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4,21

sur 1494 notes
Malgré le titre qui ressemble à celui d'une série télévisée, le bureau d'éclaircissement des destins, première lecture d'un ouvrage paru en 2023, figure d'ores et déjà parmi les meilleurs livres de cette année. La barre est très haute pour faire plus instructif, plus émouvant et plus marquant que le dernier roman de Gaëlle Nohant.

Irène, française, a épousé un Allemand dont elle a divorcé, mais elle est restée vivre dans la Hesse, plus précisément à Bad Arolsen. Elle travaille à l'International Service Tracing, organisme chargé de retracer le sort des victimes des nazis. Elle est convoquée dans le bureau de la directrice qui lui confie une mission : trouver les descendants des disparus à qui appartenaient des objets sans valeur et le leur remettre.

Le premier objet sur lequel Irène enquête est une marionnette, par chance l'enveloppe contient le nom de son propriétaire, un enfant de treize ans.
Le petit-fils d'une ancienne gardienne de camp fait parvenir à l'institut une lettre de sa grand-mère décédée et un médaillon qui appartenait à une femme, assassinée par les nazis. Dans le médaillon, le dessin d'un petit garçon.

Les enquêtes d'Irène ne sont que le prétexte à nous parler de vies, certes imaginaires, de personnes disparues, ou de celles qui ont survécu, traînant avec elle un traumatisme qui ne s'effacera jamais.

J'ai aimé que cette histoire soit racontée par le biais des recherches d'Irène. Faute de pouvoir ressentir ce que les victimes ont vécu — ce qui, de toute éternité, crée un fossé entre les victimes et les autres — j'ai éprouvé les émotions d'Irène, son indignation aussi devant certains faits plus récents.

J'ai fait la grimace devant certains évènements relatés parce qu'ils ne paraissaient pas vraisemblables (la résistance des Kaninchen), ces jeunes femmes ont pourtant existé.

Gaëlle Nohant a trouvé une façon originale de nous rappeler les horreurs du nazisme sans prétendre le moins du monde avoir connu les camps. Elle évoque pourtant les chambres à gaz, les expériences sur les détenus, les enfants enlevés à leurs parents pour qu'ils soient adoptés par les nazis, mais aussi les communautés dont on a peu parlé : prostitués, homosexuelles, roms…

Lien : https://dequoilire.com/le-bu..
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Square des Poètes-11 mai 2023


MASGISTRAL !

Un immense MERCI à l'Inconnu(e) à qui je suis redevable de cette lecture fulgurante, captivante et bouleversante que j'ai lue en 2 jours...à la suite d'un hasard heureux.
Venant déposer des livres, comme je le fais de plus en plus souvent..., dans un kiosque de " Livres- voyageurs" au Square des Poètes ( Paris), J'ai ainsi croisé Gaëlle Nohant pour la première fois et pour son tout dernier livre...

Je m' y suis immergée aussitôt, prise d'emblée de sympathie pour Irène, jeune femme récemment mariée, répondant à une offre d'emploi au très important Centre de recherches et de documentation sur les persécutions nazies, l'International Tracing Service.

Elle y est embauchée en 1990, et s'engage très rapidement dans ce travail d'investigation, s'en faisant même un jardin secret chez elle, craignant les réactions de son mari allemand, dont le père fut engagé dans la Wehrmacht, et entraîné dans le sombre flot nazi...

Wilhelm et Irène divorceront dès la naissance de leur premier enfant,un fils, Hanno, après une violente dispute avec son beau-père,totalement dans le déni...

Deux portraits féminins inoubliables : Irène, notre héroïne mais aussi Eva, personnalité hors du commun, qui embauchera et formera Eva...dans ce Centre de recherches ...

