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EAN : 9782815900744
290 pages
L'Aube (03/06/2010)
4/5   14 notes
Résumé :
Présentation de l'éditeur
Dédié à ses compagnons du Redoutable, La Troisième Jeunesse de madame Prune est un merveilleux badinage de Pierre Loti sur le Japon, ses mousmés - Inamoto, " fleur énigmatique et jolie, au teint d'ambre roux, qui respire la santé, la jeunesse fraîche ", ses bonzaïs - " des nains vieillots qui se vendent très cher ", ses geishas - mademoiselle Pluie d'Avril, " indéfinissable et insexuée, un petit chat qui parle ", ses femmes - madame ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Pierre loti, quinquagénaire, officier de Marine, relate ici son séjour en Asie au cours de l'année 1901. C'est le troisième volet d'une série consacrée à l'Asie, après Madame Chrysanthème et Japoneries d'automne. L'auteur revient donc à Nagasaki, sur les lieux qui ont vu son mariage fictif avec madame Chrysanthème, mariage arrangé par un agent local selon un bail renouvelé mensuellement! Ce sont donc des retrouvailles, à la fois avec les membres de sa belle famille factice, mais aussi avec la ville, qu'il compare avec celle de ses souvenirs, à la fois différente :

«le bienfaisant progrès y a marché si vite, que c'est à ne plus rien y reconnaître»,

et semblable :

«il y a toujours un étonnement à retrouver, dans des pays très éloignés, et après de longues années qui ont été remplies pour vous d'agitations et de courses par le monde, à retrouver de pauvres petites choses demeurées immuables, d'infimes petites plantes qui continuent de végéter aux mêmes places»

Il côtoie lors de ce séjour, entrecoupé par des escales en Chine et en Corée, qui ne souffrent pas la comparaison avec le Japon, pays de tous les fantasmes, fascinant et inquiétant à la fois. Fascinant par les paysages, façonnés au rythme des saisons (le récit survole différentes périodes de l'année, et met ainsi en valeur les profonds changements qu'induisent les conditions météorologiques), la nature est très méticuleusement observée et cette contemplation aboutit parfois à des réflexions philosophiques, en un curieux raisonnement de «dessein intelligent»:

« Ainsi, entre mille exemples, les épines à la tige des roses semblent bien témoigner que, des millénaires avant la création de l'homme, on avait prévu la main humaine, seule capable d'être tentée de la cueillir. Mais alors pourquoi n'avoir pas su prévoir aussi le couteau ou les ciseaux qui viendraient plus tard déjouer ce puéril moyen de défense?

De ces descriptions, on note aussi le caractère extrêmement coloré : fleurs, vêtements, ciel, mer, cimetière sont abondamment décrits en terme de teintes.

Quant aux relations qu'entretient l'auteur avec la gente féminine, elles sont d'une étrange nature. Fasciné par les jeunes corps asexués des geishas, il laisse régner un flou artistique sur l'âge des autres femmes qu'il rencontre, et avec lesquelles se créent des échanges équivoques. Si l'on ignore le contexte de ce récit, on pourrait croire que l'auteur est un jeune homme naïf et inexpérimenté, ce que dément le survol de sa biographie.

L'écriture est quelque peu désuète, par le vocabulaire et l'orthographe utilisés mais reste agréable et très suggestive de la beauté de l'île de Kyushu
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Cela n'a pas fonctionné cette fois-ci...
J'ai lu plusieurs récits de voyage de Pierre Loti plus ou moins fictionnalisés, inspirés du moins de sa propre biographie, mais, ici, je n'ai pas retrouvé la beauté et le charme un peu surannés de son écriture.
D'abord, parce que ce n'est pas vraiment un récit au sens strict, plus une succession d'événements racontés sous forme de journal, mais sans qu'il y ait vraiment une progression : en tant qu'officier de marine, le Narrateur fait escale à Nagasaki, ville qu'il a bien connue il y a quinze ans, il partage ses impressions, il y revient plusieurs fois en quelques mois. Il n'y a cependant pas véritablement de péripétie. La "Madame Prune" évoquée par le titre n'est qu'un personnage parmi d'autres, une figurante parmi d'autres même, dans la mesure où le Narrateur "est en galanterie" avec toutes les Japonaises qu'il semble rencontrer, mais sans engagement sentimental de sa part, seuls quelques badinages sans importance où une danseuse pourrait remplacer la fleuriste, la vendeuse de thé ou la gardienne du temple. Ce n'est donc pas un roman d'amour.
Non, le personnage principal, c'est le Narrateur avec ses états d'âmes, c'est-à-dire son regret de la vieillesse, la sienne comme celle du Japon qu'il connaissait. La ville a pris quinze ans, les personnes qu'il connaissait aussi, et surtout lui-même. Il porte donc sur lui et sur les choses un regard désabusé, sans mélancolie, mais plutôt cynique par moment. Il n'éprouve aucun sentiment, pas même la tristesse. Tout est donc gris, sale, froid. Plus de description poétique du Japon donc contrairement à Mme Chrysanthème, mais le regret encore plus accentué que quinze ans auparavant de la modernisation liée à l'occidentalisation de la société : de moins en moins de geishas, des temples désertés, plus de costume de samouraï remplacés par des tenues de militaires à l'occidentale...
On retrouve enfin les considérations racialistes propres à cette société du tournant du siècle, hiérarchisant les races, les peuples et les cultures, avec un mépris marqué pour la petitesse : les hommes sont petits, les femmes sont des enfants, les repas ne sont que des dînettes... C'est sûrement pour cela que j'ai moins apprécié cette oeuvre, car elle reprend jusqu'à certaines expressions de Madame Chrysanthème, il n'y avait plus le charme de la découverte. Il ne faudrait donc pas lire les deux oeuvres à la suite.
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Ce roman fait suite à « Madame Chrysanthème », et se passe quinze ans plus tard. le narrateur retrouve ces « japoneries », comme il les appelle, ce pays exotique où vivent ces êtres minuscules, rappelant des poupées.

