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Patrik Ourednik (Éditeur scientifique)Marianne Canavaggio (Traducteur)
EAN : 9782844851901
158 pages
Allia (25/08/2005)
4.53/5   15 notes
Résumé :

Toute une vie est le journal que Zabrana a tenu tout au long de son existence et dont Patrik Ourednik a extrait et traduit les passages les plus représentatifs. A la fois intime et littéraire, ce document est en quelque sorte un journal de "captivité intérieure", où Zabrana, persécuté et réduit au silence par le régime communiste, consigne tout ce qu'il lui est interdit de publier. Avec un mélange d'humour... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Par quel miracle parfois certains livres vous interpellent-ils, s'imposent-ils à vous en une irrépressible exigence alors que vous ne connaissez rien de leur auteur ? Jan Zabrana (1931-1984), qui c'est celui-là ?..
Bien plus que de la curiosité, un appel ; bien plus qu'un intérêt thématique, une attraction..
C'est l'expression d'un visage qui vous retient, cigarette au coin des lèvres sur un demi-sourire un rien désenchanté ; c'est la force d'un regard où affleurent tant de sentiments contrastés, des yeux à la fois empreints de douceur et de désillusion ; un regard profond qui vous happe et vous interroge, des paupières gonflées reflétant combien de nuits blanches, combien de moments de désarroi, combien de tourments et de peines ? « Toute une vie » peut-être ?..
Un petit livre, une photo, une phrase au dos : « demain est une autre nuit »…et votre main se tend, caresse le petit livre.
Un livre avant que d'être lu, c'est déjà l'impatience d'une main qui le touche, c'est le frôlement d'une paume ouverte sur une couverture, c'est le contact direct avec les doigts sur la finesse des pages comme deux peaux qui s'effleurent, c'est déjà un acte d'amour en soi et le début d'une histoire entre l'ouvrage et vous.

« Toute une vie » est le journal intime, tenu pendant près de trente ans, d'un traducteur tchèque coupable d'être né du mauvais côté de la barrière dans un Etat communiste qui, pendant près d'un demi-siècle, mènera sa politique de répression et de persécution et annihilera les espoirs et les illusions de deux générations d'artistes, d'intellectuels, d'opposants au régime et de dissidents en les vouant à l'inexistence, à la censure, au néant et à l'oubli.
« Jamais ce ne fût et cela déjà disparaît. le néant s'adonnant au néant »…

Né en 1931, Jan Zabrana n'est encore qu'un enfant quand les communistes arrivent au pouvoir en 1948 et avec eux la longue cohorte des maux et des injustices dans un pays où tout n'est désormais qu'arbitraire et rigueur. Il a tout juste 18 ans, en 1949, lorsque débute la grande vague des procès staliniens qui fera nombre de victimes, dont sa propre mère, accusée de trahison car député de l'ancien gouvernement et condamnée à 18 ans de prison ferme. Peu après, en 1952, c'est au tour de son père d'être inquiété. Verdict : 10 ans de prison. Jan Zabrana est donc très tôt confronté aux aberrations monstrueuses du régime. A cause de ses antécédents familiaux, lui-même se voit refuser l'entrée à l'université. Il doit alors travailler en usine puis parvient à devenir traducteur professionnel de russe et d'anglais à partir de 1955. Si de son vivant il a publié quelques romans policiers et des recueils de poésie, c'est ce métier qu'il exercera avec l'énergie du désespoir jusqu'à sa mort d'un cancer en 1984.

Que peut faire un écrivain, un poète, un adepte de livres et de mots devant le constat « qu'auprès de chaque mot, on a posté des patrouilles et des sentinelles en armes » ? Que peut faire un écrivain lorsque la censure, le régime, tout un système culturel dévoué à un parti frauduleux et prohibitif vous édicte quoi et comment penser ? Pour qui être un écrivain admis par cet « establishment » équivaut à une déclaration de nullité et qui n'envisage pas une seule seconde de se plier aux diktats des censeurs et de la propagande ? Eh bien il « cache sa vie dans l'antre de sa tête pour dix, quinze, trente-cinq ans »…et dans le silence et la solitude de son existence brimée, il écrit le journal de « sa captivité intérieure ».

