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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'ambition du titre parfaitement réalisée en 400 pages varie les points de vue sur la nature, forcément humaine, avec un ancien militant du Larzac, chevrier, les maraîchers qui fournissent le super marché Mammouth, l'étudiante qui s'enivre des odeurs de menthe, l'éleveur qui s'interroge sur l'agrandissement de ses bâtiments : du paysan à l'exploitant.
« Par chance, être agriculteur c'était travailler sans cesse, c'était embrasser le vivant comme l'inerte, ça suppose d'être à la fois éleveur, soigneur, comptable, agent administratif, vétérinaire, maçon, mécanicien, géologue, diététicien, zoologiste, chimiste, paysagiste et tout un tas de choses encore…et surtout de ne pas craindre de passer des heures dans les moteurs de toutes sortes… »
Je ne déflore aucun dénouement en notant que l'engrais peut être explosif, car l'auteur sait nous tenir en haleine et sa description de l'évolution du monde rural ne concerne pas seulement les ruraux ou un de leur fils qui sur ce blog a abordé déjà le genre:
http://blog-de-guy.blogspot.com/2011/11/les-derniers-indiens-marie-helene-lafon.html
http://blog-de-guy.blogspot.com/2016/03/jai-vu-la-fin-des-paysans-eric-fottorino.html
http://blog-de-guy.blogspot.com/2016/03/jai-vu-la-fin-des-paysans-eric-fottorino.html
Entre la sécheresse de 76 et la tempête de 99, de vache folle en Tchernobyl, les catastrophes se sont succédées et même au bout d'un chemin non goudronné, la mondialisation sous toutes ses formes pousse sa corne.
« Depuis quatre jours dans le plus grand secret les Soviétiques bombardaient la centrale de sacs de sable largués par hélicoptères, mais ça n'y avait rien fait. L'unique solution était donc d'envoyer des soldats et des pompiers au coeur de cet enfer, cependant à force de brûlures et de radiations ces hommes tombaient les uns après les autres, au bout de deux minutes, ils s'écroulaient, alors il fallait vite en envoyer d'autres… »
Global et local, ici et maintenant, les fracas du monde n'atténuent pas les fines notations sur les mentalités des différents personnages:
« Vivant dans une ferme paumée au milieu des coteaux, pour les parents c'était rassurant de montrer à leurs enfants qu'ils participaient quand même de ce monde contemporain, celui des pubs à la télé, celui de la cafetière électronique et du fer à vapeur, celui du couteau électrique, de la foire aux T-shirts et de la yaourtière. »
Bien des thèmes sont abordés, j'allais dire « habilement » mais cela laisserait entendre un savoir faire qui prendrait ses distances avec l'émotion, alors que la nostalgie s'exhale aussi bien que la poésie avec une tension qui n'a rien d'artificiel ponctuée de moments comiques, quand un publicitaire vient poser ses spots dans la prairie pour des tranches de jambon sous blister. L'intrigue sentimentale n'est pas qu'un vecteur narratif et pose les dilemmes autour de la liberté en particulier pour le personnage principal héritier d'une tradition en un milieu qui a su s'adapter à de grands bouleversements. Il subit plus qu'il n'agit, se tenant plus près du réel, de nous, qu'un omniscient héros.
« S'ils se prirent la main c'est qu'ils venaient de tomber de haut. Tous deux sans rien dire, ils ruminaient leurs liens, tout ce qui les empêchaient de devenir réellement libres, elle qui se sentait appelée par d'autres pays pour sans cesse fuir le sien, et lui qui se sentait viscéralement attaché à sa terre. »

Lien : http://blog-de-guy.blogspot...
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Trente ans d'histoire nationale auprès d'une famille de paysans vivant à Bertranges, lieu dit inventé du centre de la France. On y retrouve l'occupation du Larzac, le nuage de Tchernobyl, la crise de la vache folle, les quotas agricoles, l'exode rural des enfants de paysans, le retour à la nature, les hippies, la lutte armée, le dérèglement climatique et bien d'autres maux de notre société contre la nature.
