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Critiques de Charlotte McConaghy (54)
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Je pleure encore la beauté du monde

Attention, ceci est un coup de coeur, que je dois à mes chères libraires préférées, pour évoquer un sublime roman.

Je pleure encore la beauté du monde, déjà le titre est une invitation. La magnifique illustration sur la première de couverture, l'est aussi. Mais cela ne suffit pas. Alors ouvrons le livre et laissons-nous être emporté dans la canopée des pages.

Nous faisons la connaissance avec Inti Flynn, une jeune biologiste, arrivée en Écosse pour diriger une équipe de scientifiques chargés de conduire un programme de réinsertion du loup dans les Highlands écossais. Elle vit avec sa soeur jumelle Aggie, devenue muette. Plus tard, on le saura pourquoi et comment.

Elles forment toutes deux un duo émouvant.

Inti a la particularité d'être affectée d'un syndrome de « synesthésie visuo-tactile » qui lui fait ressentir dans sa chair toutes les sensations vécues par ceux qu'elle observe, animaux inclus. Peut-être surtout les animaux d'ailleurs... Cela nous vaut dès l'incipit la puissance d'une scène sidérante :

« On avait huit ans le jour où papa m'a coupée en deux, de la gorge jusqu'au bas du ventre. »

C'est ainsi qu'encore enfant et voyant son père dépecer un lapin sous ses yeux, Inti comprend cette anormalité et l'accueille comme un don autant qu'une malédiction, cette scène  lui infligeant, sans le savoir, la même souffrance physique que l'animal.

La synesthésie visuo-tactile qui touche la jeune biologiste sera alors pour elle l'anomalie bienveillante, cette différence capable de jeter des ponts vers la souffrance animale.

Forcément, les efforts d'Inti pour réensauvager la nature meurtrie se heurtent rapidement à l'hostilité des locaux, notamment des éleveurs inquiets pour leur sécurité et celle de leur bétail.

Mais l'introduction du loup était nécessaire à l'équilibre de l'écosystème, aujourd'hui menacé par la multiplication des herbivores qui réduisent la végétation. Alors, face aux incompréhensions, l'enjeu de cette bataille entre court et long terme devient aussi la toile de fond de ce roman. C'est la lutte d'un territoire sauvage qui se bat pour sa survie contre un monde totalement domestiqué et exploité par l'homme.

Bientôt un drame va survenir...

De l'Australie à l'Écosse en passant par la Colombie Britannique et l'Alaska, Charlotte McConaghy nous invite à un voyage entre nature writing et thriller. C'est une subtile oscillation entre drame intimiste, poème naturaliste et thriller écologique.

L'écriture est incroyablement belle, les personnages sont saisissants de vérité, profondément touchants, même ceux qui pourraient nous irriter le poil.

Ici, le territoire des Highlands écossais joue un rôle central, les forêts en souffrance aussi et les loups qui y trouvent refuge.

Une sensation vorace m'a englouti dans ce roman addictif. J'ai été happé dans la nasse du récit où est venu s'entremêler à ma lecture le hurlement poignant d'une louve qui appelle son compagnon disparu, bientôt imitée par toute la meute.

Ce livre nous parle de femmes, de soeurs, de loups, de prédateurs, de blessures indélébiles et peut-être surtout ce livre nous parle d'amour.

Usant des codes du thriller pour dénoncer les hommes qui malmènent la nature et les femmes, ce roman addictif peut aussi se lire comme un polar écoféministe assumé.

Je pleure encore la beauté du monde est un magnifique roman de violences, d'amour et de rédemption qui m'a traversé de part en part. Moi aussi j'ai envie de pleurer la beauté du monde après cette lecture.
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Je pleure encore la beauté du monde

« On avait huit ans le jour où papa m’a coupée en deux, de la gorge jusqu’au bas ventre. »



Je vous promets, que cette première phrase m’a percuté en plein cœur. Rapidement j’ai compris qu’Inti Flynn, souffrait d’une affection neurologique. La synesthésie visuo-tactile. Son cerveau recrée les expériences sensorielles des créatures vivantes, de tous les êtres humains et parfois même des animaux. « Quand je vois, je ressens, et pendant quelques instants, je suis les autres, eux et moi ne faisons qu’un et leur douleur ou leur plaisir est le mien. » Ce jour-là son père leur apprenait à dépouiller un lapin.



Durant seize ans, Aggie et Inti, passaient tous les ans deux mois chez leur père, dans sa forêt. C’était leur vrai maison, l’endroit où elles se sentaient chez elles. Des paysages qui donnaient du sens à la vie d’Inti, enfant elle croyait que les arbres de cette forêt étaient leur famille. Vancouver, un long voyage de chez leur père, ancien-bûcheron-changé-en-homme-des-bois-naturaliste, jusqu’à Sydney, là où vivait leur mère, inspectrice de la brigade criminelle,dure à cuire et citadine invétérée.



Après des années d’étude, Inti, devenue biologiste ainsi que trois de ses compagnons, spécialistes des loups, sont en charge du programme de leur réintroduction. Ils essaient d’expliquer à la population, que trois enclos abritant quatorze loups qui viennent de Colombie Britannique ont été installés à l’intérieur du parc national des Cairngorms et qu’à la fin de l’hiver, ces loups quitteront leurs enclos pour vivre en liberté dans les Highlands écossais. Ils sont là à titre expérimentale, dans le cadre d’un programme de re naturalisation qui participera plus globalement à freiner le réchauffement climatique.



Allez faire comprendre ça à des habitants qui ont d’immenses troupeaux de moutons en liberté, les locaux craignent aussi pour leur sécurité. Depuis plusieurs siècles, les loups ont disparu, traqué par les hommes, ils ont été supprimés jusqu’au dernier. De revoir ces fauves, ne ravit personne. Des tensions très fortes vont diviser ce coin si tranquille.



Quand Inti, découvrira le corps atrocement mutilé d’un éleveur quelques jours après avoir relâché les premiers loups dans la forêt, elle comprend que les coupables seront vite désignés. Sans réfléchir, elle fait disparaître le cadavre. Mais si les loups n’ont rien à voir avec tout ça, quel monstre rôde donc dans les forêts ?



Je pleure encore la beauté du monde de Charlotte McConaghy, est un très beau livre sur la nature, les loups, la relation très forte et intime entre les deux sœurs. J’aurais voulu mettre tant choses, mais découvrez-le plutôt. Il est magnifique. L’autrice en parle tellement bien, on a l’impression de l’accompagner, dans ces forêts et de vivre un peu avec les loups. Bien sur ce n’est que mon simple avis.

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Je pleure encore la beauté du monde

Je pleure encore la beauté du monde

Un titre magnifique pour une histoire qui l’est tout autant. Ma plus belle lecture de ce début d’année.

