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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Microfictions…
C'est ainsi que Gaëlle Josse a intitulé ces très courtes nouvelles qui courent sur 215 pages.
Généralement 2 à 3 pages par nouvelle, parfois une dizaine tout au plus.
L'art de la concision poussé à l'extrême.
Comme des poèmes, en quelques mots soigneusement choisis, tout est dit.
Les portraits brossés avec sensibilité et exactitude accrochent le lecteur, qui immédiatement s'attache, s'identifie, rêve, part dans un ailleurs.
Je suis entrée à chaque fois par effraction dans la vie de chacun des personnages, j'ai volé quelques pensées, les ai attrapées d'un geste rapide, puis les ai relâchées pour les admirer s'envoler en de brefs coups d'ailes. Je me suis glissée en silence derrière eux, je les ai observés regarder par la fenêtre à la nuit tombée, égarés dans leurs pensées.
Tout est poésie dans ces pages, dans le regard tendre et bienveillant posé sur tous les personnages qu'ils soient enfants ou âgés, masculins ou féminins.

En guise de transition entre chaque histoire ; quelques mots, une courte phrase, pensée, poésie.
« la nuit pont suspendu entre deux rives de mémoire, » (p.198)

J'ai été séduite par cette subtilité, ces instantanés de vie, j'aurais souhaité tourner d'autres pages pour plonger encore et encore, me balancer sur le fil du somnambule qui tangue entre fantasmagorie et réalité.
De Gaëlle Josse, je n'avais lu que La nuit des pères qui m'avait déplu, je suis ravie d'avoir persévéré avec cette autrice.
NB : le format petit livre est très pratique, il se glisse facilement dans un sac, et hop une microfiction lue en faisant la queue à la boulangerie ! donc vous n'avez pas l'argument « Mais, c'est un pavé ! » pour ne pas le lire. Imaginez un peu, vous allez être content de voir une file d'attente devant vous chez le dentiste ou aux caisses des magasins ; une opportunité en or pour découvrir de nouvelles microfictions-pépites !
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Une constellation d'étoiles
pour ce dernier écrit de Gaelle Josse.
Elle nous offre des dizaine de microfictions
qui interpellent tous les genres.
C'est un éventail très déployé de scénarii
polymorphes dont les points communs
sont la nuit, la brièveté du texte,
et les fenêtres... ouvertes, fermées, absentes,
des pare brises où se reflètent le monde
de nos attentes, de nos désirs, de nos peurs..
Fenêtres qui savent aussi renvoyer notre image...
Entre ces historiettes, en entractes, en ponctuation
une ligne ou deux de prose aux parfums d'haikus.
C'est un délice absolu de se fondre
dans toutes ces vies évoquées ici.
Les situations mises en scène
peuvent nous donner l'envie
de leur tricoter un avant ou, une suite,
ou de les laisser là où les a posées
l'auteure dans leur plénitude.
Mille Bravos!
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Miscellanées d'instants, de ceux qui, quand l'heure se fait plus louve que chienne, nous trouvent éveillés, campés à une fenêtre, scrutant un noir devenu chambre obscure où se dévoilent nos failles, nos joies, nos peurs et nos défaites.
De l'amour perdu à celui naissant, de l'apparition de la neige à la disparition de l'être aimé, ces heures sombres sont autant de fenêtres sur des bouts de vie possibles ou passés, réussis ou manqués.
Quel talent a Gaëlle Josse pour, en quelques phrases, donner à voir ces abîmes de mystère. Et quelle poésie aussi dans ces minuscules textes qui, tous, viennent évoquer une impression de déjà vu, une solidarité active pour ces fragments d'existence aussi fugaces que le rêve.
Par un heureux hasard, je suis "tombée " hier sur un court texte élaboré en atelier thérapeutique.

