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EAN : 9782070294923
247 pages
Gallimard (05/11/1976)
4.6/5   5 notes
Résumé :
Dans ce deuxième volume des Odes élémentaires nous retrouvons la veine populaire du grand poète chilien, en prise directe sur le réel, chantre du quotidien et de la vie familière. Nul lieu, nul objet n'est trop humble pour être source de poésie car «j'aime les choses fol, follement», déclare Neruda. «Poète réaliste, photographe du ciel», Neruda se veut ouvrier parmi les ouvriers, patient tisserand du langage ordinaire : «Je veux que par la porte de mes odes les gens... >Voir plus
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Et là-bas, qu'ont-ils fait?
Tu le sais?
Tu es d'accord?
Qui?
Quelque chose se passe et c'est ta faute.
Mais tu ne le sais probablement pas.
Maintenant
je t'avertis.
Tu ne peux pas
laisser les choses comme ça.
Où est ton coeur?...

Maintenant
tu m'aideras. Un doigt levé,
un mot,
un signe
de toi
et quand
doigts, signes, mots
avanceront et oeuvreront,
quelque chose
apparaîtra dans l'air immobile,
un
son solidaire à la fenêtre,
une
étoile dans la terrible paix nocturne,
alors
tu dormiras tranquille,
tu vivras tranquille:
tu seras partie
du son qui vient à la fenêtre,
de la lumière qui a déchiré la solitude.
ODE à LA SOLIDARITE

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ODE ET GERMINATIONS

Idéalisme et réalisme, je vous aime,
Comme l'eau et la pierre vous êtes
parties du monde,
lumière et racine de l'arbre de la vie.

Non, ne me fermez pas les yeux.
lorsque j'aurai cessé de vivre,
j'en aurai besoin pour apprendre
pour regarder et comprendre ma mort.

Il me faut ma bouche
pour chanter après qu'elle aura disparu.
Et mon âme, et mes mains, mon corps
pour continuer à t'aimer, ma chérie.

C'est impossible, je le sais, pourtant je l'ai voulu
J'aime ce qui n'a que des rêves.
J'ai un jardin tout de fleurs qui n'existent pas
Je suis résolument triangulaire.
Et je regrette encore mes oreilles,
mais je les ai enveloppées pour les laisser
dans un port, sur un fleuve à l'intérieur
de la République de Malaguette.

Je suis las de porter la raison sur l'épaule
Je veux inventer la mer quotidienne
Un jour j'ai reçu la visite
d'un peintre de talent qui peignait des soldats
Tous étaient des héros et le brave homme
les peignait en plein feu sur le champ de bataille
mourant comme à plaisir

Et il peignait aussi des vaches réalistes,
si réalistes et si parfaites, si parfaites
qu'on se sentait, rien qu'à les voir, mélancolique
et prêt à ruminer jusqu'à la fin des siècles.

Horreur et abomination ! J'ai lu
des romans-fleuve de bonté
et tant de vers
à la gloire du Premier Mai
que je n'écris plus désormais
que sur le Deux du même mois.

Il semble bien que l'homme
bouscule fort le paysage
et cette route qui avait un ciel auparavant
maintenant nous écrase
de son entêtement commercial.

Il en va de même avec la beauté,
et comme si nous refusions de l'acheter,
ils l'emballent à leur goût et à leur mode.

La beauté, laissons-la danser
avec ses courtisans les plus inacceptables,
entre le plein jour et la nuit;
ne la contraignons pas à avaler
comme un médicament la pilule de vérité.

(Et le réel ? Il nous le faut, sans aucun doute,
mais que ce soit pour nous grandir,
pour nous rendre plus vastes, pour nous faire frémir,
pour rédiger ce qui pour nous doit être
l'ordre du pain tout autant que l'ordre de l'âme.)

Sussurez ! tel est mon ordre
aux forêts pures,
qu'elles disent en secret ce qui est leur secret,
et à la vérité: Cesse donc de stagner,
tu te durcis jusqu'au mensonge.
Je ne suis pas recteur, je ne dirige rien,
et voilà pourquoi j'accumule
les erreurs de mon chant.

6

nous avons dû, ma sauvageonne,
nous ressaisir du temps perdu
et revenir sur nos pas pour, de baiser en baiser,
abolir la distance de nos vies,
récupérant ici ce que sans joie
nous avions donné, découvrant
là le chemin secret
qui rapprochait tes pas des miens,
et ainsi, sous ma bouche,
voici que tu revois la plante insatisfaite
de ta vie qui allonge ses racines
vers mon coeur et vers son attente.
une à une, les nuits,
entre nos villes séparées,
s'ajoutent à la nuit qui nous unit.
le jour de chaque jour,
sa flamme ou son repos
soustraits au temps, elles nous livrent,
et ainsi se trouve exhumés
dans l'ombre ou la clarté notre trésor,
et ainsi nos baisers embrassent-ils la vie:
tout l'amour se tient enclos dans le nôtre:
toute la soif s'achève dans notre enlacement.
nous voici enfin face à face,
nous nous sommes trouvés,
rien n'a été perdu.
et lèvre à lèvre nous nous sommes parcourus,
mille fois nous avons troqué
entre nous la mort et la vie,
tout ce que nous portions en nous
comme autant de médailles mortes
nous l'avons jeté à la mer,
tout ce que nous avions appris
nous a été bien inutile:
nous avons commencé,
nous avons terminé
à nouveau mort et vie.
nous sommes là, nous survivons,
purs d'une pureté que nous avons créée,
plus vaste que la terre qui n'a pu nous fourvoyer,
et éternels comme le feu qui brûlera
tant que la vie ne cessera.
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De ton coeur
monte
ton arôme
comme depuis la terre
la lumière jusqu'à la cime du cerisier:
sur ta peau
j'arrête ton battement
et je hume
la vague de lumière qui monte,
le fruit submergé
dans sa senteur,
la nuit que tu respires,
le sang qui parcourt
ta beauté
jusqu'au baiser
qui m'attend
sur ta bouche
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Je prends congé, je rentre
chez moi, dans mes rêves,
je retourne en Patagonie
où le vent frappe les étables
où l'océan disperse la glace.
Je ne suis qu'un poète
et je vous aime tous,
je vais errant par le monde que j'aime :

