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EAN : 9782226399021
320 pages
Albin Michel (28/02/2018)
3.89/5   41 notes
Résumé :
« J’ai trouvé ici un cercueil inhabité, le couvercle grand ouvert, et je m’y suis installé. Il y avait peu d’êtres vivants dans le voisinage, le lieu était selon mon cœur, inimaginable pour le commun des mortels. J’y ai créé un vieux pays qui n’appartient qu’à moi, avec mon passé, ma loi et mes frontières, avec mon cimetière et mes souterrains. »

Plongée stupéfiante dans un univers à la limite du réel – les vestiges de Goussainville, au bout des piste... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
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Avant de présenter ce livre , je tiens à remercier les éditions Albin Michel et l'équipe de Babelio pour ce cadeau offert dans le cadre de "Masse Critique " et c'est à regret que je quitte cette lecture ébouriffante !

" le Vieux Pays "est un premier roman mais il viendrait en quelque sorte couronner la carrière de Jean-Pierre Rumeau , ancien cascadeur devenu entre autres , auteur dramatique au théâtre , scénariste , réalisateur ...
Ainsi, nous offre-t-il une oeuvre mature, une prose superbe, fine, ciselée, ponctuée d'humour pince-sans-rire trahissant érudition et sensibilité.

Il nous ramène à la fin des années 60 , quand se décide la construction de l'aéroport de Roissy-Charles-de Gaulle .
Vieux Pays, près de Goussainville , abandonné par ses habitants va devenir un village fantôme et c'est là que le héros, Pasdeloup , va élire domicile.
Progressivement on va découvrir les raisons de son attachement au village et aux "fantômes " ainsi que l'origine de son curieux prénom : il s'appelle vraiment Pasdeloup Meunier ! *

Le roman se promène dans la vie de Pasdeloup : on le découvre parmi les rares habitants du village où il réside en maître .
Puis ,on repart vers ses jeunes années, vers ses amours ou encore vers ce passé de guerrier pour mettre en exergue un goût du risque qui ne le quittera jamais.
Il fut démineur et acquit ainsi la connaissance des armes de guerre .
Des compétences qu'il va utiliser au Vieux Pays pour imposer son autorité ! Pasdeloup reste un guerrier.

Mais, on devine très vite que sous cette carapace, se cache un profond désespoir.
Des drames, des deuils, ont façonné la personnalité du héros . Pasdeloup le solitaire a soif de justice et il développe un sens de l'altruisme qui trahit malgré lui son extrême sensibilité.
Cela en fait un personnage attachant , touchant, drôle, irréel, déjanté, cynique et terrifiant !
Autour de lui, gravite toute une faune aussi haute en couleur ; alors bien sûr, ce sera l'occasion de savourer quelques scènes palpitantes où la tension nerveuse du lecteur fait corps avec celle des héros !

De l'action , des coups de gueule, des coups de griffes : ce roman est une caricature sociétale acidulée qui tourne en dérision les déviances religieuses . C'est quand même un thriller qui retrouve son sérieux pour dénoncer l'horreur du terrorisme et de toutes les guerres .

Il met aussi en exergue l'harmonie paradoxale qui peut régner au coeur d'une mosaïque ethnique et culturelle . Ainsi , entre violence et drogue, misère et désespoir , d'une rencontre naîtront l'amour , l'amitié , la fraternité et l'entraide .
Et, même si cette recherche de l'essentiel a parfois un parfum d'utopie , il est plaisant d'y croire ne serait-ce qu'un instant.

Alors, ce roman, je l'ai savouré . Je le trouve beau .
Et, n'ayons pas peur des mots , je suis sous le charme !
Et comme souvent, je compare : j'ai vu en filigrane le fantôme de Boris Vian !

C'est ce que j'appelle un bon bouquin , un de ceux qui touchent au coeur et se logent dans la mémoire.




* un indice pour découvrir la particularité de ce prénom ?
alors, disons que Pasdeloup et Mozart ont un point commun ...
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Voilà un premier roman bourré de qualités...

Un style, d'abord, plein de punch et aussi évocateur dans les descriptions que percutant dans les dialogues.

Une idée de lieu géniale - ce Vieux Pays de Goussainville, no man's land de toutes les nuisances : en bout de piste de Roissy, au croisement de l'autoroute, d'une ligne de tgv et d'un vieux canal abandonné, hameau résistant, frileusement regroupé autour de sa vieille église, où s'organise une vie étrange et marginale faite de cooptations, d'évictions, de solidarités aux règles mystérieuses..

Un héros peu aimable voire franchement odieux, aus yeux vairons, un papi-la-menace surentrainé et encore bien vert malgré ses 70 printemps!

Avec un endroit pareil, sa faune interlope et saisonnière de plus en plus inquiétante en ces années de terrorisme endémique , sa fâcheuse propension à se prendre des avions sur le coin du clocher, et son héros local, paranoïaque en fonction et démineur en retraite, il fallait s'attendre à un suspense bien poisseux, une intrigue bien tendue...