De ce journal de toute une existence, découvert après la mort de son auteur et comportant à l'origine plus de 1000 pages, la présente édition ne nous révèle ici que des extraits qui ne couvrent pas plus d'un tiers de l'intégralité des écrits personnels de Zabrana. Pour autant ceux-ci sont superbement significatifs de la pensée et de l'état d'esprit de celui-ci au fil des ans.
Dans le secret de son intimité et au gré de notes fragmentées, éclatées, noircies sur le papier avec un sentiment d'urgence et de nécessité, Zabrana se lâche et livre tout : sa colère et ses désillusions, sa peine, son amertume, son ironie, son désespoir, sa dépression. Frémissantes de rage impuissante et de désolation, ces notes jetées au coeur d'une longue incarcération mentale témoignent d'une vie passée dans l'ombre et le silence. Les considérations sur l'art se mêlent à des pensées toutes personnelles, les souvenirs essaimés avec mélancolie s'égrènent avec les aléas d'un présent toujours plus lourd, toujours plus écrasant. « de mon vivant, j'ai vécu dans un pays de morts » observe Zabrana avec la férocité et la justesse de celui qui n'espère plus.
Son ton, parfois empreint d'humour, souvent désenchanté, refuse néanmoins la complaisance et la résignation. Tranchante vis-à-vis de ses contemporains qui ont pactisé avec le régime, sa voix se fait douloureuse quand elle témoigne des persécutions et des humiliations subies, de tout ce qu'il faut taire, de tout ce qu'il faut cacher de ses pensées profondes.
Alors on lit ces lignes avec un sentiment de détresse grandissant et de révolte rentrée, partagé entre affliction, consternation, peine et colère face à tout ce saccage, à toute cette ruine, à cette destruction systématique d'hommes broyés par la machine aveugle du totalitarisme. Et si l'on avait une prière à faire, pour ce regard, pour ces paupières lourdes, pour cette vie brisée, ce serait que ce témoignage vécu de l'intérieur et parcouru de phrases sublimes et poignantes ne sombre pas dans l'oubli…

« Ces notes ne sont pas un journal mais un diagnostic. le mien. » Jan Zabrana
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« Toute une vie » est le livre d'une vie gâchée, de celle d'un homme traité en sous-homme par la dictature de son pays qui le confine dans un purgatoire dont jamais il ne ressortira.
« Je suis un prisonnier qui n'a pas quitté sa prison après l'ouverture des portes… cette longue réclusion a de toute façon détruit, déformé ma vie à tel point qu'il est devenu inutile de s'essayer, de s'efforcer à quoi que ce soit ».
« L'obscurité ne m'a pas fait taire, mais la nuit recouvre mon visage. »
Voici évoqué le désespoir d'un homme qui voit son pays crucifier sa vie.
Sur cette vie pèse comme une chape de plomb et de silence. Un silence imposé pendant cinquante ans sur un pays, une génération entière sacrifiée à l'idéal totalitaire soviétique.

« La meilleure chose que j'ai vue dans ce monde fut le ciel, la meilleure chose que j'ai entendue dans ce monde fut le silence, la meilleure chose que j'ai connue dans ce monde fut la solitude. »
Ces phrases sont celles d'un poète, celles d'un homme humilié au quotidien, d'un fils qui a perdu ses parents, tous les deux incarcérés lors des procès staliniens, pour des crimes imaginaires !
« Toute une vie » fait en cela écho à une autre vie, celle d'Arthur London, victime lui aussi des purges staliniennes, qui avait réussi à transmettre clandestinement à son épouse des petits manuscrits pendant sa détention en prison, - ce que j'avais découvert dans son livre « Aux sources de l'Aveu ».

Cet homme, dont il est question ici, c'est Jan Zabrana, dont on voit un portrait en 1re de couv. de ce livre. Il est écrivain, poète, linguiste et traducteur. Il naît en 1931 en Moravie (partie orientale de la République tchèque) dans une famille d'instituteurs. Sa mère qui était devenue députée, était favorable au maintien du gouvernement social-démocrate. Elle fut arrêtée en 1949 par la dictature communiste qui avait pris le pouvoir en février 1948. Elle est condamnée à 18 ans de prison pour « haute trahison ». En raison de l'activisme politique de ses parents, le régime communiste exclut Jan Zabrana de l'université pour « inaptitude politique à l'étude » en 1952, date à laquelle son père avait eu droit à son tour à 10 ans de prison ferme ! le Parti des travailleurs réduit alors Jan Zabrana à devenir ajusteur-mécanicien dans une usine de construction de wagons ! Enfin, il se fait traducteur du russe puis de l'anglais.
S'il a publié plusieurs recueils de poésie et romans vers la fin des années 60, il ne se résout jamais véritablement à écrire pour ne pas se compromettre, -la censure soviétique sévissant jusqu'au milieu des années 60. le simple fait de « passer » la censure invalidait toute oeuvre à ses yeux, mais il ne voulait pas non plus trouver refuge à l'Ouest, préférant demeurer à Prague. Il deviendra traducteur en 1955 : il traduira toute sa vie des ouvrages russes qu'il méprisait ! Il fera de ce travail une torture de chaque jour : « Travaille dans ce temps infâme. Dans le ciel se tient l'irréel qui répare nos vies. Va t'y poster. Travaille dans ce temps infâme ».

