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EAN : 9781409909439
100 pages
Dodo Press (14/11/2008)
3.82/5   19 notes
Résumé :
La Vie et la Mort du roi Jean (The Life and Death of King John) est une pièce de théâtre de William Shakespeare évoquant le règne (1199-1216) de Jean d'Angleterre.
La première représentation est attestée en 1598. On situe l’écriture de la pièce entre 1593 et 1596. Certains la voient antérieure à 15912. Elle pourrait s'inspirer de The Troublesome Reign of King John, pièce attribuée à Christopher Marlowe ou George Peele, mais l’antériorité de celle-ci est contr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Autant vous avertir, je ne suis pas objectif avec Shakespeare ; je l'aime trop ! Mais je suis loin d'en avoir fait le tour car la diffusion de son oeuvre en poche est largement incomplète, surtout en ce qui concerne ses pièces historiques.
Mais j'ai la chance de côtoyer des gens qui me connaissent bien. L'une d'entre elles m'a abonné à la collection des oeuvres complètes de Shakespeare traduites par François-Victor Hugo, qui est publiée par le Monde en ce moment. Qu'elle en soit bénie !

J'attaque la collection avec ce Roi Jean que j'ai dégusté. Elle conte l'essentiel des démêlés de ce Plantagenêt avec les Capétiens et la papauté. La saveur est multiple, un peu comme dans ces chocolats autrichiens géniaux à plusieurs couches – les Mozartkugeln (essayez, vous m'en direz des nouvelles). On a droit à l'Histoire du tournant du XIIIème siècle contée par un auteur de théâtre élisabéthain du tournant du XVIIème et traduite par le fils d'un auteur français du XIXème : vous imaginez les interprétations enchâssées comme des poupées russes.

La pièce tourne autour de la mainmise de Jean sur le trône d'Angleterre, qui floue au passage son neveu Arthur, de la guerre avec la France qui s'ensuit et de la volonté de Jean d'assassiner Arthur une fois ce dernier entre ses mains. Accords, proclamations d'amitié indéfectibles, tourne-casaques, trahisons, on a droit à tout. Ces évènements (et j'en oublie beaucoup) sont historiques, mais afin de les faire tenir dans une pièce Shakespeare distord le temps et efface les années si bien qu'on en garde l'impression d'une aventure de quelques jours.
Shakespeare n'est pas aussi contraint que les Classiques français qui seront obligés de se conformer à un canevas-carcan, de tirer des vers taillés au cordeau comme les feuillages d'un jardin français. Sa prose est plus libre, plus sauvage, elle respire comme la Nature dans un jardin anglais, et elle fait mouche aussi bien. La réduction du temps de règne de Jean qu'il réalise vient à l'appui de la force tragique de la fin du récit. Dans la mort de Jean, la pièce montre clairement la justice divine s'abattant sur le pêcheur assassin de son neveu et négationniste de la papauté. Cela aurait été beaucoup plus dur de justifier plus d'une décennie de règne avant que Dieu ne manifeste sa colère.

Le roi Jean meurt empoisonné par un moine, l'Histoire le dit et Shakespeare en est très satisfait : la sanction divine tombe mais la main du bourreau n'est pas française ; ce n'est pas l'Étranger honni qui abat le roi d'Angleterre. A plusieurs reprises Shakespeare interprète les faits à l'aune de l'Histoire de son temps, par exemple la tirade de Jean contre la papauté qui fait écho à l'Angleterre de la Renaissance prenant ses distances avec Rome. Son nationalisme explose dans l'inimitié de Philippe Faulconbridge, bâtard de Richard Coeur de Lion (personnage délicieux dans la pièce), envers l'archiduc d'Autriche qui emprisonna son père. Dans ses notes, François-Victor Hugo voit dans la pièce une allégorie de l'histoire de Marie-Stuart avec Jean dans le rôle d'Élisabeth Ière. le traducteur n'est pas le dernier à faire comme Shakespeare, utilisant ses pièces sur les tyrans comme autant d'armes contre Napoléon III.