Je m'en léchais déjà les babines...

Las...

D'un premier roman, Le Vieux Pays a aussi tous les défauts.

Charger la barque: trop d'explosifs, trop de testostérone, trop de crash, trop de trash.

Abuser des flash black au point qu'on y perd son chrono, et que l'intrigue principale finit par se détendre comme une corde à linge trop chargée.

Abuser des parallélismes et des effets de miroir ( le fils de, la fille de, l'amoureuse de ...) qui loin de donner l'impression, sans doute voulue, que le temps tourne en rond, qu'on creuse toujours le meme sillon, que le sort s'acharne, décrédibilisent juste l'intrigue...quand ce n'est pas l'imagination de l'auteur.

Voilà le pourquoi de mes trois étoiles.

J'ai lu toute la première partie avec plaisir et surprise, puis je me suis retrouvée hors jeu, à dénouer sans enthousiasme les grosses ficelles d'un roman pas si noir, pas si original, pas si trash que cela...

Un roman à l'image de son héros aux yeux vairons: un oeil noir, comme une nuit sans fond, et un oeil gris, comme un jeton de nickel...
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Pasdeloup habite « Vieux pays » à Goussainville, tout près des pistes de l'aéroport Charles de Gaulle, là où un avion s'est écrasé en juin 1973.

Un prénom étrange pour un homme qui l'est tout autant. Ses yeux vairons lui donnent un air ténébreux, fascinant et sauvage. Il règne en maître sur ce village et se montre le plus souvent grossier. Mais derrière cette façade il observe et sait reconnaître la détresse. Sans s'apitoyer, il se montre loyal et généreux envers ceux qui peuvent supporter sa brutalité. Pas vraiment méchant Pasdeloup.

L'auteur évoque par flashs le passé de cet homme bourru. Pour supporter ses blessures il a joué avec sa vie, comme pour défier la mort.

Un thriller qui nous embarque dans la noirceur du terrorisme. Mais Pasdeloup, l'ancien démineur, témoin des massacres au Rwanda, n'a pas peur des terroristes ni des dealers.

J'ai trouvé ce roman un peu trop caricatural. L'auteur s'éparpille parfois dans les bribes du passé. Certaines scènes n'étaient pas nécessaires à mon avis. Finalement on ne fait qu'effleurer à force de se disperser.
Mais j'ai aimé les petites pointes d'humour, la bonté cachée de Pasdeloup et certains personnages comme François le bouquiniste.

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Le vieux pays c'est celui de Goussainville qui vit sous le bruit assourdissant des décollages et atterrissages des avions de Roissy-Charles-de-Gaulle situé juste à côté. C'est un endroit qui a été majoritairement déserté suite à la construction de l'aéroport dans les années 60 et qui est donc devenu un village fantôme. Des maisons abandonnées, des fenêtres murées, des murs tagués, des dealers, des bagarres où règnent la haine et les affrontements dans les rues.

C'est sans compter Pasdeloup Meunier, un des habitants venu s'installer après la construction de l'aéroport. Et dès son arrivée, il va faire sensation auprès des squatters et va devenir le maître des lieux. Peu à peu dans le roman, nous obtenons des bribes de son passé et des explications sur son étrange comportement. Pasdeloup Meunier court jusqu'à avoir mal, il est vulgaire, volontairement méchant, apprécie de blesser les autres et ne compte que sur de rares « amis ». D'abord fils d'un père riche et étudiant, il fait une rencontre qui va le briser à jamais. Il devient alors démineur professionnel dans des pays dangereux, carrière dans laquelle il fera sensation…

Le roman est intéressant, on se prend au jeu mais il faut suivre les nombreux passages du passé du personnage. Les sauts dans le temps ne sont pas chronologiques et nous sont livrés en fonction des évènements présents de Pasdeloup. C'est assez déstabilisant au début. Il faut aussi compter sur des discours assez vulgaires et blessants. Et un monsieur qui fait apparemment tomber toutes les femmes jeunes ou âgées qu'il rencontre ce qui semble par moment un peu incohérent vu son comportement et répétitif…

L'auteur évoque des sujets variés, tant sur la désertion de villages français, ici dans le cas d'une construction d'un aéroport, avec la lutte de ses habitants pour redynamiser leur lieu de vie. Il aborde également les attentats et les terroristes, le racisme, les guerres de cités, la religion juive… C'est un roman assez plaisant sur la diversité des sujets et sur ces personnages spéciaux mais dont on finit par apprécié l'originalité. Je remercie la maison d'édition Albin Michel et Babelio pour cette découverte.
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Pour un premier roman, Jean-Pierre Rumeau fait preuve d'une belle singularité. le vieux pays est un roman noir aussi surprenant qu'inclassable.