"La nuit invincible
Normalité invisible
précoce et féroce
couleur noir c'est noir
à travers la nuit
stimule don sortilège "

Cette nuit, me voilà à mon tour plantée à ma fenêtre. Je guette mes "heures sentinelles", celles qui se tapissent dans le silence feutré de ma rue, et les mots de Gaëlle Josse m'enveloppent et me bercent.
Je la découvre, cette auteure, avec ce court livre Et c'est une très belle découverte.
Trop vite lues, ces écharpes de nuit m'invitent à explorer une oeuvre où le temps et la nuit semblent tenir le haut du pavé. L'ombre de vos nuits, La nuit des pères, Les heures silencieuses, Une longue impatience, Ce matin là, Et recoudre le soleil.... Un inventaire à la Prévert pour dire l'étrangeté et la magie de ces heures sombres et silencieuses.
Et pour clore ce billet, cette phrase de Yasmine Khlat mise en incipit du livre.
" Vous savez, les gens ont l'air d'aller bien, mais chacun de nous a sa nuit."
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A quoi songent-ils? Eh bien à leurs regrets, à leurs amours, à leurs espoirs, à leur désespoir… Tout cela à la faveur du jour qui s'efface, d'une fenêtre à travers laquelle le regard plonge et se dissout, fenêtre de bar, de chambre d'hôtel, de voiture, de maison adorée…

Au départ, lorsque j'ai commencé ce livre d'une auteure que j'adore, je pensais pouvoir m'immiscer dans l'intimité de personnes insomniaques et m'y retrouver. Mais ces personnes dont un condensé de vie est décrit à un moment bien précis ne sont pas nécessairement en manque de sommeil. C'est le soir qu'on pénètre dans leur coeur, à ce moment précis où la lumière bascule et où s'insinuent dans le coeur une nostalgie ou un désir secrets. Ou alors le petit matin, quand le monde est encore silencieux et que les soucis et les aspirations accourent.

N'empêche, ce qui est raconté là est si humain, si authentique que je me suis laissé prendre au piège.
J'ai trouvé dans ces « micro-fictions » d'êtres tous différents de bien curieuses similitudes avec ma vie, mes tracas et mes attentes les plus intimes.

Le sommeil me fuit souvent, mais je sais ce qu'il me reste à faire dans ces cas-là : lire un bon livre, de préférence écrit de façon aussi poétique que le style de Gaëlle Josse.
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D'aucuns ( même l'auteure), appellent cette trentaine de petits textes « micro fictions », oui certainement ; je préfère y voir des bijoux de concision qui en 2ou3 pages résument l'état d'esprit des personnages au moment où ils abordent la nuit.
Du musicien qui sait qu'il vient de donner son dernier concert parce que sa mémoire le trahit, à la femme qui se retrouve seule et soulagée de l'être, à la frayeur qui s'empare d'une femme alors qu'un clown de plâtre l'observe dans une chambre d'amis ; autant d'instants pris à la volée , mélancoliques le plus souvent : la tombée de la nuit est propice à ces instants gris.
Pour ne rien gâcher les Edts Notabilia ont édité ce livre en un format parfait pour la prise en main et , une couleur de papier reposante qui en font un objet discret et élégant.
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J'ai aimé guetter les battements de la nuit.
C'est une contrée immense, la nuit, propice au vague à l'âme, au souvenir, à la solitude.
J'ai glissé d'un paysage à l'autre, lesté d'une prose poétique inépuisable, veilleuse de nuit à l'affût de pensées singulières issues de la mémoire de ce qui a été, n'est plus et tarde à naître. Je voyais où cheminer, les lieux décrits précisément : chambre d'hôtel, confessionnal, maison d'enfance...
Ronde de nuit autour de l'attente, du retour, de la rupture, de la déroute, le visage collé sur la vitre.
Nuit murmure, nuit manteau, nuit amère... tant de couleurs au noir piqué de lumières, phares sur le périph', minuterie dans une cage d'escalier.
Nuit de veille, rarement de réveil, toujours à sentir le temps couler, rendu immobile, silencieux.

