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Critiques de Éric-Emmanuel Schmitt (6744)
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Journal d'un amour perdu

Je sors plus que mitigée à la fin de cette lecture. Éric Emmanuel Schmitt exorcise ici le départ en d'autres cieux de sa mère. Aux confins du deuil, du manque, il explore des facettes de l'existence, des souvenirs, de la vie à la mort, de l'art d'aimer, l'art d'approcher le vide pour se remplir du plein d'une existence résolue.



Il y a de très beaux passages dans ce récit mais aussi des passages plus sombres avec lesquels je ne suis pas toujours en adéquation. Jugez plutôt :

« Seule bonne question : pourquoi n'y a-t-il pas davantage de suicides ?

À quoi les gens se cramponnent-ils ?

Pour moi, le scandale n'est pas la mort mais la vie. »



La vie serait-elle si désespérante qu'il faudrait en finir avant l'heure ? Pas certaine d'y voir beaucoup d'espoir ici.



Le récit d'EES s'articule autour de la pudeur, de la distance entre les sentiments et des mots intellectualisés à son paroxysme. L'ombre de l'absente, la mère, semble flotter dans un néant aux contours imprécis. S'ajoute à ce cheminement du deuil, une panoplie de drames, de maladies. La démence de son père, sa nièce atteinte de mucoviscidose. J'ai trouvé le tout assez lourd et déprimant. Et je suis restée détachée tout le long de ma lecture.



Je ne suis pas fana de ce genre d'exorcisme thérapeutique où pour en faire un récit d'exception, j'ai besoin du mariage des émotions, de la réalité couplée aux sentiments, aux réflexions trouvées dans le recul, des pensées mûries et travaillées. Doper les ventes à travers le « moi je, tiens voilà un bout de ma vie » ne m'intéresse pas plus que cela. Il m'a manqué ici un peu de tout cela même si je me répète, de très beaux passages surplombent le livre. Mais sans conteste, ma préférence sur ce même thème qu'est le deuil et l'amour maternel chers à beaucoup d'écrivains, ma préférence se porte sur le magnifique Lambeaux de Charles Juliet et dans un autre genre, Ma mère du Nord de Jean-Louis Fournier.



Pour conclure, j'ai un peu de mal à retrouver le grand EES de la part de l'autre. Tous ses autres romans semblent être une pâle copie de ce monument de la littérature française. C'est bien écrit certes, c'est touchant, c'est même talentueux mais on est tellement éloigné du château littéraire brillantissime de la part de l'autre....
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Le sumo qui ne pouvait pas grossir

C’est mal parti pour Jun ! Il commence son existence dans un coin perdu de l’immense Tokyo avec des parents inaptes. Le père toujours absent finira vite par tirer sa révérence de manière spectaculaire. Quant à sa maman, les gens la surnomment « l’ange ». C’est qu’elle est pétrie de bonté et de gentillesse, cette maman au sourire éternelle ! Mais elle préfère les dispenser sans retenue à tous les autres, plutôt qu’à son propre fils, ce petit maigrichon taciturne. Mortifié, notre jeune amputé de l’amour préfère s’en aller clochardiser dans les rues interminables de Tokyo, vivoter en vendant à la sauvette des colifichets de mauvais goût.

Des autres et de lui-même, surtout de lui-même, il a une haine viscérale.

Puis il y a ce vieil homme à l’allure bizarre qui le pointe du doigt, et lui dit : « je vois un gros en toi » ! Vous en conviendrez : une phrase énigmatique pour un maigrelet du genre de Jun ! Mais le vieil homme sait que Jun le famélique a toutes les qualités requises pour devenir un sumo. Toujours aussi persifleur, rageur, sauvage, mais intrigué par-dessus tout, il consentira à accompagner le vieil homme.

C’est l’histoire de la renaissance d’un jeune homme qui avait perdu toute espérance et toute foi en l’avenir ; d’une sorte de « perroquet enfermé dans sa cage à préjugés », qui apprend à se connaître, à construire à partir de lui et lui seul ; qui se transcende pour essayer de devenir un de ces combattants du ring qui « lâche sa foudre sur ses adversaires » ; qui à l’issue de son apprentissage fait enfin la paix avec lui-même et les autres.

Un joli conte, comme tous ceux du cycle de l’invisible… Car ils sont Invisibles, fugaces, ces moments de grâce qui changent la vie des hommes quand ils parviennent à les attraper, qui leur permettent de ne plus errer ou tourner en rond.

Après avoir fermé ce livre, je me suis senti plus léger, plus serein, et j’avais le sourire aux lèvres… C’est déjà beaucoup, je trouve !

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Les deux messieurs de Bruxelles

Cinq jolies nouvelles nous sont contées ici par cet écrivain sensible et ingénieux. Un fil relie chaque nouvelle : l’amour. Car l’amour est partout. Sans lui notre cœur serait tout petit, tout serré, notre humanité aux oubliettes.