Et quoi de mieux, pour accrocher le lecteur curieux, que de le plonger d'emblée dans un environnement surprenant ? Quelle idée magnifique que d'avoir localisé cette histoire dans la vieille ville de Goussainville, au bout des pistes de Roissy ! Un vieux pays bien réel, abandonné du fait de son emplacement et suite à un terrible crash avion au beau milieu de la ville. Allez voir sur internet, cette histoire folle est authentique.

L'auteur y a vu de quoi créer une atmosphère unique, autour des rares habitants de cette endroit mort. Lecteur ferré d'entrée.

Mais une idée, la meilleure soit-elle, ne suffit pas à faire un roman. Il faut une histoire prenante, des personnages forts et (si possible) une personnalité propre. Vous trouverez tous ces bons ingrédients dans ce premier roman.

Le moins que l'on puisse dire c'est que le protagoniste principal est un bonhomme à part. Comme le dit l'auteur, « il a perdu le nord et ne l'a jamais retrouvé ». Non pas qu'il n'ait plus toute sa tête, mais plutôt qu'il a perdu foi en l'homme et en la vie. Il est le sel de ce récit (le genre de sel qu'on verse sur les plaies).

Le roman de Jean-Pierre Rumeau est à l'image de son propre parcours de vie. Après ses études au Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique, il se tourne vers le métier de cascadeur, tout en mettant en scène pour le théâtre ou le one-man show. Atypique mélange de genres, comme son roman.

Inclassable roman donc, blanc et noir (surtout noir), avec quelques passages introspectifs et d'autres qui s'apparentent au thriller. le tout mené avec une personnalité affirmée et une gouaille assez jubilatoire (l'auteur est fan de Frédéric Dard, et ne renie pas sa filiation). Même si j'ai trouvé un certain déséquilibre entre les passages, le roman ne se lâche pas.

C'est un livre inscrit dans notre monde, avec sa thématique tristement contemporaine en lien avec le terrorisme. Mais pas que… Il a aussi l'allure de ces vieux films qui prenaient soin de créer une vraie ambiance (d'ailleurs les références cinématographiques sont bien présentes tout au long de l'histoire).

Le vieux pays est un premier roman noir prenant, surprenant par son ton et son histoire. Singulier, vraiment. Jean-Pierre Rumeau est à suivre, assurément.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Durant l'hiver 1972-1973 , Jeanne entraîna Pasdeloup dans toutes les salles obscures du quartier, le Studio de l'Etoile, la Boîte à Films , le Demours Palace , le Mac-Mahon .
Parfois , ils allaient jusqu'au Studio de la Huchette à Saint-Michel ,ou pire , au Cocorico ou aux Folies-Belleville dans le 20ème .

[...] il reçut en pleine figure le cinéma du monde entier où régnait à cette époque , une vitalité, un vent de liberté , une intelligence , un engagement et une ouverture qui ressemblaient à Jeanne et qui le ravissaient .

p. 61

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- Vous parliez quelle langue avec la dame ?
[...]
- De l'hébreu.
- Ah... Vous êtes juifs ? En quelque sorte.
Daniel hoche la tête avec un air de commisération.
- Moi, vous voyez, j'ai rien contre les juifs. Ça non, rien de rien ! Mais je préfère quand même être breton !
Il se met à rigoler d'une façon un peu niaise.
- C'est moins dangereux !
Padeloup opine très sérieusement.
- il y en a moins qui sont partis en fumée.
Daniel exulte.
- Exactement ! Et ça fait une grande différence !
Padeloup conclut sur un ton docte.
- D'autant plus qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil, et que ce qui a été, c'est ce qui sera. Je suis de votre avis, Breton, c'est un plan plus sûr !
Daniel rigole faiblement avant de s'arrêter devant le dojo des Grandes-Bornes.
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-J'ai trouvé ici un cercueil inhabité, le couvercle grand ouvert, et je m'y suis installé. Il y avait peu d'êtres vivants dans le voisinage, le lieu était selon mon coeur, inimaginable pour le commun des mortels. J'y ai créé un vieux pays qui n'appartient qu'à moi avec mon passé, ma loi et mes frontières, avec mon cimetière et mes souterrains.
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J'ai trouvé ici un cercueil inhabité, le couvercle grand ouvert, et je m'y suis installé. Il y avait peu d'êtres vivants dans le voisinage, le lieu était selon mon cœur, inhabitable pour le commun des mortels. J'y ai créé un vieux pays qui n'appartient qu'à moi, avec mon passé, ma loi et mes frontières, avec mon cimetière et mes souterrains.
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Albert n'a pas pu venir. En ce moment il doit pleurer. Pleurer parce que tu n'es plus et qu'il se sent seul sans toi. Pleurer sur sa jeunesse, pleurer en pensant à sa mort prochaine. Tu vois ce que je veux dire, pleurer de façon un peu égoïste, comme nous tous. Mais je sais qu'il pleure aussi du bonheur de t'avoir connu, qu'il pleure de reconnaissance, qu'il pleure en louant l'amitié qui vous à unis jusqu'à ton dernier souffle. Il pense à toi Zéèv, il est ici avec nous.
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