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EAN : 9782743659936
240 pages
Payot et Rivages (03/05/2023)
4.23/5   30 notes
Résumé :
Peu de lieux font aujourd’hui autant rêver que les plages. Coquillages et crustacés, criques, atolls, récifs, dunes entourées de falaises… Combien notre imagination est peuplée de tous ces motifs abondamment exploités par le tourisme de masse !
Tournant le dos aux cartes postales, Grégory Le Floch nous propose ici une autre approche de ce lieu idyllique toute personnelle et poétique, nourrie de références choisies. Eugène Boudin et sa plage impressionniste y ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Pour moi la plage est associée à l'enfance, aux vacances, au repos et bien sûr à la mer. Comme pour beaucoup. Plus rarement aux longues balades sur des étendues rendues désertes par l'hiver. Pour Grégory le Floch c'est le seul lieu où il peut écrire sans déchirer la totalité de sa production. Inspirant au point de rechercher les plages lors de ses déplacements. Et de s'interroger sur les multiples représentations de ces lieux dans l'esprit de chacun et plus particulièrement des artistes et des écrivains. La promenade qu'il nous propose est teintée d'une nostalgie née des évolutions que nous connaissons et des menaces qui pèsent sur nos littoraux peu à peu rognés par la mer. Les écrits d'hier, descriptions émerveillées d'un Paul Morand (amoureux et grand collectionneur de plages qui avait perçu les transformations liées au tourisme de masse dès les prémices) ou d'un Marcel Proust semblent saisir un paysage qui bientôt n'existera plus. A travers eux, à travers les tableaux de Boudin l'histoire de ces lieux, l'usage que l'on en fait au fil des ans nous sont contés. Il a fallu du temps avant que l'on vienne pour s'y baigner, encore plus pour que l'on s'y dévête pour offrir son corps à la caresse du soleil.

"Les premiers à fréquenter les plages sont les fous et les névrosés. Cela peut paraître étrange mais je ne suis pas surpris. Les fous ouvrent vraiment la voie. Ce sont eux qui débusquent la beauté, traquent les visions, malaxent et triturent la vie au péril de la leur jusqu'à ce que nous y percevions, nous autres, une petite trace de lumière."

La plage aurait donc des vertus apaisantes et curatives, l'auteur pousse la réflexion jusqu'à faire le lien avec la légère inclinaison du terrain qui descend vers la mer et agirait sur l'esprit. Voila le secret de cette sensation de légèreté qui nous envahit après un moment passé à la plage, lieu propice à la rêverie mais aussi aux mirages... le récit de Grégory le Floch embrasse la séquence hippie des années 70 quand il existait un itinéraire des plages depuis l'Europe jusqu'à Katmandou ambiance guitare et feu de bois (entre autres). Pour certains le réveil fut brutal, mais c'est sans doute ce qui nous attend à notre tour. Car ces paradis sont menacés de tous les côtés. Érosion, montée des eaux, bétonisation, exploitation à outrance... le sable est un ingrédient qui entre dans la composition du ciment, de l'asphalte, du verre et à ce titre il fait l'objet de trafics, de vols et de saccages qui ne se préoccupent pas de l'effacement du paysage idyllique. Quant aux guerres, aux fuites, aux pollutions, aux échouages...

"Que diront les générations futures du siècle prochain en regardant Arielle Dombasle courir sur le sable de Jullouville dans Pauline à la plage ? Que penseront-elles des tableaux d'Eugène Boudin et des portraits proustiens des jeunes filles en fleur ? Paysages de science-fiction ? Préhistoire ? Fake news ?"

L'écriture caressante et le regard épris de Grégory le Floch font de ce récit riche et varié une parenthèse dont l'enchantement est peu à peu recouvert d'une ombre que l'on voudrait être certain de pouvoir chasser pour ne pas se priver de la lumière unique de ces lieux. Garder la perspective d'une virée à la plage comme un bonheur à venir plutôt qu'un souvenir cher mais désormais inaccessible.