Inti est une biologiste chargée de réintégrer 14 loups dans les forêts écossaises afin de permettre la biodiversité et de réduire le réchauffement climatique.

Mal accueillie avec son équipe par les éleveurs inquiets pour leurs élevages, elle doit faire face en plus à la disparition du plus irascible d’entre eux. Une enquête commence où les loups sont montrés du doigt. Une enquête qui confronte surtout Inti (et sa jumelle Aggie) à leur passé traumatique…

Entre passé et présent, l’Australie, le Canada et l’écosse, un roman puissant, palpitant où l’animal n’est pas celui que l’on croit. Une histoire de violences. D’amour. Et de rédemption.

Magistral

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Je pleure encore la beauté du monde

« Je pleure encore la beauté du monde » est la version française du nouveau roman de Charlotte McConaghy, « Once There Were Wolves ». En 2021, j’avais eu un énorme coup de cœur pour « Migrations », un texte qui abordait le voyage des Sternes arctiques vers l’Antarctique. À travers le personnage de Franny Stone, Charlotte McConaghy mettait déjà en lumière une femme brisée par l’effondrement du monde. Elle réitère cette pensée dans « Je pleure encore la beauté du monde » avec Inti Flynn, biologiste et spécialiste de la réintroduction des loups en milieu naturel. Nous sommes en Écosse, dans le parc naturel des Cairngorms, où quatorze loups vont être renvoyés à la vie sauvage dans un but bien particulier.



« Ce que nous observons en Écosse, explique Evan, est un écosystème en crise. Le réensauvagement de la région est une nécessité absolue qu’il faut entreprendre de toute urgence. Si nous réussissons à étendre la couverture forestière de cent mille hectares d’ici 2026, alors nous serons en mesure de réduire drastiquement les émissions de CO2, qui participent au réchauffement climatique et nous pourrons offrir de nouveaux habitats aux espèces endémiques. La seule manière d’atteindre cet objectif consiste à contrôler la population herbivore et le moyen le plus simple et le plus efficace d’y parvenir est de réintroduire un prédateur essentiel qui vivait ici bien longtemps avant nous. L’élément de prédation indispensable à la survie de l’écosystème a disparu depuis plusieurs siècles, depuis que les hommes ont traqué et supprimé tous les loups, jusqu’à l’extinction de la population. »



Le travail d’Inti et de son équipe consiste à faire en sorte que la réintroduction des loups se passe bien, autant pour eux, que pour les habitants du cru, majoritairement propriétaires terriens et éleveurs de bétails qui ne voit pas d’un très bon œil l’arrivée de ces prédateurs. Mais, « Je pleure encore la beauté du monde » est un récit en deux temps, celui du présent en Écosse ET celui du passé d’Inti et de sa sœur jumelle Aggie, ballottées entre leur mère citadine et cartésienne à Sydney, et leur père rêveur, attaché à la terre, resté « à l’état sauvage » dans une forêt proche de Vancouver. C’est précisément dans le passé que le lecteur prend la dimension de deux choses fondamentales. La première c’est qu’Inti est atteinte d’une capacité insolite qui lui permet d’être en permanence connectée aux autres. « La synesthésie visuo-tactile. Mon cerveau recrée les expériences sensorielles des créatures vivantes, de tous les êtres humains et parfois même des animaux. Quand je vois, je ressens, et pendant quelques instants, je suis les autres, eux et moi ne faisons qu’un et leur douleur ou leur plaisir et le mien. » La seconde concerne un drame survenu dans la vie de sa sœur qu’Inti espère pouvoir guérir en la ramenant dans le cocon de nature de leur enfance et dont il faudra remonter aux origines. Ajoutez à cela la partie du présent, le travail auprès des loups, la didactique qui s’y rapporte tant au niveau de l’animal en lui-même que de l’action écologique, et vous obtenez un roman qui pousse les murs de l’intériorité et de l’intimité pour venir se mêler aux problématiques du monde.



Aimer les loups, c’est d’abord les comprendre. Il faut dire que Charlotte McConaghy a fait énormément de recherches sur le sujet pour apporter le plus de réalisme possible sur leur sens de la famille, leur façon de chasser, leur intelligence. Au-delà de l’imaginaire de conte de fées qui entoure ces animaux fascinants, ils sont la clé d’un écosystème que je n’appréhendais pas. L’idée de départ de « Je pleure encore la beauté du monde », le réensauvagement grâce à l’introduction des loups et toutes les conséquences qui en découlent était fort alléchante, mais je n’imaginais pas à quel point l’histoire intime de ces jumelles allait faire corps avec le récit et le sublimer. Car, si une meute est capable de faire pousser de nouvelles plantes, revenir au cœur de la forêt peut offrir à Inti et Aggie un nouveau départ. En se reconnectant à la nature, Inti espère sauver sa sœur d’un vécu traumatique et elle-même d’une violence devenue intrinsèque.



Inti est une femme en colère, cabossée de l’intérieur, complexe. Elle a été le témoin de l’inhumanité des hommes, elle a subi la société, a expérimenté toutes les haines face à la réintroduction d’un animal dont tout le monde a une peur panique. Son « don » qui se rapproche d’une empathie extrême évolue au fil du roman, mais grâce à lui, elle perce le secret des émotions humaines, elle fonctionne à l’instinct. Comme les loups dont elle se sent si proche qu’elle voudrait pouvoir se glisser sous l’une de leur peau. Le pouvoir de la meute est aussi fort chez les loups qu’entre sa sœur et elle, comme l’instinct de la douceur ou du danger…



« Papa me disait souvent que mon don le plus précieux était ma capacité à me glisser dans la peau d’un autre humain. Il me disait que j’étais la seule à pouvoir ressentir ça, la vie d’un autre, l’éprouver vraiment et me balader avec. Il disait que le corps sait un tas de choses et que moi, je possédais ce don miraculeux de ne pas connaître qu’un seul corps. L’incroyable intelligence de la nature. Il nous avait aussi enseigné que la compassion était la qualité la plus importante de toutes. Si quelqu’un nous faisait du mal, nous n’aurions qu’à puiser dans notre capital empathie, et le pardon viendrait facilement. »



Imaginez souffrir de cette maladie neurologique que j’aime à définir comme un don, imaginez les conséquences que cela aurait dans nos sociétés… ressentir la douleur des autres ferait sans doute de nous de meilleurs humains.



