Sous ce titre peut-être un poil racoleur (le titre original est Madhouse at the end of the earth, franchement pas plus folichon finalement) se cache comme souvent un récit absolument fascinant, et un coup de coeur!
Par ailleurs, sans être devenue parano, il y a des trucs bizarres à la médiathèque, des livres de ce genre apparaissent bien en vue sur les tables et les étagères...
Quoi de neuf cette fois? Partie d'Anvers en 1897, la Belgica part pour une expédition scientifique et de découverte vers l'Antarctique, continent alors peu (voire pas du tout) connu. A l'origine, un jeune commandant, de Gerlache, qui se révélera meilleur navigateur que meneur d'hommes, rêvant de gloire mais surtout d'en apporter à son pays, craignant fort de déshonorer famille et pays. Oui, c'est son projeeeeeeeeeet! Au départ il ne voulait que des belges à bord, mais il a dû faire preuve de réalisme, les candidats potentiels étant frileux ou sceptiques ou fatigués d'attendre.
Il embauche donc des scientifiques d'Europe de l'est, et surtout un norvégien parmi d'autres (quand même, les norvégiens connaissent déjà le froid et les skis), à savoir Amundsen (1872-1928, donc un petit jeune à l'époque de la Belgica), pour qui ce voyage devrait être l'occasion de se préparer pour d'autres expéditions.
Autre bonne pioche, Cook, un médecin new yorkais (non francophone) mais ayant déjà de l'expérience en Arctique. On peut dire que grâce à lui l'expédition n'a pas tourné (complètement) au fiasco.
Ajoutons à bord provisions, beaucoup de matériel, charbon, pas mal de tonite (plus puissant que la dynamite, histoire de casser éventuellement la glace), deux chats (je suis mal remise de la mort du premier) et des rats.
Au départ, ce n'est pas une ambiance cordiale, entre belges et non belges, entre wallons et flamands, certains marins s'enivrent lors d'escale, à la limite de la désobéissance, puis certains finissent par partir.
Puis enfin la Belgica continue plein sud, les explorations commencent, les journaux de nos personnages principaux donnent à admirer de belles découvertes. La vie à bord n'est pas si mauvaise, la popotte est sans fantaisie mais que faire?
Seulement l'hiver (austral) arrive et voilà la Belgica prise par les glaces, pour un hiver sur la banquise (désiré par le commandant, disons le!)
wikipedia
Imaginons : le froid, mais ça encore n'est pas le pire, le scorbut menace (Cook trouve un moyen de lutter), le moral est bas, la folie guette certains, près de trois mois de nuit totale à supporter (Cook trouve une parade proche de la luminothérapie).
Puis l'été revient (températures parfois à zéro, voilà).
La Belgica ne semble pas devoir sortir de sa prison de glaces, va-t-elle devoir encore passer un hiver ainsi? Vous le saurez en lisant ce livre, qui nous met au coeur de l'expédition, avec des moments bluffants.
En conclusion : Sans divulgâcher, on se doute que certains en sont revenus! L'auteur d'ailleurs ne lâche pas ses personnages sans raconter ce qu'ils sont devenus (et c'est tout aussi passionnant). Certains, en plus de journaux de bord, ont laissé un récit de leur aventure, du bonheur pour ce récit de l'épopée de la Belgica.
De plus (long passage qui devrait convaincre!)
"Le contribution des savants de la Belgica à la connaissance de l'Antarctique ne saurait être sous-estimée. (...) Il faudrait à la Commission la Belgica plus de quarante ans pour trier et analyser les les observations e l'expédition."
"Le legs du voyage de la Belgica dépasse largement sa moisson scientifique. Cette mission fut en effet l'une des premières expéditions largement internationales de l'ère moderne, et la première, incontestablement, dans les régions polaires. Cette réalisation doit être portée au crédit de de Gerlache qui, malgré son patriotisme et ses antécédents militaires, était un pacifiste dans l'âme. S'opposant ainsi aux attentes de ses compatriotes qui souhaitaient qu'il ne recrute que des Belges, il embaucha au contraire les meilleurs hommes qu'il put trouver, quelle que fut leur nationalité. A un moment où les puissances occidentales faisaient la course pour se partager le monde (...) il définit des critères de coopération internationale qui restent valables aujourd'hui dans l'Antarctique, à la différence de l'Arctique.(...)
"L'apport majeur d la Belgica a peut-être été de révéler la charge physiologique et psychologique dévastatrice des explorations lointaines, dont Cook a dressé la chronique minutieuse. Les recherches scientifiques des cent vingt dernières années ont confirmé les intuitions du médecin."
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