Même si l'extrait est un peu long, je tiens à insérer la genèse de ce roman que Gaëlle Nohant explique , on ne peut mieux, dans ses remerciements, à la fin de l'ouvrage :

"Les enquêtes et les personnages de ce roman sont fictifs.Tout en évoquant la véritable histoire du centre d'archives d'Arolsen, j'ai pris certaines libertés nécessaires à mon intrigue et à la trame romanesque.
À l'origine de ce roman, il y a ce jour de l'hiver 2020 où mon amie Aurélie Serfaty- Bercoff m'a appris que les archives d' Arolsen conservaient des traces de la déportation de Robert Desnos.Je me suis demandé pourquoi je n'avais jamais entendu parler de ce fonds qui existait depuis l'après-guerre .Ma curiosité aiguisée, je suis tombée au fil de mes recherches sur un article d' Élise Karlin, qui parlait de la restitution d'objets hérités des camps de concentration. Je veux la remercier ici, car c'est en le lisant que l'idée de ce roman m'est venue.
Pour autant, je crois que j'avais rendez-vous avec lui depuis longtemps. "

Irène depuis près de 30 ans s'investit sans compter dans ces travaux d'investigation, impactant grandement sa vie.Divorcée, elle vit seule et élève son fils unique, Hanno, qui va, par ailleurs, régulièrement chez son père .
Il est certain que le contenu " délicat "du poste de recherches d'Irène est difficilement oubliable ou
" déposable"lorsque le soir et ferme la porte de son " chez- elle" !

À l'automne 2016, Eva, sa directrice, historienne brillante, décide de lui confier une mission inédite et pas des moindres " émotionnellement ": restituer aux descendants des disparus déportés, les milliers d'objets dont le Centre a hérité à la libération des camps...

Au fil des enquêtes, Irène se heurte à toutes sortes de difficultés, à des mystères, à des aberrations de gestion ( au début de l'existence de ce Centre de Documentation, où d'anciens SS y travaillaient et ont pu détruire des archives compromettantes?!)

Heureusement, sa directrice, Eva, avait à l'époque alerté son Supérieur, afin qu'une tutelle plus large contrôle ces Archives et non plus la seule
Allemagne !...

Gaëlle Nohant réussit un magistral tour de force en ne rendant jamais,ce sujet lourd et
tragique,rébarbatif ou fastidieux...à lire. Bien au contraire; on est emporté dans un flot
d'émotions , et d'informations concernant les tourbillons de la grande Histoire...

On avance, on accompagne Irène dans ses nombreuses pérégrinations, déplacements qu'elles soient fructueuses ou décevantes ! On se réjouit , on s'attriste, on s'enthousiasme avec elle lorsque les recherches progressent et soulagent des familles brisées," endeuillées "...depuis si longtemps...

On la suit de Varsovie à Paris et Berlin, en passant par Thessalonique et l'Argentine...

Il y aurait tant à dire sur ce " vaste" roman; " vaste", car moult sujets, thématiques universels s'y croisent, s'y confrontent.

Parmi tous les éléments riches de réflexions, j'ai aussi retenu des passages précieux sur les rôles primordiaux des Archives et des archivistes...

"- Les archives ne mentent pas, sourit Pierre.C'est pour ça que tant de gens s'évertuent à les garder sous clef."

Une lecture vibrante que l'on a beaucoup de mal à quitter.Un grand livre qui réunit avec brio une abondante documentation, des personnages arattachants et complexes, des destinées incroyables parfois quelque peu réparées par le colossal travail d'Irène ,et par par delà cette fiction, par tous ces enquêteurs " internationaux ", archivistes, historiens, traducteurs de tous pays....

Pour ma part j'ai appris moult, moult choses dont un approfondissement de l'Histoire allemande ainsi que celle des pays annexés...sans omettre le rappel du sort de tous ces " enfants non accompagnés "
( orphelins ou enfants kidnappés pour être adoptés par des familles aryennes)...


Autre Extrait qui interpelle toujours avec autant d'urgence dans le monde entier. , au vu des actualités ukrainienne, birmane et tant d'autres peuples en guerre... !

"- Jusqu'en 1948, l' ITS s'appelait le Bureau central de recherches, lui avait expliqué Eva.
Cet endroit était né de l'anticipation des puissances alliées. Avant la fin de la Seconde Guerre mondiale, elles avaient compris que la paix ne se gagnerait pas seulement au prix de dizaine de millions de morts, mais aussi de millions de déplacés et de disparus.Le dernier coup de feu tiré, il faudrait retrouver tous ces gens, les aider à rentrer chez eux.Et déterminer le sort de ceux qu'on ne retrouverait pas.
- Pour celui qui a perdu un être cher, ces réponses- là, c'est vital. Sinon, la tombe reste ouverte au fond du coeur."

