De la belle poésie, c'est ce que nous offre Pablo neruda qui est connu pour ses magnifiques poèmes d'amour.
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Remplis-toi de moi.
Désire-moi, épuise-moi, déverse-moi, sacrifie-moi,
Demande-moi. Accueille-moi, contiens-moi, cache-moi.
Je veux être à quelqu'un, je veux être à toi, c'est ton heure.
Je suis celui qui est passé en sautant sur les choses,
le fugitif, le douloureux.
Mais je pressens ton heure,
l'heure où ma vie devra se verser goutte à goutte sur ton cœur,
l'heure des tendresses jamais encore dispensées,
l'heure des silences sans paroles,
ton heure, aube de sang qui m'a nourri d'angoisses,
ton heure, ce minuit qui me fut solitaire.
Délivre-moi de moi. Je veux quitter mon cœur.
Je suis ce qui gémît, ce qui brûle et qui souffre.
Je suis ce qui attaque, ce qui hurle, ce qui chante.
Et non, je ne veux pas être cela.
Aide-moi à briser ces portes colossales.
Avec tes épaules de soie arrache à la terre ces ancres.
Ainsi a-t-on un soir crucifié ma douleur.
Recueil LE FRONDEUR ENTHOUSIASTE
Extrait du poème 8
Je sens s'approcher ta tendresse sur mon sol,
elle guette mes yeux, mon regard, et s'enfuit,
je la vois s'arrêter pour m'accompagner jusqu'à l'heure
de mon silence pensif et de mon désir pour toi.
La voici, ta tendresse aux yeux doux dans l'attente.
La voici, c'est ta bouche et les mots jamais dits.
Je sens pousser en moi la mousse de ta peine
qui pousse en tâtonnant dans mon cœur infini.
C'était cela s'abandonner, tu le savais,
c'était la guerre obscure du cœur contre tous,
c'était la plainte de l'angoisse émue qui s'interrompt,
l'ivresse et le désir, et se laisser aller,
c'était cela ma vie,
c'était ce qu'emportait l'eau courant dans tes yeux,
c'était ce qui tenait dans le creux de tes mains.
Deux premières strophes du poème 4
du recueil " La frondeur enthousiaste ", écrit en 1923 à 19 ans, publié en 1933
Une saudade. Quoi ? C'est quoi...je ne sais pas...je l'ai cherchée
dans de poussiéreux dictionnaires d'autrefois,
dans d'autres livres aussi qui ne m'ont pas livré
le sens de ce doux mot aux contours sibyllins.
On la dit bleue, du même bleu que les montagnes,
on dit qu'elle assombrit l'amour lorsqu'il est loin,
un noble et brave ami ( un ami des étoiles )
la nomme en un frisson de tresses et de mains.
Lisant Eça de Queiros, je la devine sans la voir
et son secret s'évade et sa douceur m'obsède
comme un papillon, corps étrange qui vole
à distance - et combien ! - de mon filet paisible.
Saudade...Ah ! dites-moi, connaissez-vous le sens
de ce mot blanc qui fuit comme un poisson s'éclipse ?
Non...mais je sens frémir son délicat frisson
dans ma bouche...Saudade...
Recueil Les crépuscules de Maruri
PROVINCE DE L'ENFANCE
Province de l'enfance, du balcon romantique je t'ouvre comme un éventail. Comme autrefois, abandonné de par les rues, j'examine les rues abandonnées. Petite ville que j'ai forgée à coups de rêves, tu resurgis de ton existence immobile. Longues et lentes enjambées au bord de la mousse, foulant des terres et des herbes, passion de l'enfance, tu revis à chaque fois. Cœur, mon cœur, blotti sous ce ciel fraîchement peint, toi seul était capable de lancer les pierres qui font fuir la nuit. C'est ainsi que tu t'es fait, pétri de solitude, blessé par les angoisses, en marchant, en marchant à travers des villages désolés. À quoi bon parler d'ancienneté, à quoi bon revêtir un linge d'oubli ?
ANNEAUX 1926
LA COPLA DE L'AMOUR PERDU
I
L'amour que je ne lui ai dit
fait ma tristesse d'aujourd'hui.
