Ce texte est très touchant, fort et doux à la fois, il a le goût de ces plats japonais dont nous autres occidentaux méconnaissons la saveur.
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Ito Ogawa depuis longtemps et je crois bien avoir lu chacun de ses romans.
Son écriture est toujours empreinte de bonnes odeurs de cuisine, mais ici, dans ce livre, il me semble qu'elle y a ajouté un ingrédient de plus, que je ne saurais nommer, mais qui a plus de profondeur , de rondeur et de subtilité.
Shizuku semble si jeune pour mourir...cependant, elle utilise ses derniers instants avec tant de philosophie, de tendresse, d'amour, de douceur, qu'il semblerait presque que ce soit là sa chance!
Je me suis prise à rêver de finir ainsi, dans une maison de fin de vie qui ne soit pas un EHPAD mais un endroit tout spécialement dédié à l'épanouissement de la fin!
On en est si loin actuellement ...
Chaque mot de cette histoire est emplie d'humanité. Chaque personnage rencontré est utile, chacun apporte un peu de vie, car celle ci est comptée, toute proche de la fin.
Le rituel du goûter est magique, magnifique, ce qu'on y mange est une autre forme de la nourriture que celle ingérée au quotidien. Ici, on mange du délicieux, du délicat, du souvenir, de la douceur, de la tendresse,...ce goûter est l'ultime thérapie.
Je me suis demandé quel goûter je choisirais si j'avais la chance d'aller sur l'île aux citrons lorsque mes jours seront comptés.. j'ai trouvé la réponse: du pudding, qui n'avait de pudding que le nom, celui que faisait ma mère quand j'étais petite avec beaucoup de fruits confits, du pain brioché trempé dans du lait vanillé, cuit lentement au bain marie....
jamais depuis mes douze ans je n'en ai retrouvé le goût, et c'était si délicieux quand tous ensemble , mes frères et mes parents, nous nous en régalions, après avoir attendu si longtemps qu'il refroidisse, dans une cuisine toute embaumée de ses effluves sucrées....