Cette lecture difficilement oubliable m'aura donné de plus la curiosité de lire d'autres textes de cette auteure. Je m'adresse aux " fans" de Gaëlle Nohant pour connaitre leurs préférences ...afin de choisir au mieux le texte suivant que j'aimerais lire !
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Ne vous fiez pas au nombre d'étoiles. La vraie note est 5* , * étant ce fameux supplément d'âme qui différencie complètement un livre du reste de la littérature du moment.
J'ai pleuré deux fois dans cette lecture (mais je pleure assez facilement, il m'arrive de verser une larmichette devant Pocahontas par exemple).
Deux fois donc:

-En lisant une merveilleuse lettre d'amour, "Mi Kerido", qu'Allegra, rescapée des purges de Thessalonique, écrit à Lazar, son bel héros tchèque , rescapée de Treblinka. La lettre, c'est Iréne qui la lit après l'avoir récupérée dans les archives d'un service qu'elle dirige à l'Internianonal Tracing Service (l'ITS) en Allemagne. Et cette lettre a transité par Yad Vashem en 1978.
Le point de départ de l'enquête était une poupée de chiffon...avec un tatouage de déporté juif . Iréne , qui est une enquêtrice hors pair, a tiré les bonnes ficelles, reconstruit et éclaircit les destins d'un homme, de la femme dont il a eu un enfant et d'une fillette assassinée. Allegra et Lazar se sont aimés passionnément en 1944, quelques semaines, sans plus jamais se revoir.

- Iréne, après une enquête "à l'envers", qui lui a pris beaucoup de temps et d'énergie a pu remettre un médaillon à son destinataire. Et surtout réunir une famille dont les racines familiales ont été tronquées, presque coupée. Et là c'est une scène énorme où, dans un EHPAD allemand, un vieillard atteint d'Alzeimer, chante en polonais une vielle contine avec sa soeur retrouvée.

L'ITS existe réellement mais les acteurs de ce récit sont imaginaires et probablement plus vrais que nature.
J'ai beaucoup lu, entendu et vu de récits autour de la Shoah. Je pensais en avoir fait " un peu le tour" Que idiot je suis.
Gaëlle Nohant écrit ce roman essentiel avec la finesse d'une dentellière et la détermination de Pénélope, la tisseuse. Sans pathos mais portée par un grand souffle humanitaire, la narration est tout simplement parfaite.

On suit donc Iréne à partir de l'automne 2016. Cette française est venue travaillée en Allemagne en 1990. Elle a rapidement intégré l'ITS , s'est mariée eu un enfant et a divorcé dans la foulée ( pour des raisons qui nous seront expliquées). Son travail la passionne et elle nous embarque. Car la petite histoire rejoint la grande Histoire. Elle doit rendre des objets s'entassant dans les km d'archives à leurs destinataires . Ses objets sont des reliques des camps d'extermination (pour le dire vite). Elle doit renouer des filiations.
J'ai appris énormément de choses et la page 346 est l'une des plus importantes pages d'histoire de l'immédiate après-guerre . On y découvre les avantages de la dénazification partielle. Et l'intérêt des alliés, du Vatican , des dictatures sud-américaines , de Siemens(!), de la CIA pour l'enfouissement des dossiers et le recyclage des criminels de guerre. L'Allemagne d'avant Merkel n'est pas épargnée .
Tout le monde est-il susceptible , dans certaines circonstances , d'être du coté du Mal? comme le pense Hanno, le fils d'Iréne.
Ou bien a-t-on toujours la possibilité , le "Caïros", d'être un petit ou un grand héros ?, comme le pense Irène. Et on découvrira que le choix de vie d'Iréne (son destin) est liée évidemment à sa propre histoire