« Toute une vie » est son journal intime. Il peaufinera ses premières notes écrites sous le signe de la fureur et de la nausée. Il noircira plus de 3 000 pages, dans lesquelles il consignera ses impressions de 1948 à sa mort en 1984, dont seulement un tiers sera publié en 1992 en Tchéquie (le journal Lidove noviny en fera le « Livre de l'année »). Patrik Ourednik, écrivain tchèque auteur de « Europeana : Une brève histoire du XXe siècle », en a habilement sélectionné une centaine de pages couvrant la période de
« normalisation » politique, qui suivit l'intervention des troupes du pacte de Varsovie contre le Printemps de Prague, en 1968 ; des pages qui nous replongent aussi dans le traumatisme des époques précédentes, celles de l'hégémonie stalinienne et du dégel, soit un « régime de meurtre, de mensonge, de triche, d'abrutissement… Je mourrai dans l'Histoire falsifiée ».

Ce livre est un livre qu'on pourrait dire sans couleurs, comme la Tchécoslovaquie de ces tristes années-là. Jamais un rayon de soleil ou de joie n'illumine le quotidien de ce paria surveillé par de faux amis, tel cet écrivain officiel soudain désireux, après des années de silence, de connaître ses opinions sur la situation. le rideau de fer que dénonçait Winston Churchill prend ici tout son sens ! Zabrana survit dans une sorte de réduit sans air, aussi coupé de la vie que les pages d'un livre que personne ne voudrait ouvrir. Ses armes ? Une lucidité et une mémoire sans faille qui l'aident à reconnaître, dans la petite vieille qui lui fait demander s'il n'aurait pas des manuscrits à copier, l'épouse du procureur qui jeta en prison sa mère !

Jan Zabrana n'a pas son pareil pour pointer, à coup d'insultes, d'anecdotes, de réminiscences ou de vifs décryptages, les mensonges et les mesquineries de ces années-là.
Le regard qu'il porte sur sa propre condition, celle d'une conscience en captivité, impuissante et minée au jour le jour par des hordes d'hypocrites prêts à le dénoncer sous n'importe quel prétexte, est assurément des plus marquants. En tant qu'opposant radical, il enregistre avec une sorte de rage froide les méfaits d'un système qui condamne des millions de Tchèques à raser les murs !
Seule compte à ses yeux l'éradication du mensonge qui autorise depuis 1948 un groupe d'idéologues à opprimer le peuple en son nom !

Mais Zabrana offre néanmoins bien plus qu'un simple témoignage historique. Son diagnostic féroce, « notice nécrologique » d'une génération, décline aussi un style irréprochable, compact, bardé d'aphorismes, de bouts de poèmes, et de piques cinglantes contre les imbéciles lettrés, pour leurs errances idéologiques et leurs complicités par aveuglement des crimes soviétiques. Il cite sur ce dernier point Jean-Paul Sartre, et Paul Eluard : « et son âme roulée dans les excréments de la lâcheté… »
J'ai relevé par-ci, par-là quelques exemples de pointes d'un humour, ironique ou plus grinçant parfois : « En raison de travaux sur la voie de déviation, la route nationale est momentanément réouverte. » (Panneau sur la route.)
« Ce qu'est l'art, il n'y a plus que le censeur pour en avoir une idée précise. »
Et une définition de la vieillesse : « Vieillesse : maîtresse qui vous mord à plein dentier. »

Entre deux souvenirs de sa mère, brillants de sincérité et d'émotion, il dresse le bilan d'une littérature tchèque engluée dans une situation d'« apartheid » : d'un côté, les auteurs agréés par l'Union des écrivains qui vomissent livre sur livre en toute complicité avec « ceux qui ont dû interdire, liquider tous les autres pour pouvoir régner » ; de l'autre, les écrivains brisés par la censure, publiés sous forme de samizdats ou exilés à l'Ouest et qui forment pour lui une génération sacrifiée (« tous sont mes frères »). Il constate amèrement que l'écrivain doit se taire dans ce monde pour demeurer encore un homme digne de survivre et de se tenir debout.