Les cinq nouvelles sont très disparates, pas toujours de même facture mais plaisantes et riches d’intérêt.

Ma préférée reste Les deux messieurs de Bruxelles qui raconte l’histoire d’un couple homosexuel marié dans l’ombre lors du mariage de Geneviève et Eddy. Le couple gay évoluera en diapason du couple de Geneviève, suivant de près et par profit la paternité qui ne pourra leur être accordée.

Les autres nouvelles s’attellent à différents amours, celui que l’on porte à son chien, le filial à travers la mort et le don d’organe, l’amourt de l’art et de la musique, l’amour du couple.



Eric-Emmanuel Schmitt a l’art ici d’entortiller les âmes humaines dans leur plus nue vérité. Il fait de l’amour une histoire altruiste pleine de générosité, il fait de l’amour, un cache misère oublié par ceux obnubilés par la vengeance, l’amour généreux comme un grand courant d’air, l’amour endormi sous le paillasson, l’amour sauveur poilu à quatre pattes, l’amour tout court, seul, à deux, pour la terre entière.
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Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran

On devrait tous avoir la chance de rencontrer un Monsieur Ibrahim dans notre vie. Cet homme discret, avare de paroles mais pas de sourires, que les années d’expérience combinées à une grande bonté, poussent à regarder le monde avec des yeux emprunts de sagesse, et qui devient une sorte de guide spirituel au bon sens qui ne relève d’aucune religion, parce qu’« avec monsieur Ibrahim, je me rendais compte que les juifs, les musulmans et même les chrétiens, ils avaient eu plein de grands hommes en commun avant de se taper sur la gueule. »



La langue de Momo a l’âpreté, la dureté d’une vie qui n’épargne pas ses onze années. Obligé de grandir trop vite, il croise la route de Monsieur Ibrahim, l’Arabe de la rue Bleue, parce qu’ « Arabe, ça veut dire « ouvert de huit heures du matin jusqu’à minuit et même le dimanche » dans l’épicerie », parce qu’il faut voir au-delà des apparences.



J’ai donc poursuivi ce Cycle de l’invisible (Milarepa, Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran, Oscar et la Dame rose, L'Enfant de Noé, Le Sumo qui ne pouvait pas grossir et Les Dix Enfants que madame Ming n'a jamais eus) avec cette nouvelle, et si certains lui ont reproché des considérations beaucoup trop faciles, voire trop enfantines et des conceptions peu originales, je suis encore une fois conquise. Certes, c’est facile, l’on sait où l’on va. Mais c’est rassurant, c’est réconfortant… Et c’est une jolie leçon de tolérance qu’il nous livre, et ça, ça fait du bien.
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La Nuit de Feu

J’aime ce philosophe écrivain, j’ai lu et apprécié nombre de ses livres. Celui-ci n’est pas un roman, mais une confession intime qui nous fait voyager dans la magnificence du désert et le mystère de la vie.



Ma gorge a été asséchée par l’air saharien étouffant, mes pieds ont senti le sable brûlant à chacun de mes pas tandis que l’horizon m’offrait son immensité ; l’allure altière des chameaux m’a amusée, mais une nuit m’a glacé les sangs bien qu’elle fût de feu, tout en m’offrant sa voûte céleste pure et inspirante.



J’étais avec ce jeune philosophe de 28 ans, et Abayghur, touareg magnifique dans le corps et l’âme. J’ai vu à travers leurs yeux la beauté d’un monde inconnu, bien que petite, j’aie eu à escalader une dune à l’orée du désert marocain, concentrée sur les petits mollets durs des gamins qui filaient devant moi, alors que déjà la nausée m’avait rattrapée tant l’effort était inadapté à mes 8 ans.



Ce livre est un témoignage privé sur la révélation de la foi, et là encore je suis ravie de ne pas avoir lu de résumé ni de 4e, car ainsi, j’ai vécu sa Nuit de feu comme une réelle découverte, sachant juste que l’expérience était déterminante pour lui.



Chacun son chemin, un seul à la fois.



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La Part de l'autre

J'ai lu autrefois un ouvrage de science-fiction où coexistaient en parallèle autant de réalités que de choix possibles pour un individu. "La part de l'autre" est un peu bâtie sur ce principe, imaginant ce qui se serait passé si Adolf Hitler n'avait pas été recalé au concours d'entrée de l'Académie des beaux-arts de Vienne en 1908.



Le récit débute le jour fatidique de l'annonce des résultats et superpose les deux possibles. Hitler, recalé, ressent son échec comme une humiliation et cherche à se venger de ses semblables car il n'ont pas reconnu son génie. Tandis qu'Adolf H., admis, se coule dans le monde artistique, s'ouvrant aux autres et à l'amour.



