Galatée (suivi de) Le Chant d'Achille et Circé

Pendant longtemps, j'ai entendu énormément de bien de le chant d'Achille, sans jamais me pencher sur cette oeuvre. Sans trop de raison, sinon le fait que son extra popularité me rebutait.

Puis Pocket a sorti cette édition intégrale regroupant Circe, le chant d'Achille et la nouvelle Galatée, un joli livre objet qui m'a fait de l'oeil et m'a poussée à entrer dans l'univers de Madeline Miller. Alors, réécriture de mythe réussie ou surfaite? J'avoue que je suis mitigée, car si j'ai aimé l'un des deux tomes de l'intégrale, l'autre ne m'a pas convaincue.

Commençons déjà par Galatée: Statue à qui la vie a été insufflée, Galatée est l'épouse d'un Pygmalion toxique, prisonnière de ses désirs pervers. Alors un jour, elle se rebelle et se dresse contre lui.

La nouvelle est toute en finesse, avec une héroïne que l'on pense passive mais qui se révèle au final prête à dépasser sa condition. J'ai apprécié le fait que Miller m'ait autant induite en erreur au début, me faisant croire (comme Galatée le fit croire à son mari) que j'avais affaire à une pauvre créature soumise. Car finalement, Galatée manipule et maîtrise l'art de la tromperie pour arriver à ses fins. J'ai aimé la fin, cette libération mortelle, cette punition infligée à ce mari imbu de lui-même et, disons le, complètement fou, et l'ambiance un peu lourde qui plane tout le long du récit. Pour moi, Galatée a été une petite lecture agréable et originale sur un mythe somme toute oublié.

Vient ensuite le chant d'Achille, le fameux succès retentissant de Miller. le mythe est repris du point de vue de Patrocle, l'amant d'Achille. Ce dernier nous délivre un témoignage sur le grand héro de la guerre de Troie, mais raconte également sa propre histoire, ses propres tourments et cet amour qui va les lier jusqu'à la fin...et au-delà.

J'ai eu du mal à entrer dans l'histoire, déjà de par le fait que je m'attendais à suivre l'histoire du point de vue d'Achille, et non de Patrocle. Patrocle sur qui les dieux semblent s'être acharnés, car le pauvre gamin n'est épargné ni par son père, ni par le destin. Mais une fois Patrocle arrivé à Phthie et une fois sa relation avec Achille développée, j'avoue que j'ai été happée. La rencontre avec de grands noms de la guerre de Troie (Ulysse, Hector, Pâris, Hélène...) a été savoureuse et j'avoue avoir eu du mal à décrocher. J'ai subi avec Patrocle l'orgueil d'Achille et les morts qu'il causa, j'ai ressenti sa peine, sa colère, ses craintes... et l'amour immense qu'il ressentit pour Achille. Bref, le chant d'Achille m'a beaucoup plu!

Circe, enfin! J'aime énormément le personnage de Circe, et sans doute est-ce à cause de mes nombreuses attentes, j'ai été déçue par ce tome. Circe donc, fille d'Hélios, est exilée sur l'île lointaine d'Eéa sur laquelle elle développe ses pouvoirs de sorcière. Elle croisera durant cette période de nombreuses personnes dont Ulysse, dont elle transformera les hommes en porcs.

Alors Circe... Je ne peux pas dire que j'ai été déçue par l'héroïne de Miller, car si j'attendais une héroïne indépendante, c'est bien ce que j'ai eu. Dans la première partie du moins. Première partie qui m'a énormément plu, avec cette femme forte qui évolue sur son île, en complète autonomie, se défend des hommes qui se montrent indélicats en les changeant en cochons (belle image pour ce genre d'hommes). J'avoue avoir regretté l'animosité palpable entre Circe et ses nymphes, là où j'attendais peut-être plus de sororité. Car même si Circe est une Titan, bien au-dessus des nymphes, elle partage avec elles un destin commun: celui d'avoir été exilée. du coup, je me représentais peut-être une Circe plus affable, entourée de nymphes dont les rapports auraient pu être plus développés, à l'instar des nombreuses rencontres que fait Circe. Par contre, dès la seconde partie (à partir du départ d'Ulysse), j'avoue m'être ennuyée ferme. Toute la période de la maternité de Circe ne m'a pas conquise, et si l'arrivée de Pénélope et de Télémaque sur l'île m'a redonné un regain d'intérêt pour le récit, celui-ci est vite retombé. de plus j'ai trouvé la romance avec Télémaque très mal amenée. . de plus, j'ai eu du mal avec cette position de victime que Circe se plaît à prendre en tout moment, moi qui l'imaginait femme forte, se fichant éperdument du monde, à la limite de la cruauté. C'est ainsi en tout cas que je me la représentais, face à toutes les représentations que j'ai pu voir/entendre/lire d'elle. Ses parents sont méchants, ses frères et soeurs sont méchants, ses amants sont méchants... Bon à un moment, c'est lassant.

Bref, c'était le tome que j'avais hâte de lire, c'est également avec lui que je referme l'intégrale, un peu déçue.