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sur 804 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La nuit encore, la nuit toujours. Dans le Fond du Puits, il semble peu probable que ses rayons réussissent à percer la poix, la noirceur. Non celle de la nuit mais plus ténébreuse encore, celle que renferment les hommes qui y vivent, bien qu'humains, ils ne méritent pas tous d'être nommés ainsi. Eux qui vivent là où les rêves finissent échoués sur un banc de sable, telle une baleine à l'agonie.

Le fils de la guérisseuse la voit, il ne voit que ça. Non avec ses yeux mais avec son corps. Sa mère lui a appris à voir, au-delà du visible, ce qui est, ce qui fut, ce qu'aucun autre ne sait observer.
L'homme aux épaules rouge a tant détruit, tant souillé ces femmes, méprisant leur féminité, méprisant la vie.
Les forces et les saccages du passé agissent malheureusement également sur le présent, rien ne peut les étouffer, aucun placard se saurait étouffer les cris antérieurs à celui qui entend la langue des choses cachées, celle qui répare, celle qui brise, celle qui enflamme tout, celle qui suit son propre plan.

Ce qui n'est pas dit est plus terrible encore que ce qui est évoqué.
Un récit flamboyant, lu en apnée, d'une traite, comme hypnotisé par le feu dans ce qu'il a de plus beau et de plus terrible. L'écriture de Cécile Coulon sait où frapper, et elle frappe fort et vise juste, en plein coeur brisé.
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Parlez vous la langue des choses cachées ?

Il existe sur la Terre, des êtres susceptibles de voir, d'entendre, de percevoir l'indicible.
La Mère, tous la connaisse. Elle prend de multiples apparences. Mais on la reconnait de loin. Elle guérit l'invisible. Elle soigne les maux. Elle connait les remèdes. Elle parle la langue des choses cachées. Inlassablement, chaque jour, elle transmet son savoir à son Fils. Pour qu'il puisse à son tour arpenter la Terre et réparer les autres.

La langue des choses cachées recèle un trésor.
Un conte puissant qui se lie d'une traite, brutalement, comme si notre sort en dépendait.
Un roman qui fleurte avec le fantastique et l'invisible.
Un livre que le lecteur fixe, des tournures poignantes, presque animales qu'il ancre au fil des pages.
La langue des choses cachées, une langue que beaucoup devrait parler, pour éclairer la noirceur humaine.
Une frêle luminosité qui persiste, qui rejette le chaos.

Merci Cécile Coulon pour ce roman d'une puissance vertigineuse.
Je l'ai refermé, à contrecoeur, mes émotions sans dessus dessous, comme si la fièvre m'avait prise. Ma première pensée : "J'aurai voulu l'écrire".
Le talent ne requiert pas forcément d'écrire des pages et des pages : Il suffit seulement de conter l'indicible.
Bravo !

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Prologue et épilogue encadrent une fiction qui fonctionne comme un conte en soulignant sa portée morale et philosophique.
Dans un lieu et un temps indéterminés, la Mère a appris au Fils la langue des choses cachées. Vieillissante, elle l'envoie seul au chevet d'un enfant mourant, dans le hameau le Fond du Puits.
Là le fils entend les voix du passé, les cris des femmes étouffés des générations précédentes, la violence du père. Il reconstitue ce qu'a fait la Mère il y a 20 ans pour effacer les conséquences immédiates de cette violence et va modifier le cours des choses. Son action est alors semblable à la mort qui semble agir aveuglément mais rétablit un autre équilibre.
De courts chapitres d'une prose poétique parfois incantatoire qui dénoncent toutes les turpitudes de la condition humaine et le poids du silence.
L'écrivaine se doit de mettre en mots les choses cachées. Merci Cécile Coulon.
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Nouveauté de cet hiver 2024, je renoue avec Cécile Coulon que j'avais déjà lu et aimé avec Une bête au Paradis. La langue des choses cachées est un titre qui me plaît bien et une couverture tout autant séduisante. Alors j'en profite.

Avec ce roman, je retrouve son univers, cette ruralité brute faite de personnes écorchées par la vie comme par les autres, fatiguées par une forme d'isolement où la promiscuité noue les drames intime du quotidien et cache l'indicible dans une entre-soi nauséeux. La langue de Cécile Coulon, en poétesse accomplie s'accorde à la grâce de cette simplicité et rend parfaitement le malaise du vice latent.

La langue des choses cachées est de ces contes noirs et magnifiques qui remuent, qui prends les tripes pour les mettre sur une table de bois lardées des blessures salies de sa fonction. Cécile Coulon remue la boue et nous éclabousse de sa prose nerveuse et impudique.

