Qui connaît Marie Hammer, née Jørgensen à Copenhague, en 1907, hormis les spécialistes en zoologie et entomologie ? Wikipédia, version française, ignore cette scientifique et aventurière qui, dans son domaine bien spécifique et avec son goût de l'exploration, mériterait une place équivalente à celle occupée par
Isabelle Eberhardt ou d'
Alexandra David-Néel. Danoise, elle aussi,
Eva Tind raconte dans
La femme qui a reconstitué le monde les grandes lignes d'une existence marquée par des recherches sur 5 continents, pour collecter les acariens de mousse, ces "bestioles" invisibles à l'oeil nu et dont les caractéristiques communes, au Groenland, en Bolivie ou en Nouvelle-Zélande, l'ont amené à prouver la théorie de la dérive des continents, émise par le physicien-météorologue
Alfred Wegener, encore controversée au lendemain de la seconde guerre mondiale. le livre s'appuie sur les carnets de Marie Hammer et sur plusieurs interviews, faisant davantage appel à la fiction
pour la vie de famille de la chercheuse, avec un mari et 4 enfants pour lesquels elle a été souvent absente, pour une mission au bout du monde. A travers sa destinée, c'est aussi la place des femmes dans la communauté scientifique qui est contée, semée d'embûches, de sarcasmes, de difficultés financières et matérielles, et parfois, heureusement, d'appui et de reconnaissance (tardive). Celle qui était surnommée "la mère des acariens" valait bien d'être l'héroïne d'un ouvrage entre la biographie et le roman, qui est obligé de réaliser quelques ellipses parfois frustrantes car il est difficile de faire autrement pour documenter la vie d'une femme aussi étonnante et qui a vécu 95 ans, dont 47 passés à sillonner le monde, le plus souvent seule et dans des conditions plus ou moins précaires.
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