Vous imaginez sans doute que dans « Je pleure encore la beauté du monde », il sera question d’adaptation des hommes et de prise de territoire des loups. Que cette cohabitation pourra s’avérer ardue. Je ne reviens pas là-dessus. Au-delà de tout ce que je vous ai déjà dit précédemment, il y a évidemment un très fort message écologique dans ce texte. J’ai aimé la façon dont Charlotte McConaghy le transmet, à la fois par des exemples très concrets, mais aussi par un langage plus abstrait. Il est énormément question de langage silencieux dans ce roman : le langage silencieux des sœurs, dont Aggie a inventé les mots, le langage des loups, le langage des arbres et de leurs racines que le père des filles leur a enseignés. Nous pouvons tous être acteurs du changement, nous reconnecter à la nature pour retrouver l’harmonie et guérir. Nous devons changer notre regard au monde.



Dans cette traduction française du titre, « Je pleure encore la beauté du monde » il y a à la fois toute l’enfance d’Inti et d’Aggie, le pouls de la forêt transmise par leur père, les douleurs vécues au cœur de la meute humaine, la peur panique de voir disparaître tout être vivant qui ne soit pas humain. En ensauvageant le naturel, peut-on se reconnecter à notre part sauvage ? « Je hoche lentement la tête. Mon père disait souvent que le monde avait déraillé quand nous avions commencé à nous détacher du sauvage, quand nous avions cessé de ne faire qu’un avec le reste de la nature, que nous nous étions installés à l’écart. Il disait que nous pourrions survivre à cette erreur si nous trouvions un moyen de nous réensauvager. Mais comment doit-on s’y prendre, sachant que notre existence terrorise les créatures avec lesquelles nous sommes censés nous reconnecter ? »



Ce roman est d’une beauté fulgurante, autant dans les descriptions de la nature, du système de connexion qui existe entre les loups, que par ce qu’il dit de l’histoire de deux sœurs, dont l’une a clairement subi la violence du monde. Le sens de la famille qui y est développé grâce à l’observation de la meute et devrait éveiller nos consciences sur notre propre humanité. Le don d’Inti à ressentir physiquement la douleur des autres ne fait qu’accentuer la force du récit. Les portraits de ces deux sœurs, réellement unies face au monde, sont tout à fait bouleversants. Que serait-on capable de faire par amour ? Par peur ? Par instinct ?



« Je pleure encore la beauté du monde » est riche d’émotions, résolument féministe, énergiquement écologiste et efface l’espace-temps. Magnifique !



Merci à Marie Chabin pour sa traduction.
Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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Migrations

Ce que Thomas B. Reverdy n’avait pu réaliser dans son roman Climax, Charlotte McConaghy l’a accompli, réussissant à intégrer des personnages forts et crédibles dans leur quête du bonheur sur fond de changements climatiques. Son héroïne, Franny Stone, mi-irlandaise, mi-australienne, se définit elle-même comme un être impulsif, inconstant et continuellement tourmenté. On la retrouve, dès les premières pages, au Groenland, en train de baguer les dernières sternes arctiques avant leur migration annuelle. Son objectif : les pister jusqu’en Antarctique. Le hic : se dénicher un passage sur un navire dans une ère où les pêcheries sont désormais interdites. Les poissons se font rares et la plupart des espèces animales ont disparu, nous sommes dans une dystopie qui pourrait être la réalité d’ici quelques années.

J’ai beaucoup aimé ce premier roman de Charlotte McConaghy. Il contient tout ce qui fait une bonne fiction et bénéficie en outre d’une construction originale. Une lecture très agréable et la découverte d’une nouvelle autrice qu’il faudra suivre de près.

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Je pleure encore la beauté du monde

"Je pleure encore la beauté du monde" est un roman écrit pour rendre hommage à ceux qui, comme Inti l'héroïne de ce roman, luttent pour ré-introduire une faune sauvage dans les parcs nationaux et autres sites naturels.



Et à mes yeux, c'est réussi. Déjà le titre et la couverture sont de toute beauté, et avoir pris pour décor les Highlands et ses forêts écossaises, territoire autant inquiétant qu'ensorcellant, est bien à l'image de cet éco-polar-féministe.



Des âmes grises mêlant bons sentiments et noirceur, des loups fascinants, une alchimie entre soeurs, de la violence sous toutes ses formes, un meurtre ou plutôt des meurtres, voilà qui compose ces 380 pages de ce très beau nature writing.



"L'homme est un loup pour l'homme", cette phrase très connue résume à elle seule ce livre qui j'espère saura rencontrer un large public via le bouche à oreille à défaut de l'être dans les médias, ce que je regrette...
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Je pleure encore la beauté du monde

Voilà un roman intéressant par bien des domaines !







Tout d'abord, la maladie du personnage principal (pas d'inquiétude, je ne spoile pas, on en prend connaissance dès le début), il s'agit de "Synesthésie visuo-tactile ou synesthésie en miroir au toucher, qui est un phénomène neurologique, sa particularité tient au fait que lorsque le synesthète voit une personne être touchée à un endroit du corps, il éprouve exactement la même sensation. Le cerveau recréé les expériences sensorielles des créatures vivantes, de tous les êtres humains et parfois même des animaux.



Ensuite, on parlera de la réintroduction des loups. C'est un fait connu maintenant, nous avons besoin des loups pour rétablir notre écosystème. Il a fallut que l'homme prenne conscience que ces être, qui étaient pourtant bien présents avant que l'on ne les chasse, avant que nous ne les exterminions, sont essentiels à notre survie, c'est ballot hein ?! La déforestation est abordée également, tout comme la communication des arbres entre eux. L'homme commence a comprendre que ce qui était en place avant son arrivée était là pour une raison simple et logique, participer à la vie de notre planète, bref ! Je dirai, pour garder un peu d'humour, que parfois, à la lecture, on a envie de sortir et de faire un gros bisous à l'arbre au fond du jardin... mais je n'en ai pas !



Forcément, nous apprenons beaucoup sur les loups. Leur mode de vie, leur sens de la famille, du partage et de la transmission, leur nature, même s'ils restent encore très mystérieux. Leur réintroduction est évidemment très controversée, c'est évident, les gens ont peur des "bêtes sauvages" et peur pour leurs bétails, ce qui est compréhensible aussi. Mais cet animal aux grandes mâchoires, aux grands yeux et aux grandes oreilles arrivera a touché le lecteur.



La violence conjugale, le féminicide et le viol seront abordés dans ce roman, un sujet encore trop actuel malheureusement, et qui aura un impact sur l'histoire de différentes manières. Le thème est bien abordé, il sera un élément fondamental de l'intrigue. Tout comme la gémellité, qui est reste la aussi un sujet essentiel, un sujet qui d'ailleurs intrigue toujours que ce soit d'un point de vue littéraire, cinématographique ou tout simplement dans la vie réelle, et l'auteur sait en jouer et en faire vivre son suspense.



Enfin, nous ne passerons pas à côté d'une petite romance... Qui du petit Chaperon Rouge ou du Grand Méchant Loup séduira l'autre ? Là je ne suis pas dans mon élément, je passe la main aux autres lecteurs pour aborder le sujet.