J'ai aimé cette intrigue simple, cette touche de magie, ses personnages comme autant d'archétypes à déboulonner. J'ai aimé être écoeuré. J'ai aimé souffrir. J'ai aimé vivre ce roman et pour ça, merci.
Lien : http://livrepoche.fr/la-lang..
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Coupeurs de Feu 🔥 

La langue des choses cachées.

Une touche de gothique,  un soupçon de sacré, une lanque  poétique, une ambiance sombre et lumineuse à la fois, le tout dessine un merveilleux  et fascinant conte initiatique. Entre les mots de Cécile Coulon se glissent la noirceur de nos âmes, les tourments d'hommes et de femmes, la violence et les cris, oppressants, de certains, le silence des autres ; le trait d'union, ici, ce jeune "rebouteux", formé par sa mère, vieillissante, qui vient de se retirer . Il vient d'être appelé, justement, et pour la première fois, il sera seul maître à bord. Semeur d'espoir. D'équilibre.

Le temps d'une nuit, dans la nature, au Fond du Puits, un enchantement. Superbe !

Merci Cécile Coulon.
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Oh cet art du conte que nous offre encore Cécile Coulon dans ce livre .
Une impression permanente à la lecture d'être plongée par la puissance allégorique et l'intrigue dans un conte d'avant le vingtième siècle... on pourrait oui se croire dans un temps et un espace du passé lointain, dans les vies ordinaires des femmes, des hommes, des enfants, des "bêtes"...
Et pourtant, le sujet est si brûlant d'actualité : la violence humaine , et qui pour faire rempart à celle-ci, pour "rétablir l'équilibre, l'ordre du monde..."

Ici, un fils ayant appris auprès de sa mère des dons de guérisseurs fait justice...

Vraiment, Cécile Coulon est la seule conteuse contemporaine que je connaisse jusqu'à maintenant en littérature française. Et, je suis bluffée par son talent, ayant lu ses deux précédents livres...
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Alors que la nuit s'étend délicatement, s'immisce dans chaque recoin, et recouvre les dernières lueurs d'un jour mourant, un jeune guérisseur arrive dans un village. Il est immédiatement frappé par des visions du passé. du sang, des cris, de la violence. Des vies ont été prises et d'autres bafouées. La langue des choses cachées lui livre les noirs secrets des villageois et l'erreur commise des années plutôt par sa mère.

Avec un lyrisme incroyable, Cécile Coulon enferme le lecteur dans un huis clos hors du temps, qui durera jusqu'à ce que le jour renaisse. Poésie brutalisante, sublime et terrifiante, venez écouter la langues des choses cachées et embarquez pour un voyage mystérieux.
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Il reste de nos cris une poussière qui se love entre les pierres, s'agglomerant aux souffrances multipliées au travers des générations. Il subsiste quelque part des milliers de making-off jamais diffusés, encombrant des esprits catacombes. Seuls quelques explorateurs se risquent à traduire ce langage des choses cachées. 


Cécile Coulon nous conte la légende d'une mère dotée de ce don, et de son fils qu'elle forme en apprenti. Une mère qui se meurt d'avoir tant absorbé de coups passés et de vermine enfouie. Alors son fils se rend au Fond du puits, dans ce hameau encaissé où les âmes s'écrasent entre les collines sombres.


Ce roman court vous est soufflé au coin du feu, par une voix sage qui raconte les hommes violents et les plaies béantes. La poésie fermement tissée par l'auteure nous pousse à aimer et hurler avec ses êtres imparfaits, dans cette campagne quelconque, qui représente l'humanité toute entière. 


"Car c'est ainsi que les hommes naissent, vivent et disparaissent, en prenant avec les cieux de funestes engagements : leurs mains caressent et déchirent, rendent la peau si douce qu'on y plonge facilement des lances et des épées. Rien ne les effraie sinon leur propre mort, leurs doigts sont plus courts que ceux des grands singes, leurs ongles moins tranchants que ceux des petits chiens, pourtant ils avilissent bêtes et prairies, ils prennent les rivières, les arbres ruines du vieux monde. Ils prennent, oui, avec une avidité de nouveau-né et une violence de dieu malade, ils posent les yeux sur un carré d'ombre et, par ce regard, l'ombre leur appartient et le soleil leur doit sa lumière et sa chaleur. Ils se nourrissent des légendes qui font la terre ronde et trouée, le ciel bleu et fauve, ils construisent des Vlles géantes pour des vies minuscules et la haine de cette petitesse les pousse à toutes les grandeurs. En amour, ils ne comprennent rien aux secousses du coeur et du sexe, ils tentent de les apaiser, leurs forces sont fragiles, leurs corps mal préparés aux tempêtes des sentiments. IIs ont trouvé un langage pour tout dire ; avec ce trésor, ils s'épuisent à convaincre qu'ils sont les chefs, les puissants, les vainqueurs. 

