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sur 766 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est le premier roman que je lis de l'auteure. Elle nous plonge dans univers d'une extrême noirceur, une histoire hors norme, une situation atypique, Elle nous entraîne dans les méandres de la folie humaine, dans un monde de violence, un monde de désillusions , de vengeance. L'auteure use d'un vocabulaire riche, et avec une grande dextérité , elle place les mots , là ou il faut quand il le faut, faisant ressortir le coté obscur, glaçant de l'histoire, cet univers mystique, fantastique, ésotérisme. Elle a travaillé la psychologie des personnages en profondeur certains dégageants de l'empathie, d'autres sont détestables .La plume de l'auteure est percutante, subtile, sensible et poétique. L'histoire se déroule dans un village celui du "Fond du Puits". Un village qui fait appel au guérisseur "Le fils" ,celui qui doit soigner un enfant malade, "Le fils" remplace sa mère, celle qui lui a enseigné les coutumes ancestrales de la guérison. le "fils " qui va se retrouver seul face à cette situation, lui qui est présent pour soigner, lui qui va découvrir une erreur du passé engendré par sa mère , qui va changer le court de sa vie, transgresser, bien malgré lui, l' enseignement qu'il a reçu. Messager de " La langue des choses du passé " se trouve face à la réalité immonde de la vie . Un roman court, un roman qui fait peur , qui fait réfléchir . L'auteure signe un livre un récit , époustouflant, Une belle découverte.
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J'ai aimé ce court roman incandescent aux allures de conte noir.
Quel lyrisme, quel pouvoir évocateur et quelle intensité dans cette écriture! Un texte crépusculaire certes mais nimbé de poésie.
Il débute par une vision apocalyptique de l'humanité à la fois angoissante et magnifique.
Le récit, vif et empreint d'ésotérisme, devient vite intrigant voire par moment malaisant, on ne sait pas trop où Cecile Coulon veut nous mener mais on ne lâche pas pour autant son écriture hypnotique. On la suivra dans un dédale bien sombre jusqu'au tréfonds de l'âme humaine dans sa part la plus noire.
Le Fonds du Puits. C'est au sein de ce lugubre hameau isolé avalé par les ombres où le soleil ne pénètre jamais, qu'un jeune homme « le fils » possédant un don de guérisseur transmis par sa mère doit se rendre une nuit afin de soulager un enfant gravement malade. À l'origine c'est sa mère que les âmes perdues appellent mais désormais trop âgée pour se déplacer elle envoie son fils à sa place. Ce sera son baptême du feu.
Guidé par son instinct il se dirige non sans crainte vers cette étrange contrée.
Accueilli par un prêtre peu avenant tous deux traversent la nature hostile et le village sans vie jusqu'à la demeure de l'enfant malade. Une inquiétude sourde y plane, « le fils » est assailli par des visions, submergé par le mal (/mâle) qui règne en ces lieux et suinte de toutes parts. L'Atmosphère est viciée et menaçante, il perçoit des vibrations et des choses indicibles : « les choses cachées ».
Ses visions le confrontent à un drame qui se joue depuis des décennies dans cet endroit où la cruauté des hommes se perpétue au détriment de l'innocence.
Le destin va frapper à la porte et un rebondissement provoquer une lutte intérieure, « le fils » sera mis à l'épreuve et peut-être contraint de transgresser les règles édictées par sa mère… La fin est surprenante.
C'est un roman initiatique et métaphorique, un texte incantatoire sur la transmission bien sûr, mais aussi sur les conséquences de la violence dissimulée, sur la vengeance, la part d'ombre et de lumière en chacun de nous.
Poétiquement glaçant.
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« Au milieu de cette foule aveugle, titubante, certains comprennent les choses cachées. »

Dans les dédales obscurs et les sombres parfums d'une époque reculée, « le fils » a reçu de sa mère le don de saisir le sens des choses cachées, un don qui s'accompagne du don de guérir, et qui fait de lui, celui que l'on appelle lorsque la mort rôde.

C'est la première fois que « la mère » usée par les ans, l'envoie seul au « Fonds du Puits » pour soigner un enfant atteint d'un mal mystérieux.

Après une longue marche dans les forêts, il est accueilli à la nuit tombée par le prêtre du lieu qui l'attend devant « la croix plantée dans un rocher gris ».

