
Le Poète : te scaphandre
L’Amoureuse : te navire te nomade
Le Poète : t’arque-en-ciel
L’Amoureuse : te neige
Le Poète : te marécage
L’Amoureuse : te luzule
Le Poète : te sisymbre te gingembre t’amande te chatte
L’Amoureuse : t’émeraude
Le Poète : t’ardoise
L’Amoureuse : te fruite
Le Poète : te liège
L’Amoureuse : te loutre
Le Poète : te phalène
L’Amoureuse : te pervenche
Le Poète : te septembre octobre novembre décembre et le temps qu’il faudra
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1. LA GÉNÈSE

La scène est aux portes
d'une ville haute de ciel.

aurore


le poète
Depuis la première pulsation du monde je tournais sur moi-même je pensais comme une circonférence Intérieurement le barouf me fut toujours intolérable Je faisais chambre commune avec la monotonie Les sons me parvenaient sans que je pusse les classer J’avais une peur bleue de l’espace Je n’insisterai pas sur la froideur du parcours ni sur l’antipathie des soleils croisés à toute allure Cependant que des mouvements d'eaux d'algues d'herbe d'arbres de sable de fluides et d'ingrédients annonçaient qu'il naîtrait un corps de tout cela Par les fissures de la solitude le sang s’infiltra et désormais circule…

p.25

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Aux aurores des temps naifs.

Je me rappelle la naissance de la mémoire.

La source de la mer était pure d'aucun naufrage. Nul n'avait pris le deuil sur les misères de la neige; pas d'idée noire à la tête chenue; la mort était vierge.
Le pleur de joie, perle de la plus belle eau et d'un très pur orient, roulait sur la joue encore hirsute de l'ancêtre.
Quelquefois, nous croyions caresser l'horizon, quand c'était l'échine d'un mastodon endormi, rassasié.
Les éveils, les sommeils, alternaient à merveille.
La branche feuillait et fleurissait sans ignorance; le fruit effectuait la moitié du geste cueillant. La brise dans les saules suscitait des douceurs de salicioal; et le rossignol, en l'absence de toute mélancolie, chantait, ami ému en toute chose, l'amour lunisolaire.
Le cœur aimait son sang et les sèves et les ondes, autres sangs.
Ni magistère, ni panacée, seule la nature!

Les chevaux de l'apocalypse étaient alors quatres poulains fringants, sur l'herbe fleurie gambadant, avec juste ce qu'il faut de gracieuse maladresse. Et de chacun vous pouviez voir la bouche légère, mouillée en suffisance de salive limpide, et les naseaux comme des roses, et le même atome de sérénité au fond de l'oeil.
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l’Oreille c’est l’épouse de l’air
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3. LA GUERRE

salve de roquettes



Monsieur Diable
À vos postes !

le poète
J'ai les yeux révulsés de l'océan. Je percute contre le roc. La rage écume les plages. Le soleil se caille. Je m'étoupe. Je me bétonne. Je me hérisse jusqu'aux nuages. Ma bonne étoile file et s'éteint. Je nage, je nage. Je sue sang et eau. Je nage en nage. Mon cœur s'insurge dans sa cage. Bientôt la contre-attaque! Je veux trois fleurs à la séance :

l'ami
Bleuet Marguerite et Pavot,

Monsieur Diable
comme qui dirait les sommets d'un triangle aux couleurs du Drapeau!

le poète
J'orchestre la fusillade. Je bous. Je traverse le tonnerre. Les sapeurs font des prodiges. Je me dope. Le plafond se fisse. À lui seul, mon voisin est un escadron. Il y en a un qui, plus loin aspirine sur aspirine. Celui-là pense exorciser le plomb. Celui-ci, les affres lui lâchent le ventre. D'autres sont impassibles comme des menhirs. Puis le fouet du ciel claque à ras de nos casques.

Monsieur Diable
À mon commandement…

p.79-80
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Henri Pichette
   
   
Le cœur de la poésie change éternellement de place.
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5. L'ACCOMPLISSEMENT



le poète
Donc je suis équinoxial : printemps solidaire
d'Automne. Tout ensemble la joie d'or de
l'oiseau des cerises et la griserie de la grive
chanteuse, le levain dans la fleur de farine
et la parole comestible! — et les peuples
déjeunent autour des fontaines et le jour
et la nuit ont le même niveau

l'amoureuse
C'est le Rêve en pleine lucidité. La gravitation
de l'amour avec les corps célestes

le poète
Ce sont les roses comme le dedans de la main
et le dessous du pied des Papous sur les
avenues à 9 heures le matin

l'amoureuse
C'est l'émerveillement des géraniums par les Tziganes

le poète
C'est la traversée en musique des grands
après-minuit d'équitation par le feu de femme

l'amoureuse
Serait-ce la légende enroulée au destin comme
un volubilis ?

