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EAN : 9782871062585
220 pages
Le Cri (01/02/2001)
4.08/5   12 notes
Résumé :
Joris Borluut, architecte de la ville de Bruges à laquelle il veut rendre sa beauté ancienne, est élu carillonneur après un brillant concours.

Emporté par le désir, il épouse la sensuelle Barbe, fille de son ami Van Hull, mais, déçu par son caractère violent, il a une liaison avec la sœur de sa femme, la douce et mystique Godelieve.

Barbe découvre l'adultère et Godelieve fuit dans un béguinage. Joris va alors se consacrer tout entier ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Dramaturge et romancier, mais avant tout poète, Georges Rodenbach est un auteur belge attachant et dont la prose agit tel un charme sur les lecteurs sentimentaux dont je suis. Personnellement, il m'est impossible de le lire sans penser à mon cher Zola même si le verbe est moins rude ; c'est la lutte du symbolisme et du naturalisme qui aboutit dans les deux courants à une narration très descriptive et tout empreinte d'émotions. Mais si chez Zola l'homme est au coeur du récit, avec Rodenbach, c'est la ville de Bruges qui tient le haut de l'affiche. Déjà, avec "Bruges-la-morte", j'en avais fait la délicieuse expérience, elle se renouvelle ici avec "Le carillonneur".

Joris Borluut remporte le concours de carillon de Bruges et installe ses quartiers dans le beffroi. Là, "au-dessus de la vie", il est libre d'exprimer par sa musique et le tintement des nombreuses cloches qui composent son carillon, ses rêves et ses espoirs. Son premier rêve, capital, est sans doute de voir sa bonne et belle ville de Bruges rayonner sur les Flandres dans un règne hégémonique incontesté et éternel. Joyau d'art, de mysticisme et d'humanisme, Bruges mérite tout ce qu'il y a de mieux selon lui et ses amis. Mais les projets les plus audacieux sont souvent sapés par les prosaïsmes de l'existence qui nous en éloignent pour un temps indéfini. Ainsi en va-t-il pour Joris dont les amours contradictoires et contrariées déchirent le coeur et le corps entre deux soeurs aux tempéraments diamétralement opposés.

"Le carillonneur" se divise en trois parties très distinctes dont seules les deux premières m'ont vraiment intéressée, d'où une lecture qui, quoique plaisante, s'est un peu étirée jusqu'à l'ennui dans son dernier tiers. Mon sentiment est aussi qu'il faut peut-être être belge et/ou flamand pour pleinement s'approprier ce roman et l'apprécier dans tous ses intimes développements.


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Bruges est à l'image des deux filles de l'antiquaire van Hulle, la sanguine Barbe, héritière de sang espagnol et la spirituelle Godelieve aux cheveux de miel.

Le carillonneur Joris Borluut succombera aux deux soeurs mais, investi dans la rénovation authentique de sa ville, il combattra les promoteurs de travaux gigantesques destinés à en refaire un port de mer.

L'écriture est très belle mais reste accessible.
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On retrouve dans "Le Carillonneur", comme dans "Bruges-la-Morte", à l'avant-plan plutôt qu'en toile de fond, la ville de Bruges. le caractère dominant de la ville dans le récit est d'ailleurs bien reflété dans l'édition illustrée par Louis Titz (disponible sur Gallica), pour ainsi dire dénuée de représentations humaines. L'histoire débute par un concours organisé pour élire la personne qui succédera au défunt carillonneur de la ville. C'est l'architecte Borluut qui, inopinément, remporte le titre grâce à une prestation propre à faire revivre l'esprit flamand. Car Borluut fait partie des nostalgiques des temps alors révolus d'une Flandre puissante se distinguant par la richesse d'une culture qui lui est propre. C'est principalement la sauvegarde de la Beauté de l'art flamand, a fortiori architectural, que défend Borluut, plus modéré que ses amis rêvant d'une Flandre autonome. Tous se réunissent hebdomadairement chez l'antiquaire van Hulle où Barbe et Godelieve, ses filles, sont les fidèles spectatrices des entretiens enflammés du groupe. Ces présences récurrentes font tour à tour naître chez Borluut le désir et les sentiments amoureux, partagé entre l'attraction de la sensualité et la tendresse de la pureté. C'est dans la perte que le véritable amour de Borluut se révèle en fin de récit, que le lecteur connait l'identité de celle qui lui est indispensable.