Tout ça pour dire ! Que j'ai passé un très bon moment de lecture, à la fois instructive, distrayante et agréable, pleine de diversités qui ne permet pas au lecteur de s'ennuyer. Quelques passages m'ont parut néanmoins un peu gros, mais le plaisir qu'on en retire excuse ces passages.
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Je pleure encore la beauté du monde

Biologiste écartelée entre deux continents et les deux codes de vie de ses parents séparés – La Colombie-Britannique où vit son père homme des bois, et l'Australie où vit sa mère policière - Inti dirige dans les Highlands un programme de renaturation destiné à freiner le réchauffement climatique grâce à la réintroduction du loup en milieu naturel. Concomitamment, elle souffre de synesthésie visuo-sensorielle, affection neurologique épuisante qui lui fait éprouver en se glissant dans leur peau, les sensations vécues par les humains ou animaux qu'elle côtoie. Elle vit avec sa soeur jumelle dont elle prend soin, depuis qu'elle est déconnectée du monde après des violences irréparables de la part de son mari qui « l'aimait à mort », prouvant une fois de plus que "l'homme est un loup pour l'homme et un relou pour la femme" (Miss.Tic).





Dans ce second roman, Charlotte McConaghy atteint l'excellence. Avec un talent, un style, une précision et une maturité hors normes, elle entrelace dans la même intrigue des thématiques aussi graves et lourdes que les violences infligées à la planète, les violences infligées aux femmes, en leur accordant la même importance. A partir de ce qui n'aurait pu être qu'un énième appel à la raison ou enfonçage de portes ouvertes pour sauver ce qui reste sauvable, elle crée une histoire déchirante peuplée de personnages complexes, qui tous tentent, à leur manière, de s'en sortir, de se réparer tout en réparant le monde.





Si j'ai apprécié chaque mot de Je pleure encore la beauté du monde, si j'ai apprécié le style envoûtant et poétique de l'auteure, j'ai également été sensible à son aspect pédagogique. Grâce à des explications documentées et simples bien intégrées dans le roman, j'ai enfin compris pourquoi la réintroduction du loup est autant primordiale pour l'avenir commun. L'auteure n'est pas manichéenne, elle ne pratique pas le sentimentalisme niaiseux, mais rapporte des données scientifiques. Elle évoque les conflits qui opposent les biologistes aux éleveurs autochtones, les premiers souhaitant sauver une espèce, les seconds s'érigeant en propriétaires de la terre et du paysage, s'intéressant davantage à leurs revenus qu'à la préservation du bien commun alors qu'ils sont grassement indemnisés si très rarement, l'une de leurs bêtes est attaquée. Au passage, qui a tué l'un d'entre eux, grande gueule, tabasseur et chasseur ?





Enfin, et j'en resterai là, j'ai aimé découvrir la nomenclature de Werner (publiée en 1814) qui relie les mondes animal, végétal et minéral, identiques et uniquement distingués par des nuances de couleurs, que Charlotte McConaghy utilise pour parer le monde de teintes jusqu'alors inconnues : l'orange orpiment et le jaune citron des frelons ; le vert tarin des aulnes, couleur des poires Colmar bien mûres, des pommes Irish Pitcher et de la pierre brillante baptisée torbernite ; le rouge hyacinthe comme les taches de la punaise Lygaeus apterus ou l'orange hollandais comme la crête du roitelet à couronne dorée. Si vous voulez apprendre que le sang frais a la couleur des cerises et de la tête des chardonnerets, Je pleure encore la beauté du monde est fait pour vous. Mais pas uniquement pour ce motif. Un très grand roman sensoriel, beau, émouvant, utile si l'on considère qu'un autre monde est possible. Et nécessaire.
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Migrations

Nous sommes dans quelques années sans savoir précisément laquelle. La sixième extinction de masse a commencé. Exit les lions, les loups, les corbeaux. Régulièrement une espèce disparaît. Les poissons ont disparu des océans presque totalement. Les oiseaux ont déserté le ciel.

Pourtant il semble que l'oiseau migrateur le plus endurant résiste.  Il s'agit de la sterne arctique. Celle-ci migre tous les ans de l'Arctique aux confins de l'Antarctique en suivant les côtes africaines ou sud-américaines. Durant son périple elle engloutit des bancs de petits poissons.

Franny Stone est une jeune femme incapable de se fixer. D'Australie en Irlande, elle a toujours été subjuguée par la mer, les oiseaux. Un baûme sur les pertes qui ont bouleversé sa vie.

Sans en connaître la raison au début du roman, nous suivons Franny au Groenland où elle suivre la migration des serbes arctiques.

Elle convint Ennis,  patron d'un chalutier de l'emmener avec son équipage afin de suivre la migration des sternes. Pour les pêcheurs,  c'est tout bénéfice avec la promesse que les oiseaux les mèneront à des poissons devenant très rares.

Cette longue migration , vers le Sud sera l'occasion d'apprendre par bribes les aléas de la vie de Franny.

Migrations porte bien son pluriel.

Migration du monde en général,  qu'il soit animal ou humain. Mais les humains ne sont ils pas des animaux ?

A travers un jeu d'aller retour bien maîtrisé,  Charlotte McConaghy nous délivre un roman brutal et poignant.

Cette anticipation de quelques années n'est pas si loin de notre quotidien et nous interpelle fortement sur notre rapport au réchauffement climatique et à la transition écologique.

Quant à l'histoire de Franny que l'on découvre peu à peu, elle nous tient en haleine et par sa brutalité nous rappelle la brutalité de cette sixième extinction de masse qui n'est pas une fatalité

Dernière phrase du roman :

" Ma mère me disait toujours de guetter les indices.

Les indices de quoi ?

Les indices de la vie.  Ils sont partout "



Ps. Il s'agit d'un premier roman de très grande tenue que l'on ne lâche pas.
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Je pleure encore la beauté du monde

Et soudain, on sent qu'enfin on tient un bon livre !

Après plusieurs semaines d'errance, d'abandons, de bouquins chroniqués par acquis de conscience et d'autres carrément refermés au bout de quelques chapitres, j'en tiens un.

« Happée» J'ai lu ce mot dans une des critiques babeliotes. Et je dois dire que je ne trouve pas mieux pour décrire ce moment où on se laisse embarquer avec délectation. Happée, littéralement, je l'ai été moi aussi!

Charlotte MacConaghy nous conte l'histoire d'une biologiste australienne qui participe à la réintroduction de loups en Ecosse, dans une zone désertifiée, où tentent de subsister des éleveurs de moutons.

