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A la recherche du temps perdu, tome 5 : La ..

Je ne soupçonnais pas un seul instant que Marcel Proust saurait m'inviter avec tant d'acuité et d'émotion dans les chemins délicieux et tortueux de l'amour. La Prisonnière, cinquième opus d'À la recherche, invite Albertine à entrer dans la vie du narrateur.

Albertine, c'est celle qui fut jadis et il n'y a pas si longtemps encore jeune fille en fleur, si souvent présente dans cette grande oeuvre, personnage insaisissable permettant de révéler toutes les vicissitudes de l'amour, le désir, le vertige, le bonheur des premiers jours, l'ombre de l'amour pour dire en d'autres mots la jalousie, puis la séparation. Au milieu il y a souvent la désillusion. Dans la Prisonnière il me semble avoir soulevé un rideau, - ou pour ne pas dire un drap, et découvert ce sentiment amoureux que nul autre écrivain ne sait mieux que Proust imaginer, rêver, espérer avec tant de beauté et d'invention dans les mots.

Proust a aimé, Proust a été aimé, cependant s'agissant de l'être féminin dans l'univers sentimental et amoureux de Proust, nous savons si peu de chose... En tous cas, j'en sais si peu... Et je suis venu avec cette candeur dans ce très beau texte qui m'a surpris.

Si venant de loin le réel de l'amour nous fascine, quand il est présent, parfois on n'en mène pas large. Il y a sans doute chez Proust l'idéal d'un amour sublimé pour lequel la féerie dépérit à l'approche du quotidien.

Le narrateur s'est s'en doute maintes fois étonné tout au long du récit, se demandant par quel sortilège le désenchantement de l'amour peut venir aussi abruptement qu'il était venu dans l'imaginaire et nous avait tant obsédé.

Car Marcel Proust est un écrivain de l'imaginaire, capable de sublimer cependant ce que le réel a de possible en lui, dans sa gangue insolite et si mystérieusement ordinaire, c'est donc aussi un écrivain du réel d'une autre manière, un réel qui se dérobe sans cesse. En ce sens, La Prisonnière est un magnifique texte sur l'amour, mais qui demeure malgré tout étranger à nos vies, par lequel des mots m'ont touché, fortement parfois, mais, comment vous dire, je me suis senti extérieur à ce que je voyais, à ce que je lisais, c'était un monde que j'observais extérieur à lui, le décor étranger à ma vie qui passait devant moi.

Il n'en demeure pas moins une musique, celle d'une mélancolie ordinaire qui devient sublime lorsque le réel prend le chemin fugace de l'extase en se métamorphosant en souvenir. Est-ce le sort de l'amour ? Et chez Proust, cela se traduit dans le sentiment cruel de la séparation.

Dans la Prisonnière, Albertine incarne ce sentiment éblouissant, confus, tourmenté.

Albertine, c'est la femme qui est partie, n'est plus la même que celle qui était là. Tout est dans cette variation.

La Prisonnière exprime peut-être aussi le besoin ultime de Proust d'être aimé, mais qu'en sais-je au juste ?

Toutes les variations de l'amour sont pourtant bien là, comme si je les connaissais par coeur, pourtant je découvre ces mots comme un novice. Mais puisque vous me demandez mon avis, je ne partage pas du tout cette vision de l'amour développé ici par Proust qui tient plus d'une représentation de l'amour que de quelque chose de vécu.

C'est dans un huis-clos parisien que cet amour va s'exprimer pour notre plus grand plaisir de lecteur. Albertine en deviendra la prisonnière. Les mots fusent comme une sorte de jouissance électrique, mouvements ondulatoires autant harmonieux que contradictoires entre les corps et les âmes, - chez Proust il faut imaginer ce que nous ne voyons pas.

Chez Proust, j'ai l'impression que l'ambivalence de l'amour est un jeu entre l'absence et la présence.

Chez Proust, j'ai l'impression qu'il n'y a pas d'amour heureux. Or, je crois profondément le contraire. Dans La Prisonnière, tout est dit entre l'attente et la séparation, le narrateur perdant la personne aimée au moment de l'étreinte, disant l'échec de l'amour contenu dans l'attente, disant la joie de posséder ce qu'on aime plus grande encore que l'amour.

