- Je ne me retiendrai plus de pleurer, grand-mère. Plus jamais.
Sur le dos, mon portable contre mon cœur, je me laisse engloutir par la musique. Elle me fait du mal autant qu’elle me fait du bien. Elle me brise autant qu’elle me répare.
Ce qu’on avait me manque.
- […] Alors maintenant, explique-moi. Pourquoi t’es-tu mis à boire en plein milieu de l’après-midi ?
Je pourrais lui dire que c’est l’exemple que lui me donne. Et, dans le fond, c’est vrai que, à force de le voir boire si souvent, je me suis demandé si l’alcool avait la faculté de rendre heureux. Pourtant, je lui réponds simplement :
- Je ne sais pas, papa.
Peut-être que mon père ne buvait pas pour être plus heureux, comme je le croyais au départ, mais il devait bien avoir une raison. Au final, n’était-ce pas simplement pour parvenir à un semblant de paix dans sa tête ?
Est-ce que je suis une si mauvaise personne que ça ?
- Tu sais ce que tu as envie de faire ? l’interrogé-je d’une voix douce.
Lentement, elle secoue la tête. Je ne l’ai jamais vue aussi vulnérable.
À sa place, je ne pourrais pas décider non plus. Pas comme ça, pas pour quelque chose de si important qui impactera le reste de mon existence. Peut-elle qu’elle a simplement besoin de quelqu’un qui lui tienne la main, quel que soit son choix.
- Bonsoir, Vivian, la salué-je en arrivant à son niveau. Ça me fait plaisir de te voir.
- Plaisir partagé, mon chéri, répond-elle avec douceur.
Tout en ôtant ses maniques, elle dépose un baiser sur mon front. Ce simple contact, si familier, donne un grand coup dans le barrage que j’ai érigé pour contenir la tornade d’émotions qui fait rage en moi.
Mais la barrière tient bon, comme toujours. Je n’ai pas le droit de la laisser s’effondrer.
Je voulais trouver du réconfort auprès d’elle, parce que c’est ce qu’elle est : mon refuge.
Je veux croire que les erreurs de mon passé ne me définissent pas, alors il faut aussi que j’accepte que ses erreurs ne la définissent pas non plus.