Par petites touches, Eric-Emmanuel Schmitt évoque ce qu'aurait pu être le destin politique et économique de l'Allemagne sans dictateur – et sans deuxième guerre mondiale – mais ce n'est pas la partie la plus convaincante du livre. En effet, il me semble naïf de croire que sans Hitler, le nazisme n'aurait pas existé. Hitler n'était pas seul dans son délire belliqueux et meurtrier, mais entouré de cerveaux autant, sinon plus malades que le sien : Göring, Hess, Goebbels, Himmler... Le mal a d'infinies ressources pour perpétrer son œuvre infâme.



L'intérêt du livre est ailleurs : à l'intérieur, dans l'humain. L'introspection d'Hitler et de son double l'emporte largement sur la fiction politique. Et ceux qui s'attendent à un portrait manichéen avec l'ultra-méchant d'un côté et le gentil peintre de l'autre seront surpris...



« En montrant qu'Hitler aurait pu devenir un autre qu'il ne fut, je ferai sentir à chaque lecteur qu'il pourrait devenir Hitler » explique l'auteur dans son journal. Si bien qu'au début, le vrai Hitler semble plus à plaindre que le faux. Le déclencheur de sa "vocation" – portée par l'opéra "Rienzi" de Wagner – est la défaite de l'Allemagne en 1918. Contrairement à Adolf H. et aux autres jeunes gens, cette guerre meurtrière, en offrant un métier au vagabond Hitler, est sa bouée de sauvetage. La défaite lui intime de trouver un coupable : ce sera la début de son antisémitisme. La haine galvanise ses propos : ce sera le début de son éloquence. Adolf H. et Hitler sont névrosés en raison d'un père violent et d'une mère morte trop jeune. L'un sera guéri par la psychanalyse (« l'oreille qui écoute ») et s'en sortira, l'autre sera traité par l'hypnose (« la bouche qui ordonne ») et on ne peut pas en dire autant...



Éric-Emmanuel Schmitt manie la langue française avec virtuosité ; sa description de la guerre des tranchées est terriblement réaliste. L'humour est là aussi, salutaire sur un tel sujet. Hitler et Adolf H. sont parfois d'un ridicule qui tourne à la farce et cette humiliation littéraire a la saveur d'une vengeance. Le passage d'Adolf H. sur le divan de Freud est irrésistible. Comme le portrait d'Hitler en puceau irrécupérable : c'est osé, mais cela se tient.



Après nous avoir donné sa version du bien dans "L'Évangile selon Pilate", Éric-Emmanuel Schmitt nous livre ici sa version du mal et sa clairvoyance est édifiante. « Le mal est un mystère plus profond que le bien car, dans le bien, il y a une lumière, un dynamisme, une affirmation de la vie. Comment peut-on choisir l'obscur ? »
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Le défi de Jérusalem

Quel bonheur de revisiter la Terre Sainte en compagnie, aujourd’hui, d’Eric-Emmanuel Schmitt et d’un groupe de réunionnais.



Nazareth, Bethléem, Jérusalem, Abu Gosh me remémorent mes séjours en Israël, comme touriste, comme pélerin, les rencontres avec le rabbin Alain Michel, le Cardinal Barbarin, les offices vécus au sein de communautés monastiques. Et Eric-Emmanuel Schmitt restitue aussi ses dialogues silencieux avec Charles de Foucauld, Jésus ou Marie et nous confesse les étapes qui l’ont ramené à la foi. Il révèle les doutes, les interrogations, les mystères qui l’assaillent mais il se laisse capter par la grâce et guider par l’espérance.



Curieux, il guette l’accueil des israéliens et des palestiniens qui se disputent les territoires (et les touristes), il écoute les chrétiens, les juifs et les musulmans mais semble ignorer les colons laïcs que l’on rencontre notamment dans les kibboutz où les agnostiques qui prospèrent à Tel Aviv et constituent un élément dynamique et significatif du défi israélien.



Ce texte, postfacé par le Pape François, se lit vite, se comprend aisément (malgré son plan erratique) et me laissera une impression durable … avec le rêve, pourquoi pas, de retourner une fois encore à Jérusalem ?
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Qui s'y frotte s'y pique

C'est dans une boite à livres qui nous avons trouvé ce livre de la collection « il était un dicton ». L'histoire écrite par Éric-Emmanuel Schmitt est très joliment illustrée par Caroline Piochon.

Épingline qui « est la plus gentille hérissonne de la forêt » y tient un salon de coiffure. Elle reçoit ses petits-enfants Picotin, Aiguillette et Houppette. Ce même jour, elle vient en aide au Renard qui s'est coincé une patte dans un piège à loup. Celui-ci se met en tête de croquer les « trois petites hérissons tendres et dodus à souhait ». Épingline se rend vite compte des ruses du Renard qui tente de l'éloigner de sa maison. Et dire qu'elle lui avait sauvé la patte ?