Madame Prune n'est autre que la mère de Madame Chrysanthème, qu'il avait épousé « pour rire », mais non gratuitement, il y a quinze ans. Sa belle mère lui avait fait comprendre alors qu'elle s'intéressait à lui, alors qu'elle n'était déjà plus très jeune. Il va retrouver ce transport pratiquement intact.

Et nous voila repartis dans ces promenades au temple des morts et autres « japoneries ». Mais il ne reverra pas Madame Chrysanthème qui est maintenant mariée « vraiment » et qui est mère.

Suite à des contre-temps dans ses missions marines militaires, qui visent plutôt la Chine, le narrateur est « contraint » de rester à Nagasaki un temps, et ce n'est pas pour lui déplaire, même si, au Japon traditionnel, se mêlent maintenant les fumées noires des industries.

A la fin du roman, il va devoir « rompre » avec Madame Prune, comme il avait « rompu », quinze ans plus tôt, avec sa fille.
Lien : https://perso.cm63.fr/node/333
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Ce récit est empreint d'une grande nostalgie de ce pays, accompagné comme toujours de magnifiques descriptions. La fin est très émouvante car Pierre Loti sait, il en est sûr, qu'il ne viendra plus jamais au Japon. Evidemment, il faut se dire qu'aller au Japon à cette époque - au tout début du 20ème siècle - était une véritable expédition. Ce livre doit être lu de préférence après « Madame Chrysanthème ».
Lien : http://objectif-livre.over-b..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
L'horreur d'une nuit d'hiver, par coup de vent et tourmente de neige, au large, sans abri sur la mer échevelée, en plein remuement noir. (...)
On est là, au milieu, balloté dans la cohue de ces masses affreusement mouvantes et engloutissantes, rejetées de l'une à l'autre avec une violence à tout briser ; (...)
Demain don, au réveil, quand le jour sera levé, le Japon, après quinze années, va me réapparaître, là tout autour et tout près de moi. (...)
Réveillé tard, après une telle nuit de grande secouée, j'ouvre mon sabord, pour saluer le Japon. (...)
Donc, aujourd'hui seulement, le surlendemain de mon arrivée, me voici errant au milieu des maisonnettes de bois et de papier (...) au fin fond du vieux Nagasaki purement japonais. (...)
J'ai eu le plaisir de rencontrer ce matin au marché Mme Renoncule, ma belle-mère, à peine chargée ; ces quinze ans n'ont pour ainsi dire pas altéré les beaux restes que je lui connaissais, et nous nous sommes salués sans la moindre hésitation.
(...)
Je m'ennuyais aujourd'hui dans Motokagomachi, (...) Et je m'en suis ouvert à l'homme-coureur qui, depuis un moment me voiturait (...)
- Monsieur, m'a-t-il répondu, je vais vous conduire dans une de nos maisons de thé les plus élégantes, qui s'appelle "Maison de la Grue" , et l'on s'empressera de contenter votre caprice. (...)
- Patience, monsieur, me dit-on avec mignardise ; patience, on lisse leur chignon, elle se parent !
(...)
J'ai retrouvé Mme Prune, et je l'ai retrouvée libre et veuve...Ca par exemple, ç'a été une émotion...(...) Mme Prune était là, dans un négligé qui lui a été pénible, la pauvre chère âme que je n'aurais pas dû surprendre, le chignon sans apprêts, vaquant à quelques menus soins de ménage. Et tel a été son trouble de me revoir, qu'il ne m'est plus possible de mettre en doute la persistance de son sentiment pour moi.
Voici trois années, paraît-il, que Mr Sucre a payé son tribut à la nature ; à quelques cent mètres au-dessus de sa maison.
(...)
Et Mme Prune, en baissant les yeux, a insisté sur cette liberté et cette solitude du coeur, que sa nouvelle situation lui laisse...
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Comme c'est drôle, j'ai été quelqu'un de Nagasaki, moi, il y a longtemps, longtemps, il y a beaucoup d'années ! ... Je l'avais presque oublié, mais je me le rappelle de mieux en mieux, à mesure que je m'enfonce dans cette ville étrange. Et mille choses me jettent au passage un mélancolique bonjour, avec une petite gerbe de souvenirs, - mille choses : les cèdres centenaires penchés autour des pagodes, les monstres de granit qui veillent depuis des âges sur les seuils, et les vieux ponts courbes aux pierres rongées par la mousse.
Des bonjours mélancoliques disais-je... Mélancolie des quinze ans écoulés depuis que nous nous sommes perdus de vue, voilà tout. Par ailleurs, pas plus d'émotion que le jour de l'arrivée : c'était donc bien sans souffrance et sans amour que j'avais passé dans ce pays.
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Mais j'avais connu ces choses à la splendeur de l'été ; or, je les retrouve en décembre, et l'hiver de l'année, - peut-être aussi l'hiver de ma vie, - me rendent leur mièvrerie par trop triste, intolérablement triste.
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En partenariat avec l'Opéra National de Bordeaux, rencontre avec Alain Quella-Villéger autour de l'oeuvre de Pierre Loti. Entretien avec Christophe Lucet.
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Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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