A mon sens, la valeur de ce journal unique tient au pessimisme de l'auteur. Au-delà de la critique du « mensonge déconcertant », c'est le pathétique même de l'humanité qu'il tente d'approcher à travers ses notes et ses aphorismes, qui sont d'une acidité redoutable.
Et on ne peut imaginer témoignage plus poignant sur la médiocrité du
« socialisme réel » : la mort l'emporte sur le vivant, à chaque page de cette lente apocalypse .
Une phrase hante ce livre, comme un mauvais rêve : « Où tout cela est-il passé ? Je ne mourus pas, et pourtant nulle vie ne demeura pas. »
(Dante, « La Divine comédie »)

« Toute une vie » est un livre de résistant, sincère, âpre et passionnant !
Un journal du temps qui ne passait pas, d'une dignité violente et d'une rare hauteur de vue !
Le journal d'un homme qui ne s'est pas résigné à abandonner, qui mérite largement 5/5 !
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Quelle claque !
Il fait partie de mon top 10 facilement.
Je suis déçu de ne pas avoir l'intégralité du journal traduit en français.
C'est tout simplement brillant. Nous accédons au fil des années à la vie de Zabrana sous l'emprise communiste, sur le drame que cela a été pour le milieu culturel et le population.
EN France on a tendance à relativiser davantage le fascisme stalinien par rapport au nazisme et il est intéressant de voir un pays qui a connu les deux traiter de ces sujets. C'est particulièrement éclairant.
Le style est superbe, il laisse transparaître totalement la personnalité de l'auteur, ans filtre, avec intelligence.
L'on remarque que l'on a affaire à un grand lecteur avec une immense culture littéraire.
On retrouve au travers d'écrits des propos sur ses compatriotes aussi connus (Holan) des critiques acerbes envers les écrivains officiels et une analyse sans fard de la société tchèque sous l'influence communiste.
Un très grand ouvrage.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
En 1950, ils pendaient les gens, et c’est quelque chose qu’on ne peut oublier…Aujourd’hui, ils se débarrassent des gens administrativement, en silence – en les précipitant dans des soucis matériels chroniques, en les renvoyant de leur travail chaque fois qu’ils en trouvent un. Ca use un homme en quelques années, ça l’écrase, ça l’abat définitivement. Et pourtant, rien ne lui est arrivé. S’il les accusait un jour de l’avoir congédiait illicitement, il serait ridicule.
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Ceux qui nous gouvernent aujourd’hui sont les mêmes assassins qui pendaient des femmes dans les années 50 à la prison de Pankrac. (La veille au soir, les jeunes communistes avaient organisé des discussions publiques sur le thème de « l’Amour » dans plusieurs quartiers de Prague.) Ce sont les mêmes qui laissèrent une femme accoucher seule dans une cellule de béton de Pankrac, qui, nuit après nuit, maintenaient les gens debout dans des cachots d’un mètre carré au sol incliné, où on ne pouvait s’appuyer à rien, où on ne pouvait que se tenir debout, les mêmes qui fusillèrent des gens à l’aube et les enterrèrent, qui versèrent la cendre de cadavres incinérés sur la route de Benesov. Oui, oui, ce sont ces vieux assassins bien connus. Ils ont même ajouté un article au droit socialiste : de sa culpabilité ou de son innocence, c’est l’assassin en personne qui décide. Et quand ils ont compris que leur bestialité et leurs crimes étouffés par la censure pourraient refaire surface, ils ont appelé les chars. Mais qu’attendez-vous au juste de ces gens-là ? L’erreur, précisément, consistait à en attendre autre chose.
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J'ai enfin acquis la certitude qu'il est possible de courir tous les risques de la liberté - mais que celui de son absence, n'est pas supportable. Je n'écris plus. Parfois, seulement je lis ce qu'ils écrivent - ces jouvenceaux et ces salauds éternellement veux. Satiram scribere, comme ce serait facile, sur leurs petits vomis. Mais je n'en peux plus.
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La meilleure chose, que j'aie vu dans ce monde fut le ciel, la meilleure chose que j'aie entendue dans ce monde fut le silence, la meilleure chose que j'ai connue dans ce monde fut la solitude.
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La littérature est la mémoire de l'humanité, et c'est pourquoi elle donne du fil à retordre aux tyrans de tout poil, aux Etats policiers soi-disant socialistes et même aux simples menteurs et imbéciles.
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Le Grand Charivari de la RTBF - "Toute une vie" de Jan Zabrana
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