Parmi les petits plus, on peut mentionner, une belle coloration, le poisson rouge à retrouver à chaque page et une explication du dicton en fin d'ouvrage.
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Lorsque j'étais une oeuvre d'art

Il est jeune mais du haut de ses 20 ans (quel vieux couillon a parlé du bel âge?), il désespère, le garçon. Il ne se sent pas exister. D'ailleurs son créateur a même omis de le nommer. C'est dire. Il désespère donc et déprime sacrément. Au point d'envisager le suicide.

Pas tout à fait au bas du bas, il réfléchit à la méthode. La pendaison le séduit. Je ne frissonne pas. Je demeure stoïque. Rien ne me semble perdu. Si le héros estime encore valoir une corde pour se pendre, l'espoir demeure.Le présage est favorable.

Et, aussi futée qu'un troupeau de bisons, je contemple le nombre de pages restant. Aucune chance qu'à la sixième page, le héros romanesque achève sa jeune vie, la langue bleue, la cervicale rompue.

Je le suis donc dans la grange censée abriter l'acte fatal qui s'avère contagieux. Un parfait inconnu y dresse son gibet. Il y a des épidémie de pendaisons comme des épidémies de grippe. Ou des lieux infestés par les potences comme d'autres par les souris. Ou des jours qui poussent à l'accrochage vertical. Je ne sais…



Mais à la page 6 (ou dans ses environs), une poutre syntaxique s'effondre, abime mon oeil droit qui s'affole. Nan, j'ai mal lu. Je reprends la phrase, ânonne, bêle, hennit. Rien n'y fait. La phrase rédhibitoire clignote, m'aveugle. Je tente de récupérer la vue et récite à haute voix afin d'évacuer la scorie visuelle. "La corde où je me suis pendu".

Fébrile, je cherche le nom du traducteur français de notre écrivain francophone. Parce que… Dites, un écrivain, ça ne peut pas laisser passer ça! La corde, ce n'est pas un lieu à moins qu'il ne soit question du charmant village de Cordes? Mais pourquoi aller se tuer dans le Tarn?

D'accord, le héros se sent méprisable. Mais faut-il mépriser la langue française afin qu'écrivain et créature se mettent au diapason? Et ce n'est pas parce que son héros confesse avoir "toujours tout raté, pour être exact, ma vie comme mes suicides", qu'il convient de s'appliquer à rater l'écriture de son livre.

J'ai poursuivi un peu ma lecture, délaissant la grange aux suicides aussi encombrée que les toilettes d'un pub irlandais. Près de la falaise prometteuse d'une chute finale, une autre aberration grammaticale m'attendait en compagnie d'un individu aux dents chargées.

Plus bégueule que Monsieur Grévisse, j'abandonnais ma lecture avant la vingtième page, convaincue que ce bouquin fut peut-être une oeuvre d 'art avant sa rédaction.



J'avoue, à ma grande honte, avoir commis le geste impardonnable dont je ne me remets pas malgré les huit années écoulées: j'ai enfermé le bouquin dans un sac noir que j'ai fermé et jeté. La corde où j'ai fermé la poubelle me hante encore.

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L'Enfant de Noé

Ce court roman nous raconte l’histoire de Joseph, jeune enfant juif âgé de sept ans, qui doit se cacher dans un orphelinat catholique dirigé par le Père Pons pour échapper à la déportation.



Il va rencontrer d’autres enfants dans la même situation que lui, notamment Rudy que le Père Pons lui désigne comme parrain car il est plus âgé, mais rebelle, refusant systématiquement d’étudier, car ses parents et ses frères aînés, brillants intellectuels ont été déportés alors à quoi cela servirait ?



Ces enfants suivent les cours de catéchisme, vont à la messe, mais n’ont pas le droit de communier, ce qui fait que Joseph proteste et sent exclus. Les échanges entre le Père Pons et lui sont savoureux, chacun tentant de connaître de plus près la religion de l’autre, le Père collectionnant dans la crypte des objets et des textes liés au judaïsme pour les préserver autant que pour les étudier.



Je reprends, avec cette lecture « Le cycle de l’invisible » de l’auteure. J’ai lu « Milarépa » dédié au bouddhisme, « Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran » que j’ai adoré, consacré à l’islam ainsi que « Oscar et la dame en rose » dédié au christianisme. Dans « l’enfant de Noé », Éric-Emmanuel Schmitt s’intéresse au judaïsme et à ce qui le différencie du catholicisme, la notion de Messie que les catholiques ont reconnu dans Jésus alors que les juifs l’attendent encore, l’amour qui est au centre pour les chrétiens alors que dans le judaïsme, on met à l’accent sur le respect.