Merci à l'autrice pour ce livre génial qui nous laisse un peu groggy mais un peu plus juste.
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J'ai d'abord besoin de me libérer de ce que je n'ai pu m'empêcher de ressentir. Ce livre est une performance littéraire : la vie quotidienne d'Irène, ses émotions, celles de ses proches et des personnes qu'elle démarche sonnent si juste, sont si crédibles, que j'ai eu l'impression de lire une histoire vécue, une sorte de récit autobiographique. Pourtant, en dépit des apparences, le bureau d'éclaircissement des destins est un roman. Ses personnages sont tous fictifs, imaginés par l'écrivaine Gaëlle Nohant. Elle a aussi inventé Irène, française, enquêtrice à l'International Tracing Service.

Etabli dans une petite ville d'Allemagne, l'ITS est un authentique et important centre international d'archives et de recherches sur les victimes du nazisme. Car soixante-quinze ans après, on en recherche toujours. A l'ITS sont rassemblés des milliers d'objets trouvés lors de la libération des camps de concentration, des objets n'ayant pas de valeur marchande, mais ayant peut-être une signification affective et symbolique.

Nous sommes en 2016. Irène travaille à l'ITS depuis vingt-six ans. Son job actuel consiste à rechercher les familles des déportés auxquels ces objets ont appartenu, à tenter de les leur restituer… si ces familles existent toujours ! Car la guerre les a décimées, plusieurs dizaines de millions de personnes sont mortes, un grand nombre ont purement et simplement disparu, sans oublier qu'après-guerre, au moins deux millions d'entre elles se sont retrouvé déplacées, dont des enfants en bas âge ignorant leurs origines.

Parmi les objets qui retiennent l'attention d'Irène, un médaillon, dans lequel est caché le portrait dessiné d'un tout petit garçon, et un jouet, une marionnette en forme de pierrot, qui la conduisent sur les traces de Wita et de Lazar, une femme juive née à Varsovie et un homme juif né à Prague, des déportés dont elle apprendra qu'ils avaient fait preuve d'attitudes courageuses, héroïques, face aux bourreaux : Wita à Auschwitz et à Ravensbrück ; Lazar à Theresienstadt, à Treblinka et à Buchenwald. Irène enquête, se déplace, s'accroche à des traces sans trop savoir où elles la mèneront ; elle recueille des témoignages sur les camps, émanant d'anciens déportés, d'anciens gardiens, finit par identifier et localiser des descendants… Au hasard des rencontres s'entremêlent son parcours d'enquêtrice et sa vie de femme divorcée, mère d'un jeune homme.

Quand on recherche des survivants après tant d'années, on tombe très souvent sur des morts, quelquefois sur des vivants : des enfants, des petits-enfants, heureux de découvrir un objet ayant appartenu à un parent qu'ils n'ont pas connu, dont ils savent que le destin a été tragique, sans en connaître les circonstances. L'occasion de renouer les fils d'une histoire qui est aussi la leur… On tombe aussi parfois sur des épisodes sublimes, bouleversants d'héroïsme et de solidarité. Et de subtilité, car face à l'intention des nazis d'effacer les marques de leurs crimes, il fallait coûte que coûte parvenir à graver la mémoire des horreurs.

Dans le bureau d'éclaircissement des destins, l'autrice (*) a imaginé des acteurs et des victimes d'épreuves inhumaines, sur lesquelles elle enquête elle-même par personnage interposé. Sa créativité s'accompagne d'une forte sensibilité empathique, car la fiction est très inspirée de faits réels. Gaëlle Nohant n'en est pas à son coup d'essai de romancière. Ce livre, qui lui a exigé trois ans de travail, devrait lui valoir la consécration.

Dans les contextes mémoriels touchant d'autres communautés, une polémique aurait pu apparaître à la publication d'un tel livre écrit par une personne extérieure à la communauté. Des esprits mal tournés auraient invoqué une appropriation culturelle. Personnellement, je trouve que le fait que Gaëlle Nohant ne soit pas juive donne encore plus de force émotionnelle à sa narration.