Il y a plein d'autres choses dans cette pièce, dans la diversité de caractère des personnages, dans les tirades tragiques ou comiques, dans les leçons morales, mais il faut savoir s'arrêter. Vous l'avez compris : je ne suis pas objectif.
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Je ne connaissais même pas le titre de cette pièce, que j'ai découverte par e qu'elle figure dans mon édition avec Macbeth. le traducteur Francois-Victor Hugo la rapproche de Macbeth et de Richard III, en regroupant les trois pièces sous l'incertitude "Les tyrans".
Le roi Jean n'est cependant pas Richard III, la figure du monstre sans reproche, sans excuse, sans humanité. Jean n'est pas un méchant à sa hauteur, capable d'hésitation, de remords même - ce n'est donc pas un monstre. Au contraire, il peut être interprété de façon plutôt positive : prêt à se battre militairement pour défendre les intérêts de son pays, ennemi acharné des Français... Il est vrai que. Jean n'a pas une image positive dans la culture populaire, Jean sans terre le comploteur de l'ombre face à l'image bien plus positive et chevaleresque de son frère, Richard Coeur de lion - que l'on pense à Walter Scott ou à Robin des Bois...
Il y a donc plusieurs figures du tyran dans cette pièce - c'est-à-dire de figures d'autorité abusant de leur pouvoir : des princes français qui ne tiennent pas leur serment, aux bourgeois d'Angers qui profitent de leur position pour négocier, au roi selon les Barons révoltes prêts à la guerre civile, et surtout au pape voulant une autorité religieuse et politique, spirituelle et temporelle. Et là, Jean est plutôt présenté à nouveau de façon meliorative, pensant d'abord aux intérêts anglais.
J'ai cependant plusieurs réserves sur cette pièce. Comme dans Richard III, les personnages féminins sont peu développés - vengeresse qui maudit, ou amante déchirée entre son père et son fiancé ; mais Blanche n'est pas la Camille de Corneille, le dilemme n'est pas un sujet d'intrigue. Arthur est trop falot pour qu'on s'attache à lui. le Bâtard est là pour apporter le grotesque et la farce - j'ai souri à sa série d'insultes. Mais son histoire est secondaire, et tout l'acte I est donc à part.
J'ai donc révisé certains de mes cours d'histoire médiévale, j'ai gromelé en voyant que les Anglais avaient une image plus positive que les Français, j'ai imaginé comment les scènes de bataille pouvaient être représentées, la thématique de la querelle des investitures m'a intéressée, mais je ne me suis pas attachée aux personnages.
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Si le roi Jean fut la piéce la plus jouée de Shakespeare à son époque, elle est aujourd'hui un peu tombée dans l'oubli…

Ce qui peut se comprendre au vu de son contexte historique plutôt difficile à appréhender aujourd'hui. Elle nous raconte l'histoire du Roi Jean, roi d'Angleterre qui se retrouve condamné à une Guerre contre les Français lorsqu'il refuse de reconnaître les droits d'Arthur, le fils d'un de ses fréres.

La piéce est assez étrange en cela qu'elle peine à donné le beau rôle à un personnage en particulier. Si les joutes verbales sont trés bien écrites, et que la piéce est globalement trés réussit, le roi Jean lui même semble mis en retrait pour partager le premier rôle avec le reste des personnages. de fait, les intrigues politiques sont également mises sur un pied d'égalité avec les intrigues personnels (ce qui, pour le coup, est un choix à souligner par sa logique, les deux étant toujours liés) et on n'en apprend que peu sur le régne du roi Jean.