J’ai beaucoup aimé ce court (trop court) roman et j’ai beaucoup de tendresse pour la pharmacienne du village, résistante qui fournit des papiers aux enfants, qui fustige la religion car elle est profondément athée et nous offre une scène magnifique lorsqu’elle s’installe à l’orgue de l’église en jouant « La Brabançonne » pour saluer le débarquement américain (trop tôt hélas car emportée par sa fougue ce qui lui vaudra un destin terrible !)



J’ai profité du mois Belge pour lire ce quatrième opus qui m’a plu autant que les trois précédents, et j’ai retrouvé avec plaisir la plume de Éric-Emmanuel Schmitt que j’aime beaucoup.
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La traversée des temps, tome 3 : Soleil sombre

Après nous avoir successivement transportés à l’époque du Déluge et sur le chantier de la Tour de Babel avec « Paradis perdus » et « La porte du ciel », Eric-Emmanuel poursuit sa « Traversée des Temps » avec le troisième tome de la série qui en comptera huit.





Rendus immortels par la foudre il y a quelque huit mille ans, Noam, la femme qu’il aime Noura, mais aussi son demi-frère et adversaire Derek, ont conservé l’apparence physique de leur jeunesse. Eux qui ont vu passer tant de générations ont connu autant d’existences successives, et, parfois séparés, ont alors vécu des amours mortelles et connu le bonheur d’enfanter. C’est ainsi que Noam retrouve Noura mariée au Suédois Sven et mère de la jeune Britta Thoresen présentant de fortes similitudes avec une célèbre militante écologiste scandinave. Victime d’une tentative d’assassinat, l’adolescente est confiée par Noura, Sven et Noam aux bons soins des Eternity Labs californiens, pendant que, poursuivant la rédaction de ses mémoires, Noam revient sur une tranche de vie entrant étrangement en résonance avec son existence actuelle, située dans notre futur proche : celle qui l’a mené, en 1650 avant notre ère, dans l’Egypte des pharaons.





Car, des rites de la mort en Egypte antique, entre momification des corps et pérennité des pyramides, au transhumanisme moderne de la Silicon Valley, s’affirment le même refus du trépas et la même quête obsessionnelle de survie. Après avoir cherché l’éternité au travers de la religion, l’homme utilise aujourd’hui la science pour accroître toujours plus sa longévité. C’est dans cette mise en perspective que Noam raconte la civilisation de l’Egypte antique, peuplant ses tableaux plein de vie, rehaussés de passionnantes et érudites annotations, de personnages crédibles et attachants, et partageant avec intelligence ses réflexions sur l’immortalité, graal de toujours à l’origine de nos plus puissants mythes et croyances, en particulier religieux, mais aussi cadeau empoisonné quand l’éternité use les corps et pas l’amour, et qu’elle vous ensevelit sans fin sous le poids du deuil et de la perte.





Une nouvelle fois, Eric-Emmanuel Schmitt nous enchante de son talent de conteur si naturellement augmenté de l’érudition et de la pertinence de ses analyses et observations. Et c’est subjugué par sa narration, qu’après les précédents tomes centrés sur Noé, puis sur Nemrod et Abraham, on l’accompagne cette fois dans l’Exode, sur les pas de Moïse, pour la suite de sa démystification des récits bibliques et de la fondation de la civilisation judéo-chrétienne. Coup de coeur.


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L'élixir d'amour

Un joli titre, une jolie couverture, une légende littéraire que ce Schmitt, j’avais donc très envie de découvrir ce roman qui se boit à coup de petites gorgées d’élixir et où trépasse le sentiment amoureux sous toutes ses vagues. J’aime ces romans traités sous forme d’échanges épistolaires (Et dansons maintenant, Quand souffle le vent du Nord,...). C’est frais, aéré, c’est moderne. C’est le monde tel que nous le connaissons aujourd’hui, où les gens courent partout, n’ont plus le temps pour un café à une terrasse, on s’envoie des sms, des mails à l’arrachée.



Ici, nos deux acolytes s’échangent des lettres. Séparés depuis cinq ans, Louise fait carrière à Montréal et Adam est psy à Paris. Ils ne se sont plus vus. Leur histoire était un coup de foudre. Puis les aléas de la vie, la distance a fait que ce couple tombe en désuétude. Dans leurs lettres, ils échangent, ils se testent, ils débattent sur l’amitié après l’amour, l’amour dans tous ses états, la sexualité, la passion, la raison. Ils se cherchent comme s’ils ne voulaient pas s’oublier une seconde fois. Ils s’apprivoisent à nouveau.



De la plume d’Eric Emmanuel Schmitt, ça virevolte comme lors d’un ballet des cœurs et des âmes. Freud et Pascal à la table, les échanges se montrent intellectuels, psychologiques. Revient alors l’homme et la femme et la bulle se fait tendre, s’agrandit pour mieux les accueillir.



Un beau petit roman sur l’amour, un peu court, où l’intellectuel prend à mon sens parfois un peu trop le dessus sur l’émotion et la fraîcheur mais un beau roman tout de même.