Personnellement sensible à la plume de Rodenbach qui, souvent, donne envie de s'arrêter sur une phrase, de la consigner avec d'autres pour y revenir encore et encore, et appréciant le déroulement de l'histoire, j'ai pourtant ressenti le besoin d'entrecouper ma lecture d'une pause. Est-ce le fait de la pesanteur de l'ambiance d'une vie remplie de regrets, de la montée en tension des oppositions entre partisans du patrimoine flamand et défenseurs de la modernisation, d'un style malgré tout un peu chargé ? Quoiqu'il en soit, "Le Carillonneur" est pour moi un livre qui, bien que court, gagne à être lu par parties.
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D'accord, Rodenbach écrit bien, mais cette fois j'ai eu du mal à supporter son lyrisme d'une autre époque. Dans sa critique, Gwen21 nous dit qu'elle a pensé à Zola : j'ai fait la même réflexion. Mais quel contraste entre la puissance d'évocation de Zola, l'enthousiasme qui émane de sa prose, et le lyrisme un peu mièvre de ce roman, qui a parfois failli m'endormir.
L'auteur nous conte la vie d'un architecte brugeois nommé carillonneur communal vers 1900, mais le personnage principal , ici encore, c'est Bruges, que Joris Borluut restaure tout en préservant son charme tranquille, sans modifier la moindre pierre, le moindre élément architectural: pour lui, Bruges doit rester "Bruges-la-Morte". Mais le monde politique n'est pas de cet avis et rêve de creuser un canal qui relierait à nouveau Bruges à la mer. Même ses amis l'abandonnent et le projet va sans doute se réaliser. Au passage, Rodenbach montre la vanité du mouvement flamand, qui ne mérite pas de rassembler tant d' énergie.
Tout rêveur qu'il est, Borluut n'en reste pas moins un homme confronté aux démons de la passion, aux charmes de l'amour. Il sera victime des premiers, connaîtra un temps les joies des seconds, pour finir seul, se consolant dans la contemplation de sa ville, du haut du beffroi, faisant tinter les cloches de son carillon en fonction de ses états d'âme. Mais bientôt les cloches se tairont...
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Après l'immense succès de son roman symboliste Bruges-La-Morte (1892), l'écrivain et poète belge Georges Rodenbach revient en 1896 avec le Carillonneur, qui nous fait revivre, à travers une belle galerie de personnages, la ville de Bruges telle qu'elle était au XIXème siècle. On y découvre ainsi à travers l'intrigue les préoccupations de ses habitants, que ce soit celles d'un jeune architecte et carillonneur, d'un peintre, d'un antiquaire et bien d'autres, dans une ville magnifique en soi, mais quelque part morte dans son évolution...
...
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Pour cette affaire de Bruges-Port-de-Mer, comme pour les autres affaires, tout se passa dans l’ombre, en conciliabules étroits, en audiences de fonctionnaires, en tactiques de commissions. Des ingénieurs conspiraient avec des financiers et des hommes politiques. Farazyn était l’âme de ces combinaisons. Il en tenait toutes les avenues. Une ligue fut fondée pour être un centre de propagande. On eut soin d’écarter, cette fois, tout esprit de parti. Le président était un échevin de la ville. Farazyn fut nommé secrétaire. Un vaste pétitionnement s’organisa. Les habitants, nonchalants, craintifs au surplus, signèrent tous. Ensuite, des délégations furent reçues par les différents ministres qui acquiescèrent, promirent l’intervention de l’État, une partie des millions nécessaires.
Toute la machine politique intervint, formidable appareil, aux ressorts cachés, aux courroies sans fin, aux volants irrésistibles.
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La foule écouta, haletante. On ne savait même plus si c’était le carillon qui tintait, et par quel miracle les quarante-neuf cloches du beffroi ne faisaient plus qu’un — chant d’un peuple unanime, où les clochettes argentines, les lourdes cloches oscillantes, les antiques bourdons, apparurent vraiment des enfants, des femmes en mantes, des soldats héroïques, s’en revenant vers la ville qu’on croyait morte. La foule ne s’y trompa point ; et, comme si elle voulait aller au-devant de ce cortège du passé, que le chant incarnait, elle entonna à son tour le noble hymne. Ce fut une contagion sur la Grande Place entière. Chaque bouche chanta. Le chant des hommes alla dans l’air à la rencontre du chant des cloches ; et l’âme de la Flandre plana, comme le soleil entre le ciel et la mer.
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Joris se sentit troublé profondément. Un immense désir qu’elle fût heureuse et lui dût son bonheur soudain le traversa. Sa bouche, où quelques pleurs avaient roulé, était une fleur mouillée qui souffrait, qui s’offrait… [...]
Barbe ne répondit plus ; elle avait baissé les yeux, un peu gênée, anxieuse, comprenant le jeu décisif, la minute où tout se décide. De ce qu’elle fût soudain devenue plus pâle, malgré son teint toujours mat, la bouche parut plus rouge.
Son attitude consentait…
Alors Joris n’y tint plus ; il se sentait incapable de trouver encore d’autres paroles. Soudain, tout contre elle, il lui prit les mains, qu’il maintint le long du corps, et, d’un élan, dans une audace folle, sans savoir pourquoi, trop tenté décidément par cette bouche, il y jeta ses lèvres, en communia, la mangea… Eucharistie de l’amour ! Hostie rouge ! Ne fut-ce pas vraiment une Présence réelle ? À cette minute, il la posséda toute sous les espèces de sa bouche, où elle fut résumée et transsubstantiée !
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Au-dessus de la vie ! Borluut retrouva l’ancienne sensation en montant au beffroi ce jour-là, à l’heure du carillon. Il venait encore d’avoir à subir de nouvelles scènes avec Barbe, pour des vétilles, un emportement brusque, un branle-bas instantané de tous ses nerfs où le visage entier se décomposait. Seule la bouche trop rouge surnageait, plus rouge dans cette colère blanche. Et il en sortait des mots durs, pressés, absurdes, mais qui l’assaillaient comme des cailloux. Chaque fois Borluut demeurait terrifié, le cœur en suspens, devant ce déchaînement qui pouvait d’une minute à l’autre, il le sentait, aboutir au pire… Et il sortait de ces alertes, désemparé, même physiquement las, comme s’il avait lutté contre un élément, contre le vent dans l’obscurité.
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L’acte même d’écrire est comme un acte d’amour. Il y a contact. Il y a échange, aussi. On ne sait si les mots sortent de l’encre sur la page, ou s’ils naissent de la page elle-même, dans laquelle ils dormaient, et que l’encre ne fasse que les colorer.
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