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Diane Meur (Traducteur)
EAN : 9782266335089
240 pages
Pocket (17/08/2023)
3.93/5   140 notes
Résumé :
Lauréat du Dayton Literary Peace Prize, un court roman stupéfiant d’intensité, un texte riche, souvent dérangeant, sur un passé qui n’en finit pas de résonner.

Je n’ai pas été un nazi. Ce que je veux te raconter ne concerne ni des atrocités, ni un génocide. Je n’ai pas vu les camps de la mort et je ne suis pas qualifié pour en dire un seul mot. J’ai lu le livre de Primo Levi sur ce sujet, comme tout le monde. Sauf qu’en le lisant, nous, les Allemands... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (45) Voir plus Ajouter une critique
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Un cours récit pour tous ceux qui cherchent à comprendre.
À la fin de la guerre, Opas'est muré dans le silence et n'a jamais parlé de la guerre à sa famille, tout est resté en lui jusqu'au jour où son petit-fils à voulut en savoir plus.
C'est par une lettre qu'il expliquera cette partie longtemps occultée mais pas oubliée de sa vie.
Le père d'une amie était allemand, bon mari, papa gâteau de ses filles et petits-enfants. Il a fuit son pays et ne s'est pas battu mais n'en a jamais parlé.
Opa est parti en 1940 sur le front de l'Est et reviendra en 1948 car il fera quatre ans de goulag, il dira avoir eu de la chance pour deux raisons, à vous de voir si vous êtes de son avis.
Il racontera la faim, la peur des ennemis, une histoire qui met en valeur le courage de ces soldats en 1944, on passe de l'horreur à la solidarité, toute l'absurdité de la guerre.
Son père , pasteur lui a offert une montre où il a fait graver : « Aime tes ennemis, bénis ceux qui te maudissent, agis bien envers ceux qui te haïssent.» peut-être est-ce ce qui l'a préservé de commettre les horreurs que d'autres ont perpétré : viol, tortures, exterminations…
Là ou d'autres se sont suicidés il a continué. Malgré tout il a compris l'opprobe contre le peuple allemand et s'en est senti solidaire : Nous, les Allemands .
« Et l'énormité de notre crime nous obligeait à admettre que le châtiment, quoique terrible, n'était pas inique ».
Il a essayé de survivre et la guerre fut bien longue pour lui mais pas autant que toute une vie de honte et de culpabilité collective même si il n'était pas le pire juste un jeune homme qui a perdu ses plus belles années.
La guerre broie les hommes et leur vie, un récit nécessaire pas de héros, des perdants face à leurs questionnements et à leur honte. Il est important que les enfants sachent afin de ne pas commettre les mêmes erreurs et de ne pas oublier.
Un très beau texte qui donne à réfléchir par les temps qui courent.
Alexander Starritt montre Opa, son grand-père tel qu'il l'a connu et je comprends ce souci de savoir, de comprendre et de se demander comment il a pu participer à cette guerre. Une vérité brute qu'Opa n'a pas embellie.
Merci aux éditions Belfond de leur confiance.
#Nous lesAllemands #NetGalleyFrance
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Opa Meissner, dont on ne saura jamais le prénom, après avoir longtemps refusé de parler de son passé pendant la deuxième guerre mondiale, (il a éludé les questions de sa fille) mais confronté à son petit-fils, Callum, il finit par répondre, sous forme de lettres que ce dernier trouvera après sa mort. (En fait, sa narration commence en 1944).

Il alterne les descriptions des évènements, la lutte pour survivre, les combats avec les Russes, la faim, le froid, et ses états d'âme, son questionnement : est-il un homme bon, se sent-il coupable, culpabilité individuelle et collective, mérite -t-on d'être aimé après tout cela ? et le récit s'accompagne des légendes sur lesquelles s'est bâti le Reich, Nibelungen, la chevauchée des Walkyries de Wagner, légendes et musiques qui ont servi de propagande.

