AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782913046696
69 pages
éditions Quart Monde (01/03/2008)
4.67/5   3 notes
Résumé :
A Ouagadougou, au Burkina Faso, la Cour aux cent métiers accueille des enfants vivant dans les rues de la capitale. Au cœur de ce lieu, une mosaïque garde la mémoire d’Abdou, un enfant souvent venu y chercher des d’espoir. Karen Stornelli, volontaire du Mouvement, a tenu à nous le faire connaître. Car, « derrière Abdou “l’enfant malade”, derrière Abdou “l’enfant de la rue”, il y avait Abdou l’enfant. » Celui qui racontait la mer et les poissons, celui qui dessinait ... >Voir plus
Que lire après AbdouVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Dans les rues de Ouagadougou, la capitale du Burkina-Faso, trop d'enfants vivent dans la rue, coupés de leur famille. Karen Stornelli, volontaire permanente d'ATD Quart Monde, fut, pendant cinq ans, animatrice à la Cour aux cent métiers à Ouaga. C'est elle qui a rédigé ce témoignage bouleversant.
D'abord, la Bibliothèque sous les lampadaires réussit à attirer ces jeunes livrés à eux-mêmes. Avec Elie, Harold, Anah et Joëlle, Karen Stornelli, l'autrice, nous raconte la vie d'Abdou en s'adressant à lui mais aussi en partageant son ressenti.
Ce jeune garçon, héros malgré lui de cette histoire, est revenu au pays de ses ancêtres. Sa mère, enceinte, dix ans plus tôt, était partie vivre en Côte d'Ivoire. Quand il revient, Abdou se sent étranger dans son propre pays. Pourtant, c'est son yesba, le frère de sa mère, qui est allé le chercher là-bas, après la mort de celle-ci.
Abdou est donc bien accueilli par son oncle et ses parents dont sa yaaba, sa grand-mère. Au bout d'un an, son père vient le chercher pour l'emmener dans la petite ville où il vit avec ses femmes…
Abdou a-t-il réussi à faire sa place ? Malgré les silences qui entourent son retour, il est apprenti soudeur. Hélas, deux ans après, il devient enfant de la rue.
Ainsi, Karen Stornelli raconte et s'adresse aussi directement à Abdou. Cela donne un récit vivant, captivant même.
Dans la rue, à Ouaga, Abdou se fait des amis : Korka, Amidou, Sidiki, Boukaré et Issa. Abdou a 13 ans et se débrouille comme il peut dans les rues de la capitale.
Heureusement, les militants d'ATD Quart Monde font tout pour ramener ces gosses dans leur famille. La Bibliothèque sous les lampadaires est un rendez-vous qu'ils apprécient, chaque mercredi soir, écoutant Harold et Elie leur lire le mouton noir, une histoire qui met en évidence le retour de cet animal différent des autres parmi les siens. Grâce aux images du livre, les animateurs obtiennent des réflexions de la part de ces jeunes venus avec leur « mallette », une grosse boîte de conserves servant à la fois pour mendier et pour manger. Souvent, ils l'utilisent comme siège.
Ravis par cet accueil, ces enfants de la rue intègrent la Cour aux cent métiers où des ateliers leur sont proposés : soudure, peinture, maçonnerie, artisanat d'art, couture… Quand, enfin, ils retournent dans leur famille, ils ne disent surtout pas qu'ils mendiaient.
Quand Abdou, en février 2004, est accueilli dans un centre pour les enfants de la rue, il n'y reste que deux nuits et s'enfuit.
Je partage la vie de ce gosse qui ne se sent jamais bien là où il est, même si les premiers temps semblent heureux. Chaque fois qu'il disparaît, il emporte de l'argent, ce que son oncle lui pardonne sans qu'Abdou lui en soit, apparemment, reconnaissant.
Quand une maladie de peau l'affecte, Abdou se gratte de plus en plus. Il est malade, il tousse, même si Korka, Amidou, Sidibé et Boukaré, en jouant, réussissent à ramener le sourire sur son visage. Il dessine et se remet à vivre avec ses amis.
Hélas, comme toutes les embellies qui jalonnent sa courte vie, cela ne dure pas. Ce petit livre, récit très réaliste, m'a été offert par Babelio et les éditions Quart Monde dans le cadre d'une Masse critique jeunesse. Tout en remerciant mes généreux donateurs, je tiens à préciser que ce livre, Abdou, doit être lu aussi par des adultes, tellement il révèle une réalité insupportable, tellement Karen Stornelli la décrit sans fioritures.
J'ajoute que, sur la couverture, Alain Verstichel, auteur de la maquette, a eu l'excellente idée d'y inclure la photo d'une mosaïque réalisée par les enfants de la Cour aux cent métiers. C'est à la fois un bel hommage aux animateurs d'ATD Quart Monde et une preuve du talent de ces enfants qu'ici, comme ailleurs, méritent une autre vie que celle de la rue.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
Commenter  J’apprécie          1174
MÊME DANS LE DRAME, FONDER L'ESPOIR