En entrant dans la maison, où le père de l'enfant mourant se ronge les sangs, « le fils » saisit que le mal a frappé la demeure qu'il vient de pénétrer. La table de la salle à manger lui apparaît pour ce qu'elle est : le lieu maudit des multiples viols commis par un homme violent, « d'une laideur de fond de village ».

En découvrant le fils malade, le guérisseur pense un instant qu'il est arrivé trop tard et que la mort a déjà englouti le petit être innocent.

« L'enfant est d'une beauté stupéfiante : la maladie le rend plus lumineux, sa peau semble faite d'un papier d'église (...) ; la vie résiste sur ses lèvres, la chaleur vient de là, le reste du corps s'épuise, mais « le fils » reconnaît un souffle, une force si légère qu'il faut un homme comme lui pour la reconnaître ».

« Le fils » accomplit en secret sa mission et promet à son père que son enfant vivra. Son devoir est clair, il doit à présent rentrer au plus vite auprès de sa mère. Mais la main insistante d'un autre enfant frappe à la porte de son logis de fortune. « Le fils » rompt sa promesse filiale de ne jamais laisser de trace de son passage et accepte de suivre l'enfant qui le mène auprès de sa tante qui souffre d'un mal mystérieux.

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« La langue des choses cachées » nous emporte dans un temps qui semble révolu. Un temps d'hommes cruels et durs à la tâche. Un temps qui semble coïncider avec celui de la chanson de Bob Dylan, « Shelter for the storm », qui commence ainsi :

« It was in another lifetime, one of toil and blood
When blackness was a virtue the road was full of mud
I came in from the wilderness, a creature void of form
Come in, she said
I'll give you shelter from the storm »

Un temps reculé et sauvage, où les hommes s'en remettent aux pouvoirs mystérieux de ceux qui parlent la langue des choses cachées pour venir soigner leur corps et leurs âmes meurtris.

Le style du nouvel opus de Cécile Coulon fait immédiatement mouche et nous transporte dans cette époque de peine et de sang, où la noirceur est une vertu et la route couverte de boue, qu'évoque la chanson de Dylan.

L'auteure pose le décor de son terrible récit avec une maestria qui laisse coi et nous plonge dans la psyché tourmentée du « fils » qui affronte sa première mission de guérisseur. En rompant le serment qu'il a fait à sa mère de s'en tenir à sa mission première et en suivant le jeune neveu insistant, il va plonger dans les entrailles des terribles secrets que recèle « le Fonds du puits ».

« La langue des choses cachées » n'est pas seulement une immersion dans un monde cruel, violent, mystérieux. Il nous retrace également le parcours initiatique d'un jeune guérisseur, à qui les objets content les ignominies qui se sont déroulées autour d'eux. Un jeune homme en proie au doute, qui en apprendra plus qu'il ne devrait sur les indicibles secrets du lieu où on l'a convié.

Récit glaçant, nimbé d'une poésie étrange, le nouveau roman de Cécile Coulon invente une langue brute et âpre qui nous conduit dans un monde oublié, où s'affrontent le bien et le mal, un monde sauvage qui gronde au creux de notre âme de lecteur hypnotisé par « La langue des choses cachées ».

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« Car c'est ainsi que les hommes naissent, vivent et disparaissent, en prenant avec les cieux de funestes engagements : leurs mains caressent et déchirent, rendent la peau si douce qu'on y plonge facilement des lances et des épées. Rien ne les effraie sinon leur propre mort, leurs doigts sont plus courts que ceux des grands singes, leurs ongles moins tranchants que ceux des petits chiens, pourtant ils avilissent bêtes et prairies, ils prennent les rivières, les arbres et les ruines du vieux monde. Ils prennent, oui, avec une avidité de nouveau-né et une violence de dieu malade, ils posent les yeux sur un carré d'ombre et, par ce regard, l'ombre leur appartient et le soleil leur doit sa lumière et sa chaleur. »

Le conte est cruel, la plume acérée . Une histoire de filiation, de transmission et d'émancipation.
Et une plongée dans la noirceur humaine
Un texte envoûtant
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Gardienne d'un savoir ancestral, la Mère sait la langue des choses cachées, Elle vient lorsqu'on l'appelle, dans les endroits reculés, désertés par les médecins. Elle est le dernier recours, l'ultime rempart contre la mort. Mais la mère se fait vieille à présent, courbée par le poids de la fatigue et de la misère des hommes, elle a formé son fils pour prendre sa relève. Avec cette première mission en solitaire, qui le mène au Fond du Puits, dans un hameau marqué par les drames et les secrets, le jeune homme, sensible et empathique, s'apprête à passer son baptême du feu, pour le meilleur… mais peut-être aussi pour le pire…