Aussi, je n'ai pas adhéré à cette vision qu'a Proust de l'amour, ou du moins celle que j'ai cru deviner ici, celle de proposer un chemin où la liberté de l'autre est peu au rendez-vous du chemin, cette idée de réclusion, d'exclusion, attacher un être à un autre que par le seul souci ou la seule préoccupation de le soustraire au désir des autres et aux occasions qui risquent d'éveiller son propre désir.

Mais j'ai cependant totalement adhéré à sa manière d'aborder le réel en le conjuguant avec ce sentiment d'amour.

La Prisonnière, c'est la recherche d'un bonheur impossible, altérée par cette jalousie qui devient le beau sujet du roman. L'amour s'accompagne alors du tourment qui l'entretient. Mais peut-on dire que la jalousie est une altération de l'amour alors qu'elle pourrait être au contraire saisie comme une preuve flagrante et viscérale de cet amour ?

La jalousie ici fut autant le vertige d'un désir que la servitude d'un enfermement.

J'ai été emporté par une structure narrative complexe et captivante. Il me semble en être revenu de ses méandres enfin pour vous en parler.

Comme souvent, la musique ici est encore présente, mélodie berçant le récit, je crois entendre ce soir la sonate de Vinteuil, dont les notes portent encore la mémoire d'une émotion, mieux que les voix, mieux que les regards, mieux que les mots pour le dire, mais je ne suis pas sûr que tout ceci soit bien réel.

Je conclurai mon billet par cette citation de Nicolas Grimaldi, dans Proust, les horreurs de l'amour :

« Il faut que le réel devienne aussi irréel que s'il était imaginaire pour nous procurer l'intense sensation de réalité que nous en attendions. Aussi semble-t-il au narrateur avoir sauvé sa vie lorsqu'il la sent enfin aussi intensément que si un roman la lui faisait imaginer. »

Si venant de loin le réel de l'amour nous fascine, de près il me fascine encore plus chaque jour.
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A la recherche du temps perdu, tome 6 : Alb..



La mort de la mère de Proust, si elle a été à l’origine du choix de l’auteur de commencer vraiment à écrire, n’est pourtant pas relatée dans la Recherche, comme si sa présence, depuis que l’angoisse d’en recevoir un baiser avant de s’endormir l’a placée une fois pour toutes dans une temporalité sans fin, une sorte de statue immortelle, un rêve (forcément, on pense à Freud, même s’ils se sont ignorés royalement)

En revanche, la mort de la grand-mère, relatée dans des pages inoubliables, la mort de Bergotte victime de trop de beauté à la vue du petit pan de mur jaune de Vermeer, précèdent la disparition d’Albertine, prisonnière du narrateur, nous donnant une des méditations les plus émouvantes qui soient.

Disparition, alors que le narrateur ne désire qu’une chose : qu’elle s’en aille. Sauf que la souffrance qu’il éprouve, «  dure, éclatante, étrange comme du sel cristallisé » lui indique qu’il s’est trompé : la disparition d’Albertine lui fait revivre toutes les souffrances déjà vécues et surtout, lui fait mesurer qu’il pensait, lui, provoquer ce départ et qu’il s’est fait doubler. A l’orgueil, s’ajoutent les suppositions de la jalousie : où est-elle allée ? avec qui ? et pourquoi ?

Alors des stratégies d’évitement, de déni, de rejet de cette Albertine qui a eu le front de partir avec ses malles se succèdent, ainsi que le désir par instant de la remplacer.



Il s’agit de supprimer l’absence qui pèse.

Pourtant, supprimer l’absence va se révéler un leurre, quand le narrateur apprend la mort d’Albertine.

Commence, pour moi, ce que Proust a écrit de plus beau concernant la mort. Ici, la mort subite d’un être jeune, aggravée par le fait que le lien entre l’être aimé et le narrateur est plus qu’ambivalent. Nous souffrons plus lorsque ce n’est pas l’autre qui nous manque, lorsque ce n’est pas l’amour pur (s’il existe) qui est perdu mais nous-même qui nous perdons dans notre propre manque, et que nous nous mettons à nous haïr : l’exacte définition de la mélancolie, plus proche de la dépression que du deuil proprement dit. « Seule, me disais-je, une véritable mort de moi-même serait capable (mais elle est impossible) de me consoler de la sienne ».



