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Georges Magnane (Autre)
EAN : 9782070373550
471 pages
Gallimard (11/02/1982)
4.03/5   87 notes
Résumé :
A vingt-six ans, le jeune romancier plein d'avenir Peter Tarnopol, alter ego de Philip Roth (l'auteur de Portnoy et son complexe), dédaigneux du bonheur, hanté par l'idée d'avoir un destin, épouse une femme plus âgée que lui avec laquelle il veut se conduire « en homme ». Elle le bafoue, le vilipende. Des scènes d'une brutalité stupéfiante éclatent entre eux. Il la trompe, se met à la haïr car elle refuse de divorcer et il ne peut plus écrire.
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Philip Roth est né le 19 mars 1933 à Newark, dans le New Jersey, son oeuvre couronnée de multiple prix en fait l'un des plus grands écrivains américains contemporains. Aujourd'hui il vit dans le Connecticut et en octobre 2012 il a déclaré à la presse qu'il arrêtait d'écrire. Ma vie d'homme, qui date de 1974, est le premier roman où apparait Nathan Zuckerman.
Le roman est découpé en deux parties, la première et la plus courte, Fictions utiles, s'attarde sur l'enfance et les premiers émois sexuels de Nathan Zuckerman. Dans la seconde partie, Ma véritable histoire, l'écrivain en vient au but de ce livre, raconter le calvaire que fut son premier mariage.
Il y a des romans, comme celui-ci, qui ne peuvent être lus sans un mode d'emploi en annexe, sinon, le livre ressemblerait à du grand n'importe quoi. Heureusement elles sont richement fournies dans cette édition, la principale à connaitre étant le catastrophique mariage de Philip Roth avec Margaret Martinson (1959-1963), ce roman lui ayant servi « à se décontaminer de la rage dont son désastreux premier mariage l'avait rempli. » le mot « rage » résume parfaitement le sentiment que le lecteur sent sourdre sous la plume de Roth et explique les extravagances qu'il va lire.
La construction du roman est particulièrement roublarde. Philip Roth crée un héros du nom de Peter Ternapol, écrivain lui aussi, dont le propre héros est un certain Nathan Zuckerman ! La première partie du roman court ainsi, comme un petit train à trois wagons (ou pour les plus anciens, la fameuse publicité pour les peintures Ripolin). Dans la seconde, comme il s'agit de « ma véritable histoire », Ternapol abandonne Zuckerman pour se confesser, ce qui revient à dire que Roth parle, en direct, par la voix de Ternapol et cette fois nous avons droit à un numéro de ventriloquie. On peut aussi dire que dans la première partie, Roth tente de traiter son sujet (ce cuisant échec marital avec une femme hystérique) de manière très littéraire mais que n'y parvenant pas de façon satisfaisante, il utilise une autre technique, abat le masque de Zuckerman, ne conservant que Terapol, son double, pour déballer sa rancoeur.
Et là nous sommes dans un délire hallucinant. Violence, bruit, fureur, amour, haine, mensonges… La femme de Roth dans la vraie vie devient Maureen, l'épouse de Ternapol dans le roman, pour un récit qui serait grotesque si la véracité de nombreux points n'était confirmée par la notice explicative : citons l'achat d'urine à une femme enceinte par Maureen afin d'obliger, par chantage, Ternapol à l'épouser… le vrai et le faux (du moins je l'espère ?) se mêlent, les extravagances sexuelles se succèdent au point qu'on en rit tant elles sont énormes, allant du crapoteux (scène scato) au comique grotesque (scène de l'ouvre-boite dans le taxi). J'ai parlé de vrai et de faux mais il est difficile de faire le tri, car nous avons aussi la version des faits donnée par Maureen ainsi que l'interprétation du docteur Spielvogel, psychanalyste de Ternapol. Il aurait été étonnant qu'un psy ne se montre pas dans cette histoire abracadabrante. Cependant il ne faudrait pas croire que ce roman n'est qu'une franche rigolade car dans le roman comme dans la vraie vie, Maureen/Margaret se suicide. Glups !
Jeux de miroirs ou mise en abyme, Roth maîtrise déjà son art, et s'ingénie à surfer sur la ligne de crête étroite entre cet art (la fiction de l'écrivain) et la vraie vie (la confession) étendant son propos, du personnel au général : les relations conflictuelles entre hommes et femmes, l'inanité du mariage etc. tous sujets qu'il continuera par la suite à aborder dans son oeuvre.