Sa particularité n'est pas banale : elle est atteinte d'un syndrome qui en fait une personne ultrasensible percevant avec une très grande acuité par la simple perception visuelle le ressenti émotionnel et physique des êtres vivants qui l'entourent. C'est certes une faiblesse dont elle doit faire une force, car c'est aussi ce qui en fait une biologiste particulièrement intuitive et efficace.

On s'en doute, sa tâche ne va pas être simple. Comme un peu partout en Europe, réintroduire de grands prédateurs dans des zones d'élevage où la vie est déjà fort rude sans eux ne va pas sans heurts ni animosité!

Habitant moi-même une région où le loup s'est installé en peu d'années, prélevant des dizaines de bovins pour se nourrir, j'avoue être très circonspecte sur le sujet de la réintroduction dans un monde qui n'a plus guère de place pour la cohabitation pacifique.

Et puis on ne peut s'empêcher de craindre la rencontre fortuite qui pourrait menacer enfants et animaux domestiques et on comprend la tristesse des éleveurs qui retrouvent morts des animaux qu'ils ont soignés et vus grandir.

Pourtant, ce texte magnifique m'a bouleversée et j'avoue avoir versé des larmes tant l'écriture est belle et le message émouvant. J'ai été conquise et ai appris beaucoup de choses que j'ignorais totalement sur cet animal et le sens des réintroductions.

Le récit n'est pas qu'un "nature writing" particulièrement réussi, c'est aussi une vraie histoire avec des sentiments, du suspense, des tensions, une intrigue, une enquête. C'est un vrai beau roman à rebondissement car comme vous le découvrirez Inti n'est pas venu seule en Ecosse. Elle protège sa soeur jumelle dont on découvre par étapes le passé douloureux. Hymne à la vie sauvage et plaidoyer vibrant pour le loup qui remue les tripes et retourne le coeur, ce roman est aussi un rude voyage, sordide parfois, dans l'intime des sentiments humains de ses protagonistes, dont la plupart ont été d'une manière ou d'une autre, confrontés à la violence.

De quoi mettre en perspective la peur du loup…

Un gros coup de coeur.

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Migrations

Nous sommes demain. 80% des espèces animales sauvages ont disparu. Très peu de poissons subsistent au fond des océans et seules les sternes arctiques , ces oiseaux capables de parcourir des milliers de kilomètres lors de leurs migrations, semblent avoir survécu.

Par amour pour ces oiseaux, Franny Stone parvient à embarquer sur un bateau de pêche et faisant fi de ses convictions écologiques, propose un marché au capitaine du Saghani : les sternes les mèneront aux poissons et elle pourra les suivre dans leur périple.

Commence alors un double voyage : l'un sur mer en compagnie d'un équipage haut en couleurs , l'autre dans le temps qui nous permet de découvrir une héroïne marquée par un passé douloureux, par son amour de la mer et enfin par une irrépressible bougeotte qui la force à quitter ceux qu'elle aime.

Charlotte McConaghy sait nous tenir en haleine, tant dans son récit d'aventure maritime que dans la découverte des failles de son héroïne. On ressent parfaitement aussi son amour de la nature et les craintes que la sixième extinction annoncée génère chez ses personnages, personnages dont elle brosse le portrait avec beaucoup d'empathie. On frôle parfois le pathos mais la conclusion, juste parfaite offre une lueur d'espoir bienvenue. Un roman qui séduira tous les amoureux de la  nature.



Éditions  Lattès 2021





Traduit de l'anglais par Anne-Sophie Bigot
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Je pleure encore la beauté du monde

Cinq loups stylisés se sont substitués en couverture au titre original « Once there were wolves », que remplace en français une citation du livre « Je pleure encore la beauté du monde ». La quatrième de couv' en fait plus en retombant dans d'anciens travers spoilers. La composante roman policier n'intervient en effet qu'après un bon tiers du récit. le thème général est un projet de réensauvagement des Highlands où ne subsistent que des lambeaux des anciennes forêts celtiques qu'ont décimées des hardes de chevreuils laissées sans prédateurs.

Si l'on excepte les éleveurs de bétail, les loups ont actuellement la cote dans le reste de la population, notamment auprès des pianistes. On pourrait de ce fait s'attendre à une narration convenue, un genre de nouveau western avec une flamboyante biologiste, une certaine Inti Flynn, responsable du projet d'un côté et des éleveurs hostiles à l'esprit bovin de l'autre, même si dans la région, on travaille plutôt sur du mouton. Mais l'examen du CV de l'autrice nous révèle qu'elle est scénariste avant même d'être romancière et de ce point de vue, elle n'a pas ménagé ses efforts pour imaginer un dispositif éminemment complexe : ladite biologiste souffre d'abord d'un syndrome qui lui fait éprouver dans sa chair la douleur de l'être qu'elle observe. Son personnage en outre se double d'une jumelle, autrefois polyglotte et aujourd'hui rendue muette quoique communicant par des signes. Le récit fera dès lors des allers et retours entre le présent et le passé pour nous en révéler la cause. Une intrigue secondaire – mais pas tant que ça – est centrée sur la violence faite aux femmes. On ajoute que les parents de cette doublette sont un père bûcheron repenti (et repentant) survivant désormais en autarcie dans la forêt au Canada, divorcé d'une mère commissaire de police opérant en Australie et déplorant la trop extrême sensibilité de sa fille.

Avec ça il y a de quoi faire et Charlotte McConaghy fait la démonstration d'un talent certain, même si de temps à autre, une barque aussi chargée a tendance à tanguer et que la densité des personnages secondaires en pâtit un peu, ce qui ne l'empêche pas de conduire son affaire avec brio, avec des morceaux de bravoure superbes comme l'approche du cheval sur le lac gelé et d'autres que je ne parviens pas à retrouver, mais qui ne vous échapperont pas, j'en suis certain. Avec des loups au rendez-vous pour tout ce qu'on peut attendre d'eux, depuis Romulus et Remus en passant par Jack London.

J'allais oublier de louer le très beau travail de la traductrice.