« Alors ma vie fut entièrement changée. Albertine est morte. »

Cet « Albertine est morte » revient lancinant, surprenant au moment où le narrateur s’y attend le moins, interrompant ses doux souvenirs de la vie commune qui rendent incroyables le couperet de la mort, sa tendresse, sa tristesse, donnant une toute autre couleur aux lieux où ils ont vécus ensemble, les meubles, les rideaux, les fenêtres, la bougie, le bouton de porte.

Les raisons de souffrir sont infinies, aussi diverses que l’armée cosmopolite qui constitue un homme, et les sentiments forment eux aussi une mosaïque dont la peur d’oublier, le regret d’avoir différé des choses devenues exclues, la honte d’avoir survécu, comme si la mort de la grand-mère et celle d’Albertine résultaient d’un double assassinat. Et puisque l’amour pour Proust se construit sur l’évitement de l’autre : on n’aime que ce qui nous fuit, l’être aimé n’est aimé que dans la mesure où il nous échappe, la question se pose : à qui pense-t-elle ?

« Car bien souvent, pour que nous découvrions que nous sommes amoureux, peut-être pour que nous le devenions, il faut qu’arrive le jour de la séparation. »

La jalousie arrive au galop, celle de Swann comme celle de ce narrateur bien proche de Proust, jalousie remplie de doutes quant à l’amour d’Albertine pour les femmes. Il entame une recherche ethnologique dans le passé, les amies, les bains, les petites servantes : « mes curiosités jalouses de ce qu’avait pu faire Albertine étaient infinies ».



Infinie la souffrance, infinie la jalousie.

Proust, avec son phrasé serpentin, avec son approche au plus près de la vérité des sentiments, avec son doute toujours présent quant à ce que le narrateur doit ou peut croire, avec sa vision du moi foncièrement seul, et de l’amour comme désir d’être aimé jamais partagé, nous offre une réflexion tout à fait fouillée sur la mort : la certitude qu’Albertine est morte coexiste avec l’espoir de la voir revenir, comme si un petit coussin logé dans la conscience amortissait les coups. Cette présence de l’absente lui fait aussi apercevoir au coin d’une rue l’aimée « Je tressaillais de moment en moment, comme tous ceux auxquels une idée fixe donne à toute femme arrêtée au coin d’une allée, la ressemblance, l’identité possible avec celle à qui on pense. C’est peut-être elle ! » autre manière qu’a l’esprit humain de nier la mort, de lui en disputer la force et de ne pas croire en l’irrémédiable.

La recherche des amours lesbiennes d’Albertine, en plus de débusquer ses mensonges, de recueillir les témoignages des uns et des autres, finalement le fait se survivre durant un an.

Cette recherche le fait osciller entre l’innocence et la culpabilité d’Albertine, de même que son esprit oscille entre la vague qui le soulève du fait qu’elle existe ou qu’elle soit morte. Une vague, mot important, puisque l’amour, comme l’oubli, progresse avec intermittence, jamais régulièrement

D’ailleurs, la mort ne change pas grand-chose, si l’on pense que l’amour est le plus souvent vécu dans l’absence de l’autre.

Après la punition que le narrateur s’est infligé par cette recherche, des souvenirs fortuits lui font comprendre que c’est son esprit qui s’est volontairement appliqué à recréer un souvenir désagréable. Il découvre en outre que sa jalousie, comme en miroir, calque son propre goût pour les jeunes filles et sa séduction de la meilleure amie. Jaloux parce qu’infidèle.

La vie, l’oubli, reprend ses droits, preuve en est la vie mondaine et l’ironie (ou pas) du «  La Chine m’inquiète » de la Princesse de Guermantes. Qui ajoute, et là Proust ne se moque plus : «  C’est très joli, l’affaire Dreyfus. Mais alors l’épicière du coin n’a qu’à se dire nationaliste et à vouloir en échange être reçue chez nous ».

Enfin, La mère de Proust part avec lui à Venise pour le consoler. Le chagrin, comme une maladie dont on guérit, a transformé notre héros, il est guéri.