On comprend cependant qu'il ne fut pas de tout repos et que le bonhomme ne fut pas forcément toujours un type agréable. Ses défauts en font une piéce pas aussi majeure, par exemple, que MacBeth mais elle n'en demeure pas moins trés intéressante et je vous conseille de la lire !
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J'aime Shakespeare, sa démesure, sa liberté (par rapport à la "règle des 3 unités par exemple"), ses incertitudes (ou plutôt sa certitude toute baroque que rien ici bas ne peut être présumé certain et stable). Remarque, je n'ai pas vu tant de pièces que ça, quelques Songes d'une nuit d'été, un inoubliable Hamlet monté par Pierre Debauche, quelques pièces à la télé, quelques lectures; je ne connaissais pas le roi Jean. L'histoire m'a intéressée bien plus que d'autres pièces "historiques", plus que le célèbre Macbeth certainement ( qui fait aussi partie de la série des oeuvres sur "les tyrans"). J'avoue ma grande ignorance des tribulations des Plantagenets alliers-ennemis des anglais, de l'existence de ce jeune Duc de Bretagne assassiné en 1203 par son oncle Jean sans Terre, du rôle du Pape dans les successions des dynasties européennes ... mais bon, c'est interessant.
Certainement très compliqué à monter et à jouer dans nos actuels théâtres à l'italienne, ça vaudrait peut-être le coup d'y réfléchir, pourquoi pas
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Le monde, bien équilibré, se mouvait en ligne droite sur un terrain aplani, quand l'Intérêt, cette infime pierre d'achoppement qui fausse toute impulsion, l'a fait dévier de son cours impartial, de sa direction, de son élan, de sa ligne, de son but ! Ce tricheur, l'Intérêt, ce ruffian, cet agioteur, cette parole toujours changeante, s'est dressé devant le volage Français et l'a rejeté, loin de sa mission libératrice, d'une guerre résolue et honorable à la paix la plus ignoble et la plus infâme ! Et moi-même, pourquoi est-ce que je déblatère contre l'Intérêt ? C'est seulement parce qu'il ne m'a pas encore caressé ; ce n'est point que j'aurais la force de fermer la main, si ses beaux anges d'or voulaient faire connaissance avec ma paume ; c'est simplement que, ma main n'ayant pas encore été tentée, je dois, en ma qualité de pauvre, déblatérer contre le riche. Oui, tant que je serai misérable, je déblatérerai, et se trouverai de faute qu'au riche ; quand je serai riche, j'aurai pour vertu de ne trouver de vices qu'à la misère. Puisque les rois violent leurs serments selon leur commodité, intérêt, sois mon dieu ! Car je veux t'adorer !
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LE ROI JEAN: Arthur de Bretagne, remets-toi entre mes mains: et tu recevras de mon tendre amour plus que ne pourra jamais obtenir la main couarde de la France. Soumets-toi, garçon!

LA REINE-MÈRE (Aliénor): Viens à ta grand-mère, enfant!

CONSTANCE (mère d'Arthur): Oui, qu'il aille à sa grand-mère, l'enfant ! Qu'il donne un royaume à grand-maman, et grand-maman lui donnera une prune, une cerise et une figue ! Cette bonne grand-maman !
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(L'Archiduc d'Autriche, embrassant Arthur, neveu floué du roi Jean)
Par ce baiser fervent que dépose sur ta joue, je scelle l'engagement qu'a pris mon affection de ne pas rentrer dans mes États avant qu'Angers, et tout ce qui t'appartient en France, avant que ce rivage à la face blanche et pâle, qui du pied repousse les marées rugissantes de l'Océan et tient ses insulaires à l'écart des autres pays, avant que l'Angleterre, ce champ dont la mer est la haie, ce boulevard muré d'eau, abrité et sauvegardé à jamais contre les projets de l'étranger, avant que ce coin extrême de l'Occident ne t'ait salué pour son roi!
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Et moi-même, pourquoi et-ce que je déblatère contre l'Intérêt? C'est seulement parce qu'il ne m'a pas encore caressé; ce n'est point que j'aurais la for ce de fermer la main, si ses beaux anges d'or voulaient faire connaissance avec ma paume; c'est simplement que, ma main n'ayant pas encore été tentée, je dois, en ma qualité de pauvre, déblatérer contre le riche.

(Philippe Faulconbridge, bâtard de Richard Cœur de Lion)
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C'est la malédiction des rois d'être assisté par des esclaves qui prennent une boutade pour un ordre de forcer le domicile sanglant d'une vie, toujours prêts à comprendre comme une loi un clin d’œil de l'autorité, et à voir une intention menaçante du souverain quand par hasard il fronce le sourcil, plutôt par humeur que par réflexion.
(le roi Jean)
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