Quelle est envoûtante la plume de Cécile Coulon. Elle nous cueille en quelques phrases bien senties, vibrantes d'une puissante force évocatrice, pour ne plus nous lâcher, le temps, trop court, d'une parenthèse à la fois enchantée et terrifiante. Car ici, la poésie de la langue, n'est là que pour mieux révéler la noirceur du coeur des hommes. Dans ce village où “les hommes ont été plus violents encore que sur des champs de bataille”, l'horreur et l'indicible se dissimulent près de l'âtre, au sein même du foyer…

Hommes bourreaux, femmes victimes, colère muselée trop longtemps, le fils, malgré son inexpérience mais avec toute sa compréhension du monde, est là pour réparer ce qui a été brisé, rétablir l'équilibre rompu par de mauvaises décisions… Il en ressort un texte puissant, fascinant, empreint de fantastique, qui se lit comme un conte cruel. Un texte court mais extrêmement rythmé, qui se lit d'une traite mais nous appelle à revenir saisir quelques bribes, pour la beauté des mots qui tintent à l'oreille, ou pour la puissance des émotions qu'ils soulèvent. Un roman étonnant, comme habité, qui ne laissera pas indifférent…
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L'essentiel est de juger un texte sur sa puissance, davantage que sur sa longueur. Même si, pour moi, La Langue des choses cachées s'apparente davantage une longue nouvelle, ce conte cruel marque par la qualité de l'écriture de Cécile Coulon et la puissance de ce qu'elle dégage.

130 pages à lire d'une traite, plongé dans le coeur de la noirceur des Hommes.

Le récit est tout d'abord une ambiance, sombre à l'instar de l'endroit où il se situe, un village perdu qui ne voit jamais le soleil, flirtant parfois avec le fantastique. Il est ensuite poésie, grâce à une écriture qui s'envole au-dessus de ces terres arides et ténébreuses, mais qui sait frapper dur. Il est vivant grâce à ses personnages, atypiques, vibrants, marquants.

Oui, c'est bien un conte, écrit avec une langue à l'ancienne, même si on comprend vite qu'il est compliqué de dater le moment de l'action.

Cette histoire âpre mais élevée par la plume, terrifiante par ce qu'elle sous-tend, est d'une sensibilité à donner des frissons.

L'autrice dit l'ignominie avec pudeur, les atrocités n'en sont que plus prégnantes. Mais elle sait aussi frapper fort, frayant même avec l'horrifique, pesant les mots, jouant avec eux.

Et en creux, l'histoire de cette filiation, cette passation de pouvoirs qui se joue en dualité, avec comme terrain ce bourg isolé. Un jeune homme qui va devenir l'adulte, brutalement.

Le texte sert le sort des femmes, la brutalité qu'elles subissent, le silence qui accompagne les actes. Sa puissance narrative souligne en rouge sang les abominations. Jusqu'à un final terrible, terrifiant.

J'aurais vraiment aimé que l'écrivaine donne davantage de place à ses personnages, ils sont si singuliers et si saisissants qu'ils auraient mérité de vivre plus longtemps, sur davantage de pages, à mon sens.

Cécile Coulon maîtrise La Langue des choses cachées, sait dire l'indicible, avec une poésie en prose qui fait vibrer l'âme du récit.
Lien : https://gruznamur.com/2024/0..
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Le guérisseur revient au village

Dans ce conte tragique servi par une langue poétique, Cécile Coulon raconte comment le retour d'un fils au village va réveiller de douloureux souvenirs. Appelé à reprendre le rôle de guérisseuse de sa mère, il va découvrir tous les maux qui gangrènent la communauté.