J’avais lu ce tome 6 juste après la mort de ma mère, c’est sûrement le livre que j’ai le plus lu, l’émotion éprouvée se renouvelle chaque fois, et je le présente pour ma 500 chronique.

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A la recherche du temps perdu, tome 7 : Le ..

Ce tome 7 est plus plaisant que les tome 5 et 6 qui avaient failli me faire arrêter la lecture de cette oeuvre. Il s'agissait d'un roman choisi par mon groupe de lecture donc j'ai fait l'effort d'aller au bout mais le ravissement ressenti sur la première moitié de l'oeuvre s'est éclipsé à partir de la soirée chez les Guermantes dans le tome 3 : c'était très long, plus de deux-cents pages de description aristocratiques sans que le narrateur ne fasse quoi que ce soit à ce diner, il disparaissait même complètement du récit au profit de descriptions d'arbres généalogiques.



Les thèmes abordés de l'art, de la famille, de l'amour, de la mémoire et du temps qui passe étaient très plaisants mais celui de la jalousie m'a irrité au possible. le style est magnifique mais les trois mille pages m'ont paru très longues. J'ai l'intuition que (dans quelques années) ma seconde lecture sera beaucoup plus plaisante en connaissant l'histoire et les personnages et sans avoir cette « obligation » quotidienne de lire Proust mais en le parcourant à mon rythme. Dans une vidéo youtube Guy Schoeller raconte que Gaston Gallimard lui avait appris à lire Proust de la manière suivante : « Vingt pages par jour du lundi au samedi ». Cette vitesse de lecture fut très agréable pour me baigner dans le fleuve proustien sans m'y noyer quotidiennement mais à long terme, telle une digue débordant, la saturation des tomes et des thèmes me submergea.



Six mois consécutifs de Proust furent trop pour moi, un trimestre de pause entre chaque tome m'aurait probablement moins donné cette sensation de répétition thématique (aristocratie, bourgeoisie, jalousie) sur trois mille pages. Avec tout autre auteur non auréolé d'une telle magie littéraire j'aurais interrompu ma lecture à mi-parcours, c'est sa réputation qui m'a fait continuer la lecture et non son oeuvre.



Laure Murat donne le nombre de ventes des tomes (dans son livre « Proust, roman familial », source de Thierry Laget en 2019) : tome 1 à 1,2 millions d'exemplaires, tome 2 à 0,83 million, tome 3 à 0,52, tome 4 à 0,52, tome 5 à 0,52, tome 6 à 0,49 puis tome 7 à 0,55. Sur un siècle les ventes sont finalement peu impressionnantes à partir du tome 3. On retrouve la même chute sur Babélio (à date de cette critique) : tome 1 à 20 753 lecteurs (je crois que cela concerne les catégories lu, à lire et pense-bête) pour 4 231 notes et 298 avis mais un tome 7 à 2 224 lecteurs pour (557 notes et 50 avis). Apparemment beaucoup de personnes lisent les tomes 1 et 2 puis arrêtent pendant que ceux qui passent le tome 3 semblent aller jusqu'au bout.



Je suis un profane de la littérature donc je suis passé à côté de beaucoup de choses. C'est un beau roman mais j'ai l'impression qu'il est peut-être trop porté aux nues : que beaucoup de personnes (écrivains, journalistes, lecteurs) ne l'ont peut-être même pas lu en entier mais suivent le mouvement parce qu'il serait honteux de ne pas avoir lu Proust ou insultant d'avoir été déçu par Proust. Ou alors des personnes l'ont lu en entier mais refusent peut-être de dire qu'elles sont déçues parce que cet investissement temporel ne serait pas socialement « rentabilisé » (plus de cent-trente heures de lecture). En tout cas, tant mieux que tant de personnes dans le monde prennent du plaisir à lire cette oeuvre.



