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3.83/5 (sur 408 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Saint-Brieuc , 1981
Biographie :

Romancière, agrégée de Lettres modernes, elle enseigne la littérature dans un lycée à Rennes.

Son premier roman, "Solak", a paru dans la collection Rouergue noir en 2021. Salué par la critique, il a reçu huit prix littéraires dont le prix Claude Mesplède 2021, le prix Michel Lebrun 2021, le Trophée 813 du roman francophone 2022 et le prix littéraire Québec-France Marie-Claire-Blais 2023.

En 2022 a paru dans la collection la brune un récit : "In carna, fragments de grossesse".
En 2024, elle imagine le destin de trois femmes dans "Traverser les forêts".


Source : Editions du Rouergue
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"Traverser les forêts" de Caroline Hinault - Interview 3


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Il passait ses mains dans sa tignasse d'ours brun, tournait lentement ses pages, on le voyait bien qu'il était loin de nous, qu'il voyageait dans la chair des mots, ça se sentait qu'il y prenait une saloperie de plaisir, il aurait fallu nous expliquer comment, à nous autres, comment on pouvait plonger comme ça dans des phrases écrites par d'autres et que ça vous injecte direct du sucre au coeur. J'aurais bien aimé savoir y faire, je sentais que j'aurais pu y trouver quelque chose moi aussi, ça me frustrait. J'ai essayé de lire une ou deux fois, j'ai essayé, quand Roq était pas là. Mais c'était comme de pas réussir à jouir alors j'ai laissé tomber.
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Si les hommes avaient un peu de jugeote, ils essaieraient pas d'être heureux. Ils auraient plus besoin d'être consolés. Ils seraient comme moi, barbe grise sur neige blanche, vieille peau collée au permafrost, c'est bien suffisant. Oublier le monde, les autres et soi, avancer dans les traces invisibles du silence qui se répercute dans l'espace, oublier le monde, les hommes, leur folie, marcher dans le froid cinglant, chercher ce néant-là qui monte comme la jouissance qu'on sent venir, la pointe de l'oubli toute proche, à portée de pieds, de jambes, tout l'être soulevé, emporté, un pas puis l'autre dans la neige, rien de plus simple ni de plus complexe. Y parvenir sans penser, ne plus chercher à parvenir, se rassembler tout entier sous l'abri du vide. Oublier d'être un homme.
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On est tous arrivés ici pour la même raison, l'espoir d'amnésie à moins que ce soit d'amnistie, c'est le problème des grands mots, à deux lettres près comment savoir? En tout cas l'espérance vénéneuse qu'à force de bouffer de la banquise, y aurait un peu d'innocence ou un truc originel bien limpide qui viendrait nous laver d'être des hommes. Le faux espoir que si le temps peut servir à une chose dans nos vies de cafard, ça devrait au moins être à ça, rouler les choses trop laides pour être racontées et en faire un grand cigare amer qu'on fume seul, le soir, avant d'en faire retomber les cendres froides sur nos âmes jaunies.
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Oublier le monde, les autres et soi, avancer dans les traces invisibles du silence qui se répercute dans l'espace, oublier le monde, les hommes, leur folie, marcher dans le froid cinglant, chercher ce néant-là qui monte comme la jouissance qu'on sent venir, la pointe de l'oubli toute proche, à portée de pieds, de jambes, tout l'être soulevé, emporté, un pas puis l'autre dans la neige, rien de plus simple ni de plus complexe. Y parvenir sans penser, ne plus chercher à parvenir, se rassembler tout entier sous l'abri du vide. Oublier d'être un homme.
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Tout de suite, je me suis demandé comment il allait tenir dans ce désert glacé. Je le revoyais punaisé à son câble comme un insecte sur du papier tue-mouches. D'abord il avait fallu le temps de stabiliser l'hélico, le vent de nord-est était puissant, ceux d'en haut avaient fait glisser le container en premier. (p.14)
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C'est une douleur qui vous caresse, un deuil qui vous glisse dessus sans jamais vous pénétrer vraiment, le jour qui se lève plus.
