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Laurence Kiefé (Traducteur)
EAN : 9782330171971
368 pages
Actes Sud (02/11/2022)
3.3/5   5 notes
Résumé :
Abednago & Agnes ne s'émeuvent plus des troubles chroniques qui agitent leur ville, et le Zimbabwe tout entier. Jusqu'au jour où leur fils disparaît, comme de nombreux manifestants. Zamani, leur mystérieux locataire, semble être leur dernier espoir de le retrouver.
Un premier roman âpre et étourdissant, porté par un narrateur névrosé, Zamani, pour qui tous les coups sont permis quand il s'agit de réécrire l'histoire - la sienne, et celle de son pays.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Bukhosi à dix-sept ans disparaît à Bulawayo en 2007 dans un rassemblement de Ndébélés , un peuple d'Afrique du Sud dont la majorité vit au Zimbabwe et qui fut victime d'une série de massacres perpétrés par l'armée du Zimbabwé entre le début de l'année 1983 et la fin 1987 , appelée Gukurahundi (dérivé d'un terme shona qui se traduit par « la pluie précoce qui lave l'ivraie avant les pluies printanières »). le héros de ce roman insolite Zamani naquit durant cette période tragique de l'histoire du Zimbabwé que nous découvrons à travers son histoire personnelle et celle de ses hôtes le couple Abednego et Mamma Agnès, ses “parents de substitution “, et parents de Bukhosi chez qui il habite. L'auteure y déterre l'avant et l'après de ce génocide, débutant avec Cecil Rhodes, le gouverneur anglais, qui confisqua ses terres au roi Lobengula et le reine Lozikei des Ndébélés, faisant descendre sa population de fermiers dans les mines. Il poursuit avec l'arrivée de Ian Smith comme premier ministre, la guerre d'Indépendance et finalement l'Indépendance et sa suite, où un mal reste un mal, qu'il soit pratiqué par un Blanc contre un Noir, ou par un Noir contre un Noir, la rivalité sanglante entre Shonas et Ndébélés prenant la suite des dégâts du colonialisme.

Un pays ravagé par la corruption et les génocides, où recréer son histoire personnel (« hi-story » dans la v.o.) relève d'un défi ,” Mon Dieu , qu'est-ce-qu'une histoire personnelle ? Des choses qui n'appartiendraient à personne et appartiendraient à tout le monde revendiquées par quelqu'un, des démarcations, des lignées et des histoires personnelles créées abracadabra et rendues réelles dans l'esprit, puis consolidées à travers des histoires racontées puis révisées pour s'adapter non seulement à l'humeur du jour mais aussi à la vision de l'avenir, à la mémoire aidée et atténuée, oui, par l'illusion, recréant et justifiant constamment, et ainsi aucune vérité n'a jamais compté sauf celle que l'on croyait être vraie. »

Zamani orphelin essaie de combler les gros trous de son propre passé quasi inexistant, de père inconnu et une mère soit disant disparue dans une incendie mystérieuse alors qu'il était bébé. Ayant grandi seul avec « un oncle », il essaie de se ressusciter dans les histoires personnelles de Abednego et Mama Agnés, qu'il a décidé de prendre comme parents de substitution. Alors que biberonné au Johnny ( Walker 😵‍💫) Abednego et Mama Agnés entre le chagrin de leur fils disparu et un passé nostalgique sont perdus dans les dédales du présent, Zamani exige d'eux une paternité et une maternité , dont ils en sont loin. Quand on n'a pas de passé il faut forcément le réinventer; pour Zamani vingt-trois ans, dans le vide total d'une enfance qui semble être un mensonge il a le sentiment d'être lui-même un leurre ambulant !

