Des moments d'enfance à Port of Spain, Trinidad…
Dans ce petit ouvrage de moins de 250 pages, le récipiendaire du Nobel de littérature 2001 brosse une série de tableaux de personnages inspirés de sa jeunesse dans un quartier pauvre de la capitale de cette île des Caraïbes, au moment de la Deuxième Guerre mondiale.
Une écriture fort agréable, pleine d'humour, avec une naïveté enfantine qui permet de décrire, sans porter de jugement, la violence familiale et la misère ambiante, mais aussi la générosité et la beauté.
Pour découvrir un grand auteur et un autre coin du monde*…
*J'avais justement besoin d'un peu chaleur et de verdure, car cette année, l'hiver canadien n'en finit plus de blancheur glaciale…
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Dix-sept chapitres, qui sont, chacun, consacrés à un personnage particulier de ce quartier de Port d'Espagne, capitale de Trinité-et-Tobago. Même si l'on a croisé l'un ou l'autre protagoniste dans un chapitre précédent, chaque chapitre se lit comme une nouvelle.
L'on sent beaucoup d'empathie sous la plume de l'auteur pour ces laissés pour compte qui s'en sortent avec bonhomie, avec pour beaucoup le rêve d'émigrer au Vénézuela, situé à 15 kilomètres seulement de l'île de la Trinité, mais où ils savent qu'ils seront mal accueillis.
Seul point très peu politiquement correct au jour d'aujourd'hui, c'est une constante chez les hommes de passer des raclées à leur femme pour un oui ou un non. Certainement pas au goût du jour.
On retrouve le même charme un peu désuet que dans le livre A la courbe du fleuve, mais l'auteur n'atteint pas le niveau magistral de ce magnifique roman.
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– Lorsque je serai grand et que j’aurai des enfants, je les battrai, battrai.
Je ne dis rien alors parce que je me sentais honteux ; mais j’avais ressenti la même chose quand ma mère me battait. (p.73)
Mais un simple coup d’œil nous suffit pour comprendre que Pleasure ne pouvait être la fille d'Eddoes.
Boyce commença à siffler le calypso :
Des petits Chinois m'appellent Papa !
J'suis noir comme du jais,
Ma femme est comme un bébé nègre,
Et pourtant...
Des petits Chinois m'appellent Papa !
Ô Jésus, quelqu'un a mis du lait dans mon café !
– Petit quand tu auras mon âge, tu t’apercevras que du te moques des choses que tu pensais que tu aimais quand tu pouvais te les offrir. (p.22)
- A présent, dit B.Wordsworth, allongeons-nous dans l’herbe, levons les yeux vers le ciel et je veux que tu penses comme ces étoiles sont loin de nous.
Je fis e qu’il me dit et je compris ce qu’il voulait dire. Je me sentis moins que rien, et en même temps je n’avais jamais eu l’impression d’être aussi grand et aussi fort de toute ma vie. J’oubliai ma colère, mes larmes et les coups.
Il parlait très lentement et très correctement, comme si chaque mot lui coûtait de l'argent.
Discours de V. S. Naipaul à l'occassion de l'obtention du prix Nobel de littérature en 2001.