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sur 696 notes
Laurent Mauvignier nous offre ici un ouvrage fort bâti à l'aide d'un style et de mots percutants. Beaucoup de phrases courtes mais puissantes en termes d'évocation. Il nous présente ici des personnages amputés d'une partie de leur être qui se livrent à nous, sous l'effet de l'alcool et d'insomnies cauchemardesques, pour exprimer leur détresse. Pour se libérer de blessures intérieures qui pourtant ne se refermeront jamais.Pour se libérer des fantômes qui hantent leur esprit. Traumatismes générés chez de jeunes appelés du contingent par un conflit qu'ils ne comprenaient pas et au cours duquel la sauvagerie des combattants s'est substituée aux règles de l'art de la guerre et au coeur duquel, non volontaires, ils était jetés en pâture à des rebelles. En Algérie.

Un ensemble de réalités qu'il faut admettre sur le plan humain, qu'il faut comprendre pour saisir ce que ces jeunes âgés de 20 ans entre 1954 et 1962 ont pu ressentir en termes de déchirements intérieurs. Eux qui n'étaient pas faits pour la guerre, ni pour la politique. Eux qui ne saisissaient pas que des pieds-noirs et harkis qui s'étaient battus pour la France libre puissent attendre un retour de leur part par rapport à leur propre engagement.

Malgré des idées fondamentalement différentes de celles de l'auteur sur un conflit qui m'a personnellement touché puisque moi-même pied-noir, j'ai réellement apprécié cet ouvrage où courage et lâcheté se côtoient. Mais où la fragilité des être face à l'horreur est parfaitement mise en avant. A lire !
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Pour ses soixante ans, Solange a invité famille et amis à un repas dans une salle des fêtes louée pour l'occasion. Tout se passe bien jusqu'à l'arrivée de Bernard surnommé Feu-de-Bois, le frère aîné de Solange. Marginal, alcoolique et vivant aux crochets des uns et des autres, il offre à sa soeur un bijou de grande valeur. Solange essaie de masquer son embarras mais le mal est fait car tout le monde se demande comment il s'est procuré l'argent pour l'acheter. Tout s'enchaîne : la réflexion de trop qui met le feu aux poudres, l'esclandre et Feu-de-Bois humilié, en colère part. La fête est finie et gâchée. Mais la stupeur est à son comble quand on apprend que Feu-de-Bois a menacé la femme de Chefraoui un collègue de Solange d'origine algérienne.


la suite sur :http://claraetlesmots.blogspot.fr/2014/11/laurent-mauvignier-des-hommes.html
Lien : http://claraetlesmots.blogsp..
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Roman stupéfiant sur les jeunes appelés qui ont fait la guerre d'Algérie.
Nous sommes dans un village du centre de la France dans les années 1977 et 1978. Bernard, qu'on appelle familièrement "Feu de bois" est revenu il y a longtemps de ses 28 mois sous l'uniforme, taciturne, colérique.
Comment Bernard est-il devenu cet être de rancoeur, alcoolique et socialement marginal (il s'est clochardisé, vivant de la charité du villages) rejeté par tous...
Le roman est lancé et les années une à une remontées : près d'Oran, il revit la caserne lugubre, le poste de garde, les parties de cartes, les postes à transistors qui grésillent, les chambrées, la garde des cuves à pétrole, les harkis humiliés, la peur des sentinelles, la nuit, qui craignent les "Fells qui coupent les parties", mais aussi le souvenir des paysages éblouissants de chaleur.
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Ce roman m'a vraiment marquée.
L'écriture d'abord, qui accroche dès les premières pages. Très vite une tension et une émotion s'instaurent. Tout tourne autour du personnage de "Feu-de-Bois" ou Bernard, que l'auteur réussit à rendre très vite à la fois misérable et touchant, mais surtout pris dans des histoires qui le dépassent . A l'occasion d'un esclandre lors d'un repas de famille, remontent des souvenirs d'enfance et surtout les souvenirs de la guerre d'Algérie, vus à travers l'oeil de son cousin, Rabut, qui l'a toujours côtoyé.
Au-delà de cette histoire de famille, on a un témoignage fort de la "galère " d'une génération, envoyée au front en y cherchant désespérément un sens. Témoignage aussi de la guerre qui ne passe pas, qui, même une fois terminée, se poursuit au creux des cerveaux des hommes, sans trouver d'issue.
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Déroutant en début de lecture pour aboutir à un roman qui décrit très bien les affres et séquelles que laisse une guerre même si celle-ci n'avait pas de nom, puisqu'il s'agit de l'Algérie.
On ne sort pas indemne ni d'une telle guerre ni de ce roman.
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J'avais apprécié "Continuer"aussi en voyant Des hommes en version livre de poche, ai-je acheté ce roman du même auteur. Il est vrai que son nom court depuis quelque temps sur les ondes à l'occasion de la sortie en librairie, précisément le 3 septembre 2020, de son tout dernier roman : Histoires de la nuit.