Grand roman dense,
L'histoire d'un homme , des hommes , d'un peuple, en quête d'identité, que le colonialisme et les rivalités ethniques ont déchiré, décimé,
Où l'on rencontre un pasteur en costume Canali** et Mercedes plus homme d'affaire qu'homme de foi dont son église au « disco flavour »***, « Black Jesus » le boucher du Guruhandi en chaussures Ferragamo (ministre de l'agriculture du Zimbabwe, Perrance Shiri , du groupe ethnique Shona et responsable du génocide des Ndébélés ),
Dont le titre « La maison en pierre » signifie Zimbabwé dans la langue Shoneyin.

Une histoire particulière et poignante avec une fin surprenante qui éclaire l'intrigue cachée de l'histoire.
Une recherche désespérée d'amour qui résume non seulement l'histoire du Zimbabwé mais aussi celle de de l'histoire coloniale africaine, du colonialisme dévastant à l'euphorie de l'indépendance qui donnera lieu aux conflits et aux folies fratricides encore plus graves.

Un excellent premier roman couronné du prix littéraire britannique Edward Stanford 2022.

“L'état des choses dans notre pays, précisément après 2000, quand notre gouvernement a pris le contrôle de toutes les facettes de nos vies, comme d'ailleurs de notre Histoire, décidant quelle partie devait en être souvenue et quelle autre oubliée, est la preuve que l'important n'est pas la vérité, mais ce qu'on fait croire comme la vérité “.
(« The state of things in our country, especially after 2000, when our government started controlling every facet of our lives, including what part of our history to remember and what part to forget, is proof that it's not what's true that matters, but what you can make true. »)



* 'What the hell is hi-story? Things that didn't belong to anyone and belonged to everyone being claimed by someone, demarcations, lineages and hi-stories being created abracadabra and made real in the mind, and then consolidated through tales told and then revised to suit not only the mood of the day but also the vision for the future, memory aided and abated, yes, by delusion, constantly recreating and justifying, and thus no truth ever mattered except that which was believed to be true.'
** Marque italienne de vêtements masculins haut de gamme.
*** Au Parfum de disco.
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Née en 1988 à Bulawayo, l'une des plus grandes villes du Zimbabwe, Novuyo Rosa Tshuma a mis 6 ans pour écrire La maison en pierre. C'est l'histoire de l'ancienne Rhodésie depuis les luttes pour l'indépendance aux années 2000, en passant notamment par la guerre civile et le génocide de la décennie 80 (Gukurahundi). le récit, très sinueux et construit sur de nombreux flashbacks, est raconté par Zumani, un jeune homme névrosé et orphelin, qui tente de s'incruster dans une famille de substitution, dont le fils a disparu. A travers ses "nouveaux" père et mère, Zumani revisite les épisodes les plus marquants et souvent horribles du passé d'un pays marqué par la violence. La romancière manie avec virtuosité le tragi-comique au fil des nombreuses révélations qui émaillent la narration. Si le lecteur est parfois déboussolé par les allers et retours entre le présent et le passé et la multitude de personnages, il ne peut rester indifférent aux portraits hauts en couleurs des protagonistes de ce livre luxuriant, aux multiples ramifications, qui est à la fois une fiction débordante de vie et une véritable chronique historique du Zimbabwe, pays dont la littérature nous est en grande partie inconnue (Le meilleur coiffeur de Harare, paru en 2014, reste un excellent souvenir).


Lien : https://cinephile-m-etait-co..
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Un premier roman de cet écrivain africain qui ne laisse pas indifférent face aux problèmes de son pays ; d'autant plus que cela relate son histoire.
J'ai bien aimé l'histoire car j'ai appris sur le pays mais le livre comporte un certain nombre de longueurs qui gâchent un peu le plaisir.
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critiques presse (2)
Culturebox
07 mars 2023
Dans ce premier roman, c'est au fond des yeux, avec amour et lucidité que l’écrivaine zimbabwéenne Novuyo Rosa Tshuma regarde son pays, le Zimbabwe.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Culturebox
13 février 2023
Avec une écriture dense, l'écrivaine zimbabwéenne nous entraîne dans une relation toxique d'une filiation forcée et dans un pays qui n'a connu que la violence comme moyen de gouvernance.
Lire la critique sur le site : Culturebox

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