(*) : Malgré mes préventions, il faut bien que je m'habitue à ce mot, dont l'emploi semble désormais consacré.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Irène est enquêtrice au bureau de l'international tracing service en Allemagne.
« Elle raccommode des fils tranchés par la guerre, éclaire à la torche des fragments d'obscurité. Sa mission terminée, elle s'efface. »
Elle rapporte aux descendants des victimes de la Shoah, un mouchoir, une lettre, un médaillon. Elle reconstitue et raconte, révélant la part oubliée d'une vie. Comme l'histoire bouleversante de ce pierrot en chiffon qui a traversé le temps. Comme ce mouchoir brodé témoin d'une belle solidarité féminine…
Le bureau d'éclaircissement des destins est un texte dense, éprouvant, absolument nécessaire.
Pour ne pas oublier.
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Irène est une jeune femme française qui a épousé un Allemand, dont elle a divorcé peu après la naissance de leur enfant car son travail, sa curiosité, avait déplu à sa belle-famille. Elle est malgré tout restée en Allemagne.

En effet, Irène a été embauchée en 1990 à l'ITS International Tracing Service un centre de documentation sur les persécutions commises par les nazis. Eva, sa directrice lui a confié une mission : restituer aux familles, aux survivants du moins, des nombreux objets ayant appartenu à des déportés, dans les camps. Son enquête va commencer avec une marionnette sur laquelle est inscrit un numéro de déporté. En parallèle, le petit-fils d'une gardienne de camp, Elsie, fait parvenir au centre, une lettre de sa grand-mère décédée ainsi qu'un médaillon contenant un dessin d'enfant.

L'acharnement voire l'opiniâtreté à vouloir retrouver des survivants pour leur remettre quelque chose qui a appartenu à un parent mort dans les camps est bouleversante. Elle n'est pas sans risque, parce qu'elle aura raison très vite de son mariage, les parents de son époux, Allemands, non seulement n'accepte pas qu'elle enquête mais s'offusque qu'elle puisse se poser des questions sur la participation, notamment du père aux exactions nazis. Évidemment son époux prend fait et cause pour eux…

Au travers de l'histoire du petit garçon, on aborde le sort des enfants kidnappés par les nazis qui leur trouvaient des traits aryens, pour les confier à des bonnes familles allemandes, ou dans les tristement célèbres Lebensborn.

L'auteure revient, durant la quête d'Irène, sur les atrocités nazies, sur les assassinats commis dans les camps de concentration, la manière dont la fuite des nazis a été protégée, les filières, la fuite vers l'Amérique du Sud, la protection de la CIA (et du Vatican). Je me suis rendue compte avec stupeur, que seulement 10 % des criminels de guerre ont été condamnés, et que les nazis se sont retrouvés sans problèmes, dans les plus hautes instances, jusqu'au Bundestag : comment des juges anciens nazis pouvaient ils être capables de juger ? Mais l'ennemi avait changé n'est-ce pas ? C'était la guerre froide…

Je connaissais la terrible histoire des « petits lapins », qu'on appelait les Kaninchen : les médecins de la mort choisissaient pour leurs expérimentations « les filles les plus jolies, leur inoculaient des microbes, leur coupaient une jambe, leur ouvraient le ventre, pour voir comment cela évoluait, se contentant juste de les empêcher de mourir ».

J'avais écouté une émission à leur sujet sur France Inter, il y a longtemps, qui précédait Radioscopie, l'émission culte de Jacques Chancel et les phrases du journaliste m'ont hantée depuis, (la phrase entre guillemets est de lui), mais je ne savais pas qu'elles avaient tenté de se révolter… (Christian Bernadac ?)

J'aime la manière dont Irène construit ses enquêtes, fouille dans les dossiers, se rend sur place, jusqu'en Pologne, sa manière de ne jamais heurter qui que ce soit : elle raconte, montre les documents et la suite à donner leur appartient.

