DENTS DE LAIT
ÉVASION
Arrivé face au soleil
il croise les bras sur ses yeux
nu comme la rivière
qui ne finit pas de couler.
Merci, merci ! forêts du regard
qui dissimulez nos faiblesses.
Je me trouve bien le dos perdu dans les marais
à l'abri des gestes anonymes.
Tu n'as pas vieilli, ton cœur est le même.
Ton matricule est une histoire de nuage.
Regarde, le portail du doute est verrouillé
à double tour.
Tu pèses ton poids d'or.
Aucune banque n'a de si beaux jardins.
Ce qui n'a pas de poids,
c'est tout simplement le corps —
de sang, de chair et d'os,
le corps qui n'en peut mais —
une pelletée de cendres.
Sur un réseau d'étoiles facile à suivre.
1943
p.12-13