En route donc pour "Des hommes". On commence la lecture dans un troquet d'une petite ville du Nord où Solange, soeur de Bernard, fête son soixantième anniversaire. Bernard, marginal, bourru, taiseux, souvent saoul et perpétuellement fauché, défie sa famille et les amis de sa soeur en offrant à cette dernière un bijou hors de prix. Son geste est incompris et son cadeau source de suspicion. D'où vient cet argent ? le ton monte, des rancoeurs anciennes et tenaces conduisent inéluctablement à l'explosion d'une violence d'autant plus terrible et dramatique qu'elle a couvé pendant quarante ans.

de même qu'Alice Zeniter avec "L'art de perdre" nous a permis de mieux comprendre le contexte particulier des relations entre les Français et les Algériens, de même Laurent Mauvignier nous fait pénétrer dans l'absurdité de la guerre qui oppose des hommes à d'autres hommes (et non pas comme autrefois des soldats à des soldats). Il rapproche en passant le sale travail que l'on imposait aux jeunes militaires français à celui qui fut assigné à l'occupant allemand en France. Notre regard sur les années soixante s'en trouve décalé.
Mais d'où vient le sombre et amer ressentiment de Bernard ?

Sans doute de la guerre d'Algérie et du traumatisme qu'elle a causé à tant de jeunes appelés (dont Bernard et son cousin Rabut). Mais, avant la guerre, il y avait déjà eu un drame familial : Reine, la soeur de Solange et de Bernard, est morte "en laissant un enfant sans père ni mère". La guerre, la soeur morte et la mère qui lui a pris tout l'argent qu'il avait gagné avant de faire son service militaire : les secrets se sont superposés et ont enfermé Bernard dans son hostilité envers le monde entier.

Dans un style époustouflant, flamboyant, envoûtant et très persuasif, Laurent Mauvignier nous décrit la violence du ressentiment incoercible et celle du traumatisme post-guerre qui sévit chez tant et tant de rescapés, qu'ils aient été de 14-18 ou qu'ils soient du Vietnam, d'Algérie ou d'ailleurs.

En apprenant que Laurent Mauvignier est né après les accords d'Évian, on ne peut qu'être en admiration devant son travail de recherche documentaire qui pourra convaincre bien plus qu'un grand reportage. Mais ce roman est avant tout un questionnement sur l'incommunicabilité pathologique qui peut résulter des non-dits entre les membres d'une même famille.
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La voix narrative du début du roman en rapportant des événements d'une manière distanciée et faussement neutre m'a paru décourageante et affectée - puis c'est l'enchaînement de confrontations sombres et pénibles entre personnes étranges les unes aux autres sinon étrangères malgré leurs liens familiaux qui a accru mon désintérêt. Finalement, j'ai fini par tourner les pages sans plus m'attacher à la lecture, avant que, selon d'autres critiques, démarrent les péripéties qui donnent au roman son relief.
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Ce livre, l'un des plus connus que Laurent Mauvignier ait publié, a un sujet grave: les ravages engendrés par la guerre – pas seulement dans les corps, mais aussi dans les esprits, longtemps après les événements. Je savais d'avance que l'écrivain a un style très particulier, qui le singularise parmi les auteurs contemporains et… qui me rebute, ainsi que j'en avais conclu autrefois en lisant "Apprendre à finir".

La première partie de "Des hommes" évoque la déchéance de Bernard, le personnage principal, alcoolique et aigri, maintenant sexagénaire; on le voit "déraper" lors d'une fête de famille. Et là, d'emblée, j'ai failli péter les plombs: l'écriture de Laurent Mauvignier m'a semblé particulièrement caricaturale. On y lit par exemple des phrases comme: « Oui. Oui, oui, bien sûr. Oui, évidemment, je vais ouvrir, il faut que je l'ouvre, je suis bête. Sacré Bernard, hein, il est fou, non ? Quand même. Je. Je » (p. 22). Ces lourdes redondances sont évidemment voulues: c'est pour nous faire entrer dans la subjectivité de ses personnages. Mais, à titre personnel, je ne supporte pas les excès de l'écrivain. De plus, il s'est fait une spécialité d'une forme de langage populaire utilisant abondamment le mot « ça », ou l'expression « nous on », etc... ça m'énerve !

