Ça commence très fort et le titre se trouve d'emblée justifié :
À la gorge, même si le sens figuré prévaudra par la suite.
Max Monnehay nous décrit l'agonie d'un jeune homme qui subit un étranglement. On ne sait rien de l'assassin. On découvre non loin du garçon une jeune femme, Roxane, dont on sait qu'il commençait à l'aimer. Elle est allongée, le T-shirt relevé, et semble déjà morte. On plonge alors dans le récit qui se déroule du mercredi 29 septembre au mercredi 6 octobre. Victor Caranne, psy carcéral à la prison de
Saint-Martin, sur l'île de Ré, et sa jeune amie flic, Anaïs, font un jogging matinal avant d'aller prendre le petit-déjeuner dans la superbe maison de Victor, avec vue sur l'océan, vestige d'une époque où sa pratique était infiniment plus lucrative que ce boulot à la prison… le psy confie ses doutes à Anaïs. Milou, le petit dealer qui a été arrêté pour les deux meurtres dont il est question dans le prologue, clame son innocence depuis dix ans, et Victor le prend très au sérieux…
***
Les nombreux problèmes de Victor viennent de la culpabilité qu'il traîne depuis longtemps sur ses épaules d'homme bon et généreux, plein d'empathie et capable de se mettre à la place des autres. Il a vécu différents événements traumatiques qui ont bouleversé sa vie. Certains sont racontés dans
Somb, d'autres dans
Je suis le feu. Au sentiment de culpabilité qui habite Victor depuis le premier des romans où il apparaît s'ajoutent des problèmes déontologiques que je ne développerai pas, parce que cela donnerait trop de clés et gâcherait le plaisir du lecteur. On suivra parallèlement l'enquête que mène Anaïs et les recherches de Victor. Anaïs tente de s'adapter à son nouveau chef, Babiak, depuis que Baccaro a pris sa retraite, et ce n'est pas facile : le personnage est tel qu'on le connaît déjà, odieux, sûr de lui malgré une vivacité intellectuelle au point mort. On verra réapparaître des personnages des deux premiers romans sur lesquels l'autrice revient assez fréquemment, avec un peu trop d'insistance à mon goût. Je n'aime pas les thrillers et leurs ficelles bien visibles, leur suspense qui n'en est pas toujours et leurs invraisemblances qui gâchent mon plaisir de lecture. Dans les deux premiers romans de l'autrice, j'avais des réserves sur la pirouette finale dont je me serais bien passée, mais c'est tout. Dans
À la gorge, les coïncidences foireuses commencent au dernier tiers du roman et vont en s'accentuant, ce qui m'a déçue bien sûr. Pourtant, j'aime les personnages que crée
Max Monnehay, la manière dont elle fouille leur mental et les sentiments qu'elle leur prête. Mais ici, j'ai décroché. Allez, je lirai le suivant pour le ton et l'ironie qui m'enchantent (voir les citations), mais si je suis déçue une autre fois, je passerai mon chemin. J'irai faire un tour à la géniale pâtisserie de la rue du Minage, manger une tartelette hors de prix et délicieuse (remarque pas gentille, page 356, sur ma pâtisserie préférée à des lieux à la ronde) parce que quand on va dans un trois étoiles, on sait déjà que ce ne sera pas donné…