Comme Proust le dit lui-même dans la fin de ce tome 7, ce livre n'était pas pour moi, il ne m'a pas permis de bien lire en moi-même, probablement à cause de mon manque de culture ou parce que je n'étais pas encore à une étape de ma vie me permettant cette lecture en moi-même :



— « Longtemps, un tel livre, on le nourrit, on fortifie ses parties faibles, on le préserve, mais ensuite c'est lui qui grandit, qui désigne notre tombe, la protège contre les rumeurs et quelque peu contre l'oubli. Mais, pour en revenir à moi-même, je pensais plus modestement à mon livre, et ce serait même inexact que de dire en pensant à ceux qui le liraient, à mes lecteurs. Car ils ne seraient pas, comme je l'ai déjà montré, mes lecteurs, mais les propres lecteurs d'eux-mêmes, mon livre n'étant qu'une sorte de ces verres grossissants comme ceux que tendait à un acheteur l'opticien de Combray, mon livre, grâce auquel je leur fournirais le moyen de lire en eux-mêmes. de sorte que je ne leur demanderais pas de me louer ou de me dénigrer, mais seulement de me dire si c'est bien cela, si les mots qu'ils lisent en eux-mêmes sont bien ceux que j'ai écrits (les divergences possibles à cet égard ne devant pas, du reste, provenir toujours de ce que je me serais trompé, mais quelquefois de ce que les yeux du lecteur ne seraient pas de ceux à qui mon livre conviendrait pour bien lire en soi-même). »



Challenge Multi-défis 2024

Challenge Pavés 2024
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A la recherche du temps perdu, tome 6 : Alb..

Toujours aussi motivée je poursuis mon aventure proustienne en version audio avec "À la recherche du temps perdu, tome 6 : Albertine disparue" originellement titrée La fugitive. C’est Denis Podalydès qui prête de nouveau sa voix au roman dont l’une des caractéristiques est d’être le plus court de la série, indissociable du précédent. Il sait mettre le ton pour extraire tout le charme de la prose poétique de Marcel Proust propice à la lecture à voix haute.



À la fin du dernier volume Albertine avait fait sa valise et quitté Marcel. Il la regrette d’autant plus qu'elle lui a laissé une gentille lettre alors il pense qu'elle est partie parce qu'il a refusé de l'épouser, toujours persuadé qu'elle est lesbienne.

Il ne veut jamais dire qu'il l'aime par fierté et par peur de souffrir et malgré cela il lui semble inconcevable de ne pas souffrir pour Albertine. Comme il dit, son ami Robert peut comprendre sa détresse mais ne peut pas la ressentir, en faisant référence à Phèdre de Racine comme prophétie des épisodes amoureux de sa propre existence.

C'est la première fois que je lis un texte sur la douleur amoureuse et la jalousie avec autant de subtilité, sur ce qui se passe lorsque l'on n’arrive pas à prendre une décision et que l'on aimerait que l'autre décide à notre place, perdu entre la volonté d'être aimé ou de quitter pour ne pas souffrir.



Et puis c’est la chute de cheval inattendue qui provoque la mort de la jeune femme. Marcel espère alors pouvoir l'oublier comme il a oublié Gilberte, Mme de Guermantes où sa grand-mère. Mais avant, il aimerait connaitre le secret de sa vie. Entre incertitude et contradiction, c’est à Venise qu’il part avec sa mère ce qui nous éloigne pour un temps des salons mondains auxquels il nous a habitué.

J'aime beaucoup quand il parle du souvenir inspiré par un tableau où une œuvre, qui est d'autant plus fort quand il rappelle la personne avec qui la visite a été faite.

Je suis encore sous le charme des belles phrases du narrateur qui ne se satisfait jamais des apparences et creuse ses pensées pour extraire la substantifique moelle du sentiment amoureux, pour mon plus grand plaisir.

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A la recherche du temps perdu, tome 2 : A l..

Le sens artistique est la soumission à une réalité intérieure. (La recherche, vol VII)



Pris dans deux mouvements contraires, chaque mot de "La recherche" est soumis à une réalité intérieure, à cette volonté de la faire émerger, tout en se hissant au-dessus du mot le précédant, dans une élévation vers un idéal de beauté et de vérité.
Lien : https://www.monbestseller.co..
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A la recherche du temps perdu, tome 1 : Du ..

une lecture pour une relecture.

À la recherche du temps perdu, couramment évoqué plus simplement sous le titre La Recherche, est un roman de Marcel Proust, écrit de 1906 à 1922 et publié de 1913 à 1927 en sept tomes, dont les trois derniers parurent après la mort de l’auteur.

Marcel Proust livre ses souvenirs et ses réflexions sur la littérature, la mémoire et le temps qui passe. Principaux thèmes : l'identité personnelle, le passage du temps, l'amour et la jalousie, l'amour-propre, la sociabilité mondaine, la recherche de la beauté.