Les compagnons de cavale du grand-père de Callum sont intéressants chacun à leur manière : le poney Ferdinand, Lüttke, nazi caricatural, antisémite, antibolchévique, qui voue une haine en fait à tout ce qui n'est pas aryen, et hitlérien, Jansen, le plus sensible donc le plus sujet à la culpabilité, qui s'inquiète pour sa mère et qui finit par disparaître dans la forêt, Ottermann, Himmelsbach etc… ils sont sur le front de l'Est à défendre un Reich qui est parti en fumée, avec les suicidés de Bunker, mais ils n'en savent rien et tentent survivre, en luttant contre les Russes qui n'ont rien aux nazis au combat, barbarie quand tu nous tiens… les échanges entre eux ne manquent pas de piquant, car comment supporter Lüttke et ses diatribes ?

Opa évoque la honte, tellement différente de la culpabilité, avec des phrases magnifiques. Il raconte son internement dans les camps bolchéviques, comment il a résisté, et ensuite rencontré celle qui a redonné un sens à sa vie, et son installation comme pharmacien, mais peut-on vivre paisiblement après cela ?

Le récit est entrecoupé d'interventions de Callum, qui se demande si on peut continuer à aimer un grand-père qui a fait partie de la Wehrmacht, contre son gré en fait car c'était un étudiant consciencieux, fils de pasteur, qui était programmé pour obéir.

J'ai aimé l'utilisation de l'anaphore « nous, les Allemands », leitmotiv qui constitue la trame du récit, la base de la réflexion, opposant le particulier au collectif.

J'ai beaucoup aimé la couverture, ce loup qui hurle, appelant sa meute, qui illustre ce que l'effet meute déclenche chez un individu qui seul n'est pas violent à la base, pour aboutir aux chemises brunes qui défilent au pas de l'oie…

Qu'est-ce que nous aurions fait, si nous avions été à leur place ? On est toujours tenté de penser qu'on aurait été des héros, mais ce n'est pas si simple. Je vous renvoie, une fois de plus vers une de mes chansons préférées de Jean-Jacques Goldman, si j'étais né en 17 à…

Ce livre m'a bousculée, car comment ne pas faire le rapprochement avec la guerre en Ukraine, avec un peuple russe dont le cerveau a été lavé, essoré par la propagande du chef du Kremlin ? le froid, la neige, la destruction de toutes les infrastructures d'un pays pour l'affamer, le faire crever de froid, cela ne peut que résonner dans notre esprit, en même temps que notre sentiment d'impuissance et notre révolte.

Hier j'ai tué une demi-douzaine d'Ukrainiens d'un obus ciblé avec professionnalisme ; aujourd'hui, je vais au ravitaillement. Voilà pourquoi tout le monde s'accorde à dire que les guerres sont une calamité. Et prendre des choses à des gens qui ne veulent pas les donner, telle est bien la réalité de la guerre.

J'ai beaucoup aimé ce livre, qui fait réfléchir, qui montre un autre visage des Allemands, car j'ai lu beaucoup de choses sur les bourreaux nazis, l'Holocauste, mais très peu sur ce qu'ont vécu ceux qui ont survécu, ont été internés à l'Est… comme toujours, quand un livre me touche profondément, je n'en parle pas forcément très bien, mais s'il vous tente, un conseil, foncez !

C'est presque un coup de coeur, en tout cas, c'est un monumental uppercut qui m'a laissée un peu sur le carreau!

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Belfond qui m'ont permis de découvrir ce roman et son auteur.

#NouslesAllemands #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Ce livre est un coup, pas un coup de coeur, ou un coup au coeur, non un coup en pleine face. Un violent mais bref uppercut, c'est un peu comme cela que je l'ai ressenti.
.
Un petit-fils demande à son grand-père ce qu'il a fait pendant la guerre. Pas n'importe quelle guerre : on parle de la Seconde guerre mondiale. Pas n'importe quel grand-père : un soldat de l'armée allemande sur le front Est...
Un texte court entre témoignage et roman.
Le grand-père va finir par répondre à son petit-fils par le biais d'une longue lettre retrouvée après son décès. Une lettre qui commence en 1944 quand la défaite est proche, quand les Russes s'approchent, quand la faim est là, quand les soldats ne savent même plus où est l'Allemagne.... et quand ils découvrent des atrocités commises par des soldats allemands comme eux (et je ne parle même pas des camps).... Ce récit se penche sur la notion de responsabilité, individuelle, collective.
C'est passionnant, mais pas évident à lire, certains passages sont durs.
Des vies gâchées de chaque côté......
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Un roman très intéressant sur la culpabilité individuelle ou collective du côté allemand de la Seconde Guerre Mondiale. Il est présenté sous la forme d'une longue lettre d'un enrôlé en 1940, dès sa sortie du lycée, à son petit-fils qui lui a toujours posé des questions restées sans réponse.

