Marina est une adolescente en grande souffrance. le moment de la réadaptation est venu après un grave traumatisme il y a un an, un raz de marée, pourrait-on dire. Elle a 14 ans 1/2. Depuis peu, elle est scolarisée en internat à Warrington, en classe de troisième. Elle sort de l'hôpital psychiatrique qui ne peut rien faire de plus pour elle, son état de santé n'évolue pas vers le mieux, c'est-à-dire retrouver la parole. C'est sa mère qui a décidé de s'en “débarrasser” en pension parce qu'elle ne supporte plus son mutisme et peut-être son visage apparemment mutilé. Elle parle de sa fille comme étant “la folle muette” et s'en désintéressera rapidement devant l'absence de progrès.
Son professeur d'anglais, Monsieur Lindell, a distribué un cahier à chacune des élèves en leur demandant d'écrire dedans tout ce qu'elles veulent à condition que ce ne soit pas des grossièretés. Il vérifiera que le cahier est correctement utilisé, il promet de ne pas lire le contenu. Marina n'accueille pas ce cahier de gaieté de coeur, puis elle se prend au jeu, il deviendra un véritable confident, à tel point qu'elle s'inquiète que quelqu'un tombe dessus et le lise. Ce cahier l'aidera à analyser ses réactions, à évacuer le choc psychologique vécu. Chacune des pensionnaires passe sous sa plume. Elle décrit ce qu'elle aime en elles, ce qu'elle n'apprécie pas, ses préférences, les efforts que font les autres pour aller vers elle malgré son silence, les amitiés qui se nouent sans démonstration... Elle réalise aussi que beaucoup vivent des moments difficiles dans leur famille. Bien qu'elles n'en parlent pas, elle le devine parce qu'elle réceptive à leurs comportements, à leur souffrance. Elle n'a plus la parole, mais elle a un don d'observation aiguisé.
Que s'est-il passé il y a un an ? On ne connaît pas l'origine de son traumatisme. Cela n'a pas d'importance. Un traumatisme reste un traumatisme, une blessure psychologique chez l'enfant, si petite soit-elle, entraîne inévitablement une souffrance qu'il lui faudra apprivoiser. L'auteur veut sans doute nous faire comprendre que la blessure ne se pèse pas, ne se quantifie pas, elle est là. Il n'y a pas de petite blessure, il y a la blessure et la souffrance qui en découle. Son cahier intime, bribe par bribe, nous en fait supposer les raisons.
À l'hôpital, elle bénéficiait d'une thérapie de groupe. Elle n'appréciait pas cette méthode de soin qui était une atteinte à son intimité. En pension, la conseillère scolaire, Madame Ransome, la reçoit deux fois par semaine. Les entretiens se déroulent bien, pas besoin de parler, il lui suffit d'écouter la conseillère monologuer. Elle peut rester dans l'ombre, sa position préférée, n'être remarquée par personne, passer inaperçue.
Parfois, elle se trouve dans des situations qui entraînent des émotions trop fortes à supporter. Elle en reste bouleversée pendant plusieurs jours. Elle évite ces situations qui la font plonger dans son passé douloureux. Elle fuit les contacts avec ses camarades tout en essayant de se rapprocher d'elles, elle voudrait leur dire qu'elle les aime, qu'elle comprend leurs difficultés, mais c'est impossible, ses gestes bloquent, son sourire bloque, elle est envahie par des émotions qui l'empêchent d'être naturelle. Elle se refuse à montrer des marques d'affection envers l'une ou l'autre.
Elle a des occasions de belles rencontres qui lui font prendre lentement le chemin de la réadaptation en faisant trois pas en avant vers la réussite et deux pas en arrière. Chaque réussite l'emmène un peu plus haut sur l'escalier, elle y gagne en assurance, en confiance en elle. La victoire l'attend sur le dernier degré. À nous de lire le livre pour savoir si elle l'atteindra.
Marina est une adolescente attachante de par ses réussites à vaincre son mal, on se réjouit de ses succès et l'on est triste avec elle de ses échecs. Bien que cet ouvrage soit destiné à la jeunesse, il présente un grand intérêt aussi pour les adultes : parents, groupes et professionnels de l'enfant. Il fait réfléchir sur la reconnaissance de la souffrance de l'enfant, la façon de l'accompagner, sur la place de la famille et d'un groupe dans la prise en compte de l'événement traumatisant, les personnes ressources... le livre contient de magnifiques passages comme celui où Marina est accueillie chez Monsieur et Madame Lindell. Elle y est tellement heureuse, entourée de leurs jeunes enfants chaleureux, qu'elle franchit chez eux un degré vers sa guérison.
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Marina rédige son journal intime (à la demande du professeur d'anglais pour toute la classe). Nous découvrons ainsi qu'elle est nouvelle dans un internat de filles (en Australie) et qu'elle ne parle pas...
Nous devinons qu'il s'est passé quelque chose de grave dans sa famille et que sa vie et même son identité en ont été bouleversées.
Après un séjour en hôpital et une approche psychologique de son mutisme, les médecins pensent que se retrouver au milieu d'autres adolescents devraient l'aider. Mais malgré l'amitié de quelques filles du dortoir, elle ne semble faire aucun effort d'intégration.
Un très beau texte sur un sujet grave.
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Ce livre est extraordinaire ! Je trouve cette histoire très émouvante. Je recommande ce livre à 200%. Ce livre réaliste est captivant tout le long de l'histoire.
La jeune adolescente, ayant eu des problèmes, dévoile bien ses sentiments.
Marina n'arrive pas à parler donc elle s'exprime en écrivant.
J'adore ce livre ! Vous devez absolument le lire sinon vous ratez votre vie.
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C'est étrange tout de même, Sophie est aussi bruyante que je suis silencieuse et, malgré ça, je peux réussir à marquer des points sur elle, presque sans rien faire, et même si je n'ai pas raison. (p.26)
Blême et glacée tu es passée devant moi ;
J'aurais voulu connaître tes pensées,
J'ai attendu au fil des jours
Que tu déposes ton armure.
La glace, je croyais, fond aisément à la chaleur,
Mais il y a tant de choses que j'ignore :
Si le soleil effleure le vernis
Il n'atteint pas la neige profonde.
L'hiver peut durer des années
L'été peut sembler trop lointain,
Mais, après l'hiver, l'été vient toujours
Aussi sûrement que la nuit suit le jour.
Je ne pense pas qu'elle soit très heureuse, mais les autres ne s'en rendent probablement pas compte parce qu'elle le cache derrière une personnalité très forte. (p.25)
Je me suis éclairci la gorge et j'ai essayé ma voix une fois encore : "J'ai tant de choses à te dire..." (p.194)
A mon avis, on peut deviner énormément de choses sur les autres d'après leurs lectures. (p.45)