Quel avenir possible, aujourd'hui, lorsqu'on est un pauvre gosse des rues, perdu loin de toute famille, dans une grande ville d'Afrique ? 
C'est, pour aller vite, la question que nous pose Karen Stornelli, humanitaire sensible et empathique, engagée dans la protection et, pour autant que cela puisse se faire, l'éducation de ces centaines d'enfants livrés à eux-mêmes, pour le compte de l'association ATD-Quart-Monde
Abdou, prénom-titre de ce saisissant petit roman documentaire destiné à la jeunesse dresse ainsi le portrait de l'un d'eux - un, parmi tant d'autres -, jeune garçon de dix-douze ans qui, malgré son jeune, semble avoir déjà vécu plusieurs vies en une seule : né en Côte d'Ivoire après que sa mère eut quitté son Burkina Faso natal enceinte, il vivra ses premières années dans la grande capitale côtière d'Abidjan. de ces années-là, le jeune Abdou en concevra un amour immodéré pour l'Océan et la pêche. Hélas, sa maman, malade, mourra avant d'avoir eu le temps de l'élever jusqu'à l'âge adulte. C'est son oncle, un gentil bonhomme originaire du village peul de sa famille qui viendra l'y chercher, le ramènera au sein d'une famille, auprès d'un père burkinabé qu'il ne connais pas, de ses deux jeunes femmes qui ne l'aiment pas et qui privilégient leurs propres enfants.
Très vite, et malgré un apprentissage chez un soudeur où l'enfant semble non seulement attentif, appliqué mais aussi plutôt doué de ses mains, Abdou prendra la fuite vers la magnétique grande ville et capitale du pays, Ouagadougou, non sans dérober au passage quelque argent familial. Là-bas, il retrouvera d'autres enfants, comme lui en rupture de société, certains sans famille, d'autres confrontés à des problèmes de remariage, d'autres encore ayant simplement voulu fuir un destin villageois qui ne leur allait pas. Tous ont en commun de vivre dans un extrême dénuement, de survivre grâce à la mendicité et de quelques petits boulots mal rémunérés, ainsi que de l'aide inestimable - en nourriture, en vêtement mais surtout, sans doute plus que le reste, en humanité - des ONG localement présentes, dont ATD-Quart monde. La plupart d'entre eux boivent déjà, sniffent de la colle. Abdu, le malingre enfant peul, jamais. 
Ainsi, autour d'une place nommée Cour aux cent métiers, les enfants apprennent-ils les bases d'un artisanat - pour Abdou, ça sera la couture pour laquelle il semble véritablement très doué -, de même qu'autour d'une bibliothèque itinérante - la bibliothèque sous les lampadaires - apprennent-ils quelques bases de français, pour certains de lecture. 
Mais Abdou est différent des autres enfants. Il est plus malingre - toujours un peu souffrant, cette sale maladie de peau refusant de partir, malgré les quelques soins donnés -, plus intérieur peut-être, mais fascinant aussi, au point qu'une de ces humanitaires françaises le distingue parmi tant d'autres. 
Il y aura aussi les expériences de retour au sein de la famille, pour Abdu comme pour ses petits camarades. Pour beaucoup, c'est le début d'une quasi résurrection, de grandes retrouvailles qui, certes, mettent du temps à s'installer, mais dont on a bon espoir qu'elles dureront. Pour Abdu, il en va autrement : malgré cette bonne entente entre cet oncle patient et débonnaire, Abdu s'enfuira à plusieurs reprises, chaque retour s'espaçant de plus en plus, jusqu'à ce qu'enfin, par l'insistance des bénévoles, l'enfant se voit enfin soigné en milieu hospitalier. La conclusion est, hélas, dramatique : Abdou est séropositif et la maladie a déjà commencé à faire dans son petit corps de nombreux dégâts. Malgré l'aide incommensurable de son oncle qui fera tout son possible pour que l'enfant suive son traitement, c'est une lente descente vers la mort qui l'attend désormais. 
Mais ce qui aurait pu s'avérer n'être qu'un drame de la misère de plus se transforme en un étonnant message d'espoir, de réflexion, car cette mort d'un enfant au destin si compliqué, et, dans une large mesure, archétypal va bouleverser les consciences. Une mosaïque rappelant son amour pour la pêche et la mer sera même inaugurée sur cette fameuse cour où il avait commencé d'apprendre les bases d'un beau métier. Afin de ne jamais oublier le drame éternel de cet enfant perdu.

