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EAN : 9782262023706
336 pages
Perrin (17/09/2009)
4.17/5   3 notes
Résumé :
Entre le xe et le xvie siècle, la Bretagne s'est forgée une autonomie forte à travers ses ducs.De 936 à 1532, voici les six siècles d'histoire de l'ancienne Armorique. Tout commence avec la naissance du duché en plein c?ur des invasions vikings, disputé entre les grandes familles comtales bretonnes qui finissent par le posséder les unes après les autres, du Xe au XIIe siècle. Vers 1150, la Bretagne devient un enjeu géostratégique international. Les Plantagenêts puis... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
La Bretagne, ça vous gagne.

En tout cas, mes dernières vacances là-bas en été m'ont gagné l'envie d'en savoir plus sur l'Histoire de ce pays (en plus de l'envie d'y retourner). J'ai cherché un bouquin sur le sujet et j'ai opté pour celui de Philippe Turault qui nous conte les ducs et les duchesses de Bretagne. Tout se passe au Moyen-âge, débordant un brin sur les Temps modernes.

L'auteur adore la Bretagne ; cela se sent et se respire. C'est la fierté qui perce à travers la résistance de ses chefs face aux gourmands comtes d'Anjou et de Normandie ou rois d'Angleterre et de France. C'est la tristesse qui émane de la description de l'absorption du duché par la France au 16ème siècle. Usant de cette émotion palpable comme de carburant, il fait vivre son récit et combat l'ennui toujours tapi aux portes des récits historiques de non-fiction.

Qu'ai-je pu retenir des ces récits ?
D'abord l'absence de « celtitude » qui irriguerait la région et les habitants depuis la nuit des temps. Non, pas de barrière génétique ou culturelle séparant la Bretagne des duchés ou royaumes voisins. Les gens vont et viennent, le sang des ducs doit beaucoup à ses voisins. le sentiment celtique que l'on ressent aujourd'hui est en partie une construction. Déjà au 16ème siècle, les récits des origines, propagande écrite, émerge pour magnifier les particularités de la Bretagne. Comme pour le royaume de France et plus tard la République, finalement ; on embellit son passé.
Ensuite la qualité de proie quasi permanente de la région. Les voisins ont toujours souhaité soumettre, voire absorber, en tout cas dominer la Bretagne. Les comtés d'Anjou ou de Normandie, puis les royaumes d'Angleterre – surtout à l'époque de Henry II, puis Richard Coeur de Lyon et Jean sans Terre. On se rappellera ici la belle pièce le Roi Jean de Shakespeare qui retranscrit l'histoire de l'assassinat du duc Arthur Ier de Bretagne – et de France ont presque toujours imposé aux ducs de Bretagne la stratégie de louvoiement du faible face au fort.
Enfin la présence de femmes de grand charisme tout au long de cette histoire. Havoise, qui exerce la régence pour son fils Alain III au 11ème siècle aussi bien que Blanche de Castille. Encore mieux : Ermengarde, épouse d'Alain IV, mère de Conan III qui met en oeuvre la réforme grégorienne et favorise l'alliance avec son Anjou natal. le conflit entre Jeanne de Flandres et Jeanne de Penthièvre, femmes respectives des adversaires Jean de Monfort et Charles de Blois pour le titre de duc pendant la guerre de Cent Ans ; ces deux-là valent bien les Cersei et Daenerys de Game of Thrones. Et bien sûr Anne de Bretagne, qui mène par le bout du nez son Louis XII de mari avant que ce dernier ne se rebiffe, et maintient haut l'identité de la Bretagne.

Évolution de l'organisation de l'état, relations entre noblesses et clergé, nombreux conflits internes, tout est abordé avec précision mais sans entrer dans les détails pompeux. C'est aussi, en creux, l'histoire de France que l'on observe, par les yeux de ce voisin qui parfois ce serait bien passé de ce royaume encombrant mais parfois aussi est bien content de le voir venir à son aide.

Un livre qui devrait combler les amateurs de cette région.
Détail : je n'ai plus de doutes : Nantes est bien en Bretagne, son histoire en fait foi.

