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Citations de Charlotte McConaghy (56)


Tandis que nous gravissions le flanc d'une colline, je retins mon souffle, anticipant déjà le spectacle qui nous attendait. Une palette de nuances automnales. Un festin. Un mamelon ondoyant tapissé d'arbres à feuilles caduques : mélèzes, trembles, peupliers, tous parés d'un jaune intense, aveuglant, parmi lesquels se glissaient quelques touches d'orange flamboyant. Il y avait aussi des bouleaux blancs à feuilles écarlates et, plantés çà et là, quelques épicéas revêtus de leur habit persistant. De l'autre côté du lac, le paysage ressemblait davantage à une toundra, enfilade de collines dépouillées d'arbres mais ourlées de buissons rouges et rose cerise dégringolant jusqu'aux rives du Wonder, irisé de reflets lilas sous les rayons mauves et dorés du soleil couchant. Surplombant le tableau, le mont Denali et son sommet enneigé, immaculé, élégant, vertigineux par sa taille.
Je n'avais jamais vu d'endroit pareil, et n'en verrais plus jamais.
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Enfant, je croyais que les arbres de cette forêt étaient notre famille. Les branches des plus hauts et des plus imposants dardaient à plusieurs mètres au-dessus du sol et ce signe nous indiquait leur grand âge. Les troncs des cèdres rouges arboraient des rayures, ou tout comme, sillons verticaux rectilignes creusés dans leur écorce jusqu'à leur cime, mais en dehors de ça ils étaient lisses, et leur couleur grise virait à l'argenté quand la lumière de l'après-midi se frayait un chemin à travers la canopée, tout là-haut. Élégants, les cèdres, avec leurs feuilles semblables à des fougères. Les tsugas étaient différents, de couleur plus sombre, plus terriens. Des motifs tarabiscotés ornaient leur écorce rugueuse. Les deux se paraient de plaques de mousse semblables à des éclaboussures de peinture, d'un vert vif, presque fluo. Il y avait plein d'autres arbres, des plus petits qui s'enroulaient autour des grands, des jeunes indisciplinés, peut-être des adolescents. Certains d'entre eux dépliaient au sol leurs doigts tortueux pour nous faire trébucher, les farceurs, d'autres étaient dodus et touffus, d'autres encore frêles et sinueux. Il n'y en avait pas deux pareils. Ils étaient uniques, étranges et variés, mais ils partageaient tous le même point commun: ils parlaient.
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Ce n'est pas sain, ce besoin de me frotter au danger, et pourtant il perdure en moi, encore et toujours. La seule différence ? Avant, j'en étais fière. maintenant, il me fait honte.
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Quand on parle de préservation, de sauver cette planète, il faut commencer par les prédateurs. Parce que tant qu’on ne les aura pas sauvés eux, on n’aura aucune chance de sauver le reste. »
Moi, je vois leur puissance subtile, leur patience immense et leur beauté incomparable
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Il existe des langues dépourvues de mots et la violence en est une.
Adolescente, Aggie était déjà un génie des langues. Elle en parlait quatre couramment et en apprenait plusieurs autres. Mais les langues parlées n’étaient pas les seules qu’elle comprenait. Aggie savait aussi qu’il en existait d’autres qui n’avaient pas besoin de voix. À l’âge de dix ans, elle avait inventé une langue des signes pour nous permettre de communiquer secrètement. Elle avait construit un monde où nous n’habitions que toutes les deux, un monde où nous étions heureuses et que nous n’aurions jamais envie de quitter. À seize ans, elle s’est initiée au langage de la violence : elle a cassé le nez d’un garçon et elle l’a fait pour moi, comme presque tout ce qu’elle faisait.
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L'élément de prédation indispensable à la survie de l'écosystème a disparu depuis plusieurs siècles, depuis que les hommes ont traqué et supprimé tous les loups, jusqu'à l'extinction de la population. C'était une énorme boulette. Les écosystèmes ont besoin de superprédateurs parce qu'ils sont à l'origine de changements écologiques considérables qui se répercutent sur la chaîne alimentaire. Dans notre jargon, nous appelons ce phénomène les "cascades trophiques". Leur réintroduction modifiera le paysage de manière positive : la faune sauvage disposera d'un nombre croissant d'habitats, la nature du sol sera de meilleure qualité, il y aura moins de crues et d'inondations, les émissions de co² seront neutralisées. Des animaux de toutes tailles et de toutes espèces reviendront vivre sur ces terres.
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Ce soir, je lui écris pour lui confier qu'il avait raison, mais qu'en même temps, je suis persuadée que notre vie a un sens très simple: il réside dans notre capacité à prendre soin des choses et des êtres et à rendre la vie plus douce à ceux qui nous entourent.
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La panique s'installe en tourbillons d'argent sur ma peau comme les reflets du soleil sur les écailles des saumons.
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L’été est arrivé et la nature s’offre au soleil, s’épanouit sous sa chaleur. La canopée et le sol ont verdi et captent la lumière dessus et dessous. La bruyère écossaise a envahi les champs et les collines, déroulant un tapis d’un mauve éclatant moucheté de cramoisi. Le ciel, lui, ne semble pas concerné par la saison estivale : il tire encore vers le gris et le blanc et déverse encore des seaux d’eau tandis qu’une brume inquiétante plane encore sur les environs. Me revient à l’esprit le regard de Duncan sur ce paysage, si vaste qu’il vous engloutit, si beau et si sauvage qu’il peut rendre fou celui qui n’est pas taillé à sa mesure. Je commence à le sentir qui pénètre en moi.
