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EAN : 9782081289307
349 pages
Flammarion (11/05/2013)
4.42/5   12 notes
Résumé :
Née en Arles en 1949, lauréate du prix Artaud, Chantal Dupuy-Dunier est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages, publiés notamment à la Bartavelle et aux éditions Voix d'encre. La collection Poésie/Flammarion a accueilli en 2009 son précédent recueil : Ephéméride.

Il pleut,
magie à laquelle nul ne s'attarde.

Rien ne se crée,
pas même la goutte d'eau,
inlassable,
traçant le même texte depuis des millénaires.<... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Mille grues de papier nous invite à un vertige poétique.
L'histoire de ce recueil, sa genèse, disent déjà cette beauté d'un geste poétique et empli d'humanité. Ce sont 644 poèmes écrits avec beauté par Chantal Dupuy-Dunier que j'ai découvert sur Babelio grâce à quelques amis. Merci à eux.
Oui la beauté est là, à chaque page. Et si la beauté est parfois et souvent douloureuse, elle continue néanmoins de s'appeler ainsi.
L'objet de ce recueil repose sur une histoire vraie, émouvante, tragique.
Ainsi, Sadako Sasaki, fillette leucémique irradiée à Hiroshima, tenta de plier mille grues de papier pour que, selon le proverbe, son voeu : "continuer à vivre" se réalise. Avant de mourir, sans dévier de son but, elle parvint à réaliser 644 de ces oiseaux hautement symboliques au Japon. Malheureusement, elle ne parvint pas jusqu'au bout.
Ce sont les enfants de sa classe qui confectionnèrent les origamis manquants afin de parvenir jusqu'à mille.
À l'image de Sadako, Chantal Dupuy-Dunier eut cette magnifique idée de plier et déplier des mots sur précisément 644 poèmes, pas un de plus. Elle voulut s'arrêter là où la vie de Sadako Sasaki n'alla pas plus loin.
Chantal Dupuy-Dunier pose ainsi des poèmes très courts, parfois de la taille d'un haiku ou quelque chose qui y ressemble. Parfois ils sont plus longs...
Au-delà de l'exercice de style, il faut y voir un acte poétique magnifique dans cet accomplissement.
Beaucoup de ces très courts poèmes sont des pépites qui m'ont enchanté.

« Il est l'heure
où la forêt se fond dans la nuit,
S'éloigne de son apparence de forêt.
L'heure
où ses doigts d'arbres
caressent un autre signifiant,
creusent le puits de l'invisible,
qui pourrait conduire à ... »

La vie et la mort effleurent ces poèmes.
Ils disent la naissance du monde, la lumière, les vagabondages, les chevaux de bois qui s'élèvent, des printemps où il pleut, l'évocation d'un poème de Pierre Reverdy, le vent, une barque mise à l'eau, un ciel qui traîne, et nous autres dans cette confusion magnifique...
À mon tour, j'ai plié et déplié ces mots mille fois beaux, dits pour Sadako, dits peut-être pour empêcher les guerres à venir.
Nous savons qu'ils sont dédiés à Sadako, cette enfant d'Hiroshima, morte à cause de la guerre là-bas et de la bombe, malgré les soins qui lui fut prodigués.
Comme c'est beau la poésie qui dit cela...
Dans cet acte poétique magnifique, j'ai rêvé naïvement durant un instant que les mots pouvaient arrêter les guerres.

« Me frayant un passage à travers l'ombre,
je vole,
livres déployés,
Projet ancestral,
Atteindre cette terre utopique. »

La grâce des mots de cette poésie me fait pénétrer dans cette terre utopique, rejoindre l'âme de Sadako.
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" Quiconque plie mille grues de papier
verra son voeu exaucé"

Proverbe japonais.

Quel recueil émouvant, quel projet généreux et plein d'humanité a tenté et réussi, je trouve, Chantal Dupuy-Dunier! Et quel bel hommage à la petite Sadako, leucémique irradiée, qui a plié 644 origamis, avant de mourir. Les enfants de sa classe ont ensuite poursuivi son défi jusqu'à mille.

L'auteure a donc" plié " 644 poémes. Je ne suis pas entrée tout de suite dans son univers, un peu déroutant parfois; j'ai dû procéder par étapes. Mais plus j'ai lu ce recueil, plus je l'ai aimé. La grue se fait au début engin de travaux aperçu par la fenêtre urbaine, elle devient ensuite oiseau du ciel ou de papier. le destin touchant de Sadako est toujours présent en filigrane. La vie de l'auteure, surtout ses souvenirs d'enfance qui la relient à la fillette, apparaissent par touches, en parallèle. Elle évoque notamment le compagnon de sa mère , qui se meurt de la même maladie que Sadako.