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Je pleure encore la beauté du monde

Un très beau livre – le titre et la couverture m’ont subjuguée – pour un très joli coup de cœur. L’autrice démarre fort son récit. La première phrase du livre est pour le moins percutante et perturbante. Jugez plutôt ! « On avait huit ans le jour où papa m'a coupée en deux, de la gorge jusqu'au bas ventre ». C’est Inti qui parle. Inti est une petite fille spéciale. Elle « souffre » d’une maladie étrange que je ne connaissais absolument pas. La synesthésie visuo-tactile de son nom scientifique. Inti ressent tout ce que ressentent les personnes ou les animaux qu’elle voit, comme si c’était elle. Douleur, bonheur… Tout. Elle devient eux quelques instants. Quand je vous disais étrange… Les sensations sont parfois si intenses qu’elle en perd connaissance. Inti est donc assez sensible, fragile surtout psychologiquement. D’ailleurs, sa mère lui a intimé l’ordre de s’endurcir durant toute son enfance. Ce que ne veut pas Inti. Heureusement, sa sœur jumelle, Aggie, est là pour veiller sur elle. En tout cas, tant qu’elle le pourra. Ces deux petites filles fusionnelles se sentent vraiment chez elles au milieu de la nature, dans la forêt avec les arbres. C’est là qu’Inti a vu son premier loup. Depuis elle consacre sa vie à leur protection et à leur réintroduction dans la nature pour le bien de la biodiversité, de l’avenir de notre planète. L’histoire nous emmène en Ecosse où Inti vient d’arriver avec son équipe. Ils sont là pour réintroduire plusieurs meutes de loups. L’accueil des habitants, en particulier des éleveurs de moutons, est glacial. L’affrontement semble inévitable. D’autant qu’Inti a changé et s’est endurci. La douleur a cet effet là sur les gens. Par petites touches qui nous ramènent par moment dans le passé, l’autrice nous dévoile peu à peu les raisons de sa transformation. Je ne vous en dirais pas plus. Sachez juste que c’est un magnifique récit rempli d’amour, de haine et d’amitié. De résilience aussi. Il traite de sujets importants comme la place de la nature dans nos vies, sa préservation, notre relation au vivant, la violence faite aux femmes… Très bien écrite, l’histoire m’a profondément touchée par moment. Oui un gros coup de cœur pour « Je pleure encore la beauté du monde ». A découvrir absolument.
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Migrations

« Nous pouvons aussi en prendre soin. […] »



De disparitions, de promesses, et d'amour… Entre ciel et mer.

En quête de traces. Dans une nuée d'oiseaux par-delà les océans…



Franny Stone est au Groënland, prête à suivre les sternes arctiques durant leur migration. La dernière volée…, car ces oiseaux font partie des espèces en déclin extrêmement menacées.

Les sternes « voyagent » d'Arctique en Antarctique chaque année, « la plus longue migration de tout le règne animal » !

Bien déterminée à les suivre durant leur migration et ainsi en savoir plus sur le réchauffement climatique, la jeune femme réussit à convaincre Ennis Malone, capitaine d'un bateau de pêche sur le point de prendre la mer, de l'embarquer avec son équipage à bord du Saghani.



Auprès de ces « exilés de la terre ferme », c'est l'opportunité de suivre les sternes en période de migration et vu qu'elles se nourrissent de poissons, cela présage de bonnes prises pour le Saghani.



Une expédition en haute mer pour ces marins et pour la jeune femme portant mystères et souffrances, car qui est-elle vraiment ? .

« Ce monde fait de peur qui est devenu le mien, je crains d'y survivre au moins autant que je crains de ne pas en réchapper ».



C'est alors une véritable traversée mêlant passion, conviction, motivation, manipulation, provocation, et, révélations ; source d'émotions et de découvertes.



Si l'on est attiré par la nature sauvage, les oiseaux, sensibilisé par les espèces menacées, en voie d'extinction, notre environnement et la préservation de notre belle planète, ce livre vous parlera. de même pour le milieu de la pêche et la spécificité de la vie à bord, racontés. Rien de manichéen, et c'est ce qui m'a plu aussi, tout étant bien plus complexe.



C'est aussi une histoire amenant des réflexions sur la nature humaine, la culpabilité ; sur la vie.

J'ai aimé le style, les descriptions, sublimes, le décor liant ces deux éléments, l'air et l'eau. le souffle, la vie et ses inévitables dangers. Et même s'il y a du chagrin, il y a aussi de l'optimisme dans le fond.

C'est une quête de traces conjuguant beauté et intrigue .



J'ai ressenti une belle évasion littéraire et un apprentissage. J'ai aimé les explications sur les oiseaux, les espèces menacées. Il y a tant à apprendre des comportements des animaux et de leçons à méditer.

J'ai aussi aimé ce roman pour ses résonnances à titre personnel,



« […] peut-être que l'homme n'est pas condamné à être toujours un poison ou une plaie pour la Terre. Peut-être sommes-nous encore capables d'en prendre soin. »

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Je pleure encore la beauté du monde

Ah tiens, Aline a encore acheté un livre avec des loups sur la couv'...

.

Et elle a bien fait Aline, parce que "Je pleure encore la beauté du monde" est un magnifique récit à côté duquel il ne faut pas passer. Ce roman parle d'écologie avec la réinsertion de ce grand, beau et mystérieux prédateur qu'est le loup dans des écosystèmes qui doivent être redynamisés. Il parle de femmes qui doivent encore lutter pour prendre leur place dans le monde. Il parle de plein d'autres choses encore et il serait bien vain de tenter de les résumer. Lisez ce roman sensible et sauvage, aimez les loups et allez vous promener dans les bois.
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Migrations

Charlotte McConaghy nous offre à la fois une dystopie écologique et un conte adulte.

Dans Migrations, il n’y a plus d’oiseaux. Tous ont arrêté de chanter, les poissons se font très rares. Plus d’animaux sauvages, le parc des Yellowstone est l’une des dernières forêts de pin qui existe pourtant, tu n’entends plus aucun son. Pas de loup, plus d’ours, aucun cerf, toutes formes de vie ont été décimés.

Un temps inconnu, mais qui pourrait bien être proche de notre époque.

Un seul groupe d’oiseaux reste encore, ils vont effectuer leur dernière migration. Les sternes.

Franny veut les suivre à travers leur périple et peut-être les sauver.

80 % des espèces sauvages sont éteintes, les autres connaîtront la même destinée dans une décennie, il existe des refuges où on tente de préserver les espèces… utiles. Ceux qui pollinisent, ceux qui sont importants pour l’homme. Il reste le bétail évidemment, car il faut bien manger et puis les animaux de compagnie parce qu’ils nous permettent d’oublier que tous leurs congénères se meurent.



Sa nationalité fluctue comme les marées. Marée haute, australienne ; basses, irlandaise.



« Guette les indices. Les indices de quoi ? De la vie, ils sont partout ».



Ennis, loup de mer, chef de meute. La meute c’est son équipage. Tous dépendent de lui. S’il se trompe, si l’itinéraire n’est pas le bon pour ramener le poisson pas d’argent au retour.

Léa, Malachai, Dae, Samuel, Basil et Anik.

Chacun a leur histoire, leur raison pour travailler à bord de ce bateau, à ce moment-là. Un groupe homogène avec tous, le même point commun, le désir d’être en mer pour chercher ce qui leur manquait sur terre.

Ces exilés de la terre ferme adorent l’océan, leur navire. Chacun à leur façon vit le deuil de cette vie condamnée à disparaître. Un métier qui n’existera plus quand le dernier poisson aura été pêché.