Un élixir d’amour pour un tango à deux. Parce que « les femmes parlent d’amour et les hommes font l’amour » parce que « toujours sera toujours éphémère », parce que « on peut être maître de ce que l’on pense, jamais de ce que l’on ressent ».
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Le sumo qui ne pouvait pas grossir

"Je vois un gros en toi"



Jun est maigre, sans relief. Aussi sec qu'un hareng saur.

A quinze ans, il vit dans les rue de Tokyo et vend à la sauvette des babioles que lui-même n'oserait pas acheter.

Pourtant, chaque matin, Shomintsu, un vieil homme bancal et tout ridé lui assène, hilare, qu'il voit un gros en lui.

Jun, le sauvage urbain aux côtes saillantes, ne comprend pas.

Un jour, pour une raison qu'il n'est pas capable d'expliquer, il engage une conversation avec ce veillard à l'allure de tortue.

A sa grande surprise, Shomintsu l'invite à un tournoi de sumo, cet art martial qu'il trouve désuet et ridicule.

Jun le réfractaire va alors découvrir un univers insoupconné où la force conjuguée à l'intelligence vont le conduire à apprivoiser ces démons qui le tourmentent..



"Le but, ce n'est pas le bout du chemin, c'est le cheminement ". Dans ce court récit où la spiritualité se fait zen, Eric-Emmanuel Schmitt nous invite à emprunter les sages chemins du bouddhisme afin de trouver le meilleur de nous-mêmes.

Une projection d'ondes positives mais pas sirupeuses pour ne pas oublier que l'optimisme existe toujours même s'il est parfois occulté par un voile brumeux de scepticisme.





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Journal d'un amour perdu

Ce n'est pas un roman que l'auteur nous livre à l'occasion de la rentrée littéraire, mais ses sentiments profonds, son désarroi dans lequel le décès brutal de sa mère va le plonger.

Des pensées en tous sens, des réflexions abruptes se succèdent, de sorte que, sans même être passé par l'expérience bouleversante de la perte de sa mère, le lecteur développe de l'empathie pour l'auteur.

Le choc surmonté, l'analyse de ce que sa mère lui a apporté, de ce qu'il a vécu avec elle, prendra peu à peu le dessus.

Finalement, la mère de l'auteur est toujours bien vivante au travers de son fils, qui est devenu le monument de sa mère.

L'auteur a un devoir de bonheur vis-à-vis de sa mère, qui voulait que son fils soit heureux.

J'ai passé un beau moment de lecture, touchant...

#rentréelittéraire2019
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Journal d'un amour perdu

Cette première phrase.



« Maman est morte ce matin et c'est la première fois qu'elle me fait de la peine. »



Lire cette première phrase et peut-être en trembler un peu … Sentir déjà l'émotion qui va nous étreindre tout au long de ce livre.



C'est le journal d'une histoire d'amour. Un amour fou. Celui d'un fils à maman, sans ironie aucune. C'est le journal d'une perte immense. Une perte folle. C'est la force d'un homme qui va devoir vivre sans. L'itinéraire d'un enfant gâté, par cet amour de celle qui l'a mis au monde. Et qui le quitte. Et cette vie à venir. Sans celle qui a été là à chaque seconde de son existence.



Sa maman.



C'est le journal d'un deuil. Jour après jour. de cette vie qu'il faut continuer à vivre. de l'église au cimetière, de la maison à vider jusqu'aux idées noires. Un journal où l'homme règle un peu ses comptes avec l'enfant. le journal d'un deuil qui en rappelle d'autres.



Le journal d'une vie à venir. A travers elle mais, sans elle. C'est le journal, pourtant, du bonheur d'être là, de vivre fort. La force de l'ouvrage tient dans le fait qu'il est rempli de vie et d'amour et de résilience.



Mélange du quotidien, de ces jours qui viennent après elle, de courtes réflexions et de souvenirs d'enfance. C'est aussi le journal d'un homme empli de cet amour et qui va pouvoir continuer son chemin. Un livre qui fait du bien, qui offre de belles phrases à noter sur des petits cahiers pour se soulager de vivre, pour avoir quelques mots auxquels se raccrocher si jamais …



Vous l'aurez compris, je sors un peu ému et rempli d'amour.



Je profite de ces quelques mots, glissés ici, pour dire à ma maman combien je l'aime, combien elle me porte et combien je suis fort de cet amour. Car je sais qu'elle me lit ici, plus que quiconque… Comme lorsqu'elle me portait dans ses bras. Sauf que maintenant, je suis bien trop grand! Attention, bien trop grand et non bien trop gros, j'y tiens.



Il faut dire parfois. C'est trop important.


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Les dix enfants que Madame Ming n'a jamais ..

Un petit conte philosophique bien sympathique. Qui se lit tout seul, déjà par son écriture mais aussi par le peu de pages qu'il renferme.