Un thème qui domine une grande partie de *À la recherche du temps perdu* de Proust est l'idée de la persistance de la mémoire . Le roman se débat avec l'idée que nos souvenirs, ceux des personnes, des lieux et des événements, sont constamment avec nous, que nous le voulions ou non.

C'est une aide a l'introspection, vivons notre présent avec les émotions de notre passé.

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A la recherche du temps perdu, tome 6 : Alb..

Dans une vidéo youtube Guy Schoeller raconte que Gaston Gallimard lui avait appris à lire Proust de la manière suivante : « Vingt pages par jour du lundi au samedi ». Tout comme le premier tome, cette vitesse de lecture est très agréable pour se baigner dans le fleuve proustien sans s'y noyer. Cela crée un rendez-vous quotidien avec juste ce qu'il faut pour savourer ou patienter lors des passages m'ayant paru longs. de plus cela permet d'avoir une autre lecture en parallèle.



Ce rythme de lecture est très bon pour un tome mais je me rends compte que l’avoir appliqué en enchainant à la suite tous les tomes était une erreur. Ma saturation et mon impression d’une dilution du récit provient très probablement de ces vingt pages lues chaque jour en continu depuis plus de cinq mois. Une pause d’un trimestre (voire un semestre ou une année) entre chaque tome m’aurait permis de ne pas avoir ce sentiment de redite depuis Le côté de Guermantes (aristocratie, bourgeoisie, jalousie).



Ce tome 6 est une déception mais elle est moins élevée que celle de La Prisonnière. Cela me donne l’espoir de vivre dans le dernier tome une remontée vers le niveau fantastique de la première moitié de cette œuvre.



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A la recherche du temps perdu, tome 5 : La ..

Je l'ai déjà dit mais j'ai envie de me répéter, je ne me lasse pas de la Recherche du temps perdu de Proust et ce cinquième volume ne fait pas exception d'autant plus qu'il y a une nouveauté. Et oui, c'est la première fois que le narrateur est identifié et qu'il se prénomme Marcel. Au cas où on aurait eu des doutes, le voile est levé.



Dans "La prisonnière" on retrouve Albertine que l'on connaît depuis "A l'ombre des jeunes filles en fleurs". Elle a fait battre le cœur du jeune narrateur à Balbec et lui inspire depuis des sentiments contradictoires, entre le désir et la jalousie, sujet central du roman. Car Marcel a peur de Gomorrhe. Jolie façon de dire qu'il pense qu'elle est lesbienne. Il lui propose donc de vivre avec lui à Paris pour l'avoir sous sa coupe la soupçonnant d'avoir des relations avec son amie Andrée ou Melle Vinteuil, la fille du musicien qui a composé la fameuse sonate qui porte son nom.

Notre héros fréquente toujours les salons où l'on parle le langage du grand monde alors qu'Albertine est d'un milieu modeste et n'a pas d'argent. Pour autant, elle est intelligente et s'instruit en lisant ses livres. Il faut dire que la littérature et les arts (le théâtre, la musique...) ont une place importante dans l'œuvre de Proust. Mais pour illustrer ce choc des cultures, il n'hésite pas de considérer l'aristocratie plus décadente que les autres classes sociales, avec humour. Et s'il fréquente toujours Mme Verdurin, M. de Charlus qui "en est" et toute une clique d'aristocrates, il sait aussi décrire la ronde des petits métiers du début du 20ème siècle et l'appel des marchands des quatre saisons.



Difficile de faire bref avec Marcel Proust car il décortique tout ce que dit ou fait Albertine et part dans des descriptions impressionnantes sur la jalousie dont il souffre jusqu'à avoir comme obsession de la soustraire au désir des autres, d'où le titre du livre. Entre ses sentiments, ses réflexions sur les mystères de la mort, ses superbes descriptions érotiques du sommeil d'Albertine Marcel Proust est vraiment impressionnant par sa prouesse littéraire.

Et puis, j’ai un attachement particulier à ce volume (il est difficile de les noter individuellement car ils forment un ensemble indissociable) car j’aime beaucoup la fin qui m’a agréablement surprise.





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