Alexandre, le seul fils de la famille donc l'héritier de la ferme pour qu'elle continue de vivre, surnage durant ces 30 ans et nous raconte l'évolution de notre société toujours en quête du "consommer plus" mais en restant bien sur écologique.
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Un roman sur la ruralité dans les 50 dernières années. Une belle réflexion sur la fin du XXe siècle (écologie, industrialisation et transformation du monde agricole, ...) vue à travers l'histoire d'Alexandre. Bonne reconstitution de l'atmosphère de l'époque. C'est fluide et bien écrit (comme d'habitude).
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une chronique de la mise à mort des campagnes et de l'agriculture paysanne lors du dernier quart du XXème siècle ; mise à mort menée avec méthode et détermination au nom du « progrès » et de la mondialisation.
Partant de la ferme familiale heureuse et prospère, Serge Joncour montre la fuite des jeunes entraînant la désertification des campagnes, l'abandon des fermes et la mort des villages ; la folle normalisation obligeant les producteurs a investir toujours plus au détriment de la qualité de leur production ; la toute-puissance des centrale d'achats faisant constamment baisser les prix auxquels elles achètent, entraînant la prolifération des engrais, des pesticides, la baisse de la qualité de l'alimentation des animaux avec pour résultante la crise de la vache folle et une nouvelle et importante baisse des dits prix. le tout payé par les paysans au prix d'un surendettement mortifère
L'ensemble transforme les paysans débonnaires et placides, fiers de leur métier et de leurs produits, en bombes à retardement, ivres de colères contenues.
Mais la Nature et la nature humaine ont des ressources insoupçonnées….
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Quelque part du côté de Millau, « aux Bertranges », l'auteur nous raconte la vie d'une famille rurale de 1976 à 1999. Cela démarre avec la sécheresse de 1976 et s'achève avec la tempête dévastatrice du 27 décembre 1999. Ces tranches de vie sont jalonnées par l'élection de Mitterrand en 1981, Tchernobyl en 1986, et surtout des actes de résistance citoyenne à propos du Larzac, de la construction de la centrale de Golfech et de l'autoroute et du viaduc de Millau. L'avenir des enfants, Alexandre et ses trois soeurs, Caroline, Vanessa et Agathe va se dessiner en fonction des changements sociétaux qui surviennent et de leurs aspirations. L'agriculture s'industrialise, les études et les métiers dispersent la famille, Alexandre faisant le bonheur de ses parents en acceptant de reprendre l'exploitation familiale.
Serge Joncour nous décrit très bien cette période qui voit des changements profonds et rapides de la société en général, et de l'agriculture en particulier au travers de cette saga familiale attachante.
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Je vais être plus modérée dans mon avis sur ce livre. Évidemment que le contexte social évoqué des années 1970 à 2000 est excellent. Moi qui ait vécu ces années, comment ne pas sourire à l'évocation des magasins Mammouth, des chaines de télévision qui apparaissaient tour à tour, le téléphone en bakélite, les combats sur le fameux plateau du Larzac etc... Alexandre est le fils de la famille et donc automatiquement désigné pour reprendre la ferme puisque les filles, on le sait, vont partir à la ville vivre leur vie. le poids sur Alexandre est énorme et il plie dessous, n'essayant pas de changer son destin, parce que la région est belle, parce qu'il ne veut pas prendre l'avion, parce qu'il n'a pas fait d'études, lui. Ce destin sera pourtant allégé par la belle Constanze, une allemande colocataire d'une des soeurs. Son militantisme anti nucléaire va amener Alexandre à prendre des décisions qui vont bien loin de son caractère, juste pour plaire, pour l'approcher, pour la conquérir et sans plus de conviction. Mais rien n'est simple bien sûr. le temps passe, Mitterrand, Tchernobyl, les difficultés du monde agricole, l'apparition du bio, l'amour pour la terre. Tout y est. Mais j'ai fini ce livre en étant frustrée. Bien sûr Alexandre n'est pas un expansif et la vie est âpre mais je suis restée sans empathie, une distance avec les personnages dû au style qui a fait que ce pourtant bon roman ne m'a pas emportée. C'est sûrement voulu car Alexandre est dans la retenue et la fin ouverte nous laisse présager qu'enfin il atteindra son but... ou pas. Je le relirai pour l'évocation de cette tranche "d'époque" par contre.