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- On apprend aux hommes qu'ils doivent tout contrôler mais la société moderne ne cautionne plus ce modèle, alors quelques-uns d'entre eux ont l'impression que les choses leur échappent et ils vivent ça comme une humiliation. Ca les rend d'abord fous de rage puis violents.
- A bas le patriarcat ! claironne Amelia.
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Combien de femmes vont encore mourir sous les coups de leur compagnon avant qu'on réagisse ?
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- Ecoutez-moi les filles, chacun de nous doit faire un petit effort pour freiner le dérèglement climatique et stopper la dégradation de notre planète. Pour ça, il faut réduire au maximum notre impact et vivre sur cette Terre aussi légèrement que possible. Nous ne sommes pas là pour consommer jusqu'à ce que tout soit foutu. Nous sommes des gardiens, pas des proprirétaires.
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Mais bien sûr, il n’y aura plus de voyage pour moi après celui-ci, plus aucune exploration possible. C’est peut-être la raison pour laquelle je me sens soudain si sereine. Toute ma vie n’aura été qu’une longue migration sans destination, autant dire une migration qui n’avait aucun sens. Je pars toujours sans raison, juste pour être constamment en mouvement, et cela me brise le cœur en mille, dix mille morceaux. Quel soulagement d’avoir enfin un but. Je me demande comment je me sentirai quand le moment viendra. Je me demande ou on va quand on part, et si quelque chose vient avec nous. Mon idée, c’est plutôt qu’on ne va nulle part et qu’on ne devient rien. Cela ne serait pas si triste si cela ne signifiait pas que plus jamais je ne reverrais Niall. On nous donne tous si peu de temps à partager ensemble qu’on pourrait se demander à quoi bon, mais en même temps, le peu qu’on a est précieux, et peut-être même juste assez. C’est une bonne chose que notre corps se fonde ensuite avec la Terre, histoire de lui rendre l’énergie qu’elle nous a donnée en nourrissant les insectes et en fertilisant le sol. Ce n’est peut-être pas un mal que notre esprit soit enfin au repos. Du moins, cette idée m’apaise.

Quand je serai partie, il ne restera plus rien de moi. Pas d’enfant pour transmettre mon génome, pas d’œuvre d’art pour rappeler mon nom au monde, aucun écrit, aucun grand accomplissement. Rien que du silence, et l’achèvement d’une petitesse telle que ce sera comme être invisible. Comme un point Nemo humain, à jamais loin de tout, éternellement inexploré.
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Quelque chose leur manquait sur terre, alors ils sont partis le chercher en mer.
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Le soleil de minuit teinte le monde d’une lueur indigo qui me rappelle vaguement le bleu si particulier des terres qui m’ont vu grandir, à Galway. J’ai voyagé aux quatre coins du monde, et par-dessus tout, je suis toujours frappée par la différence de lumière. Elle n’est jamais tout à fait la même. En Australie, elle est vive, violente, tandis qu’à Galway, elle semble plus diffuse, une brume réconfortante. Ici, elle fait ressortir tous les contours, froids et nets.
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J’étudie les cartes cognitives dessinées par les loups sur leurs territoires. Ils se transmettent ces cartes géographiques et temporelles de génération en génération et connaissent si intimement leur domaine que chacun de leurs déplacements est programmé. Les loups ne se baladent pas au hasard. Ils bougent dans un but précis et ils apprennent à leurs petits à reproduire le même schéma. Ils se partagent des images mentales.
— Comment ils s’y prennent ?
— En hurlant. Leurs cris dessinent des tableaux. 
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Si vous pensez réellement que les loups sont des bêtes sanguinaires, c'est que vous êtes aveugle. Parce que c'est nous qui sommes comme ça. C'est nous qui tuons les gens, les enfants. C'est nous les monstres.
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Au bout d'un moment, il demande :
— Ils sont déjà en liberté ?
— Pas encore. Mais c'est l'objectif.
—Je vais dire aux habitants du village d'enfermer leurs femmes et leurs filles. Les grands méchants loups seront bientôt lâchés.
Je rencontre son regard.
— À votre place, j'aurais plutôt peur que les femmes et les filles aient envie de s'enfuir avec les loups.
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- Tu aimes les arbres ?
- J'aime le bois coupé.
La déception froisse mon visage.
- C'est beau, le vrai bois, se défend-il.
- Mais bien sûr. C'est très carcasse chic.
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- Les cervidés grignotent les jeunes pousses d'arbres et de végétaux. Avec eux, rien ne se développe. Nous sommes envahis par les cerfs et les chevreuils. Les loups réguleront cette population et les inciteront à se déplacer, ce qui permettra aux plantes et à la végétation de croître naturellement, ce qui favorisera le retour des insectes pollinisateurs, des rongeurs et des mammifères de petite taille, ce qui incitera les oiseaux de proie à revenir sur le territoire. En contrôlant également la population de renards, les loups permettront aux animaux de taille moyenne tels que les blaireaux et les castors de prospérer. Les arbres pourront de nouveau pousser, et fabriquer l'air que nous respirons. Un écosystème diversifié est un écosystème en bonne santé qui profite à tout le monde.
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