Qu'importe qu'ils violent des femmes, des enfants, des frères ou des inconnus, qu'importe qu'ils vident des océans et remplissent des charniers, tout est voué à finir dans un livre, un musée, une salle de classe, tout sera transformé en statue, en compétition, en documentaire. Alors, qu'importe qu'ils incendient des bibliothèques, des villages et des pays entiers, qu'ils martyrisent ceux qu'ils aiment, il faut pour vaincre tout brûler, et regarder les flammes monter au-dessus des forêts jusqu'à ce qu'elles forment sous l'orbe des nuages de grandes lettres illisibles. Qu'importe qu'ils passent sur cette terre plus vite qu'un arbre, une maison, une tortue ou un rivage, ils sont si beaux, avec leurs yeux pleins d'amour et leurs mains pleines de sang, ils sont si beaux, avec leurs corps comme des brindilles, ils se tiennent droit, ils imitent les falaises, ils se croient montagnes ou sommets, ils sont si beaux dans leur soif capable de tarir les sources les plus anciennes, ils sont si beaux dans la timidité du premier baiser, cela ne dure qu'une seconde mais après ils ne seront plus jamais grands. Oui, c'est ainsi que les hommes naissent, vivent et disparaissent. 

Au milieu de cette foule aveugle, titubante, certains comprennent les choses cachées. Ils devinent en silence les grands tremblements du corps, les affaissements soudains du sang, ils pos- sèdent le don, la force. Ils se mêlent aux autres et les soignent, les apaisent, ils ressemblent à des hommes et des femmes mais ils portent en eux des décennies de douleur et de joie, ils connaissent le feu, ils l'ont en eux, ils maîtrisent les flammes. Comme des chiens de berger autour d'un troupeau affolé par l'orage, ces gens-là s'approchent d'un corps et immédiatement le corps parle avec eux, S'exprime, ils entendent, écoutent, répondent, ils guérissent, dans un fond de ferme, près d'un Iit sale, à côté d'un berceau cassé, ils guérissent, voilà, on les appelle pour cela, mais autre chose que nous ne comprenons pas. Cest bien Ils ont appris, très tôt, la langue des choses cachées."

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Un jeune homme arrive à la tombée du jour dans le petit village reculé "Le fond du Puits", c'est sa mère qu'on avait appelé mais celle-ci trop vieille envoie son fils pour la première fois.

Il est nommé "coupeur de feu", "guérisseur", "rebouteux", "sorcier", il porte le don transmis de mère en fils, celui d'entendre la langue cachée des choses et de rétablir l'équilibre des choses. Il est celui que l'on appelle lorsque les hommes ne savent pas trop où demander de l'aide.

Jusque là, son rôle était d'observer sa mère, apprendre les gestes qui soignent, réparent ce que les hommes ont abîmé, accompagner la mort. On a appelé sa mère et c'est lui qui vient seul pour la première fois.

Il sait qu'il ne doit pas laisser de trace de son passage, n'écouter qu'une demande à la fois mais comme à chaque première fois cela ne se passe pas comme on l'entend. Il va désobéir, transgresser la règle.

C'est un jeune homme sortant de l'adolescence qui arrive sans expérience. Il repartira transformé, mûri, conscient de la violence des hommes et de la souffrance des femmes, de la notion de vengeance, mais aussi de l'équilibre fragile qui peut à tout moment se renverser.

C'est un conte noir sur la nature et ses mystères, les héritages et leurs violences que nous propose Cécile Coulon. Un texte sublime, magnifique !

Ce conte noir aux allures fantastiques va à l'essentiel, un récit intense qui parle de la nature humaine, de l'homme capable du meilleur comme du pire ! Il est question de la dualité de l'être , l'homme à la fois monstre et coeur tendre, rempli de noirceur et d'amour.

Cécile Coulon va au coeur des choses avec des mots choisis d'une force et d'une poésie incroyables. Une écriture épurée, un texte magnifique resseré d'une puissance incroyable.

C'est sublime.

Un énorme coup de coeur ♥♥♥♥♥




Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
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Paie ta chronique.

J'ai lu ça et c'était fou.
Un conte noir, très noir, sur les rebouteux, les coupeurs de feux et autres guérisseurs, sur un village au fin fond d'une vallée sans lumière. Un roman sur l'équilibre des choses, sur ce qui le perturbe et sur comment le rétablir.
Bouffé en 2h.
À intercaler entre "Soudain dans la forêt profonde" d'Amos Oz, "Reste" d'Adeline Dieudonné et "L'éventreuse" de Stéphanie Glassey (chez Gore des Alpes)
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