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23 décembre 1999. Bientôt l'an 2000…une nouvelle ère ? Alexandre prépare son matériel et pense aux précautions à prendre pour ne pas être repéré par les gendarmes…Il se souvient …Quand la ferme retentissait alors des rires de ses soeurs…C'était en 1976…

le livre égrène ses souvenirs et fait revivre toute une époque : les premiers écologistes qui luttaient contre les centrales, la catastrophe de Tchernobyl, l'élection de F. Mitterrand, la chute du Mur de Berlin…Que de souvenirs aussi pour le lecteur ! La famille d'Alexandre vit ces événements de manière différente et les différents points de vue permettent de réfléchir aux liens entre l'homme et la Nature. Accepter les impératifs de la grande distribution ou vouloir élever les bêtes « à l'ancienne » ? Faut-il accepter la construction d'une autoroute au risque de détruire les paysages ? Vaut-il mieux lutter jusqu'au bout pour ses idées et poser des bombes, et tant pis pour les victimes collatérales ? Entre ses soeurs qui préfèrent la ville à leur campagne isolée du Lot, le vieux Crayssac à la gâchette facile mais qui sait se montrer rusé comme un renard, ses parents qui veulent le voir rester à la ferme, Alexandre devra faire ses propres choix …
Un roman qui est très prenant, et qui oblige le lecteur aussi à prendre du recul et à réfléchir au monde qui nous entoure.
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une fresque familiale qui s'écoule sur plusieurs décennies jusqu'à l'an 2000 au sein d'une ferme française à travers plusieurs générations de paysans revenant sur des épisodes de luttes sociales et syndicales mais également écologiques.

Le style de l'auteur que je découvrais est plutôt agréable, l'histoire en elle-même assez intéressante et très ancrée dans le réel ainsi que dans les interrogations actuelles sur l'environnement, le seul bémol pour moi reste la fin qui ne me semble pas à la hauteur de l'ensemble. Je conseille cependant la lecture de ce roman.

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Alexandre, la trentaine, vit aux Bertranges, une exploitation de vaches allaitantes au coeur du Lot. Comme ses parents et ses grands parents avant lui, il est agriculteur. Il a repris la ferme, ses trois soeurs ayant choisi de prendre le chemin de la ville. Dans ses journées de labeur ses seules échappatoires sont les soirées à Toulouse lorsqu'il raccompagne sa soeur dans sa colocation d'étudiante. Une vie simple faite d'efforts et de renoncements. Des renoncements si lourds qu'à quelques heures de l'an 2000, il s'apprête à faire voler en éclat cette rude existence. Pour expliquer son geste, retour sur 15 années qui auront façonné sa destinée et transformé inexorablement la France de cette fin de XXeme siècle.
🌱
Ce roman est la chronique douce amère de la fin d'une époque. Un livre tendre et mélancolique sur un monde paysan où la tradition se heurte au progrès. C'est le portrait d'une époque de basculements: changements politiques, sociétaux et culturels vus au travers du prisme d'une famille d'agriculteurs heurtés de plein fouet par cette soif de modernité. J'ai été charmée par ces personnages attachants et justes, par leurs questionnements, leurs doutes, et j'ai eu la nostalgie de mes années d'enfance dans ces années 80, si proches et si lointaines à la fois. Un roman actuel qui interroge finement sur la question de l'écologie, mais avec juste ce qu'il faut de romanesque.
Une très jolie lecture 🌱
.
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J'ai apprécié ce roman qui prend appui sur un monde agricole en crise en cette fin de 20ème siècle. Les affects et tensions internes à la famille d'Alexandre sont très bien développés. le climax est bien amené et rien ne semble pouvoir arrêter l'apocalypse. le texte entre la mise en place du contexte et le climax m'a semblé un peu long ou manquer de contenu.
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