Franny, 12 ans plus tôt, collectionne les sourires, car ils sont rares et un geste agréable à observer.



Elle refuse d’abandonner son but. Pas après tout ce qu’elle a vécu et survécu ! Son cœur sauvage en abrite un autre plus calme. Dans ce cœur plus calme, il y a la voix de son mari Niall.

Elle veut aller le plus au Sud pour suivre la migration naturelle la plus longue sur terre.

Pour cela, Franny, tu as besoin du bateau d’Ennis.

Ton âme a beau être vagabonde, tu es déterminée.

Ta place c’est là où mènent les murs aux reflets argent là où sont le sel et la mer et les bourrasques.



Les oiseaux, pour elle, incarnent la solitude absolue ou son contraire. Ils représentent au cœur de l’hiver, quand la nature est endormie, la manifestation physique de quelque chose de profond. Ils sont le temps, le monde, ils sont les distances. Les latitudes et les longitudes des distances qu’ils parcourent des endroits où Fran ne pourra jamais les suivre.



Pourquoi cette obsession ? Pourquoi ce besoin viscéral de se frotter au danger ? Fran est une énigme.

Elle a été enfermée 4 ans en prison, mais pourquoi ? Est-ce cela qu’elle fuit ou est-elle en quête d’elle-même ?

Arrivée à destination se transformera-t-elle en oiseau comme la légende qu’un garçon lui a raconté, un jour, longtemps auparavant ?

Retrouvera-t-elle sa mère qu’elle n’a eu de cesse de chercher ?



Les réponses se trouvent à bord du bateau et 12 ans plus tôt

Charlotte McConaghy choisit l’alternance de temps et de lieux pour que l’on comprenne toute la complexité de son héroïne.

Une héroïne en perpétuelle migration, constamment en mouvement. Une femme dotée de nombreuses facettes notamment une part sauvage, elle la dompte parfois, parfois cette part quasiment animale prend le dessus.



Dans ce livre, il y a du blanc neige, du bleu indigo, du noir corbeau, les becs vermeils des sternes.

Il y a les merveilles et les périls de la vie et comme parfois ils se confondent.

Il y a aussi une boîte de Pandore, un passé qu’on essaie de fuir, un futur impossible

Dans ce roman, il y a le regard des animaux plein de sagesse ancestrale

Des battements de cœur qui ressemble à des battements d’ailes de papillons pris dans la lumière des phares.



Je me souviens d’un jour où, grâce aux oiseaux, je suis revenue à la vie. Plus forte que jamais

Le doux devient amer et même le ciel aux airs d’infini te paraît parfois amer

Il te faut un horizon pour toi supporter les murs. Les murs intérieurs aussi. Ceux-ci sont très épais. Tu as entouré ton cœur d’une muraille infranchissable.



Le temps de ma lecture, je me suis sentie oiseau. Un oiseau survolant l’immensité de l’océan, me posant à terre pour écouter Fran me narrer son histoire bien plus complexe, sombre et triste que je ne le pensais. Très belle aussi.

Un conte pour adulte addictif avec ses moments angoissants, ses rebondissements, les révélations, surtout dans la seconde partie, qui te donnent envie de tourner et tourner encore les pages.



Poissons décimés, océans vidés, vous avez pris et encore pris maintenant il ne reste plus rien.



Une héroïne tourmentée, inconstante, cassée, impulsive et pourtant, tellement attachante. Quand tu auras assemblé les pièces qui composent le fil de sa vie, quand tu auras assemblé les rouages de son horloge biologique avec ce qu’il s’est passé auparavant, bien avant, puis 12 ans plus tôt puis 4 ans plus tôt ; tu comprendras toute la complexité de Franny et toutes les tempêtes qui ont décimé sa vie.

Libérée de ses chaînes là enfin elle restera tranquille.



Un conte magnifique, il faut le savourer pour comprendre le sens de cette fable. Les illusions allusions, le langage parfois imagé, et puis surtout prend le temps d’observer cette immensité de bleu et de blanc. La banquise, les icebergs qui se détachent. Je les ai entendus couler dans la mer là où aucun homme n’a encore pénétré. Un sanctuaire préservé.

Laisse-toi guider par la plume de Charlotte McConaghy et ressens. Tout. Intensément.



« Le sens de la vie : notre vie a un sens très simple : il réside dans notre capacité à prendre soin des choses et des êtres et à rendre la vie plus douce à ceux qui nous entourent. »



Contrairement à la plupart des autres dystopies environnementales, celle-ci n’est ni dans l’urgence ni trop moraliste. En fait, c’est un roman tranquille. Une histoire subtile et triste d’une femme et de son chagrin.

Et c’est une histoire d’amour aussi. Pour une personne et pour une planète.

Je ne peux pas vous dire à quel point j’ai aimé ce livre.

Le début peut sembler lent, mais il est nécessaire, crois-moi, une fois que tu as passé les 150 premières pages, tu voudras savoir. Il y a quelque chose dans le personnage de Franny. Quelque chose d’indéfinissable, de brut, solitaire et confus, qui te donnent envie de savoir d’où elle vient et où elle finira. Même son âge, au départ, est impossible à deviner.



L’atmosphère créée par l’écriture de Charlotte McConaghy m’a laissé un frisson qui n’a toujours pas disparu. Elle parvient à rendre cette histoire froide, le plus simple des événements et des actions comme une brise glacée sur la nuque. Froide et pourtant tellement bleue, tellement belle.

Bien que, plutôt prévisible, je dirais que cela semble inévitable. Comme si nous anticipions quelque chose, en sachant que cela ne pouvait pas être bon. J’ai vu le point culminant du roman venir, mais cela n’a rien changé à l’impact qu’il a eu pour moi.
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Migrations

« Les animaux meurent. Bientôt nous serons seuls ici-bas. » Ainsi s’ouvre « Migrations » de Charlotte McConaghy. Nous sommes bien sur terre, ou ce qu’il en reste. Peu à peu, celle-ci se vide de toutes les espèces animales qui la peuplaient autrefois. Une extinction de masse. Franny Stone est passionnée par les oiseaux, tout particulièrement les Sternes arctiques. Son objectif est de prouver que toutes les espèces animales ne sont pas éteintes et qu’il reste de l’espoir. « La Sterne est l’animal qui effectue la plus grande migration de tout le règne animal : elle fait l’aller-retour entre l’Arctique et l’Antarctique en moins d’un an. »



Franny embarque à bord du Saghani en persuadant son capitaine Ennis Malone de dévier de sa trajectoire pour suivre 3 Sternes qu’elle a précédemment baguées en lui promettant des bancs entiers de poissons à pêcher. Mais Franny n’est pas tout à fait la femme qu’elle laisse paraître. Au fond d’elle se cachent de lourds secrets que le lecteur découvre dans des apartés, sous forme de retour en arrière, 12 ans plus tôt, 4 ans plus tôt, sous d’autres cieux.