"Il y a deux siècles les fous ont ouvert le bal des bains de mer, notre folie contemporaine y mettra bientôt fin." Je voudrais croire que non, et garder de cette exploration aux multiples dimensions l'éclat surnaturel d'un horizon infini.


Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Grégory le Floch est un écrivain de la plage. C'est l'endroit de sa créativité, sa table, son « lieu », et il le découvre lors de vacances au Sud de l'Italie en 2016.
Ecrivant à la plage, il décide alors d'écrire sur la plage, donnant naissance à un récit délicat et délicieusement iodé.

L'écrivain y retrace l'histoire de notre rapport à ce lieu de tous les possibles : « Lieu des mirages, [la plage] permet toutes les ambiguïtés, les projections et les audaces ».
Peur, fascination, beauté, plage-salon du XIXè siècle, puis plage-chambre aujourd'hui, il interroge notre amour de la plage, fait référence aux nombreux artistes qui ont peuplé ce lieu de leur imaginaire et qui bouleverse de mille et une façons : « La plage nous transforme, d'abord en arrêtant la marche du temps. Puis elle se change en un vase : nous coulons en elle nos pensées liquides, nos émotions fluides. Nous pouvons nous voir tels que nous ne l'avons encore jamais fait. Et nous nous contemplons. »

Mais cette déclaration d'amour à la plage interroge également les transformations que les activités des hommes ont imposé à cet espace. Que ce soient le tourisme de masse,le trafic de sable ou la pollution massive des mers et océans, Grégory le Floch rappelle avec effroi les menaces que nous faisons peser sur ce seuil mouvant, entre terre et mer.

Pourtant le texte de Grégory le Floch ne nous plonge pas dans le désespoir, il nous invite à vivre la plage intensément, à relire Proust aussi, ou à revoir les films de Rohmer, et à rêver, encore et toujours, des plages que nous ne visiterons peut-être jamais, ou de celles qui nous ont procuré tant de beautés.

Vivement cet été, ce texte m'a donné envie de replonger mes doigts dans le sable chaud, de me laisser enivrer par le vent, l'océan, le spectacle éclatant de la plage, encore et encore.

« La plage a cette particularité de jouer toujours les mêmes scènes en y apportant malgré tout d'infinies variations. Ces écarts, ces oscillations réjouissent et emplissent l'oeil de beauté. »