Callum n'en prendra connaissance qu'au décès de son grand-père, son Opa. Il va ponctuer cette lettre de réflexions et d'explications pour les lecteurs afin de les aider à comprendre le contexte.

Envoyé sur le front de l'est, l'Oberkanonier Meissner, va raconter sa déroute de 1944 à travers la Pologne, s'exprimer sur ses actes ou non actes et ce qu'il en pense avec le recul. Il va parler aussi des exactions des nazis et se poser la question, sans pouvoir y répondre, de sa culpabilité sur ces faits.

L'Allemagne et les Allemands, pour une grande majorité, vivent avec une culpabilité collective qui se transmet à leurs enfants et petits-enfants ! A noter qu'en France cette culpabilité collective n'existe pas alors que la collaboration fut pourtant très active et meurtrière et l'indifférence face au sort des juifs encore plus étendue. Cela s'explique peut-être par le fait que l'Allemagne a une culture martiale historiquement beaucoup plus développée.

Opa ne fait pas l'impasse sur les actes, désespérés, qu'il a pu commettre ; il ne cherche pas non plus d'excuses, il raconte et tente de se remettre dans la tête du jeune homme envoyé au combat pour une raison qu'il ne comprenait pas.

Cette structure de roman permet de conserver un certain recul, malgré la densité de l'écriture, qui permet de saisir le sens des paroles d'Opa, sans tomber soi-même dans un sentimentalisme aveugle et juge !

En-dehors de la culpabilité, Callum pose la question de la transmission et du souvenir pour les enfants qui n'ont pas connus des survivants, ni leur descendance. Je pense qu'une fois les enfants d'après-guerre disparus, dont je fais partie, le souvenir de cette période ne sera plus que livresque pour une grosse majorité de la population de quelque nationalité que ce soit !

Un roman court mais j'ai eu l'impression qu'il contenait beaucoup plus de pages, tellement les mots pesaient de tout leur poids sur l'histoire ! Très bien écrit et traduit, il ne peut que pousser à nous poser des questions sur cette culpabilité et sa réalité face aux actes dont les états sont coupables.

Je vous invite à le lire, même s'il y a des moments violents et sanglants, il est sans parti pris, ni jugement !