Puis la partie centrale du roman évoque le vécu de plusieurs militaires français (dont Bernard) dans l'Algérie des années '60. Il y a une grande force dans l'évocation de ces jeunes "troufions" jetés sans ménagement dans la guerre cruelle qui conduisit le pays à l'indépendance. L'auteur accorde une grande place aux exactions de l'Armée, ainsi qu'aux meurtres atroces commis par le FLN. Ce sont des hommes qui ont commis ces crimes inhumains, des hommes tout à fait ordinaires et pourtant capables du pire... Bernard et les autres soldats avaient l'immaturité de la jeunesse, un esprit de banale camaraderie, un intérêt superficiel pour l'exotisme du pays, mais généralement pas d'opinion précise sur cette guerre. Ils se soumettaient sans discuter à l'autorité militaire, mais aussi ils crevaient parfois de peur - non sans raison, car la mort rôdait constamment autour d'eux. Leur vie était en même temps ennuyeuse et tragique. A mon avis, cette ambiance est très bien rendue. C'est parfois noyé dans une logorrhée pâteuse, mais celle-ci m'a semblé ici bien moins irritante que dans la première partie.

La fin du livre correspond au retour dans le présent: c'est l'épilogue de la séquence inaugurale du roman. Quand j'ai achevé cette lecture, je me suis senti épuisé et presque "sonné" par l'évocation de ce trop lourd passé, mais aussi… par l'écriture de Mauvignier. Je mets la note de ***, mais pour moi elle n'a pas grande signification.
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Un après-midi d'hiver dans la campagne française, un malentendu fait basculer la vie de Bernard, Solange, sa soeur, Rabut, son cousin et Février, un voisin. Cet après-midi n'est que le miroir d'un après-midi passé, quarante ans plus tôt, dans un bar d'Oran où Bernard, Rabut et Février profitait d'une permission. Là aussi, un malentendu va changer à tout jamais leur destin. Extrêmement bien amené lors du déroulement d'une journée, il faut attendre la nuit pour comprendre ce qui tourmente et gâche la vie de Bernard car les insomnies sont le lot quotidien de ces hommes qui n'avaient pas demandé à combattre en Algérie et qui ne peuvent oublier les horreurs de la guerre. Roman sur les sentiments de culpabilité et de honte et la manière dont chacun les digère (ou pas).
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Solange fête ses soixante ans et son départ a la retraite et pour cela elle a invité toute sa famille.Même son frêre "Feu-de-Bois", l'alcoolique, le parasite, le sans le sou, celui que l'on tient généralement a l'écart. Et c'est au moment où il veut donner son cadeau que les dissensions se font sentir. Lui qui vit aux crochets des autres, a acheté pour sa soeur une superbe broche et cela ravive les toutes les rancunes. Cet incident réveille la mémoire de Rabut, le cousin de "Feu-de-Bois", et il se souvient que celui ci avant d'être "Feu-de-Bois" était Bernard. Avant qu'ils soient appelés en 1960 en Algérie pour aller faire la guerre, cette guerre qui ne dit pas nom, cette guerre où l'ennemi est invisible et où la peur est présente a tout moment. Une guerre dont on revient changé et qui traumatise.

Ce roman commence comme une banale histoire de famille et puis l'auteur, par le biais de ses deux héros, Bernard "Feu-de-Bois" et son cousin Rabut nous parle de cette guerre d'Algérie, cette guerre sans nom dont la France a du mal se remettre. Il nous décrit cette peur qui hante les esprits de ces appelés qui doivent faire face a une nouvelle forme de guerre, où le combat n'est plus frontal mais insidieux, où l'assassinat et l'attentat tient lieu de plan de bataille. L'auteur nous parle aussi du retour sans gloire au pays quand la guerre est terminé et que l'on ne veut pas parler de ce que l'on a vécu et de ce que l'on a vu la bas. Il nous décrit le traumatisme enduré et les différentes manières de vivre avec. Celle de Bernard qui n'a pas supporté cette guerre et son sentiment de culpabilité. Après un mariage raté, il est venu s'installer près de sa famille sans pour autant renouer avec eux et il s'est enfoncé dans l'alcool, s'auto-détruisant devant leurs yeux comme un reproche muet. Rabut, lui, a préféré enterré ses souvenirs de là-bas, ne gardant que quelques photos, des photos ne reflétant que le côté fraternel de cette expérience. Il semble pour ses proches avoir repris sa vie où il l'avait laissé avant de partir a la guerre. Et il arrive a s'en convaincre lui même malgré quelques nuits d'insomnie. Mais le passé ressurgit et les souvenirs avec. Et le traumatisme .

Superbe roman sur la guerre et ses traumatismes qui m'a beaucoup touché, peut -être car mon père l'a faite et que cela m'a permit de comprendre ce qu'il a pu ressentir. C'est superbement écrit et extrêmement fort.

Ma note 9/10.
Lien : http://desgoutsetdeslivres.o..
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