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Critique de frandj


Ce livre, l'un des plus connus que Laurent Mauvignier ait publié, a un sujet grave: les ravages engendrés par la guerre – pas seulement dans les corps, mais aussi dans les esprits, longtemps après les événements. Je savais d'avance que l'écrivain a un style très particulier, qui le singularise parmi les auteurs contemporains et… qui me rebute, ainsi que j'en avais conclu autrefois en lisant "Apprendre à finir".

La première partie de "Des hommes" évoque la déchéance de Bernard, le personnage principal, alcoolique et aigri, maintenant sexagénaire; on le voit "déraper" lors d'une fête de famille. Et là, d'emblée, j'ai failli péter les plombs: l'écriture de Laurent Mauvignier m'a semblé particulièrement caricaturale. On y lit par exemple des phrases comme: « Oui. Oui, oui, bien sûr. Oui, évidemment, je vais ouvrir, il faut que je l'ouvre, je suis bête. Sacré Bernard, hein, il est fou, non ? Quand même. Je. Je » (p. 22). Ces lourdes redondances sont évidemment voulues: c'est pour nous faire entrer dans la subjectivité de ses personnages. Mais, à titre personnel, je ne supporte pas les excès de l'écrivain. De plus, il s'est fait une spécialité d'une forme de langage populaire utilisant abondamment le mot « ça », ou l'expression « nous on », etc... ça m'énerve !

Puis la partie centrale du roman évoque le vécu de plusieurs militaires français (dont Bernard) dans l'Algérie des années '60. Il y a une grande force dans l'évocation de ces jeunes "troufions" jetés sans ménagement dans la guerre cruelle qui conduisit le pays à l'indépendance. L'auteur accorde une grande place aux exactions de l'Armée, ainsi qu'aux meurtres atroces commis par le FLN. Ce sont des hommes qui ont commis ces crimes inhumains, des hommes tout à fait ordinaires et pourtant capables du pire... Bernard et les autres soldats avaient l'immaturité de la jeunesse, un esprit de banale camaraderie, un intérêt superficiel pour l'exotisme du pays, mais généralement pas d'opinion précise sur cette guerre. Ils se soumettaient sans discuter à l'autorité militaire, mais aussi ils crevaient parfois de peur - non sans raison, car la mort rôdait constamment autour d'eux. Leur vie était en même temps ennuyeuse et tragique. A mon avis, cette ambiance est très bien rendue. C'est parfois noyé dans une logorrhée pâteuse, mais celle-ci m'a semblé ici bien moins irritante que dans la première partie.

La fin du livre correspond au retour dans le présent: c'est l'épilogue de la séquence inaugurale du roman. Quand j'ai achevé cette lecture, je me suis senti épuisé et presque "sonné" par l'évocation de ce trop lourd passé, mais aussi… par l'écriture de Mauvignier. Je mets la note de ***, mais pour moi elle n'a pas grande signification.
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