"Fabuleux ! L'histoire d'une journaliste qui enquête sur un ponte de la psychiatrie qui encourage la lobotomie. Un roman passionnant qui aborde l'histoire de la psychiatrie de l'époque aux Etats-Unis. Un véritable page turner que vous ne lâcherez pas !" - Gérard Collard.
- le nobel des massacreurs, de Claudine Desmarteau chez Gallimard.
QUI SONT LES FOUS DE L'HISTOIRE ? 1943, aux États-Unis. janet a une certitude : elle ne se mariera jamais. Elle rêve de marcher sur les traces de Nellie Bly, la grande journaliste, et elle tient son sujet. le célèbre docteur Freeman, neurologue charismatique et survolté, est le fer de lance d'un traitement révolutionnaire des maladies mentales : la lobotomie. janet nous embarque dans une enquête fascinante sur «la chirurgie de l'âme». Un roman décapant et addictif.
À retrouver sur notre librairie en ligne (parce que personne d'autre n'en parle...) :
https://www.lagriffenoire.com/le-nobel-des-massacreurs.html
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A bord de l'ambulance qui longeait à toute allure les pelouses bien entretenues de l'asile, je savourai ma réussite un cours instant, rapidement refroidie par les visages désemparés des autres patientes. Pauvres femmes, il était fort peu probable qu'elles retrouvent prochainement leur liberté. On les condamnait à la prison, peut-être même à vie, et pourtant elles ne s'étaient rendues coupables d'aucun délit. En comparaison, la potence me semble préférable à cet horrible tombeau ! Quand se profila l'imposant édifice de pierre, nous sûmes que nous vivions nos derniers instants de femmes libres.
Rédacteur en chef du New World : "Vous n'y arriverez jamais! Vous êtes une femme, vous aurez besoin d'un protecteur, et même si vous voyagiez seule, il vous faudrait emporter tant de bagages que cela vous ralentirait. En plus, vous parlez uniquement l'anglais. Rien ne sert d'en débattre : seul un homme peut relever ce défi."
Nelly Bly : "Fort bien! Alors je partirai en même temps que lui pour le compte d'un autre journal et soyez sûr que je le battrai."
Rédacteur en chef : "Vous en seriez fort capable." (P.12)
"Pendant la traversée, le capitaine proposa à un pasteur présent à bord de conduire la messe à sa place. Il s'exécuta volontiers mais, arrivé à Hong Kong, il remit au capitaine une facture de deux livres! Il déclara qu'il était alors en vacances et qu'il ne comptait pas travailler pendant ces jours de repos à moins d'être rémunéré! La compagnie paya mais obligea ses officiers à demander le tarif des hommes d'Eglise avant de leur proposer de conduire tout office religieux." (P.117)
"Cette curieuse mais audacieuse aventure fait fi de toutes les règles qui jusqu'alors gouvernaient l'empire de la presse. Ce tour du monde célèbre le courage et l'énergie de notre sexe, et ouvre grand la porte du succès aux femmes de lettres. Il est la preuve que le sexe faible, quand il est doté d'un esprit sain et d'un corps sain et est libéré des carcans habituels, peut rivaliser avec les hommes les plus brillants." Dorothy Maddox (p. 27)
Le 22 septembre 1887, le World me donna pour mission de me faire interner dans l'un des asiles de fous de New York. Mon rédacteur en chef, Joseph Pulitzer, souhaitait que je décrive en termes simples et directs les soins apportés aux patientes, les méthodes de la direction, etc. Mais avais-je les nerfs assez solides pour supporter pareille épreuve ? Serais-je capable de me faire passer pour folle auprès des médecins ? D'évoluer une semaine entière au milieu de malades mentales sans que les autorités ne découvrent que je ne suis qu'une "moins que rien armée dun calepin "? Oui, j'avais foi en mes talents d'actrice et me pensais de taille à feindre la démence d'un bout à l'autre de mon séjour. Pourrais-je passer sept jours à l'asile de Blackwell's Island ? J'en étais convaincue. Et j'ai tenu parole.
(Dix jours dans un asile)
"Le bruit courait qu'un Jonah était à bord. Je me demandais bien qui était ce Jonah, jusqu'à ce que les marins m'apprennent que c'était ainsi qu'ils surnommaient les singes! D'après eux, un singe sur un bateau attire le mauvais temps. Un des membres de l'équipage exigea que l'on jette l'animal à la mer. (...) Puis, un autre marin lança que Jonah désignait également un pasteur. Or, nous en avions deux sur l'Océanic! Je déclarais que si le singe devait passer par-dessus bord, alors les saints hommes connaîtraient le même sort. Le débat fut clos, et mon petit compagnon eut la vie sauve." (P. 162)
"Il n'est pas étonnant que les jeunes Américaines soient intrépides. Elles n'ont jamais eu à monter dans un de ces compartiments [du train] soi-disante privés, mais en revanche elles se mènent volontiers à la foule protectrice. Quand les mères enseigneront à leur progéniture qu'elle est en sécurité là où il y a du monde, alors les chaperons seront un souvenir du passé et les femmes auront tout à y gagner." Nelly Bly (p.39)
"Nous débarquâmes avec deux jours d'avance sur la date prévue, et ce malgré les tempêtes essayées en mer. En accostant, un passager décida de poursuivre la compagnie pour nous avoir fait arriver en avance. Il soutenait que le prix de son billet avait été calculé en fonction de la durée de son voyage et que, si le bateau l'emmenait à destination plus tôt que prévu, alors il était normal que la compagnie paie son séjour à l'hôtel jusqu'à la date annoncée." (P. 116-117)
"Je suis moi-même assez chatouilleuse quand il est question de mon apparence, aussi me gardais-je bien de plaisanter à ce sujet. Je réponds toujours à ceux qui critiquent mon menton, mon nez ou ma bouche, qu'on ne peut échapper aux attributs que la vie vous donne, pas plus qu'on ne peut échapper à la mort. Jasez autant que vous voudrez sur mon chapeau ou ma robe, je peux les changer, mais rien ne sert de me reprocher mon nez, car je suis née avec." (P.133)
J'ai rencontré des patientes aux lèvres scellées, condamnées au silence pour l'éternité. Elles vivent, respirent, mangent ; l'enveloppe humaine demeure, mais ce quelque chose dont le corps peut se passer mais sans lequel il ne peut exister est absent. Je me suis souvent demandé si ces lèvres dissimulaient des rêves secrets ou un vide abyssal.