le poète
C'est le livre du monde, le vent tourne la
page, voici le fragment du cœur singulier,
voici les pluriels dans leur unisson, c'est
l'espèce par tous les temps du verbe et la
mise à jour sous l'œil immémorial



l'amoureuse
Les bergères des nuages
les cristalliers de la neige
les archers du soleil pacifique
les pontonniers de l'arc-en-ciel
les vents oiseleurs
les artificiers d'aurore boréale
les pilotes d'étoiles filantes
les plénipotentiaires de l'orage
les navigateurs de l'azur précis…

p.151-152

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dents de loup


VIVRE

    Je saluerai le germe et le bourgeon ; je me
découvrirai devant les nouveau-nés.

p.59
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2. L'AMOUR

La scène est au soleil de midi,
l'été, entre plaine et forêt.


le poète
Le lit des choses est grand ouvert. Je me suis endormi, pensant que c'était trop beau et que la terre s'échapperait. Je craignais tout des ventilations absurdes d'une nuit en colère. Les matins me fustigeaient. Je vivais crédulement. Sourcier infatigable, je cherchais l'Orifice originel, premier ouvrage par où passer la tête et crier au Soleil. J'ai trouvé! Je confectionne sur mesure une amoureuse. (En vérité, elle m'est venue d'une ville rêvée posée sur de grands boutons-d'or.)
Les peupliers s'organisent. Les rossignols composent. Il me souvient que l'ivresse nous emporta dans un vivant exercice : le mariage. Elle était si naturelle sous sa robe. Je fus sensible aux courbes aux frémissements particuliers aux aspérités inattendues de sa chair, à la marée montante ou descendante des muscles, à la dentelle des phrases ajourées de soupirs, à ses lianes ses diadèmes ses chevelures ses crépuscules d'Eve naissante, à la sagesse et à la déchirure de ses bords.
Elle me parla comme à un bouclier. J'avais autorité pour prendre sa défense. Pieds nus sur le fil blanc du rêve, nous courions après nos vêtements en allés. Jamais funambules ne furent si heureux de se rejoindre. Et je m'éveille, à l'unisson des terrasses où nos corps à bien menèrent leur cure. Désormais l'invention demeure. Ma femme sera mon paysage sensuel, le diorama de mon âme. Le monde s'est embelli. J'aspire littéralement l'avenir. La clarté du jour m'assiste. Je grimpe à l'échelle de corde de l'enthousiasme. O c'est plus que jamais l'heure des diamants érectiles ! Les alentours se métamorphosent. De coutume le cœur de la biche ne boule pas ainsi, l'eau a moins de charme, les oiseaux ne tombent pas si verticalement sur le ciel, l'air n'offre pas sa charpente avec autant de pompe ou de vigueur. Je vois enfin le plus beau frisson de l'arbre. Et le silence a trop vite plongé son glaive dans la pierre pour que je ne devine rien : Tu es là.

l'amoureuse
Je t'aime.

p.52-53


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Car à vingt ans tu optes pour l'enthousiasme, tu vois rouge, tu ardes, tu arques, tu astres, tu happes, tu hampes, tu décliques, tu éclates, tu ébouriffes, tu bats en neige, tu rues dans les brancards, tu manifestes, tu lampionnes, tu arpentes la lune, tu bois le lait bourru le vin nouveau l'alcool irradiant, tu idéalises, tu ambitionnes, tu adores, tu détestes, tu brilles...
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Apoème 3


Extrait 4

Ainsi les orgues devenaient des barricades.
Les hommes s’éprenaient de femmes, sans paroles.
Ils tournaient le danger comme un oiseau le chat.

La vie avait sur eux la lueur des cristaux...
L’amour ne froidira plus. Hola ! émeutiers,
(Les lampes sourdes de la nuit sont des injures).

Le ciel couve de longs couteaux d’argent ardent.
Nous renverserons Dieu. Attendez qu’il existe !
Puis un canon balance le soleil en l’air.
On met les mains sur les yeux. C’est de la folie.
Le soleil soûl jure dans les peupliers trembles
Et saigne jusqu’à la Pâque sur les cerises.
Devant ce miracle nos ouvriers s’émeuvent.
Il fait bon. Leurs adages font la chandeleur.
La révolte s’ouvre, comme Christ que l’on cloue.
Les citrons dynamités de l’aurore éclatent.
Les saisons percutent. Je ne me souviens plus.
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5. L'ACCOMPLISSEMENT

le poète
J'ovationnerai le soleil qui est une gerbe de
gestes!

Les oiseaux des eaux secouèrent les fines
cendres du sommeil et s'envolèrent La brise
souffla sur chaque rose comme pour une braise
Le feu gagna la part du monde sous nos yeux
Nous appelâmes lumière ce feu qui tout
embrase et laisse tout intact L'arbre reprit sa
hauteur dans l'âtre de l'orient

Oui ma vie ne fut qu'un cri étincelle éternelle!

p.145
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dents de loup


AUX AURORES DES TEMPS NAIFS

      Les Chevaux de l'Apocalypse étaient alors
quatre poulains fringants, sur l'herbe fleurie gam-
badant, avec juste ce qu'il faut de gracieuse mala-
dresse. Et de chacun vous pouviez voir la bouche
légère, mouillée en suffisance de salive limpide, et
les naseaux doux comme des roses, et le même
atome de sérénité au fond de l'œil.

                                   1953

p.51
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