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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Pendant toute l'année 938, les Vikings installent un solide camp retranché à Trans et finissent bientôt par former une véritable armée. Devenus sûrs d'eux, ils passent à l'attaque en 939 et se jettent sur le Rennais. Juhel Bérenger, comte de Rennes, tente bien de résister mais il est vite débordé. Malgré ses différends avec Alain Barbetorte, il l'appelle à son aide, ainsi que Hugues le Grand(1). Ces derniers n'hésitent pas à intervenir militairement... Contre toute attente, les Vikings de la Loire ne reçoivent aucune aide de ceux de la Seine(2). Le duc normand, soucieux avant tout d'asseoir son pouvoir dans le Nord-Ouest, est bien dans une phase de neutralité bienveillante envers Barbetorte.
La bataille fait rage fait rage le 1er août 939. A l'issue de combats acharnés, la forteresse est détruite, les troupes scandinaves anéanties. La victoire de Trans, à laquelle Alain prend une part déterminante, marque l'expulsion définitive des Normands de la Bretagne. Désormais, le duc est maître chez lui.
("Alain Barbetorte et la création du duché")

(1) Hugues le Grand: dux francorum, père d'Hugues Capet
(2) les Vikings de la Seine: les Normands installés en Normandie
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Bientôt, le baron Raoul de Fougères change une nouvelle fois de camp et se tourne contre Conan IV, entraînant avec lui des personnalités redoutables, tels le comte Henri de Penthièvre, le vicomte Hervé de Léon et Eudon de Porhoët.
On a beaucoup glosé sur le sens de cette rébellion, à laquelle se joignent aussi de nombreux seigneurs de moindre importance. Elle a longtemps été interprétée, par les adeptes du "bretonnisme" depuis le XIXeme siècle comme une résistance nationale et patriotique à l'envahisseur étranger et à son affidé ducal. A tort certainement, car, ne l'oublions pas, c'est l'époque de la féodalité rayonnante. Les relations d'homme à homme qui régissent la société politique sont dominées par des intérêts individuels, à une époque où aussi bien en Bretagne qu'en France, les gouvernants peinent à s'imposer aux forces aristocratiques. Or, l'intérêt supérieur des principaux seigneurs qui disposent de territoires importants dans des pays rivaux, en Bretagne, en Angleterre, dans le royaume capétien, leur commande de rester apatrides en défendant d'abord leur propre cause.
("La Bretagne, un enjeu international")
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Comme leurs deux prédécesseurs, les trois nouveaux princes sont soucieux d'affirmer leur autonomie. Ils sont maîtres chez eux et ils tiennent à le faire savoir et reconnaître par tous, y compris par le monarque français. Preuve manifeste de leur souci de liberté, le refus systématique de prêter hommage lige au roi pour le duché : ils ne veulent pas se présenter à genoux et désarmés devant lui, lui jurer fidélité. Ils souhaitent au contraire, tous les trois, rester debout devant Charles VII, l'épée au côté, et mettre seulement leurs mains jointes dans les siennes. C'est la reconnaissance d'une prééminence, non d'une dépendance.
("Au cœur de la guerre de cent ans")
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Conan III resserre les liens avec l'Anjou. Cela lui est facile puisque sa mère Ermengarde est elle-même de naissance angevine. Cette princesse ne cessera de le conseiller et de l'assister. Son aide sera précieuse pour maintenir l'union avec le comté voisin et d'autant mieux acceptée par le nouveau duc qu'Ermengarde est une véritable femme d'Etat. Elle a su le démontrer lors de l'absence de son mari Alain IV pendant plus de cinq années. Elle saura le prouver encore en suggérant à son fils de prendre de bonnes décisions, avant de partir finir ses jours à Jérusalem, après la mort de celui-ci en 1148. Cette amie de Bernard de Clairvaux et de Robert d'Arbrissel, fondateur de Fontevraud, a conduit les affaires avec Conan III de la meilleure des manières.
("Un impossible pouvoir ducal?")
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En Bretagne comme ailleurs, en ce début de XIeme siècle, les seigneurs pressurent les populations locales, exigeant d'elles sans cesse plus de taxes en nature et en argent, à un point tel qu'elles ne les supportent plus et se soulèvent. Mouvement spontané d'exaspération : les manants n'ont ni chef ni organisation, seule la misère les jette dans la colère et le sang. Dans ces conditions, en Bretagne comme dans le reste de l'Occident, la répression est aisée et rapide. Alain III, aidé de nombreux seigneurs soucieux de recouvrer leurs droits, poursuit et massacre les rebelles, bientôt réduits à une obéissance encore plus contraignante.
("Un impossible pouvoir ducal?")
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Vidéo de Philippe Tourault
5 questions posées à Philippe Tourault, à l'occasion de la parution de son livre Les ducs et les duchesses de Bretagne (Perrin).
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