Ce livre est inspiré de faits réels mais les personnages sont issus de l'imagination de Gaëlle Nohant qui a des talents de conteuse extraordinaires : j'ai été happée par ce récit, et j'ai eu du mal à refermer le livre. J'avais déjà bien aimé, « La femme révélée » mais je trouve celui-ci encore meilleur, car cette époque qu'on espérait révolue est en train de se rappeler à nous avec les exactions du Tsar de toutes les Russies,

Tout m'a plu dans ce livre, de la couverture à la qualité de l'écriture, en passant par la force de ces destins.

Il me reste « La légende du dormeur éveillé » qui me nargue sur une étagère de ma bibliothèque « à lire » en fort bonne compagnie, ainsi que « La part des flammes » …

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui m'ont permis de découvrir ce roman et de retrouver la plume de son auteure.

#Lebureaudéclaircissementdesdestins #NetGalleyFrance !
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Voici un ouvrage qui porte bien son nom car il met en lumière le travail de recherche documentaire d'un groupe de personnes qui oeuvre ensemble à l'International Tracing Service avec pour mission de restaurer des biens aux proches disparus durant les années 1940.

Gaëlle Nohant, au travers de cet ouvrage m'a fait découvrir l'ITS qui est un centre international de documentation sur les persécutions nazies situé en Allemagne à Arolsen. Cette institution, fondée durant la Seconde Guerre mondiale par les Américains est le fonds d'archives le plus important au monde sur la persécution national-socialiste, le travail forcé et la Shoah.

Dans ce roman, nous allons suivre les investigations menées par Irène, une Française travaillant à Arolsen depuis une vingtaine d'années dans la structure et qui « évoque ses pistes de Petit Poucet où les archives remplacent les cailloux blancs. Les voies sans issue, son impatience et sa frustration ». Pourtant, malgré les années amenuisant les chances de retrouver des membres de la famille des disparus, Irène et ses collègues gardent espoir et arrivent parfois à récolter le fruit de leur travail avec une grande satisfaction.

J'ai trouvé le récit très riche et enrichissant car Gaëlle Nohant nous offre un très beau travail de recherche même si parfois, je me suis un peu perdue en chemin, car je ne savais plus de quel personnage, il était question. le conseil que je peux donc vous donner et d'être concentré sur cette lecture et de ne pas oublier votre carnet et votre crayon pour noter les noms des protagonistes car vous en rencontrerez un certain nombre !

Je tiens à remercier Les Editions Grasset et Netgalley France pour cet ouvrage qui s'apparente à un témoignage où se mêle passé et présent. J'ai beaucoup apprécié la volonté se dégageant des personnages et le sentiment d'espoir se dégageant de ce livre.
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Irène est une jeune française lorsqu'elle est embauchée en 1990 à l'International Tracing service, un centre de documentation d'information et de recherche sur la Shoah riche de 30 millions de documents. D'un métier, il est devenu la passion, la vocation d'Irène. Archiviste mais aussi enquêtrice, Irène se voit confier en 2016 une nouvelle mission, celle de restituer les objets (des milliers) dont le centre a hérité à la libération des camps. Irène accepte cette mission et c'est avec détermination, fougue, méticulosité et patience qu'elle cherchera l'histoire de ces objets et des personnes qui y sont associées pour les restituer à des proches, à des descendants ou à des amis.
A travers l'histoire d'un pierrot, d'un mouchoir brodé de noms de détenues, d'un médaillon, du portrait dessiné d'un enfant, on découvrira des destins tragiques et émouvants.
Ce livre est bouleversant. le caractère fictif des personnages n'enlève rien à la crédibilité du roman ou à l'émotion qu'il peut susciter. La trame narrative du roman est très bien construite et révèle une histoire captivante au service de la grande Histoire portée par une belle plume.
j'ai du attendre quelques jours pour digérer ce livre et être capable de rédiger une modeste critique.

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En 2016, des objets lourds d'un arrachement violent, lourds d'un avenir qu'on éteint, lourds d'un passé qu'on veut effacer, marqués du sceau de terribles souffrances, sortent des cartons confiés à l'International Tracing Service (ITS) basé dans la Hesse en Allemagne, chargé depuis l'Armistice de la seconde guerre mondiale, de faire la lumière sur la disparition ou la survivance de victimes des nazis et des camps de la mort.