Un texte poétique et sensible, découvrir, sur la plage ou ailleurs.
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Aujourd'hui je vais évoquer Éloge de la plage de Grégory le Floch. Ce récit personnel d'un auteur que je ne connaissais pas est un petit précis indispensable pour comprendre l'attraction que peut exercer la plage sur un nombre croissant de personnes.
Grégory le Floch débute ainsi son ouvrage : « j'écris sur la plage. Au bord de l'eau, les rochers sont noirs. Il y a des croûtes de sel dans les cavités et des anémones rouges. J'écris sur la plage à propos de la plage ». Cet incipit permet à l'auteur de développer l'importance pour lui de la plage comme lieu d'écriture. Il a essayé en vain d'écrire à la terrasse d'un café, chez lui, à un bureau, sur un lit. Mais finalement lors d'un séjour en Italie il écrit sur la plage et l'inspiration lui vient ; comme une évidence pour ce jeune homme la plage est le lieu unique de l'écriture. Avec Éloge de la plage il mène une réflexion étayée sur plusieurs ouvrages (par exemple Sur la plage de Jean-Didier Urbain) et réalise un exercice d'admiration : la plage ou plus exactement les plages avec le sable qui peut être blanc, doré, rose, noir ou gris selon les lieux. La Méditerranée semble être un lieu de prédilection pour lui avec des criques, des dunes et de grandes étendues de sable. Dans ce livre il s'efforce de ne pas produire un guide touristique même s'il cite les lieux qu'il connait et ceux qu'il espère découvrir un jour. Grégory le Floch est souvent accompagné de Christophe son ami. Au gré des chapitres la plage est scrutée à travers les expériences personnelles mais également la littérature ou la peinture. Ainsi d'intéressantes pages sont consacrées à Marcel Proust ou à Paul Morand et également aux représentations picturales des plages normandes par Boudin. La plage peut être un lieu de villégiature estivale surpeuplé ou à l'inverse un espace de liberté accessible par des sentiers escarpés. Grégory le Floch évoque le rapport de la nudité à la plage (il ne semble pas amateur de naturisme mais consent à reconnaitre la sensualité et la lascivité des caresses du soleil sur la peau nue). Cet éloge est un cri d'amour sans borne nimbé d'une inquiétude pour les menaces de disparition. le commerce (souvent illégal) du sable met en péril certaines plages ; ailleurs la pollution et l'amoncèlement de déchets plastiques rend le lieu épouvantable. Les plages sont aussi les sites de départ et d'arrivée des migrants qui fuient les guerres et les menaces du réchauffement climatique. Dans ce récit l'auteur montre l'évolution historique du rapport à la plage qui est lié à l'exposition du corps et au développement des sociétés de loisirs. Il explique que progressivement de lieu vertical (on s'y tenait debout ou assis) la plage est devenue un lieu horizontal (où l'on s'allonge, se couche, s'endort ou fait l'amour). Et où il rédige ce petit texte plein de saveurs et d'évidences.
Éloge de la plage est un texte original et subtil. Grégory le Floch parvient à partager son attrait et sa passion pour la plage (devenue son lieu de travail par excellence) tout en rendant justice à ces paysages fascinants et fragiles qui inexorablement semblent reculer et se détériorer.
Voilà, je vous ai donc parlé d'Éloge de la plage de Grégory le Floch paru aux éditions Rivages.

Lien : http://culture-tout-azimut.o..
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Mêlant sa pratique des plages, son ressenti mais aussi une approche tout à la fois historique, culturelle et écologique des plages, Grégory le Floch nous propose un magnifique Éloge de la plage.
Érudit dans jamais être pédant, l'auteur nous rappelle que les plages n'ont pas toujours été ces espaces voués au culte du corps et à l'hédonisme et que malheureusement, à cause des guerres et du changement climatique, cet état de fait risque de ne pas perdurer. On apprend par ailleurs que le sable est pillé ,dans la plus grande indifférence, ciment oblige, pour satisfaire, entre autres, les caprices des milliardaires de Dubaï.
Grégory le Floch aime les plages et son amour transparaît dans chacune des lignes de cet essai, à la fois sensuel et documenté,  qui file sur l'étagère des indispensables.




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La mer qu'on voit danser…
… ses reflets d'argent, ses reflets changeants
… calme ou tempétueuse

La plage…
… sauvage, privée, voire mondaine
… paradisiaque ou inquiétante
… ses bruits et son silence
… coquillages et crustacés
… de sable, de galets aux mille couleurs, de rochers, d'éboulis ou de pieds de falaises
… du débarquement des forces alliées
… odeurs de beignets, de sardines grillées, de varech ou de crème solaire
… bordée par les vagues et l'horizon qui dans le ciel se fond
… ses rivages et ses mirages
… impudeur, affranchissement ou vulnérabilité des corps nus ou presque nus
… des corps d'une blancheur laiteuse, rougis, dorés ou bronzés
… lieu de péril, de commerce, de rencontres
… bordure, lisière, frontière, confins

Bains de soleil et bains de mer
Bain de foule ou confidentialité d'un rendez-vous amoureux

Éloge de la plage est un surprenant ouvrage truffé de références littéraires, cinématographiques ou artistiques, dans lequel Gregory le Floch nous présente son sujet (la plage) sous toutes ses coutures (historique, imaginaire, scientifique, musicale, picturale, géologique, culturelle, géométrique, surnaturelle, …)

