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EAN : 9782072957468
552 pages
Gallimard (19/10/2023)
4.23/5   13 notes
Résumé :
« Pourquoi t’intéresses-tu subitement autant à ces petites bêtes ? On ne peut pas dire que cela m’intéresse, ce qui me fascine, c’est d’être la première à le faire. »

La zoologiste danoise Marie Hammer (1907-2002) a sillonné le monde entier pendant quarante-sept ans, souvent seule, parfois accompagnée de ses enfants, pour faire progresser la science. Spécialiste des acariens, dont elle a étudié les caractéristiques et la répartition, elle a prouvé la ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Qui connaît Marie Hammer, née Jørgensen à Copenhague, en 1907, hormis les spécialistes en zoologie et entomologie ? Wikipédia, version française, ignore cette scientifique et aventurière qui, dans son domaine bien spécifique et avec son goût de l'exploration, mériterait une place équivalente à celle occupée par Isabelle Eberhardt ou d'Alexandra David-Néel. Danoise, elle aussi, Eva Tind raconte dans La femme qui a reconstitué le monde les grandes lignes d'une existence marquée par des recherches sur 5 continents, pour collecter les acariens de mousse, ces "bestioles" invisibles à l'oeil nu et dont les caractéristiques communes, au Groenland, en Bolivie ou en Nouvelle-Zélande, l'ont amené à prouver la théorie de la dérive des continents, émise par le physicien-météorologue Alfred Wegener, encore controversée au lendemain de la seconde guerre mondiale. le livre s'appuie sur les carnets de Marie Hammer et sur plusieurs interviews, faisant davantage appel à la fiction pour la vie de famille de la chercheuse, avec un mari et 4 enfants pour lesquels elle a été souvent absente, pour une mission au bout du monde. A travers sa destinée, c'est aussi la place des femmes dans la communauté scientifique qui est contée, semée d'embûches, de sarcasmes, de difficultés financières et matérielles, et parfois, heureusement, d'appui et de reconnaissance (tardive). Celle qui était surnommée "la mère des acariens" valait bien d'être l'héroïne d'un ouvrage entre la biographie et le roman, qui est obligé de réaliser quelques ellipses parfois frustrantes car il est difficile de faire autrement pour documenter la vie d'une femme aussi étonnante et qui a vécu 95 ans, dont 47 passés à sillonner le monde, le plus souvent seule et dans des conditions plus ou moins précaires.
Lien : https://cinephile-m-etait-co..
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Merci à Eva Tind d'avoir tiré des limbes de l'oubli la vie de la chercheuse danoise Marie Hammer, spécialiste des acariens, dont l'étude lui permit d'affermir la théorie de la dérive des continents à un moment où elle était encore sujette à caution. Ce roman est une réussite à deux titres. D'une part, l'aspect documentaire m'a passionné, sur un sujet qui ne soulève pourtant pas forcément un engouement immédiat, mais l'enthousiasme de la scientifique a achevé de me convaincre. On y découvre comment Marie a dû lutter pour poursuivre ses recherches, dans un univers scientifique encore très masculin, et dans une société où l'on attendait d'une femme, même fort instruite, qu'elle fasse passer sa famille avant toute autre chose. Comment conjuguer une vie de mère de quatre enfants avec celle d'une scientifique obligée de collecter des échantillons aux quatre coins du monde, sans parler de l'aspect financier ? Marie accepte de ne pas être la "mère parfaite", par contre elle veut être irréprochable dans sa démarche scientifique. Non seulement le roman est passionnant d'un point de vue documentaire et scientifique, mais il est également d'une grande qualité littéraire. Sur la forme, il mêle récit à la troisième personne, extraits des carnets de Marie et interviews fictives. Quant à l'écriture, elle se fait parfois très poétique, et quelques passages glissent vers la rêverie et le féérique. Bref, un vrai coup de coeur, sans bémol. Une autrice à suivre assurément.
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On peut remercier Eva Tind d'avoir extrait Marie Jørgensen-Hammer des ténèbres de l'oubli. Comme elle le dit elle-même dans la postface, lorsqu'elle a commencé à s'intéresser à ce "personnage d'avant-garde dans son domaine", "il n'y avait pas une seule photo d'elle sur internet". Son histoire reflète l'invisibilisation des chercheuses, de ces héroïnes qui se consacraient à la science contre vents et marées, contre le manque de reconnaissance (pas de poste fixe et s'accompagnant d'une rémunération stable; éventuellement l'accaparement de ses travaux par des confrères masculins comme Wallwork) et de compréhension (de la part de ses soeurs).