Les poèmes courts, parfois presque des haikus, même s'ils font évidemment souvent référence à la mort, peuvent prendre un aspect de légèreté assez déconcertant. Une douceur qui apaise l'âme.

" Les grues végétales des collines
édifient le ciel
nuage après nuage"

Mais ils n'édulcorent rien:

" Ce soir , j'écris au scalpel
et l'encre pisse, hémorragique"

C'est une oeuvre poétique singulière et poignante, et une manière magnifique de maintenir en vie, par les mots, la petite Sadako.
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Ouvrir un recueil de poésies. Être nez à nez avec ça :

« Sadako Sasaki, fillette leucémique irradiée à Hiroshima, tenta de plier 1000 grues de papier pour que, selon le proverbe, son voeu : "continuer à vivre" se réalise. Avant de mourir, sans dévier de son but, elle parvint à réaliser 644 de ces oiseaux hautement symboliques au Japon.
Ce sont les enfants de sa classe qui confectionnèrent les origamis manquants afin de parvenir jusqu'à mille.
A l'image de Sadako, j'ai « plié » 644 poèmes.
Comme elle, je me suis arrêtée à ce chiffre afin de marquer l'impossibilité dans laquelle se trouve l'homme d'aller jusqu'au bout de ses projets, l'écrivain d'achever son oeuvre. »

Ne plus décoller les yeux des lignes, des blancs, des pleins et des points. Retenir son souffle. Accélérez la lecture pour faire naître les résonances dans notre oreille. Posez le rythme. Ralentir.
Soufflez entre deux mots. Entre deux vers. Faire naître en nous les images et les graver dans notre esprit. Visualiser ces mille grues de papier, ces mille grues rêvées. Sadako et ses petits doigts blancs, fébriles face au décompte, déterminés face au projet. Voeu de vie.

J'aimerai vous parler de Louis provençal aux galéjades à la Raimu, du nodule qui ronge l'espoir autant que le corps, des belles images de la mère, de sa solitude, du père « avant », des odeurs et des chants du pays et de cette armoire reléguée au couloir, esseulée elle aussi... des grues dans la ville, des oiseaux bengalis, du soleil rouge, de la neige d'origami et des talons aiguilles sur les heures du trottoir...
644 grues orphelines.
Mais je ne vous dirais qu'une seule chose.
Ouvrez « mille grues de papier » ! Ouvrez-le !
...
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Citations et extraits (42) Voir plus Ajouter une citation
34
     
Cet autre matin,
les grues « aux doigts de roses »…
Supplice du ciel,
raffiné,
lorsque le sang des nuages
se transforme en essence,
     
jusqu’à la jouissance.
     
-
     
96
     
C’est une feuille morte
que Sadako a pliée cette fois,
grue aux ailes rognées.
     
Ailes marron-vertes avec des nervures,
dentelles par endroits.
     
-
     
549
     
Au bas du pré,
deux oiseaux prennent leur envol.
Une lettre redouble sa consonne verticale
depuis les âges marécageux.
     
Écriture désaltérée,
à même l’origine,
la mémoire,
le temps étale.
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635
Il pleut des grues d'origami
sur la couverture en coton d'un lit d’hôpital,
au long des couloirs blancs,
dans les paumes ouvertes du visiteur.

Il pleut de vrais oiseaux dans les rêves.

Dans les rêves,
on parviendrait à compter jusqu'à mille,
à aller jusqu'au bout du voyage.
Dans les rêves, on pourrait...

639
L'enfant galope
sur un coursier de papier
en direction de Samarkand.

Dans un poème,
Sadako plie une dernière grue.
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Une araignée tisse la lumière
A l’angle d’une fenêtre.
Lumière carnassière
Dernier vol d’une mouche
L’épeire descend les marches de soie
Jusqu’à sa proie qui vibre

La mort est belle ce matin
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Sphères évanescentes des fleurs de pissenlits
infléchies par le vent.
Plumes végétales.
Des notes vertes
volent sur la portée des branches.
Un accord de genêts s'élève,
sauvage.
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Je brouillerais les cartes de l'alphabet.
Plus rien ne serait " à sa place ".
Dans un bain de boue,
on verrait s'ébattre les mots.
Cure de jouvence pour leur peau.

Je caresse ta joue,
tes yeux de cèdre bleu,
ce cil original qui dépasse les autres.

Tout deviendrait tactile.
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