“Oú commence et où finit la plage ?”
Pour le savoir emportez cet Éloge de la plage… à la plage 🏖️
Il vous instruira, vous fera rêver et voyager…
Mais ne tardez pas, car “le rivage s'érode, le sable fuit (…) Il y a deux siècles les fous ont ouvert le bal des bains de mer, notre folie contemporaine y mettra bientôt fin. “
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critiques presse (1)
LeMonde
28 juillet 2023
Entre essai littéraire et récit de voyage, Grégory Le Floch nous offre un « catalogue » personnel des rivages marins, lieux d’écriture privilégiés.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Que diront les générations futures du siècle prochain en regardant Arielle Dombasle courir sur le sable de Jullouville dans Pauline à la plage ? Que penseront-elles des tableaux d'Eugène Boudin et des portraits proustiens des jeunes filles en fleur ? Paysages de science-fiction ? Préhistoire ? Fake news ?
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Les premiers à fréquenter les plages sont les fous et les névrosés. Cela peut paraître étrange mais je ne suis pas surpris. Les fous ouvrent vraiment la voie. Ce sont eux qui débusquent la beauté, traquent les visions, malaxent et triturent la vie au péril de la leur jusqu'à ce que nous y percevions, nous autres, une petite trace de lumière.
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Et pourtant, bronzer, s'allonger sur une serviette, jouer dans le sable en maillot de bain sont des occupations récentes dans l'Histoire, Les contemporains du XVIe siècle ne se baignaient pas, ceux du Xviie ignoraient ce qu'était un maillot de bain....
(p, 26)
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Après la plage-salon, la plage -chambre-à-coucher, la plage-atelier, l'homme a donc créé la plage -dépôt-d'ordures. Et ici risque de s'arrêter l'histoire de notre littoral. Dégoûté, je suis sorti de l'eau et j'ai regardé la plage étouffer.

   Il y a deux siècles, les fous ont ouvert le bal des bains de mer, notre folie contemporaine y mettra bientôt fin.
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La plage est une sirène qui chante et nous attire jusqu'au bord du monde, où nous nous retrouvons désaxés, décentrés à sa merci. Tout peut nous arriver.
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Videos de Grégory Le Floch (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Grégory Le Floch
Avec Catherine Cusset, Lydie Salvayre, Grégory le Floch & Jakuta Alikavazovic Animé par Olivia Gesbert, rédactrice en chef de la NRF
Quatre critiques de la Nouvelle Revue Française, la prestigieuse revue littéraire de Gallimard, discutent ensemble de livres récemment parus. Libres de les avoir aimés ou pas aimés, ces écrivains, que vous connaissez à travers leurs livres, se retrouvent sur la scène de la Maison de la Poésie pour partager avec vous une expérience de lecteurs, leurs enthousiasmes ou leurs réserves, mais aussi un point de vue sur la littérature d'aujourd'hui. Comment un livre rencontre-t-il son époque ? Dans quelle histoire littéraire s'inscrit-il ? Cette lecture les a-t-elle transformés ? Ont-ils été touchés, convaincus par le style et les partis pris esthétiques de l'auteur ? Et vous ?
Au cours de cette soirée il devrait être question de Triste tigre de Neige Sinno (P.O.L.) ; American Mother de Colum McCann (Belfond), le murmure de Christian Bobin (Gallimard) ; le banquet des Empouses de Olga Tokarczuk (Noir sur Blanc).
À lire – Catherine Cusset, La définition du bonheur, Gallimard, 2021. Lydie Salvayre, Depuis toujours nous aimons les dimanches, le Seuil, 2024. Grégory le Floch, Éloge de la plage, Payot et Rivages, 2023. Jakuta Alikavazovic, Comme un ciel en nous, Coll. « Ma nuit au musée », Stock 2021.
Lumière par Valérie Allouche Son par Adrien Vicherat Direction technique par Guillaume Parra Captation par Claire Jarlan
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