AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Le bureau d'éclaircissement des destins (275)

"Et ces pleurs silencieux d'objets, à jamais abandonnés par leurs propriétaires. Avilis par des mains étrangères, comme des corps non enterrés qui n'ont personne pour s'occuper d'eux. Qui n'a jamais vu les sanglots d'objets morts n'a jamais rien vu ni entendu de triste."

Rachel AUERBACH extrait du poème "les sanglots des objets morts" traduit du yiddish.
Commenter  J’apprécie          420
-Mon mari est mort, lui confie la vieille dame. Il ne voulait pas que je parle du camp. Tout de suite il me coupe : « Tu es en vie, tu es rentrée. Maintenant il ne faut plus penser à tout ça. » Alors je ne disais plus rien. Je voyais qu'il ne comprenait pas.
-Qu'est-ce qu'il ne comprenait pas ?
-… Je ne suis jamais rentrée du camp. J’y suis toujours.
(p.233)
Commenter  J’apprécie          420
Le chauffeur a démarré et on a roulé un moment dans l'obscurité des arbres. Le gamin se dévissait la tête pour regarder la forêt, fasciné par la lueur rouge des phares sur la neige. Le grand SS lui a caressé la tête. Il était saoul, pour changer. Il lui a dit en souriant :
- Tu aimes voyager, on dirait. Ça tombe bien, tu vas faire un grand voyage. Jusque là-haut, tu vois ?
- Il lui a montré le ciel.
(p.62)
Commenter  J’apprécie          300
Ravensbrück

Dans les locaux de l'ancienne Kommandantur, ils découvrent une salle dédiée aux malades du "Revier". Sur une photo, l'une des "Kaninchen" expose sa jambe ravagée. Un cliché clandestin. Une preuve du crime si elles venaient à disparaître. Dans une vitrine est exposée une carte adressée à une camarade fraîchement opérée. Le dessin d'un lapin à la patte bandée. Entouré d'une couronne de fleurs, il lape son écuelle sur fond de barbelés. Ses amies ont signé au verso de la carte. Irène y déchiffre, avec émotion, la signature de Wita, près de celle de Sabina. Au trouble de Rudi, elle sent qu'il réalise tout à coup que cette femme a existé. Celle qui pourrait être sa grand-mère a écrit son nom sans trembler.
- Elle est morte ici ? demande-t-il en ressortant du crématoire.

Page 375
Commenter  J’apprécie          280
Combien de fois a-t-elle croisé la mention de ces messages jetés par la lucarne des wagons sans faire le lien ?
Les cheminots les ramassaient sur le ballast et s'arrangeaient pour les transmettre à leurs destinataires. En Pologne, en Tchécoslovaquie, en France.
En 1942, Jean avait dix-neuf ans. Il travaillait à l'entretien des lignes du réseau Paris Est, entre la gare de Bobigny et celle du Bourget.
Là d'où partaient les convois.
Elle se figure sa sidération devant ces mains d'enfant tendues à travers les barbelés. Les pleurs et les gémissements qui montaient des wagons. Son impuissance.
Ramasser les bouts de papier pliés qui tombaient des trains et les conduire à bon port. Au moins ça. Peut-être craignait-il que leurs billets ne se perdent. Il lui arrivait de ne trouver personne à l'adresse indiquée, quand il y en avait une.
(p.407)
Commenter  J’apprécie          260
Même si on ne répare personne, songe Irène en s’essuyant les yeux, si l’on peut rendre à quelqu’un un peu de ce qui lui a été volé, sans bien savoir ce qu’on lui rend, rien n’est tout à fait perdu.
Commenter  J’apprécie          250
Elle pensait, Il aurait pu mourir ce soir et tu aurais passé la même soirée, tu n’aurais rien su, rien senti. Et même si ton cœur t’avait alertée, ça n’aurait rien changé.
Commenter  J’apprécie          250
Devenu charpentier de marine, il avait cessé de construire des lieux où les hommes s'enracinaient, pour réparer les bateaux qui leur permettaient de prendre le large.Il avait choisi de vivre dans les ports, en compagnie de ceux qui préféraient la mer au rivage.

( p.122)
Commenter  J’apprécie          240
Irène est envahie par l'image de Wita marchant sur un trottoir enneigé. Blond et rieur, le petit Karol court à côté d'elle. Elle le rappelle à l'ordre, il ne doit pas s'approcher si près de la route. Une Traction Avant noire ralentit à quelques mètres d’eux, une infirmière en sort. Elle sourit à l'enfant, demande quel âge il a, lui caresse la tête. Wita prend le petit dans ses bras. La femme se retourne vers la voiture et fait un signe de tête. Aussitôt deux SS en jaillissent et arrachent l'enfant des bras de sa mère. Elle lutte pour le garder, hurlante. Ils la frappent, se précipitent dans la voiture, tendent le petit à l'infirmière et redémarrent.
Elle ne saura jamais si les choses se sont passées ainsi.
-Qui étaient ces sœurs brunes ? murmure-t-elle.
- Des nazies ferventes, volontaires pour « le service de l'Est ». Elles repéraient les gosses et racontaient aux parents qu'ils devaient passer des examens médicaux. Si ça se passait mal, le service d'ordre SS était là.
-Les enfants étaient tout de suite emmenés en Allemagne ?
-D’abord, on les confiait aux « experts de la race », qui les soumettaient à toutes sortes de mesures pointilleuses : l'écartement des yeux, la forme du nez, les proportions du corps, la recherche de taches de naissance, d'éventuelles maladies ou tares génétiques… Ceux qui n'étaient pas jugés assez aryens étaient renvoyés chez eux ou déportés dans les camps de travail forcé. Les autres étaient dirigés vers des centres spéciaux pour être « rééduqués ». En Pologne, il y en avait plusieurs. Là, on en faisait des petits Allemands. S’ils parlaient leur langue maternelle, ils étaient sévèrement punis. Les plus jeunes étaient confiés aux foyers Lebensborn avant d'être adoptés par des familles nazies. Les autres étaient mis au service du Reich. (p.158-159) […]
-Les enfants volés étaient l'enjeu d'une bataille féroce entre les Allemands, le gouvernement militaire américain et les représentants de leurs pays d'origine, résume l'historienne. Pour simplifier, les Allemands ne voulaient pas les rendre. Beaucoup de parents d'accueil étaient attachés à ces mômes. Pour d'autres, ils représentaient une main d'œuvre gratuite. Quant aux Américains, ils ne voulaient pas indisposer l'Allemagne fédérale, leur nouvelle alliée dans la guerre froide. Et répugnaient à envoyer ces enfants grossir les rangs du bloc de l'Est. (p.161)
Commenter  J’apprécie          242
Sabina répond que le premier refus est le plus dur. Les suivants coûtent moins. Le camp lui a appris que la liberté commence au fond de soi. Il faut se défaire d'un sentiment d'impuissance, repousser la peur. La liberté se fraie un chemin à travers les murs les plus épais, mais elle oblige à se hisser à sa hauteur. Une fois engagée sur cette voie, il n'y a pas de retour en arrière.
Commenter  J’apprécie          230






    Lecteurs (3731) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Quelle guerre ?

    Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

    la guerre hispano américaine
    la guerre d'indépendance américaine
    la guerre de sécession
    la guerre des pâtissiers

    12 questions
    3205 lecteurs ont répondu
    Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

    {* *}