Nous sommes à une époque qui n'est précisément définie dans un lieu qui ne l'est pas davantage, pas plus que les personnages qui portent des noms génériques, le fils, la mère, la femme, le prêtre. Bref, tous les ingrédients du conte sont rassemblés pour nous offrir un récit aussi sombre que lumineux.
Sombre, parce que l'atmosphère est lourde, les crimes odieux. Quand le prêtre accueille le fils, de retour au Fond du Puits après un long exil, il espère qu'il succèdera à sa mère qui avait le don de soigner les corps et les âmes. Dès ses premiers pas dans le village, il ressent ce trouble, comprend que la violence des hommes continue de régir le quotidien de la communauté: «les bûches tanguent près du feu, la table est rongée par le viol, le couloir suinte, la saleté gonfle le vieux papier. Une odeur d'air froid et de volets pourris hante la chambre».
Et si le père est un homme affreux, il aimerait sauver son fils sur lequel «il plante des yeux fous, ivres d'angoisse, furieux de peur». Mener à bien sa mission n'est pas chose facile pour ce successeur à la sensibilité exacerbée qui ressent d'emblée le mal qui préside aux destinées de ce microcosme et qui s'est instillé partout, dans les murs et dans les meubles, dans les corps et les âmes. Lui qui parle la langue des choses cachées, peut-il «rétablir l'équilibre du monde»?
Quand un enfant vient le chercher pour se rendre au chevet de sa grand-mère qui agonise, il se retrouve à l'endroit même où sa mère était venue soulager cette femme et comprend qu'ici résonnent «toutes les voix de toutes les femmes du Fond du puits depuis mille ans».
On le sait, Cécile Coulon aime s'imprégner de l'esprit du lieu pour dérouler ses histoires, comme dans Seule en sa demeure ou Une bête au paradis. Il n'en va pas autrement ici, dans cet endroit où suinte la violence et où règne le mutisme.
Où le temps est peut-être venu de parler cette langue des choses cachées pour ne plus laisser le viol impuni, pour ne plus subir le machisme ordinaire qui semble être inscrit dans les gènes.
Alors nous voilà du côté lumineux de ce roman, celui qui s'appuie sur les horreurs et la noirceur pour chercher une voie (voix) nouvelle.
Prenez la peine de lire quelques pages de ce livre à voix haute et vous comprendrez immédiatement son lyrisme hypnotique. La mélodie de ce texte d'une grande poésie ne vous lâchera plus. Alors vous ici parlerez la langue des choses cachées que Cécile Coulon enseigne ici dans toute sa pureté, comme une source cristalline s'écoulant au flanc d'une colline.
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu'ici! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024». Enfin, en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.

Lien : https://collectiondelivres.w..
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Cécile Coulon ou l'écriture coule d'une fluidité et d'une âpreté sans pareille....Magistral !

Elle nous entraîne inextinguible vers des méandres dont elle seule a le secret.... le conte qu'elle propose se déroule dans une campagne sauvage, inaccessible où seul les animaux tracent des sentiers... en terre des hommes taiseux, aux vies de dure labeur, un village, une église, un prêtre et ses ouailles, aux âmes pétries de croyances, de secrets de famille..de ces villages où le plus souvent c'est naturel pour des maladies et des petits maux on fait appel à une guérisseuse..
Cette guérisseuse qui devient vieille ne se déplace plus, elle a transmis tout son savoir à son fils...Un jour celui-ci pas être appelé au chevet d'un jeune garçonnet pour rejoindre ce hameau inaccessible au fin fond de la vallée.. Va-t-il réussir à accomplir cette mission, sera -t-il à la hauteur de ce que lui a enseigné sa mère ? Comment va-il être accueilli?

Ce style narratif à la fois sombre et mystérieux inscrit ce conte dans une violence et une noirceur sans commune mesure., ça coupe comme de la glace, ..on est saisi par la puissance de sa plume, Cécile Coulon transfigure ces mots ciselés, précis...cette puissance évocatrice appelle même à des images...; qui m'ont tellement frissonné !!..
Toujours sur la corde raide, des oscillations permanentes entre des ombres et de la lumière et d'une incroyable poésie....une nature morte, cruelle, ésotérique...la langue des choses cachées, des savoirs de sorcières, des secrets, des connexions avec la nature, les animaux qui existent mais qui n'ont pas d'explication...

Cécile Coulon a un indéniable talent ... elle m'a une fois de plus embarqué dans cette campagne que j'affectionne tant où des gens simples et travailleurs connaissaient les plantes, les us et les coutumes, la médecine et l'indicible.. ne s'encombraient de peu de choses mais en harmonie avec Dame nature ...
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Voilà un roman qui m'a happé dans ses mots, directement, comme si j'étais aspiré par le récit, par ses ambiances et que je m'étais retrouvée en train de cheminer aux côtés du fils (nous ne connaîtrons jamais son prénom), un rebouteux, un guérisseur, tout comme sa mère, un homme qui, tout comme sa génitrice, connait la langue des choses cachées.