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Si on a la chance de pas crever de froid ou dans une crevasse, l’autre danger blanc, plus rare, mais qu’il faut pas oublier quand même, c’est le Pater. L’ours blanc. Mâle ou femelle, c’est pareil. Sur Solak, on sort jamais sans son fusil, jamais. Attention, ça veut pas dire qu’il faut forcément lui tirer dessus. Si tu le croises, t’attends de voir comment ça se passe. Parfois ils cherchent juste leur chemin, ils te regardent avec leur tête de faux nounours mais de vrais carnivores et puis ils font demi-tour, ils te snobent de leur gros cul dédaigneux. Mais si tu sens le Pater grognon, alors là, faut pas réfléchir parce qu’entre lui et toi, c’est tout vu. Il faut que tu comprennes que le bestiau peut peser jusqu’à près d’une tonne et que sous la fourrure épaisse où t’aurais gentiment envie d’enfoncer la main comme dans un bain chaud, se cache un tueur qui t’arracherait le bras avant que t’aies pu armer ton fusil. Le gamin a acquiescé de la tête l’air de dire j’ai compris. J’ai pas parlé du danger gris, il devinerait bien assez vite de toute façon. À un moment ou à un autre, ça le saisirait et le secouerait violent comme un poireau terreux. L’isolement, la solitude, l’angoisse, ça l’asphyxierait. C’est pas rien, l’instant où on comprend ça. Que rien ni personne viendra nous sauver. Qu’on est seul ici. Rien qu’une carcasse chaude sur un continent froid.
Du vivant, mais pas pour longtemps.
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Il croyait savoir mais il y connaissait rien le môme, aux moins trente degrés, au gel qui vous entaille les os et les gencives, à la nuit si longue qu'on devient un peu mort-vivant quelque part en soi, un peu comme un long voyage aux Enfers en compagnie de ses fantômes. Est ce qu'il avait conscience de l'avalage que c'était? Sûr que non, pas la moindre idée. Faut avoir descendu jusqu'au bout le labyrinthe de ses propres intestins, reniflé l'odeur de sa propre mort, embrassé la vraie solitude avec son haleine de renard crevé pour comprendre ça.
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Le temps devenait physique. Il s’agrégeait en substance visqueuse et glissait sous nos peaux, dans nos artères, circulait jusque dans nos veines les plus fines. Chacun travaillait en silence à éviter son propre effondrement, à survivre à l’attente, lui donner un contour en sculptant l’hiver, la nuit et sa matière avec pour uniques ciseaux la force de l’esprit qui finissait par divaguer toujours un peu, c’est normal, c’est banal. La solitude et l’enfermement vous ramollissent le lard cérébral et vous y font couler du mauvais gras, des pensées aussi difficiles à saisir que des saletés de papillons qui vous nargueraient de leurs ailes légères alors que vous pesez une tonne, lourd de tout votre corps et de cette angoisse informe qui monte dans la gorge comme du plomb fondu et se mélange aux souvenirs tassés à la pelle à neige. Et malgré ça, malgré le flou du grand tout qui nous ramollissait chacun maintenant, la mémoire n’était pas morte.
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On sortait suréquipés dans la cour, pour supporter le froid terrible. Grizzly clopinait sous ses couches d’emmitouflage technique et le gosse avançait lent, sans que j’arrive à deviner s’il était épuisé du moral ou empêché physiquement par la lourdeur et les épaisseurs de textiles qui enrubannaient son corps comme une petite momie noire. Roq venait pas, il en avait rien à foutre du ciel et de ses trompe-l’œil à la con. Y avait pourtant parfois des aurores boréales tellement immenses qu’on aurait dit des ogresses vertes qui traînaient derrière elles leur dentelle d’étoiles, ça nous saupoudrait les yeux et nous coulait un goût de lumière au fond de la gorge. Depuis le temps, je connaissais ça par cœur, les grandes vagues vertes et violettes piquées de blanc, les ondulations qui vous ensorcellent le regard avec leur roulis magnétique, même si c’est comme tout, cette beauté-là, il faut se méfier de son envers. Grizzly et le gosse tendaient le cou, attirés eux aussi par la créature mouvante qui leur échappait tellement que, sous leur cagoule, je les devinais entrouvrir la bouche comme des enfants de chœur, espérant peut-être recueillir sur la pointe de la langue un bout de confetti lumineux, une poussière d’hostie astrale qui les ramènerait dans le monde des vrais vivants.
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