Il n'est pas sorti de mes lèvres et il est passé auprès d'elle
comme un fantôme sans malice !
Elle n'a su le regarder,
elle n'a su le deviner,
et ma bouche non plus n'a pu
le lui avouer...
Il s'est perdu comme un chant qui meurt sur les lèvres,
il est mort comme un bateau qui se perd en mer.
Il est passé comme un fantôme...Elle n'a su le deviner...
elle n'a su le deviner...elle n'a su le regarder...
II
Amour silencieux. Cloche
sans métal.
Silence. Je suis triste.
Soir. Souvenir. Silence.
Solitude.
Amour...Si ce soir-là
J'avais parlé...
Pourquoi me suis-je tu...?
Pourquoi ?
Du recueil Le fleuve invisible ( écrits d'adolescence et de jeunesse recueillis par Matilde Neruda )
« […]
« La poésie est parole dans le temps », Machado (1875-1939) n'a pas cessé de l'affirmer. Encore fallait-il que le temps ne se résumât pas à la pression immobile du passé sur la circonstance, ni la parole au simple ressassement de l'irrémédiable. Certes Machado […] a éprouvé une manière d'attirance étrange devant la négativité et la noirceur du destin de l'Espagne. Il ne s'y est point abandonné. Ou plutôt, avec une véhémence souvent proche du désespoir, une tendresse mêlée de répulsion et de haine, il a tenté, longuement, d'en sonder les abîmes. […] La poésie - Machado, seul de sa génération, s'en persuade - n'a plus pour tâche de répertorier pieusement les ruines ; elle se doit d'inventer le futur, cette dimension héroïque de la durée que les Espagnols ont désappris dans leur coeur, dans leur chair, dans leur langue depuis les siècles révolus de la Reconquête. […]
[…] Nostalgique de l'Inaltérable, à la poursuite du mouvant… Par son inachèvement même, dans son échec à s'identifier à l'Autre, la poésie d'Antonio Machado atteste, et plus fortement que certaines oeuvres mieux accomplies, la permanence et la précarité d'un chemin. Hantée par le néant, elle se refuse au constat de l'accord impossible. Prisonnière du doute et de la dispersion, elle prononce les mots d'une reconnaissance. Elle déclare la tâche indéfinie de l'homme, la même soif à partager. » (Claude Esteban.)
« […] “À combien estimez-vous ce que vous offrez en échange de notre sympathie et de nos éloges ? » Je répondrai brièvement. En valeur absolue, mon oeuvre doit en avoir bien peu, en admettant qu'elle en ait ; mais je crois - et c'est en cela que consiste sa valeur relative - avoir contribué avec elle, et en même temps que d'autres poètes de ma génération, à l'émondage de branches superflues dans l'arbre de la lyrique espagnole, et avoir travaillé avec un amour sincère pour de futurs et plus robustes printemps. » (Antonio Machado, Pour « Pages choisies », Baeza, 20 avril 1917.)
« Mystérieux, silencieux,
sans cesse il allait et venait.
Son regard était si profond
qu'on le pouvait à peine voir.
Quand il parlait, il avait
un accent timide et hautain.
Et l'on voyait presque toujours
brûler le feu de ses pensées.
Il était lumineux, profond,
car il était de bonne foi.
Il aurait pu être berger
de mille lions et d'agneaux à la fois.
Il eût gouverné les tempêtes
ou porté un rayon de miel.
Il chantait en des vers profonds,
dont il possédait le secret,
les merveilles de la vie
ou de l'amour ou du plaisir.
Monté sur un Pégase étrange
il partit un jour en quête d'impossible.
Je prie mes dieux pour Antonio,
qu'ils le gardent toujours. Amen. » (Rubén Darío, Oraison pour Antonio Machado)
0:00 - Titre
0:06 - Solitudes, VI
3:52 - du chemin, XXII
4:38 - Chanson, XLI
5:39 - Humour, fantaisies, notes, LIX
7:06 - Galeries, LXXVIII
7:54 - Varia, XCV, Couplets mondains
9:38 - Champs de Castille, CXXXVI, Proverbes et chansons, XXIX
10:14 - Champs de Castille, idem, XLIII
10:29 - Prologues. Art poétique. Pour « Champs de Castille »
12:17 - Générique
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