Il s'agit d'un roman choral se déroulant à Brooklyn.
L'auteur nous plonge à deux époques : 1996 et 2001. Le prologue décrit un drame, arrivé à la fille de Jack. Plus tard, nous le retrouvons dépressif, incapable d'avancer dans sa vie. Sa maison est à son image : délabrée. Mais Jack va faire la connaissance de Lily, une jeune adulte qui donne des cours d'écriture. En hommage à sa fille décédée, passionnée d'écriture, Jack s'inscrit et comprend alors qu'il avait des choses à exprimer depuis un bout de temps. Lily, quant à elle, est tout juste sortie de l'université de York, et elle ne sait pas encore ce qu'elle fera à la rentrée.
On suit également Bobby, un garçon de 19 ans, qui ne sait pas bien ce qu'il va faire après le lycée. Il travaille pour le compte d'un type bizarre, Max Berry, qui a monté une pyramide de Ponzi et aurait arnaqué bon nombre de personnes du quartier. Durant ce job d'été, Bobby va croiser la route de Charlie French, un type peu recommandable et de Francesca, une jolie fille qui a besoin d'air.
Encore une fois avec William Boyle, c'est l'envers du rêve américain : les personnages sont tous désoeuvrés, en quête d'un avenir meilleur et en froid avec leurs proches. L'Etat n'est pas d'une grande aide et certains choisissent de se faire justice eux-mêmes, de gagner de l'argent par des moyens détournés. Les difficultés sociales que les personnages rencontrent sont nombreuses. Dans ce roman, on trouve des mafieux, des tueurs à gages, des jeunes filles qui ont l'avenir devant elles mais qui sont paralysées par les attentes qu'on a placé en elles.
J'ai moins aimé le côté pathos (qui revient souvent chez Boyle) avec des personnages ayant vécu de multiples drames familiaux (ici, tous les personnages centraux ont connu la mort d'un proche, la disparition d'une mère, ou ont des parents démissionnaires). En fait, ça rend les choses moins crédibles, parce que tous les personnages ont connu des décès de proches. Ça pue trop le désir de l'auteur de créer du malheur et ce n'est pas réaliste.
En revanche, les personnages sont très attachants. La façon dont ils se rapprochent, parfois sans qu'il n'y ait de romance, c'était très bien. C'était agréable de lire une histoire où une femme de 21 ans peut faire la rencontre d'un homme qui a le double de son âge, sans qu'il la drague ou la séduise (ou l'inverse). Par contre, l'auteur aurait pu moins appuyer sur ce fait (il décrit au travers des pensées de Lily qu'elle est contente que Jack l'approche sans la séduire), car en tant que lecteur on le saisit. C'est l'équivalent d'un humoriste qui expliquerait sa blague, c'est inutile.
J'ai bien aimé l'atmosphère, l'ambiance de Brooklyn, ce début d'été où les personnages vont et viennent dans le quartier. En plus, l'histoire se déroulant en 2001, il y a une saveur particulière à utiliser des téléphones publics, à utiliser un stylo pour noter le numéro de quelqu'un.
Dans les derniers chapitres, la rencontre pseudo-fortuite des personnages donne l'impression que l'auteur tire de très grosses ficelles, ce qui rend la fin assez moyenne. D'une certaine manière, en tant que lecteur on attend quelque chose de cette rencontre et finalement, ça retombe comme un soufflé. Les dialogues de cette scène de fin sont très en dessous de ce qui a été écrit tout au long du roman. Ça en fait trop, ça donne un drame qui arrive d'un coup, avec des personnages qui repartent tranquillement à leur petite vie, pas choqués pour un sou, et cachant la vérité à d'autres personnages. Bref une fin assez décevante.
Je pense que l'intrigue était bonne, mais l'auteur pourrait encore améliorer son écriture pour éviter certains ficelles scénaristiques, éviter également de mettre trop de drames familiaux, au risque de créer du pathos. Néanmoins j'ai passé un bon moment avec ces personnages, qui sont pour la plupart très touchants.
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