Le récit se déploie sur plusieurs strates dans la mesure où l'on découvre la vie de Marie Hammer; les tensions qui tiraillent le milieu scientifique (réticences à accepter des idées nouvelles corroborées par un faisceau de preuves; les pages 381-382 sur le rôle des femmes dans la recherche au détour d'une interview valent le détour) et l'établissement d'un réseau international de collaborations sans passer par le circuit universitaire classique; des apports de nature anthropologique. Les portes d'entrée sont ainsi multiples.
La combinaison de plusieurs styles narratifs contribue à l'intérêt que le lecteur.trice porte à la vie et aux pérégrinations de Marie Hammer. le récit est ainsi truffé de petits chapitres tirés des notes prises par Marie Hammer elle-même, d'échanges épistolaires, ou d'interviews.
Le roman montre que se consacrer à des choses a priori insignifiantes (comme des acariens) peut avoir des répercussions mondiales. Personnellement, je trouve que c'est une leçon pour le lecteur qui prend du recul par rapport à sa vie pour s'interroger sur ce qu'il en a fait, et qui peut se dire que, sans aller jusqu'à l'importance de la théorie de Marie, tout n'est pas vain ou sans intérêt.
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Oui, passionnantes découvertes. Celle d'une grande scientifique mais aussi l'univers des acariens de mousse ! Sujet très segmentant à première vue, mais roman très accessible qui évoque autant la biographie qu'un carnet d'aventures et de voyages. Si j'ai trouvé le début assez lent, j'ai ensuite été emporté par les voyages de cette grande entomologiste. Eva Tind a su faire un grand travail de recherche mais aussi un beau travail de fiction pour entremêler vie de femme et vie de chercheuse. On ressent bien toute la difficulté à être maman et scientifique dans un monde qui n'admet pas qu'une femme soit au même niveau qu'un homme. Et pourtant, en s'auto-finançant quasiment, elle devient la meilleure dans son domaine. Sa contribution à l'histoire naturelle semble avoir été effacée, minimisée. Il était temps de remettre Marie Hammer sur le devant de la scène. Si le style est un peu trop poli, le récit est lui moderne de par son sujet.
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"La femme qui a reconstitué le monde" d'Eva Tind publié chez Gallimard raconte le destin exceptionnel de Marie Hammer. Cette zoologiste danoise a parcouru la planète pour étudier les acariens et prouver la théorie de la dérive des continents. Première femme à rejoindre les expéditions de Knud Rasmussen au Groenland, elle a dû financer elle-même ses recherches face aux sarcasmes universitaires.

À travers ce roman biographique sobre et documenté, l'autrice rend hommage à cette scientifique intrépide et libre. Un récit captivant mêlant ambition professionnelle et quête personnelle.
Lien : https://marenostrum.pm/eva-t..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
J'ai eu l'impression que ma vie s'arrêtait quand j'ai dû abandonner ma recherche parce que ma vue avait commencé à baisser et que le risque d'erreur était trop grand. (...) Je ne voulais pas prendre ce risque, en effet, si dans mon domaine on oublie un seul poil, cela peut changer toute l'histoire. [Car avec un seul poil,] je peux parler de l'évolution. Quand je découvre dans l'hémisphère Sud un animal qui ne se différencie d'un autre animal trouvé dans l'hémisphère Nord que d'un seul poil situé derrière la patte arrière, il s'agit bien d'évolution. (p.544-545, Eds Gallimard)
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[Enfant,] je me racontais que je vivrais dans une haute tour dans la forêt de Gribskov. Cette tour dominerait les arbres, ainsi je pourrais voir à mes pieds toute l'étendue du monde et la tour serait pleine de livres. J'y vivrais seule et y passerais ma vie entière. Mais voir la vie uniquement à travers les livres se réduit a vivre des choses qui ont déjà eu lieu, et même si la vie qu'offre une tour semble infinie, ce n'est toujours que la vision d'une fraction du monde. (p.544, Eds Gallimard)
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(...) Ce qui élève le travail de Marie [Hammer] à un niveau international, c'est qu'elle cherche à tisser un lien entre les mouvements microscopiques et les grands mouvements, ceux de la Terre elle-même. (p.278, Eds Gallimard)
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Elle est un lac et la vie est une petite pierre ronde et lisse qui y fait des ricochets. (p.238, Eds Gallimard)
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Alors que j'ai rassemblé les différentes parties du monde, ma famille, elle, s'est dispersée, et maintenant nous vivons complétement séparés. (p.528, Eds Gallimard)
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