#NouslesAllemands #NetGalleyFrance #rentreelitteraire2022

Challenge Jeux en Foli...ttérature 13
Challenge Multi-Défis 2022
Challenge Riquiquis 2022
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Bien tardivement le Grand-père décide d'écrire à son petit-fils la Seconde guerre mondiale telle qu'il l'a vécue. Tous embrigadés dans une guerre, une horreur, qu'ils n'ont pas tous souhaité, ni vécu avec les mêmes difficultés. Ce roman est original parce qu'il soulève un avis plus que rare, celui de l'Allemand, soldat de surcroît. Certaines scènes sont crues. Notre narrateur fait enfin le point sans détourner le regard. Il rappelle déjà la distinction entre les soldats partis vers l'Ouest et la guerre éclaire, et ceux partis, comme lui, vers l'Est, la guerre sale et froide, la retraite désastreuse de Russie avec ces crimes qui ne sont plus de guerre, l'emprisonnement dans les camps soviétiques pas plus conforts que les autres. Il écrit comme en porte-parole de son peuple, qu'il ne se sent pas responsable personnellement des décisions qui ont été celles qu'on connait, mais qu'il portera gravé, comme les autres, la honte et l'opprobre. Que, le jeune adulte traumatisé verra sa vie hantée par une défaite mortifère plutôt que par des évènements normaux d'une vie banale ; sans compter la séparation de tout un peuple pris en étau, auquel les vainqueurs n'ont pas davantage demandé leur avis avant de les diviser, soumis à une autre tyrannie, à une autre guerre... Froide ! Enfin, entre la confusion et l'absurde, où s'arrêtent les actes de guerre quand, pour survivre, il aura fallu que l'étudiant use d'une arme et de violences, tiraillé entre les peurs et les faims, et l'espoir porté pendant des années de pouvoir rentré chez lui, abîmé.
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critiques presse (1)
LeFigaro
15 septembre 2022
La confession raconte ces humains qui n’ont plus grand-chose d’humain, désorientés, affamés et égarés loin de chez eux dans les plaines de Pologne.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (110) Voir plus Ajouter une citation
Mais nous, les Allemands, nous savons dans notre chair - et les Polonais, les Ukrainiens, les Juifs et les Russes le savent aussi - que la guerre à l'Est était la seule vraie : nue, impitoyable, affranchie de toute loi, exempte de toute compassion, une pure affaire de haine et d'annihilation. Sur huits soldats allemands tués, sept l'ont été à l'Est.Et, à l'échelle des pertes russes, on peut à peine dire que les puissances occidentales ont fait la guerre.
Pendant nos premières années à l'Est, nous, les Allemands, avons sciemment laissé mourir de faim un demi-million de prisonniers russes. Il m'est arrivé d'observer un homme dépérir ainsi, d'avoir été moi-même affamé, et cet état n'est pas indolore. Cela ne vous met pas dans un état de léthargie hébétée. Cela vous rend fou. Cela seul, parmi tous les actes que nous avons commis, était un crime qui exigerait des monuments, des discours et des journées commémoratives, mais parce qu'il a été perpétré à l'Est, on s'en souvient à peine.
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Aujourd'hui, je pense qu'aucune guerre n'est bonne. Mais comparée à l'Est, la guerre à l'Ouest donnait et donne encore l'impression d'avoir été une campagne relativement propre, à laquelle on aurait pu être fier d'avoir participé, si ce n'avait pas été au service des nazis.
Même au moment dont je te parle, à l'automne 1944, quand le vent atourné et que les Allemands en France fuyaient sous les bombardements américains comme des poux sous la flamme d'un briquet, il valait sans doute bien mieux se trouver à l'Ouest. Les lois de la guerre, ce paradoxe raffiné, y avaient encore cours. Des atrocités y étaient commises aussi, mais c'était une violation des règles, et non leur pure et simple abolition.
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La honte, ce n'est pas comme la culpabilité ; elle n'admet pas de réparation. Les juifs dont je parle sont morts. Ceux qui avaient mon âge à l'époque n'auront jamais donné le jour à des enfants, à des petits-enfants. La honte ne s'expie pas ; elle est une dette impossible à acquitter.
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Beaucoup de choses ont été dites sur la culpabilité collective. Je ne vois aucune faille dans ce concept : quand bien même votre seule participation à la guerre consistait à servir des déjeuners dans une paisible usine de caoutchouc entrait dans la fabrication de pneus montés sur des camions qui conduisaient des gens à la mort.
Même à distance, vous vous rendiez coupable, dans une plus ou moins grande mesure. Seuls faisaient exception les rares êtres qui refusaient de travailler ou de répondre à l'appel, et que le pays se félicite tellement aujourd'hui d'avoir comptés en son sein. Moralement, il n'y avait pas de terrain neutre, pas de position où, noyé dans la masse, on ne risquait rien. Et je ne servais pas des déjeuners, moi ; je portais l'uniforme et je me suis battu, du mieux que je pouvais.
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En fourrageant dans la caisse aux jambons, j'ai constaté que le papier d'emballage n'était pas vierge. C'étaient des tracts de la propagande russe, roulés en boule. « Soldats allemands ! La guerre est terminée ! Ne mourrez pas pour Krupp et pour Siemens ! », ce genre de choses. En avoir un en poche pouvait vous valoir la pendaison. Il fallait qu'on soit tombé bien bas pour que les Feldgendarmen s'en servent comme emballage.
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Vidéo de Alexander Starritt
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