Cette vie, ce qu'elle représente pour tous, enfants comme adultes, c'est l'autrice qui en résume le mieux les attendus : «Et c'est ce que je retiens de notre temps avec toi : combien on peut vivre, essayer, aimer, et créer dans l'espace d'un tout petit bout d'espoir.»

Ouvrage reçu dans le cadre de la dernière Masse Critique jeunesse de notre cher Babelio.com, envoyé gracieusement par les Éditions ATD-Quart Monde dont il est bon de rappeler l'essentiel travail auprès des populations pauvres d'ici et d'ailleurs, ce Roman documentaire rédigé avec beaucoup de tendresse, d'humanité, cet Abdou est un texte d'une grande force aussi, qui pourra être proposé à des élèves de niveau CM et de début collège, non sans quelque "préparation" et contextualisation, sans doute, car l'ensemble est d'autant plus dur, sur le fond, qu'il est tiré d'un témoignage vécu, mais qui est une manière très délicate et forte à la fois d'aborder les thèmes de la pauvreté, de la maladie, des tensions inter-ethniques, des difficultés familiales, de l'éducation, etc. 

Une magnifique leçon de vie. 
Commenter  J’apprécie          190
J'ai reçu ce livre à l'occasion de la dernière opération Masse Critique de Babelio.

Abdou est un jeune garçon qui, après le décès de sa mère, va finir par se retrouver à vivre dans la rue. Un groupe de l'association ATD Quart-Monde va faire sa connaissance et suivre ce petit jeune dans sa vie et son combat contre la maladie.

Une histoire à la fois horrible et très belle. Abdou est un enfant très touchant dont la vie a été parsemé d'embûches qu'il a sû surmonter. Avec l'aide de ces amis, Abdou a eu une vie remplie d'amour et d'amitié, malgré sa maladie. Une histoire très touchante qui amène à réfléchir et à se poser pas mal de question.
Commenter  J’apprécie          50

Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Lors de la bibliothèque, sous les lampadaires, les enfants étaient parfois sous l’effet de la colle. Abdou, jamais. Il l’a même fait remarquer à Harold et Elie une fois : « Moi, je ne prends pas la colle, je ne fume pas, je ne bois pas. » Pourtant, c’est lui qui était malade, pas les autres. C’est lui qui avait cette maladie de peau qui persistait, malgré les pommades que Médecins Sans Frontières lui donnait lors de ses tournées pour soigner les enfants vivant dans la rue.
(pages 22-23)
Commenter  J’apprécie          320
Je me suis souvent demandé ce que tu ressentais, Abdou, le jour où tu es revenu sur ta terre natale, la terre de tes ancêtres. Ta mère était partie seule, dix ans plus tôt, te portant dans son ventre, et voilà que tu étais de retour, seul. Tous les membres de ta famille au Burkina Faso t'étaient donc étrangers. Mais ne l'étais-tu pas toi aussi ? Pourtant, tu étais fils de ce pays, fils de cette famille.
(page 11)
Commenter  J’apprécie          340
- Ouais, dit Korba, qui a rejoint les autres sur le banc, le centre-ville, c’est pas la peine ! Les grands nous embêtent. Il y a toujours des problèmes. C’est la bagarre tout le temps !
- C’est vrai, réagit Amidou. Ils dorment dehors comme nous, mais ils pensent nous donner des ordres car ils sont plus grands que nous.
(page 17)
Commenter  J’apprécie          280
Pendant les semaines suivantes, les enfants ont participé à d’autres ateliers. Mais ce qu’Abdou aimait par-dessus tout, c’était la couture. M. Mathieu, notre maître tailleur, rencontré grâce à son fils qui vivait dans la rue, a tout de suite remarqué qu’Abdou « avait la main ».
(page 28)
Commenter  J’apprécie          320
Est-il possible de devenir aussi maigre en si peu de temps ? Abdou avait toujours fait plus jeune que son âge, comme beaucoup d’enfants qui vivent dans la rue, mais à présent, son visage était devenu celui d’un vieil homme.
(page 45)
Commenter  J’apprécie          380

autres livres classés : maladieVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus

Lecteurs (5) Voir plus



Quiz Voir plus

Nissa la Bella

Nice est proche de

la frontière espagnole
la frontière italienne

10 questions
54 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur ce livre

{* *}