Quand vient la nuit, où va le jour ?

Plus la peine d'insister avec le sommeil. Elle ou il se lève, contemple un paysage encore incertain, écoute une petite voix méditative, autant de prières muettes.
Enlace-moi. Je te veux. Je voudrais dormir près de toi.
La nuit, berceau d'une écriture si belle que je n'ai pas vu le jour décliner.



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À quoi songent-t-ils, ceux que le sommeil fuit permet à Gaëlle Josse de rassembler une série de nouvelles autour de la nuit. Comme des instantanés à un moment donné, l'écrivaine en propose une trentaine pour explorer toute l'amplitude des situations qui illustrent ce temps arrêté souvent de solitude, où le monde s'infiltre par une fenêtre.

La problématique de la nuit est récurrente dans l'oeuvre de Gaëlle Josse au point de la faire figurer dans plusieurs de ses titres. le prologue, précis et poétique, répond à la question posée. On imagine la voix de l'écrivaine la lire à notre oreille.

Sa démarche s'illustre dans cet extrait » Nos nuits éveillées parlent d'étreintes, d'une silhouette évanouie, d'un geste retrouvé, de solitudes accrochées à notre cou, de voix murmurées, de la couleur d'un mur sur une île saturée de lumière, d'une phrase recopiée de carnet en carnet, de l'attente d'un appel, d'un mot qui n'a pas été dit, d'un prénom qui nous hante encore.«

Ses saynètes font le lien avec notre propre mémoire. Toutes ces nuits de solitude où la vie s'est construite autour d'une décision, d'une compréhension, d'une peur à apaiser, de chagrins à étancher, d'un corps à apprivoiser, d'une peau à découvrir et des mots à trouver.

Gaëlle Josse les attrape et les offre en quelques lignes qui viendront toucher notre mémoire et retrouver un souvenir, illuminer notre corps de ce retour d'émotions qui nous avait marqués.

Une trentaine de situations autour de l'obscurité, souvent à l'intérieur de maisons, où la fenêtre symbolise le lien avec le monde. La nuit est le moment où la voix intérieure reprend sa place, où le chuchotement s'impose même dans une boîte de nuit, et où enfin, les masques tombent pour mettre à nu notre soif de vivre, même si la mort rôde.

Quelqu'un quelque part …
Avec beaucoup de poésie et de pudeur, Gaëlle Josse décrit les moments nocturnes où la vie est au coeur de nos préoccupations. Les derniers instants d'amour d'un homme avec sa femme mourante, une femme âgée qui attend les signes de vie dans la rue vide, la première nuit d'un couple dans leur nouvel appartement.

La vérité de nos engagements, même si ce n'est que pour une minute, est plus intense dans l'obscurité du monde. Gaëlle Josse immerge au coeur de la fin de la carrière d'un grand pianiste, au moment où un homme se retrouve de nouveau père, ou à l'instant où une jeune femme remporte la sélection pour un rôle, même secondaire.

Mais, Gaëlle Josse ne contourne pas les peurs, les cassures et les souffrances. Elle imagine un chirurgien commettant une erreur banale ou nous emmène auprès d'un enfant terrifié, blotti au fond du lit.

L'écrivaine se met elle-même en scène, reprenant son stylo, un soir de dédicace dans sa chambre d'hôtel, en confiant son besoin de se recréer un monde, celui des mots. « Peut-être écrit-elle ce lieu, aussi, celui qu'elle habite en rêve, là où les champs de blé viennent caresser la mer. »

Pour conclure
Venue à l'écriture par la poésie, Gaelle Josse apporte sa sensibilité à saisir l'ambiance de nos vies. Étudiés à l'école, ses textes sont devenus presque des classiques et sont traduits dans plusieurs langues.

En quelques lignes, en quelques mots, ses microfictions créent un monde où l'ambiance est posée, l'attention captivée, l'émotion libérée. Comme dans ses romans, l'intensité romanesque est préservée, malgré la concision. de l'exercice littéraire qu'elle s'est imposé, Gaëlle Josse révèle, avec sensibilité, tout son talent.