C'est le style de roman ponctué de petites phrases qui marquent et auxquelles on réfléchi volontier.



Un roman qui nous montre qu'une rencontre, quand elle est bonne peu changer le monde. Et en plus un peu d'humour ponctue le tout.. cette lecture était un petit moment de bonheur.



Cerise sur le gateau... ce micro-roman donne vraiment envie de lire confucius
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La rivale

Maria Callas aurait eu cent ans le 2 décembre 2023. Passionné de musique autant que d’écriture, Eric-Emmanuel Schmitt nous en dresse un saisissant portrait en creux, au travers de la mémoire malade et jalouse d’une rivale aigrie.





« Cette grosse Grecque avec ses lunettes de myope, mal fagotée, boutonnée, boudinée, flanquée d’un mari sénile » ... Une « illusionniste » masquant à grand peine les stridences et le manque d’homogénéité de sa voix sous « son personnage d’étoile fantasque » ... Ce n’est pas La Tebaldi, dont la polémique a rapporté la supposée rivalité avec La Callas, mais la soprano imaginaire Carlotta Berlumi qui, encore de ce monde, n’en finit plus de honnir celle qui, dans son esprit, lui a volé la gloire de toute la hauteur de son imposture. « La Callas ? Vous verrez : bientôt plus personne ne se souviendra d’elle… », affirmait-elle avec assurance lorsque les deux femmes n’en étaient encore qu’à leurs débuts. Et pourtant, force est de constater que, si l’étoile de l’une n’a rien perdu de son éclat, l’autre en est aujourd'hui réduite à chercher vainement son nom dans les dictionnaires de l’art lyrique. En vérité, aveuglément enfermée dans sa conception classique du chant et de l’opéra, l’orgueilleuse Carlotta n’a dans son déni jamais pris la mesure des bouleversements qu’était en train d’imposer Maria Callas, autant tragédienne que cantatrice, et bientôt icône véritable.





Le procédé narratif ne manque pas de sel, qui, avec en point d’orgue un bien ironique dénouement, finit par battre les détracteurs de la Callas à leur propre tribune. Car il y en eut, aussi passionnés que ses aficionados, occasionnant des disputes à la mesure de l’impact de la diva sur l’art lyrique. Avant de leur clouer le bec en laissant le dernier mot à la voix inoubliable de l’artiste, le récit de toute évidence biaisé par l’échec et la jalousie de l’une de ses contemptrices tourne peu à peu en ridicule ces rumeurs chagrines, au final bien incapables d’écorner l’inaltérable et triomphante figure de la « moderne » cantatrice. Plus l’aigre Carlotta s’enfonce dans son dépit, plus La Callas acquiert d’aura additionnelle. Et c’est là que ce court roman, presque une nouvelle, déçoit : en fait d’antithèse à la hauteur de la diva, la rivale, bientôt ridicule et pitoyable à en friser la stupidité, manque par trop de profondeur pour demeurer tout à fait convaincante.





Au bémol près des aspects les plus caricaturaux de cette bien naïve rivale, reste un livre éminemment agréable qui, à l’occasion de ce prochain centenaire de la naissance de La Callas coïncidant fort opportunément avec l’approche des fêtes de fin d’année, ne manquera pas de garnir le pied de bon nombre de sapins, mélomanes ou non.


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Oscar et la dame rose

Un joli petit conte philosophique sur la vie, quelque soit la durée de celle-ci.

La vie, la mort, Dieu, des notions vues par les yeux d'un enfant de 10 ans, malade.

Eric Emmanuel Schmitt nous fait, une nouvelle fois, réfléchir sur la vie, sur nous-même, sur les autres, juste en quelques pages.
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L'Homme qui voyait à travers les visages

Augustin Triollet ne manque pas de talent mais il manque cruellement d'argent. Ce héros qui voit les morts à travers les visages est journaliste, vit dans un squat et se nourrit dans les poubelles. Il mène l'enquête sur l'attentat de Charleroi dont il a été témoin. Il a vu l'esprit qui accompagnait le terroriste et décide d'interviewer Eric Emmanuel Schmitt afin de mieux comprendre l'histoire des religions.



Ce roman ambitieux aux allures d'enquête policière soulève de multiples questions philosophiques. La liberté, la fortune, la sécurité, l'humanité, l'instinct, le salut, la connaissance, la nostalgie et l'espoir « son revers » indiscutable, le bonheur acquis « qui s'avère plus solide qu'un bonheur donné » la violence, le mal……..



La philosophie qui aide, qui soutient, qui éclaire, qui, selon l'auteur « est la seule discipline que l'on devrait pratiquer après avoir appris à lire et à compter » est omniprésente dans ce roman.