« Migrations » est un superbe voyage vers L’Antarctique, ce lieu un peu mythique qui ne s’atteint que par une solide volonté. Le voyage que propose l’auteur est semblable à un château de cartes qui s’écroulerait au gré de l’avancée. Le bateau fend les océans, et derrière lui, le monde s’effondre. Dans ce futur proche sans réelle datation, le réchauffement climatique a progressivement tué toute vie animale, transformant par extension celle des hommes. La plume de Charlotte McConaghy incarne à la fois ce monde en perdition, mais décrypte également une migration personnelle, un exode intime, une fuite introspective : celle de Franny. « Toute ma vie n’aura été qu’une longue migration sans destination, autant dire une migration qui n’avait aucun sens. Je pars toujours sans raison, juste pour être constamment en mouvement, et cela me brise le cœur en mille, dix mille morceaux. Quel soulagement d’avoir enfin un but. » Au gré des pages, Franny se raconte. Le lecteur sent bien qu’elle est en recherche de paix intérieure, mais pourquoi ? Sous sa mélancolie racontée lors des évènements du passé se cachent une forme d’acceptation, un renoncement assumé, une résignation qui touche à l’intime d’une vie et à l’intégralité de son existence sur terre. « Je m’étends sur le dos, plus perdue que jamais, parce que je n’ai pas le droit au mal du pays, je n’ai pas le droit de me languir des choses que j’ai si opiniâtrement laissées derrière moi. Ce n’est pas juste d’être parfaitement capable d’aimer, mais absolument incapable de rester. » Il y a entre Franny et la nature un attachement singulier. L’auteur décrit magistralement ce lien indéfectible qui la relie par exemple à l’océan ou à toute forme d’étendue d’eau en faisant d’elle une « selquie », une créature mi-humaine, mi-phoque capable de s’immerger dans les eaux les plus froides du globe, un rituel proche d’une purification de l’âme, dont les effets ralentissent les flux sanguins, et les pensées néfastes. Franny se cherche, Franny veut aller au bout du monde pour aller au bout d’elle-même, car Franny cherche la rédemption.



J’ai été profondément émue par cette femme résiliente, mais au fond si délicate, cherchant à faire la paix avec elle-même tout en déployant cette force tenace pour accepter son passé et ses démons, se raccrochant aux promesses qu’elle s’est faites à elle-même et aux autres. Malgré le maelstrom d’un monde qui s’écroule, elle conserve cette ardeur vitale pour arriver au bout du chemin fixé, au cœur d’une nature qui bataille pour préserver son aspect sauvage et indompté. « Pourtant, dans notre mégalomanie et notre quête obsessionnelle du “sens de la vie”, nous avons oublié l’essentiel : préserver la planète qui nous a tous vus naître. »



Sous le prétexte de suivre les Sternes arctiques, Charlotte McConaghy met en lumière quelque chose de plus viscéral, de plus instinctif, mais aussi de plus impérieux : « échapper à sa prison de peau pour enfin vivre libre. » Elle le fait remarquablement bien, en vaporisant, par petites touches, les combats et les émotions d’une femme qui fait le point sur sa vie. Happé par les émotions de Franny, l’avancée vers l’Antarctique et les digressions du passé, je n’ai pu qu’être réellement charmée par la force des mots et des idées qui sont développées ici. Malgré l’angoisse que peut représenter la thématique centrale, la disparition progressive de notre terre telle que nous l’avons connue, ce récit m’a apaisée, comme si, moi aussi, il m’avait été offert l’occasion de faire la paix avec moi-même. « Quand on se lance dans l’ultime migration, non seulement de sa vie, mais de toute son espèce, on ne rebrousse pas chemin au dernier obstacle. Peu importent la fatigue et la faim, peu importe que l’espoir ne soit plus qu’un vague souvenir. Il faut aller jusqu’au bout. »
Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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Je pleure encore la beauté du monde



Ayant beaucoup aimé le premier roman, Migrations, de cette autrice, je me faisais une joie d'ouvrir celui-ci. Il avait en effet tout pour me plaire: une histoire de réintroduction de loups dans une forêt des Highlands (une pure fiction , apparemment) et j'étais déjà ravie.

Hélas, le défaut que j'avais déjà évoqué comme bémol pour son précédent ouvrage se donne ici libre-cours: le pathos. 

On accumule les personnages torturés, les situations prévisibles (voire invraisemblables) et à trop vouloir accumuler les thèmes (violence faites aux femmes, loups accusés de tous les maux, y compris de meurtre sur humains) l'autrice m'a totalement déçue. Dommage.Il n'en reste pas moins qu'on sent ci un véritable amour  de la nature et des loups.





 Éditions Gaïa 2024. Traduit de l'anglais (Australie) par Marie Chabin.
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Je pleure encore la beauté du monde

« Je pleure encore la beauté du monde » est un livre superbe qui passionnera ceux qui aiment la nature et les animaux. Si son intrigue se met en place doucement, elle nous tient ensuite complètement en haleine. L’héroïne va devoir défendre les loups tout en tentant de se reconstruire, elle et sa sœur. L’autrice nous faire réfléchir à la fois sur les conséquences du dérèglement climatique et sur la place du loup pour sauvegarder une nature meurtrie. Mais au-delà apparait toute une réflexion sur les violences des hommes entre eux et avec les animaux, qui interroge sur la place de l’humain parmi les vivants. Une très belle histoire de résilience au cœur de la nature, magnifiquement écrite, pour ne rien gâcher !
Lien : https://mangeursdelivres.fr/
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Je pleure encore la beauté du monde



De CHARLOTTE Mc CONAGHY : Je pleure la beauté du monde. (360 pages)



Quand vous avez commencé de lire ce livre il vous est difficile de le poser.



Inti Flynn est une jeune biologiste qui mène un programme de réintroduction du loup dans les Highlands écossais.

Inti a été élevée avec sa jumelle Aggie , deux mois par ans chez leur père à Vancouver qui leur apprend a vivre et même survivre au milieu des bois et le reste de l année avec leur mère commissaire de police à Sydney.

Perturbée dans leurs vies de jeunes adultes les deux sœurs se refugieront sur la terre écossaise.



La réintroduction du loup dans un territoire d'élevage n'est pas sans conséquences.

Le cadavre mutilé d'un éleveur alors que les loups sont lâchés dans la nature créera un doute dans la population.



Ce livre nous explique les bienfaits que l'animal sauvage peut apporter à la nature, nature qui a été son domaine avant que l'homme ne la modifie.



Superbe livre lu en deux jour.
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