C'est varié, bien croqué et terriblement réaliste ! Semblables aux stories sur internet, les histoires s'énoncent. Comme un air familier, la phrase poétique les distingue. Elles sont toutes différentes mais captent une situation réaliste, issue de l'expérience de chacun. Et, puis, une autre, encore et encore. On ne peut s'arrêter qu'à la fin. Encore une réussite !

À offrir pour ceux qu'un roman effraie !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Un père songeant à sa fille partie vivre à l'autre bout du monde, un cadre qui se retrouve découragé dans un hôtel banal, un célèbre pianiste arrêtant sa carrière car la mémoire lui fait défaut, un homme repensant à la plus belle fille du lycée. Dans une série de microfictions, Gaelle Josse s'intéresse à des histoires, à des anonymes, à des villes, à des silhouettes, à des situations, de tous âges, de ceux que la nuit fuit..

Voilà pourquoi j'aime tant les livres de Gaelle Josse, grâce à sa plume si délicate, si mélancolique, si lumineuse, si légère, elle arrive à décrire des histoires banales, même de quelques lignes, pour en faire ressortir toute la poésie. Gaelle Josse prête sa plume a ceux que "le sommeil fuit" et que c'est beau !

La sensibilité de Gaelle Josse crée une ambiance réaliste, une poésie magique où on se laisse vite happer par la nuit en frissonnant de plaisir car comme chaque individu, on se raconte tous des histoires la nuit venue. le tout entrecoupé de petites phrases au milieu d'une page immaculée évoquant la nuit. Sublime !
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En lisant ces micro-fictions, reliées entre elles par des monostiches consacrés à la nuit, j'avais en tête ces vers de Paul Eluard

"Nous vivons dans l'oubli de nos métamorphoses
Le jour est paresseux mais la nuit est active
Un bol d'air à midi la nuit le filtre et l'use
La nuit ne laisse pas de poussière sur nous".

Mais chez Gaëlle Josse, pas de répit pour ces insomniaques que la nuit travaille . Il est souvent question ici de solitude et nos moyens de communication modernes ne font semble-t-il que l'exacerber, qu'on attende une sonnerie ou qu'on ait oublié d'enlever le mode silencieux...
Vieillard que l'usure du corps rattrape, enfants qui se croient responsables du départ d'un adulte, mais aussi père qui contemple , sans trop y croire , les reliefs d'un anniversaire témoignant de sa rédemption, tous ils nous émeuvent à leur façon.
Il est souvent question de fenêtres dans ces textes, transition vers l'ailleurs ou ouverture vers l'avenir, leur absence n'en devient que plus criante dans le dernier texte, qui, sans pathos, de manière poétique mais efficace,  dit la dureté d'un monde où l'on s'est habitué à la misère.
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Je suis littéralement tombée sous le charme de la plume de Gaëlle Josse que je découvre avec ce titre.

Dans ce recueil de nouvelles, l'autrice brosse une galerie de portraits de personnes ordinaires, capturant des instants touchants au coeur de la nuit. Sa plume est d'une grande beauté, empreinte d'une grande finesse, à la fois tendre, pudique et poétique. Ses mots sont doux comme des caresses, sa voix se fait murmure. Car c'est dans l'obscurité et le silence nocturne que les pensées, les souvenirs, les regrets et les peurs nous rattrapent. Ces histoires sont empreintes de sensibilité, et m'ont profondément touchée ; certaines ont résonné en moi. Je les ai d'abord savourées lentement et puis, je n'ai pu m'arrêter, les enchaînant en apnée, le coeur battant d'émotions. Que c'est beau !

Je suis impatiente de découvrir les autres récits de l'autrice. J'ai d'ailleurs La nuit des pères dans ma PAL, ce qui me remplie de joie.
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