Une fois happée par la prose de l'autrice, par le choix de ses mots (sans le choc des photos), il m'a été impossible de fermer ce court roman (145 pages) avant de l'avoir terminé.

Le récit est écrit à l'os, sans grandes descriptions, avec très peu de dialogues, sans vraiment donner des identités aux personnages, si ce n'est le fils, la mère, le prêtre et ainsi de suite. Et pourtant, il y a une puissance dans les mots, dans les phrases, dans cet univers un peu gothique que l'autrice a créé pour nous. Puissant, voilà le mot que je cherche.

L'époque n'est jamais donnée et on a même un grand écart entre les détails donnés dans le récit dans lequel on parle de villages lointains, de forteresses, d'hommes en armures, de guerre, mais aussi d'appareils photos, de caméras, d'hôpitaux, de voitures et de stars du rock.

J'ai arrêté de me mettre la cervelle en feu en tentant de comprendre à quelle époque le récit se déroulait, ce n'était pas important, de toute façon, ni même de savoir s'il y avait eu une sorte d'effondrement de la société.

Emporté par les flots tumultueux du récit, le reste est passé à la trappe. Et c'est mieux ainsi, cela m'a permis de me concentrer sur ce conte gothique, sur ce récit d'apprentissage et de pénétrer dans la noirceur des Humains.

Parce que oui, de la noirceur, il y en a, côtoyant la beauté. Dans ces pages, pas de manichéisme, un homme violent avec son épouse, peut être doux avec son fils. C'est pour ce garçon malade que l'on a fait appel à la mère, la guérisseuse, qui a envoyé son fils, car elle lui a passé le flambeau. Et les fantômes qui vont avec son don.

Ce roman est la preuve que l'on peut faire du puissant avec peu de pages, en choisissant ses mots, en sélectionnant ce que l'on va raconter ou taire, en écrivant à l'os, sans fioritures, sans approfondir plus qu'il ne faut ses personnages.

Et la preuve aussi que l'on peut s'attacher à des personnages en sachant si peu sur eux, tant ils sont forts, omniprésents dans ces pages, sans pour autant écraser le récit de leur présence.

Le final m'a glacé, tout comme certains passages du roman, sans pour autant que l'autrice cherche à faire du glauque ou à sucrer le sucre. Elle n'en rajoute pas, elle garde un bon équilibre et elle vous tacle d'un seul coup.

Un roman qui marque, qui m'a laissé un peu pantelante, me demandant ce que j'allais lire ensuite : un Petzi ou un autre roman aussi fort que celui-là ?

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Ce roman a de commun avec les précédents ,la noirceur de l'âme humaine, la violence et la brutalité des hommes, mais aussi l'innocence et l'amour qui réussissent à survivre. Ce qui est permanent c'est aussi la singulière beauté de la plume de l'ecrivaine,capable d'être poétique pour traduire les ténèbres.
Ce récit différe des autres par son ambiance presque mystique. Les mondes invisibles sont accessibles à la mère et son fils. Ils savent que le temps n'est jamais passé et qu'il envahit encore le coeur, le corps et l'âme des villageois du Fond du puits. le fils est appelé dans ce village, comme l'a été sa mère. Pour la première fois, il va intervenir, prendre le relais de sa mère devenue trop âgée. Son long apprentissage de la langue des choses cachées va enfin s'exprimer. Lui même et la mère sont-ils des guérisseurs ? Ils sont Appelés pour délivrer de l'obscurité ceux dont ces "choses" les possèdent. Plutôt que de guérir, ils contribuent à l'équilibre du monde,même si la souffrance doit accompagner certains jusqu'à la mort. Car l'homme fait appel à eux pour cela dans toute l'ambivalence de ses bassesses. Mais le fils se contentera-t'il de perpétrer l'oeuvre de la mère ?
Dans cette histoire, davantage que de secret,il est question de non dits et du mystère qui permet l'omerta comme règle implicite pour taire la violence et permettre sa répétition, celle faite aux femmes par les hommes.
La langue des choses cachées n'est pas une langue
douce. Elle crie,hurle,hante!
Pendant ma lecture le cri de Munch s'est imposé à moi,mais aussi certains fragments du Jardin des délices de Jérôme Boch...
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