Contrairement à certains écrivains qui ne s'appuient sur aucun plan pour mener leur histoire, là j'ai le sentiment qu'Eric-Emmanuel Schmitt a particulièrement soigné sa construction. Une mise en scène hors du commun où il se retrouve acteur de sa propre fiction, où tout s'imbrique impeccablement laissant la part belle à la réflexion, au souci du détail, à l'actualité cruelle et malheureusement réelle, à la spiritualité mais aussi à la fiction.

Cette mise en scène de très belle facture se sert de mille symboles dans une enveloppe concrète. L'imaginaire au service du quotidien. La vie courante prend le pas sur l'immatériel. La pensée armée de connaissances, trébuche parfois sur une route un peu hasardeuse, brumeuse et improbable. L'humour est là parfois, un humour subtil!

Et tout ça fonctionne à merveille ! C'est digeste, limpide, très très bien écrit, maîtrisé, original et savoureux. Jusqu'à la dernière page l'auteur nous livre un récit dosé, travaillé, singulier et pétri d'intelligence.



Et Dieu dans tout çà ???

Un personnage à part entière appelé « le grand oeil » Allez, pourquoi pas, Augustin va l' interviewer…..aussi.

Dieu est omniprésent dans l'oeuvre de Schmitt. La question de Dieu plus exactement. Ce récit n'échappe pas à cette règle, et l'auteur nous soumet des propos pesés et lourds de sens. Le lecteur se pose beaucoup de questions.



Par exemple: « La foi ne vient pas des hommes, mais de Dieu. Lui seul l'octroi ou la retire »………. » « Dieu n'est pas équitable. Il passe son temps à élire, à choisir, à désigner ». « Dieu est cruel » « Dieu est radin, il s'économise » ….

« Les déçus de Dieu sont les déçus de l'homme. En réclamant un Dieu omnipotent, ils courent après un homme sans liberté. »



Mais le passage que j'ai aimé encore un peu plus dans ce roman est celui-ci : Augustin va chez Eric-Emmanuel Schmitt à Guermanty . Grâce à son don, il voit des personnages. « Mozart un peu agité avec sa perruque blanche, Diderot, débraillé en robe de chambre. Sur une banquette repose Bouddha. Un peu plus loin une femme aux cheveux crépus….dans une position lascive et rêveuse s'apparente à Colette. » Ce passage m'a impressionnée par son authenticité. Je suis certaine que là c'est vrai. E.E.Schmitt vit auprès de l'âme de ces « génies », qu'il les consulte, qu'il s'en inspire, qu'il s'y soumet, qu'il les questionne qu'il les voit et que chaque jour des conversations intimes ont lieu dans ce salon.

Alors du coup je ne sais plus qui est l'auteur de cette histoire. Je pense qu'il s'agit d'une oeuvre collégiale. Je m'incline devant cette assemblée si riche et si généreuse. Merci pour ce moment magnifique.



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La Nuit de Feu

Pour réaliser un documentaire, Eric-Emmanuel se rend en Algérie avec Gérard, dans le désert pour visiter l’ermitage de l’Assekrem créé par le père Charles de Foucauld et retracer ainsi le parcours de ce noceur qui, un jour, découvre la foi et devient prêtre. D'autres personnes vont les accompagner.



On comprend vite qu'aucun n'est là pour les mêmes raisons et qu'il va s'agir davantage d'un voyage initiatique que d'une simple marche dans le désert… une petite phrase tourne en boucle dans la tête d'Eric : « Quelque part mon vrai visage m'attend »



Eric-Emmanuel oscille entre ses certitudes, ses concepts de professeur de philosophie et ses peurs intérieures, profondément enfouies et qui vont le tarabuster durant les quinze jours au cours desquels il va vivre comme un nomade, marcher, dormir à la belle étoile : peur de la nuit, des autres, du scorpion caché dans l'ombre, la fatigue d'un corps peu habitué à ce genre d' effort...



Insomniaque depuis la mort de son grand-père adoré, il comprend soudain l'origine de sa lutte contre le sommeil : on lui avait dit alors que « son grand-père s'était endormi pour toujours ». Donc, dormir c'est forcément risquer de mourir. Peu à peu, dans l'adversité, les difficultés de la marche dans le désert, ses perceptions, son raisonnement, ses rapports à l'autre vont changer. Il apprend de sa rencontre avec le Touareg, ils se comprennent alors qu'ils ne parlent pas la même langue, le vrai langage est au-delà des mots ?



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C'est très difficile de parler d'un livre comme celui-ci. Ce n'est pas un récit de voyage, c'est une quête initiatrice et chaque lecteur le vivra différemment selon son propre cheminement, ses propres croyances, certitudes ou doutes. Un livre qui fait réfléchir sur le sens profond de la vie, sur notre rapport à l'autre.



Je l'ai beaucoup aimé, mais j'ai eu beaucoup de mal à faire cette critique. J'espère simplement avoir été convaincante, sans trop me répéter et surtout donner envie de le lire.



Note : 8,3/10
Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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