Le titre original me semble une belle référence à E. Alan POE : "l'assassinat à la Pedrera" ( cf l'assassinat de la rue Morgue), une des nombreuses superbes et étranges réalisations de Gaudi, l'architecte qui a transformé Barcelone en un lieu onirique. et les romans d'Aro Sainz de la Mara sont eux aussi envoûtants, baroques et superbes. Ils parlent de sa ville, Barcelone, de la vie de ses habitants (les riches toujours plus riches, les pauvres toujours plus pauvres), des expropriations abusives qui ont chassé les plus modestes de la ville, la réduisant à un parc d'attractions pour touristes, retirant tout ce qui constituait l'essence de la ville et ce que connaissait et aimait Gaudi.
Milo Mallart, inspecteur de police, ne va pas bien :
son neveu adoré, Marc, s'est suicidé avec son arme de service,
il a été mis à pied dans le cadre d'une suspicion de pots de vin,
son père, maltraitant, s'est suicidé, il était schizophrène,
sa frère, Hugo, père de Marc, présente les mêmes symptômes, bat sa femme et va droit dans le mur ...
Milo va reprendre ses fonctions avec l'appui d'une amie, juge, pour contribuer à élucider les morts qui se succèdent d'individus, brûlés vifs suspendus à des créations de Gaudi. Il va remonter la piste d'enfants victimes de sévices, d'hommes pourris jusqu'à la moëlle par l'argent et le pouvoir.
Prenant, ce roman nous fait découvrir une Barcelone méconnue, celle qui n'est pas sur les cartes postales, celles de ceux qui tentent d'y vivre. C'est un texte engagé et Milo est un homme qui se bat contre l'hérédité, la maladie qui lui permet à la fois une grande acuité, mais aussi l'envahit comme une tache de sang qui s'étend. J'ai attaqué le second roman de cet auteur "
les muselés" et j'adore : à suivre ...