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Pour moi, ce roman, c'est d'abord la découverte d'un très grand romancier. le livre est construit de manière étrange, l'auteur opère une mise en abîme intéressante pour nous confier l'histoire du désastre de "son" mariage, ou de celui de son alter-ego, Peter Tarnopol, ce dernier est un jeune écrivain qui nous raconte sa propre histoire en s'inventant un double littéraire : Nathan Zuckerman ! La première partie du livre est donc une double "fiction" où l'auteur dresse le portrait de l'enfance de Zuckerman (première fiction), et où ce dernier raconte sa rencontre avec sa future femme (deuxième fiction), cela représente 1/4 du livre. Dans la deuxième partie l'écrivain Tarnopol se confesse directement à nous. Comment atteindre la vérité, si ce n'est en écrivant ? Entre une fiction complètement imaginaire, et une confession qui se veut un moment de vérité, c'est le roman "ma vie d'homme", où Philip Roth a injecté sa propre vie qui s'en approche le plus. La frontière est mince entre l'art du romancier et sa vie, ce qui fait de cette étude psychologique, un roman addictif, un objet littéraire d'une grande virtuosité, d'une vérité mordante, et d'un humour
jubilatoire. Suite à cette lecture, je pense que, comme moi, vous aurez envie de lire d'autres livres de cet auteur.
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Ce livre est composé de trois récits qui sont une variation de la même histoire abordée avec un angle de vue différent. Il s'agit donc d'un jeune écrivain névrosé qui, alors qu'il connait un début de succès littéraire et s'installe confortablement dans la vie, épouse une femme qui va mettre ses nerfs à rude épreuve. Les récits sont émaillés de lettres ou d'extraits de journaux intimes des protagonistes ou des proches, de dialogues parfois intérieurs, ou encore de séances de Peter Tarnopol (personnage principal) chez son psychanalyste. Cela forme un tout d'un étonnant réalisme et d'une cohérence remarquable, en dépit de la folie et de l'extravagance de ce que l'on peut lire. Très bon livre !
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Ce livre est impressionnant. J'ai eu du mal au démarrage avec Philip Roth mais pour moi ce livre combine ou synthétise ou préambule aux noeuds-thèmes de son travail (ou son oeuvre).
Impressionnant dans son côté fourre-tout foutraque et pourtant très maîtrisé.
Plusieurs versions d'une même pièce. de mêmes périodes de vie. de vie "amoureuse".
L'écrivain-prof juif américain avec toutes ses névroses et sa, ses femmes. Et quelle.s femme.s.
Une folie qui monte. Des failles qui s'enchevêtrent. Une horrible impression d'impasse. Se coincer dans l'autre.
Et la morale. Et pas de morale. Et des morales.
Bien sûr, ce livre est très masculin. Mais d'une grande sensibilité... les mots et la souffrance. Les douleurs et les conjugaisons...
Beaucoup de résonance me concernant. Très touché.
Envie de tanière. Et de douceur plus que jamais.
Merde, c'était sans doute pas le but.
Vivre la vie. L'écrire si elle (nous) dérange, (nous) perturbe.
Ouais. Enfin, l'envie de crever aussi.
Bref, dans ce livre il y a sans doute un peu de ça. Et beaucoup d'autres choses.
Notez que certains détesteront.
Impur et complexe.
Pur et simple.
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Géniale roublardise, Ma vie d'homme est un récit gigogne, une métafiction allumée dans laquelle Roth règle ses compte avec lui-même : ses insuffisances, ses béances, ses névroses...

Deux récits (des Fictions utiles) ouvrent le roman, consacrés aux années d'apprentissage d'un futur écrivain juif, Nathan Zuckerman. Dans le premier Folle jeunesse, ce blanc-bec jette sa gourme entre les jambes d'une fille délurée. On y retrouve la fantaisie lubrique de Portnoy. le second texte (La Recherche du désastre), plus sérieux, charbonne le portrait du même Zuckerman sous la forme de souvenirs à la première personne, tout à la fois distanciés et mélancoliques : le chroniqueur cherche à comprendre comment, brillant sujet à l'avenir radieux, il a fini par se marier avec une shiksa qui ne lui plaisait pas, qui n'était pas son genre. Une course à l'abîme inexplicable.

Puis le roman véritable, sauvage palimpseste, commence, enfin : les deux nouvelles, signées Peter Tarnopol (prometteur écrivain juif lui aussi, nouvel avatar de Roth), camouflaient un texte inachevé car inachevable, encore à l'état magmatique dans lequel on devine les repentirs et les censures d'un homme brisé par son mariage.

