Une écriture fiévreuse, houleuse, emportée comme la transcription à l'identique, sans filtres, du récit verbal que fait le cousin après que ce soit déroulé le scandale familial: Solange fête ses 60 ans et son départ à la retraite dans cette salle des fêtes où sont réunis famille et amis.
Il y a son frère, Bernard, dont tout le monde s'occupe un peu, par pitié, par piété, lui, le clochard du village que seule Solange parvient encore à comprendre un peu, à aimer, c'est vrai, il n'a plus rien.
Et pourtant il lui fait un cadeau.
LE cadeau
Présenté dans sa boîte au nom prestigieux qui surprend et choque tous les invités.
Mais comment a-t-il pu,
Ou a-t-il trouvé l'argent,
Comment a-t-il osé.
Alors les langues se délient, chacun déverse son fiel, sa rancoeur et Solange n'ose plus accepter le présent.
Alors Bernard se vexe, se fâche, s'enivre et en vient aux mains, aux mots haineux qui réveillent le passé.
Il a toujours été difficile, différent, Bernard !
Surtout depuis l'Algérie.
Alors le cousin qui se trouvait aussi là-bas se souvient, s'enfonce et s'abîme dans ces souvenirs que ne peuvent comprendre que ceux qui l'ont faite, cette guerre que d'autres qualifient encore d'événements.
Le passé revient en boomerang et les mots impatients verbalisent une histoire jamais racontée parceque trop traumatisante et insupportable, à dire comme à entendre.
'
Des hommes' de
Laurent Mauvignier, un roman témoignage sur la guerre d'Algérie qui revient sur les traumatismes vécus par les jeunes appelés qui ne savaient pas où l'armée française les envoyaient, par les colons qui ne s'imaginaient pas quitter Leur terre, par les harquis qui croyaient à voir choisi le bon camps.
Un livre âpre, dense, amer et qui glace malgré le climat où il se déroule.
Pour lecteur averti, uniquement !