Irène, Française, y travaille depuis 1990, elle a épousé un Allemand dont elle a divorcé à la naissance de leur fils. Elle est restée là-bas pour son fils et parce qu'elle se voue corps et âme au devoir de mémoire qui l'habite. Irène dénoue des pelotes bien emberlificotées pour retrouver les propriétaires des objets confiés à l'ITS et les transmettre à leurs descendants ou leurs proches en vie. Elle et son équipe font un travail de fourmi pour tenter de réunir des familles que le Troisième Reich a horriblement disloquées.

Ce livre raconte la course contre la montre engagée par les employés de l'ITS : en 2016, les survivants se font très vieux, rares et auront bientôt tous rejoint leurs frères et soeurs compagnons des voyages de la mort.

Gaëlle Nohant a écrit ici un roman crève-coeur avec un talent et une élégance littéraires que je trouve admirable. Les histoires que reconstituent les enquêtes d'Irène sont écoeurantes et bouleversantes, les rencontres qu'elle fait pour retrouver les victimes sont d'une intensité douloureuse, absolument poignantes. Si les personnages sont fictifs, les atrocités commises sont elles malheureusement bien réelles.

On ne comprendra jamais comment l'être humain est capable des horreurs racontées dans ces livres qui nous parlent des génocides, dont la Shoah. C'est ignoble, et pourtant, et pourtant, tout cela a bien eu lieu.
On n'arrêtera pas de se demander si on est capable, autant que les victimes, de résister longtemps aux humiliations, aux séparations et aux souffrances physiques et morales infligées avec une froideur et un sadisme impitoyables; et pourtant, et pourtant, ils ont supporté l'insupportable tout en étant affamés et à bout de force.
On s'interrogera toujours sur l'impunité de beaucoup de criminels de guerre; et pourtant, et pourtant, nombre d'anciens SS, d'anciens nazis convaincus, ont coulé des jours tranquilles, sans rendre des comptes, dans des pays qui ne pratiquent pas l'extradition.

Et pourtant, et pourtant, grâce à la plume humaniste traversant ce beau roman, nous ne perdons pas foi en l'humanité car elle nous parle de belles retrouvailles, de la ténacité des enquêteurs et des familles, et de la pugnacité de tous ceux qui refusent que l'oubli ou la complaisance raient une seconde fois tous ces martyres de la surface de la terre.

Ce n'est pas un livre de plus sur les camps de concentration, c'est un autre regard.

Un vrai coup de coeur qui restera bien en vue dans ma bibliothèque pour en relire certains passages émouvants et d'une grande humanité.
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Irène travaille à l'International Service Tracing, organisme chargé de retracer le sort des victimes des nazis. Après son divorce, la jeune femme a choisi de continuer sa vie en Allemagne, patrie de son mari.
Elle est convoquée dans le bureau de la directrice qui lui confie une mission : trouver les descendants des disparus à qui appartenaient des objets sans valeur et les leur remettre.
Le premier objet sur lequel Irène enquête est une marionnette, ayant appartenu à un enfant.
Le petit-fils d'une ancienne gardienne de camp fait parvenir à l'institut une lettre de sa grand-mère décédée et un médaillon qui appartenait à une femme, assassinée par les nazis.
Les enquêtes d'Irène ne sont que le prétexte à nous parler de vies, certes imaginaires, de personnes disparues, ou de celles qui ont survécu, traînant avec elle un traumatisme qui ne s'effacera jamais.
Pour retrouver les propriétaires de tous ces objets ou leurs descendants, il faudra beaucoup de patience à Irène et à la lectrice que je suis, tant j'ai eu du mal à relier ces histoires les unes aux autres.
Même si j'ai apprécié de retrouver l'écriture de Gaëlle Nohant, j'ai trouvé l'ensemble assez confus.
J'ai pris de nombreuses notes, fait de multiples retours arrière dans ma lecture, cela ne m'a cependant pas suffi pour apprécier pleinement ce roman.

Merci à NetGalley et aux Editions Grasset qui m'ont permis cette lecture en avant-première.
#Lebureaudéclaircissementdesdestins #NetGalleyFrance

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