à suivre sur http://lavieerrante.over-blog.com/
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
[Susan à Peter Tarnopol]
— Mais c’est ça, toutes ces pilules que j’avale. Tu as peur d’avoir quelqu’un comme moi sur les bras pour toujours. Tu veux quelqu’un de mieux, quelqu’un qui jouisse comme vient le facteur, sous la pluie et la neige et à travers les ténèbres de la nuit, et qui ne s’assoit pas dans les placards et qui puisse vivre sans son Ovomaltine à trente-quatre ans. Et pourquoi n’aurais-tu pas tout cela ? C’est ce que je voudrais aussi, si j’étais toi. Je comprends ça. Je me l’explique parfaitement. Tu as raison en ce qui me concerne.
Et la larme roulait sur sa joue, et je la tenais dans mes bras et je lui disais non-non-non, ce n’est pas ça (que peut-on dire d’autre, docteur Spielvogel, en un pareil moment : oui, tu as absolument raison ?)

(p. 202-203)
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Pourquoi les gens échouent-ils ? A l'université, j'avais regardé avec horreur ces garçons qui viennent aux cours sans se préparer à passer leurs examens et qui ne se plient pas en temps nécessaire aux tâches qu'on leur assigne. Pourquoi s'y prenaient-ils de cette façon, je me le demandais. Comment peut-on préférer l'indignité de l'échec au x plaisirs authentiques de la réussite ? Surtout quand ces derniers sont si faciles à obtenir : il suffit d'être attentif, méthodique, rigoureux, ponctuel et persévérant ; il suffit s'être ordonné, patient, de s'imposer une discipline, de ne pas se décourager, d'être travailleur et, bien entendu, intelligent. Et voilà. Quoi de plus simple ?
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Rien d’étonnant, donc, à ce qu’un jeune bourgeois de ma génération, ayant fait des études supérieures et trouvant ridicule l’idée de se marier, et ne demandant pas mieux que de se nourrir de conserves et de manger dans des cafétérias, de balayer son plancher, de faire son lit et d’aller et venir libre de tout lien légal, nouant des amitiés féminines et s’offrant des aventures sexuelles où et quand il pouvait et pour le temps qu’il lui plaisait, se vît taxer d’ « immaturité », voire d’homosexualité « latente » ou évidente. Ou alors c’était un fieffé « égoïste ». Ou alors il avait « peur des responsabilités ». Ou alors il n’était pas capable de « s’engager dans une relation durable » (très jolie, cette expression toute faite). Le pire, le plus honteux de tout étant que celui qui se croyait parfaitement apte à prendre tout seul soin de lui était probablement, en réalité, « incapable d’aimer ».
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Les cours et les mannequins étaient une chose, le monde et la chair en étaient une autre. Comment Zuckerman s’y prendrait-il pour fracturer une vraie rotule humaine d’un coup de matraque, lui qui n’avait jamais été capable d’assener un coup de poing sur un visage au cours d’une bagarre dans la cour de l’école ? Et pourtant, il avait la promptitude à la détente de son père, non ? Et le bouillonnement de colère de qui se sait dans son bon droit. Et il n’était pas non plus tout à fait dépourvu de courage physique. Après tout, étant enfant, il n’avait guère que la peau et les os au-dessous de ses rembourrages d’épaules et de son casque et pourtant, sur le terrain de football sableux où, en automne, il jouait chaque semaine, il n’avait jamais ni bronché ni crié quand la horde piétinante était venue sur lui et l’avait débordé ; il était rapide, il était rusé – « sec et nerveux » étaient à l’époque, pensait-il, les mots qui le décrivaient le mieux : « le sec et nerveux Nate Zuckerman » ; et il était « débrouillard », capable de feinter, de se faufiler et de se frayer un chemin à travers toute une meute de garçons de treize ans bâtis comme des hippopotames, lui qui était bâti comme une girafe.
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Si Sharon avait un défaut en tant qu’étudiante en sensualité, c’était une tendance à vouloir forcer la note, ce qui avait pour conséquence que la prose de la jeune fille (chose à laquelle Zuckerman, gagné par Miss Benson aux théories de la Nouvelle Critique, était particulièrement sensible) le choquait souvent par un abus de l’hyperbole. Au lieu d’agir sur lui comme un aphrodisiaque, le style de Sharon l’agaçait par sa banale insistance qui lui rappelait moins Lawrence que ces histoires photocopiées que son frère lui rapportait en cachette pendant ses permissions. En particulier, l’usage qu’elle faisait du mot « con » (accompagné de l’épithète « ardent ») et du mot « bite » (accompagné de l’épithète « grosse » ou « superbe », ou des deux), lui semblait aussi recherché et incantatoire, en un mot aussi sentimental que sa propre tendance à user, ou à abuser, à l’université, de l’adjectif « humain ».
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