dans ma patrie
on emprisonne les mineurs
et le soldat commande au juge.
Mais j'aime, moi, jusqu'aux racines
de mon petit pays si froid.
Si je devais mourir cent fois,
c'est là que je voudrais mourir
et si je devais naître cent fois
c'est là aussi que je veux naître
près de l'araucaria sauvage,
des bourrasques du vent du sud
et des cloches depuis peu acquises.

Qu'aucun de vous ne pense à moi.
Pensons plutôt à toute la terre,
frappons amoureusement sur la table.
Je ne veux pas revoir le sang
imbiber le pain, les haricots noirs,
la musique: je veux que viennent
avec moi le mineur, la fillette,
l'avocat, le marin
et le fabricant de poupées,
Que nous allions au cinéma,
que nous sortions
boire le plus rouge des vins.

Je ne suis rien venu résoudre.

Je suis venu ici chanter
je suis venu
afin que tu chantes avec moi.
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Ce n'est pas seulement une lumière
tombant sur le monde
qui allonge sur ton corps
sa neige noyée:
la clarté émane de toi
comme si tu étais
éclairée du dedans.

Sous ta peau loge la lune.
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Vidéo de Pablo Neruda
« […] « La poésie est parole dans le temps », Machado (1875-1939) n'a pas cessé de l'affirmer. Encore fallait-il que le temps ne se résumât pas à la pression immobile du passé sur la circonstance, ni la parole au simple ressassement de l'irrémédiable. Certes Machado […] a éprouvé une manière d'attirance étrange devant la négativité et la noirceur du destin de l'Espagne. Il ne s'y est point abandonné. Ou plutôt, avec une véhémence souvent proche du désespoir, une tendresse mêlée de répulsion et de haine, il a tenté, longuement, d'en sonder les abîmes. […] La poésie - Machado, seul de sa génération, s'en persuade - n'a plus pour tâche de répertorier pieusement les ruines ; elle se doit d'inventer le futur, cette dimension héroïque de la durée que les Espagnols ont désappris dans leur coeur, dans leur chair, dans leur langue depuis les siècles révolus de la Reconquête. […] […] Nostalgique de l'Inaltérable, à la poursuite du mouvant… Par son inachèvement même, dans son échec à s'identifier à l'Autre, la poésie d'Antonio Machado atteste, et plus fortement que certaines oeuvres mieux accomplies, la permanence et la précarité d'un chemin. Hantée par le néant, elle se refuse au constat de l'accord impossible. Prisonnière du doute et de la dispersion, elle prononce les mots d'une reconnaissance. Elle déclare la tâche indéfinie de l'homme, la même soif à partager. » (Claude Esteban.)
« […] “À combien estimez-vous ce que vous offrez en échange de notre sympathie et de nos éloges ? » Je répondrai brièvement. En valeur absolue, mon oeuvre doit en avoir bien peu, en admettant qu'elle en ait ; mais je crois - et c'est en cela que consiste sa valeur relative - avoir contribué avec elle, et en même temps que d'autres poètes de ma génération, à l'émondage de branches superflues dans l'arbre de la lyrique espagnole, et avoir travaillé avec un amour sincère pour de futurs et plus robustes printemps. » (Antonio Machado, Pour « Pages choisies », Baeza, 20 avril 1917.)
« Mystérieux, silencieux, sans cesse il allait et venait. Son regard était si profond qu'on le pouvait à peine voir. Quand il parlait, il avait un accent timide et hautain. Et l'on voyait presque toujours brûler le feu de ses pensées. Il était lumineux, profond, car il était de bonne foi. Il aurait pu être berger de mille lions et d'agneaux à la fois. Il eût gouverné les tempêtes ou porté un rayon de miel. Il chantait en des vers profonds, dont il possédait le secret, les merveilles de la vie ou de l'amour ou du plaisir. Monté sur un Pégase étrange il partit un jour en quête d'impossible. Je prie mes dieux pour Antonio, qu'ils le gardent toujours. Amen. » (Rubén Darío, Oraison pour Antonio Machado)
0:00 - Titre 0:06 - Solitudes, VI 3:52 - du chemin, XXII 4:38 - Chanson, XLI 5:39 - Humour, fantaisies, notes, LIX 7:06 - Galeries, LXXVIII 7:54 - Varia, XCV, Couplets mondains 9:38 - Champs de Castille, CXXXVI, Proverbes et chansons, XXIX 10:14 - Champs de Castille, idem, XLIII 10:29 - Prologues. Art poétique. Pour « Champs de Castille » 12:17 - Générique
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